mercredi 29 mai 2019

À chacun son style


Vous avez sans doute remarqué depuis la refonte du site l'un des ces 5 chiffres encerclés sous la photo de la bouteille. Cet article va essayer de vous expliquer les raisons et le sens de cette classification. Et en quoi elle diffère de celle d'autres cavistes en ligne (et d'un en particulier). 

Nous nous sommes dits qu'une partie de nos visiteurs ne cherchait pas une appellation spécifique, un producteur particulier ou un vin bio/non bio. Mais un vin sympa, pas prise de tête pour un casse-croûte avec les copains ; un vin plus complexe pour un repas de famille à venir ; une bouteille excellente pour fêter un événement ou épater des amis amateurs ; ou encore trouver un vin qui sort des sentiers battus, histoire de pimenter son quotidien. Cette nouvelle classification permet de ne sélectionner que l'une de ces catégories, facilitant le choix final.

Elle permet aussi de "prévenir" le client que lorsqu'il met les pieds dans les catégories 4 et 5, c'est à ses risques et périls. S'il veut du "tout repos", il s'arrête à 3.

Voici donc les 5 catégories :


1 - Vin facile et gourmand : des vins que vous pouvez acheter les yeux fermés. Vous ne devriez pas être dérouté. Il n'y aura pas besoin de les ouvrir à l'avance. On est dans le "vin de copains" à boire en toute décontraction avec un casse-croûte improvisé ou des plats familiaux.



2 -Vin plus complexe, mais accessible à tous : là aussi, vous pouvez y aller en toute confiance. On est dans la valeur sûre, avec souvent des AOP reconnues, mais avec plus de fond et de complexité que les vins de la catégorie précédente. Là, nous sommes plus sur les "vins du dimanche" ou les "vins de fête". Ils devraient ravir vos invités qui vous demanderont où vous l'avez acheté.



3 - Vin classieux/excellent : on monte encore en gamme. Il sont clairement minoritaires sur le site (car ce  n'est pas notre cœur de métier). Ce sont des vins d'exception destinés à des moments rares dont vous et vos proches se souviendront longtemps.


4 - Vin découverte/original : une cuvée peut se retrouver dans cette catégorie pour pas mal de raisons. Elle peut être issue d'un cépage qui donne des vins inhabituels (Romorantin, Prunelart, Persan, Ruché...). Ou d'une vinification particulière ou "nature" (amphore, macération....). Mais si l'on est ouvert d'esprit; ces vins devraient pouvoir séduire l'amateur curieux et lui ouvrir des perspectives.



5 - Vin expérimental/Très étonnant : on est au degré au-dessus du précédent. Il vaut mieux avoir bu des vins découvertes  avant de s'attaquer à cette catégorie. Les vins sont plus extrêmes, sans concession, générateur de sensations fortes, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Vous allez adorer ou détester. L'indifférence n'est pas de mise. Vous ne pourrez pas nous reprocher de ne pas vous avoir prévenus.

Exemples : Pogo, Le Lous, Sa vient d'où, Esprit Attila, E-Glou, Bassotets, Enjoy, etc.

Cette dernière catégorie s'appelait  Vin expérimental/Rock 'n Roll. Mais un caviste en ligne concurrent s'est permis de nous appeler pour nous engueuler – tout comme il ne s'était pas gêné pour me dénigrer sur un célèbre forum d'amateurs de vins. Le Rock'n Roll, c'est son idée : on l'aurait copié (hum, comment dire ? ). Il a en effet créé un "indice Rock'n Roll' en 5 niveaux. Si ce n'est que je ne partage pas du tout sa façon d'envisager les choses.

Pour lui, il y a une corrélation entre le mode de culture (et/ou l'addition de soufre) et l'accessibilité des vins. En gros, les vins "conventionnels" sont forcément au niveau 1, les bio et biodynamiques au niveau 2, les vins au sulfitage raisonné au niveau 3, les natures sans SO2 en 4 ou 5.

Pour moi, elle n'existe pas. Il y a des vins sans soufre que je vais classer en catégorie 1 ou 2 car il sont très faciles d'approche, gourmands, alors qu'il existe des vins conventionnels ou  bio/biodynamiques que je vais mettre en catégorie 4, voire 5, car ils sont plus difficiles à appréhender pour des "non-initiés".  Le premier exemple qui me vient en tête sont les vins jaunes, que même certains amateurs pointus n'arrivent pas à apprécier.

D'ailleurs, si cette corrélation existait, nous n'aurions pas eu besoin de créer ce nouveau "classement", puisque les catégories bio, BD, peu sulfités ou pas sulfites existaient déjà. Mais l'un de mes combats quotidiens est justement de sortir les vins "nature" de leur ghetto dans lequel certains se plaisent à les enfermer. Tout comme ces personnes considèrent que les vins "conventionnels" sont standardisés, ennuyeux, trop parfaits pour être honnêtes. Eh bien non, il y en a qui sortent de l'ordinaire,  avec une vraie personnalité pouvant déclencher l'enthousiasme.

L'un de mes amis me faisait remarquer qu'il avait du mal  à comprendre ma numérotation de 1 à 5. Le top du top devrait être le 5 et non le 3. Oui, il n'a pas tort. Mais bon, je ne me voyais pas classer les vins "hors normes"  au milieu des autres. Il fallait les mettre "à part". D'où la première série 1-2-3,  suivie de 4-5. Ça vaut ce que ça vaut…

lundi 27 mai 2019

Une ombre fraîche bienvenue


Jusqu'à aujourd'hui, nous avions "zappé" cette cuvée du domaine d'Escausses pas assez cher, mon fils ? – et c'était un tort, car même dans les "petits vins", Jean-Marc Balaran assure. Nous sommes sur un assemblage peu banal de Sauvignon (20 %), Muscadelle (65 %) et  Loin de l'oeil (15 %). Honnêtement, il serait difficile de dire qu'un des cépages domine, même si le pamplemousse du Sauvignon pointe son nez (mais de façon plutôt discrète). Ce mélange détonnant donne un vin que j'aurais difficilement situé à l'aveugle – peut-être en Italie du Nord ? – et ce n'est pas pour me déplaire : j'aime être dérangé dans mes petites habitudes. Enfin voilà, il faut goûter cette Ombre fraîche, car elle ne ressemble à aucun vin que vous aurez bu (et c'est pas cher : 6.75 €). 

La robe est jaune paille claire, brillante. 

Le nez fin et frais évoque l'herbe froissée, la sauge et le pamplemousse rose. 

La bouche allie ampleur et tension, cette dernière étant plus due aux amers qu'à l'acidité, ce qui n'est pas très courant. On est dans la cohérence totale, puisque ces amers sont ceux  de l'herbe froissée, de la sauge et du pamplemousse rose. Allez, un peu de citron confit, aussi. Sinon, la matière est ronde, friande, d'une grande buvabilité (un peu trop, peut-être). 

La finale joue encore plus dans le registre l'amertume, sans que jamais ça ne soit agressif – on est sur un vin "grand public" – avec un mix quinquina/pomelo/orange amère et toujours cette sauge en arrière-plan. Le tout se prolonge sur des notes citronnées et légèrement salines. 

Ma lecture me semble assez différente de celle du producteur, que pour une fois, je vais recopier : 

"Robe jaune pâle, reflets verts. Au nez, notes fleuries et anisées, agréable, vif et fin. En bouche, attaque assez vive, bon équilibre alcool / acide. Notes acidulées en finale." 

À vous de goûter et de voir de laquelle vous vous rapprochez le plus. 


vendredi 24 mai 2019

Sous les cailloux, un grand grillon !


D'année en année, la cuvée Sous les cailloux des grillons ne se contente plus d'être le p'tit vin sympa à boire distraitement en été. Son assemblage a évolué au fil du temps. Avec l'arrivée – entre autres –  du  Cabernet-Sauvignon et le Terret Gris qui fait maintenant bande à part, il est certain que l'on change de style. Il comporte aujourd'hui 8 cépages : Syrah, Cabernet-Sauvignon, Carignan, Cinsault, Grenache, Counoise, Terret noir et Mourvèdre. Les amateurs de vins languedociens ne pourront s'empêcher de penser de penser à l'assemblage du plus grand d'entre eux – composé de  Syrah, Mourvèdre, Cabernet-Sauvignon et Counoise  – où Nicole a fait ses premières armes. Elle a d'ailleurs planté ces 4 cépages à son arrivée au domaine en 2000 dans une parcelle isolée, entourée de chênes verts et de garrigue recouverte de cailloux blancs. Ces derniers sont un autre point commun avec qui vous savez... 


Sol du Clos de Gravillas


Sol du domaine en question (source photo)

Bon, alors, attention, je ne dis pas qu'en achetant Sous les cailloux , vous allez vous offrir un Grange des Pères à pas cher – ça y est, je l'ai nommé –   mais en buvant le premier, vous ne pourrez vous empêcher de penser au second. Y a comme un air de famille, on va dire. 

La robe est grenat très sombre tirant vers le pourpre.

Le nez est fin et profond, avec de la crème de fruits noirs en arrière-plan, et une superbe acidité volatile sur l'avant-scène – évoquant le vinaigre de framboise –  qui apporte du peps et de la fraîcheur. Ce n'est pas d'une complexité folle, mais l'équilibre est magistral.

La bouche est étirée/tendue  par cette fine acidité qui persiste au-delà même de la finale, tout en déployant une matière veloutée d'une impressionnante densité – avec une qualité de tanin toute aussi impressionnante : rien ne dépasse ou n'accroche –  et exprimant un p... de fruit d'une triomphante fraîcheur (cerise noire, mûre).

La finale est un tantinet plus ferme, avec une texture crayeuse – qui nous rappelle les sols ultra-calcaires du plateau de Saint-Jean – mais  également un fruit qui monte encore en intensité sans jamais tomber dans le too much. Puis l'acidité reprend le dessus, mais sous une forme totalement transcendée qui vous emporte loin, très loin… Séquence émotion, dirait l'autre.

Ce vin fut longtemps sous la barre des 10 €. Certains regretteront qu'il n'y soit plus. Mais franchement, le Grillon d'aujourd'hui est nettement plus grand que celui d'hier, et il vaut largement ses 11 € actuels. 




jeudi 23 mai 2019

Weisskopf : la révolution orange !


Cela devait bien arriver un jour : Xavier Weisskopf (Rocher des Violettes) s'est lancé à son tour dans la production de vin orange. Pour le nom, il n'a pas fait très original : la cuvée s'appelle Chenin Orange. Par contre pour la vinification, il s'est plus cassé la tête : il a d'abord fait une fermentation intrapelliculaire des grappes durant 16 jours dans des barriques ouvertes sur le dessus. Puis il a pressé le contenu, et l'a remis à fermenter comme un vin blanc dans les mêmes barriques jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de sucres. Est-ce dû aux sels minéraux relargués par les peaux ? Toujours est-il que le pH du vin est monté à un taux record pour un vin blanc : 4 (on est plutôt entre 3 et 3.25 dans le secteur). Le résultat, c'est une douceur inhabituelle pour un chenin. On a même l'impression qu'il est sucré, alors que non, pas du tout. Il n'y a pas non plus d'astringence ni de sensation tannique – ce qui donne souvent le côté  dérangeant des vins oranges. Seule l'amertume subsiste, mais elle est très belle, pas du tout agressive – et nécessaire à l'équilibre global. 

Pour la dégustation, je conseille de le servir à température de vin rouge (16 °C). Comme il est faible en alcool, on ne le sent pas du tout. 

La robe est d'un or intense tirant sur l'orangé, légèrement trouble (le laisser debout quelques heures à l'avance pour que la lie descende au fond de la bouteille). 

Le nez est mûr, intense, sur tarte aux mirabelles, la mandarine confite et la crème catalane.  

La bouche est  ronde, ample, déroulant une matière veloutée, moelleuse, proche du voluptueux, tout en ne présentant pas de sucres résiduels. Par contre l'aromatique fait penser à des fruits jaunes gorgés de soleil. 

La finale prolonge toutes ces sensations sans le moindre à-coup . Elle gagne même en gras – et aussi en amertume –  avec une persistance sur l'abricot et la réglisse. 

Eh bien, pour une fois, on est au-delà du "vin intéressant". C'est bon. Plus que bon, même. C'est délicieux. Une fois le premier verre servi, on en aurait bien envie d'un deuxième, ce qui est rare dans cette catégorie ! 



mercredi 22 mai 2019

Pét'Nat Tour des Gendres : ça dépote !


Nous venons de recevoir le nouveau millésime du Pétillant Naturel de la Tour des Gendres. Il est un peu plus alcoolisé que le précédent – 11 % au lieu de 10.5 %. Cela peut paraître mineur, comme changement, mais ça modifie totalement le profil de ce vin : on passe de la friandise pour toute la famille – tata Georgette incluse – à une bouteille pour "Bars à vins nature" : le style est plus acéré, la finale plus abrupte, un peu mordante. Nous avons pas mal d'adeptes  de Brut Nature sur Vins étonnants : ils devraient adorer,  pour les mêmes raisons qu'ils apprécient la Vieille lune de Mars de Denois.  Pour les autres, nous les renvoyons à Spash (9.5 % d'alcool) plus proche dans l'esprit de version précédente. 

La robe est jaune pâle trouble avec une mousse relativement persistante.

Le nez évoque la poire fraîche, le melon vert et le zeste de citron, avec une touche de craie humide et de bière blanche.

La bouche est longiligne, étirée par une fine acidité traçante, avec une matière ronde, pulpeuse,  et des milliers de p'tites bulles crépitantes qui vous titillent la langue.

La finale est tonique – voire tonitruante ? – avec un triple A comme je les aime : vous avez l'impression de mordre dans un citron ; c'est d'abord l'Acidité qui vous électrise, puis arrive l'Amertume  apportant de la niaque, et enfin l'Astringence qui vous  remet le palais à neuf pour attaquer la gorgée suivante (car oui, vous en voulez encore !). 

Pour 9.70 €, il n'y a vraiment rien à redire : les bulles bio, sans soufre ni dosage sont rarissimes à ce prix. Par contre, comme je le précise sur le site, il y a intérêt à la laisser verticale au frigo 24 h avant et ne pas la brusquer,  car il y a un risque de débordement... 


mardi 21 mai 2019

Y a brut de cuve et brut de cuve


Quand l'Arjolle parle de brut de cuve, cela  veut dire que l'on est dans du 100 % raisin, sans additif ni soufre... mais aussi sans défaut. Mais on est loin du brut de cuve imaginé par certains : puissant, râpeux, sauvage. On est au contraire sur une cuvée très civilisée pour un "vin sans soufre". Peut-être même trop pour les amateurs du genre qui pourront lui reprocher une aromatique "bojonouvo". J'avoue moi-même être partagé : je trouve ça super bien foutu, et en même temps un peu lassant par son expressivité. Mais je suis persuadé qu'il y a un public pour ce Brut de cuve, d'autant que le prix est plutôt doux dans son créneau : 8.50 €. 

La robe est grenat translucide.

Le nez est très expressif sur les bonbons aux fruits rouges et noirs, la pivoine et les épices.

La bouche est ronde, très ample, déployant une matière soyeuse et aérienne, caressante, et pétant le fruit à la limite de l''indécence. Le vin se densifie légèrement à partir du milieu de bouche, tout en restant souple, avec des notes d'épices et de noyau plus présentes.

La finale se la joue canaille, avec une mâche qui vous fait claquer la langue, et toujours ce fruit intense, limite obsessionnel, dans une variante plus amylique ("bonbon anglais" disent certains *).

Un vin à boire plutôt frais (15 °C) avec un plateau de charcutailles ou de fromages, un pot au feu – ça ferait presque envie, en ce moment –  voire un poulet rôti. Ou si vous êtes vegan, du seitan  ou des saucisses végétales ;-)
_______________________

* Non, il n'y a pas de menthe dedans, comme dans l'agneau, les petits pois et les chocolats  ;-)






lundi 20 mai 2019

La Belle Aude que voilà !


Je n'avais pas eu encore l'occasion de déguster la Belle Aude de Borie de Maurel, laissant la priorité aux clients qui l'ont achetée en vente privée. Eh bien, ils ont eu raison d'en commander, car c'est p... bon, et d'une terrible buvabilité. Il a tous les avantages du vin blanc du sud (rondeur, générosité) sans en avoir les défauts (alcool, lourdeur, amertume marquée). Si on devait lui trouver un défaut, ce serait un manque de complexité et de profondeur. Mais c'est justement tout son intérêt : on est un sur le vin sympa, pas prise de tête, qui s'accommodera d'un peu tout, et pourra même se passer de quoi que ce soit, tant il se suffit à lui-même. Et si j'ai bien compris le message transcrit avec talent par Vincent Pousson, c'est tout l'esprit de Borie de Maurel

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez exprime une forme d'opulence, sur les fruits jaunes, la poire, le miel et les épices.

On pourrait supposer la bouche lourdaude. Que nenni : la bouche est ronde, éclatante de fraîcheur, avec une matière qui réussit à être à la fois charnue et aérienne, fruitée et minérale, croquante et épicée.  L'équilibre est juste parfait, vous incitant à y revenir plus qu'il ne le faudrait (sachez résister !).

La finale est étonnamment dense et savoureuse, avec un retour des fruits jaunes et du miel, une touche de rose, aussi, et puis les amers que l'on ressent en suçotant un noyau de Reine-Claude. Mais ce sont les notes épicées et salines qui finissent par prendre le dessus et persister longuement.


vendredi 17 mai 2019

Vignes de Saint-Paul : 2012 ou 2018 ?


Il y a un peu plus de 6 ans, je vous parlais d'une nouvelle cuvée de Jean-Louis Denois : Mes vignes de Saint-Paul (lire ICI). L'ambition était de produire un vin sans soufre ... et sans défaut. On peut dire que la mission avait été bien remplie. Non seulement le vin se présentait bien à l'ouverture sans avoir besoin de le dégazer ou aérer, mais il s'améliorait les jours suivants sans se dégrader. 

Depuis, la cuvée a pas mal évolué dans son assemblage. Aucun millésime ne ressemble au précédent, si ce n'est cette volonté de proposer un vin bien équilibré, gourmand et sans défaut (et pas trop cher). 

Jean-Louis Denois remet en vente aujourd'hui quelques bouteilles de son premier millésime. Il nous paraissait intéressant de voir comment il avait évolué, et nous vous proposons de le juger par vous-même. Il a clairement évolué – peut-être un peu plus qu'un vin normal –  mais il ressemble plus à un Bordeaux d'une quinzaine d'années qu'à un vin soufre parti en vrille. À noter qu'il a tenu plusieurs jours sans trop évoluer. 



Saint-Paul 2012 (12.50 €)

Merlot et Syrah complété par 10 % de Grenache

La robe est entre le grenat sombre et le tuilé.

Le nez affiche un véritable bouquet évoquant un Bordeaux d'une trentaine d'années : truffe, sous-bois, cigare, cuir...

La bouche est ample, aérienne, avec une matière fine, soyeuse et fraîche, à l'aromatique décadente.

La finale est très expressive, sur des notes réglissées, épicées et champignonnées, avec des tanins qui commencent à se déstructurer et s'assécher (sans que ce soit trop dérangeant).

Pour rappel, je vous mets sa description en 2013 (quelques jours après sa mise).

La robe est pourpre violacée, opaque.

Le nez évoque les fruits noirs frais, l'olive noire, avec des notes légèrement fermentaires (c'est un 2012) disparaissant à l'aération.

La bouche est ronde, pulpeuse (on croque dans le raisin) avec des tanins veloutés et un côté très rafraîchissant. Ce qui n'exclut pas la densité de la matière : y a du vin!

Finale savoureuse, avec un retour sur l'olive, le poivre, le cacao. On s'en ressert un autre verre avec beaucoup de plaisir, avec cette sorte d'urgence intérieure…


Saint-Paul 2018 (12.50 €)

80 % Syrah et 20 % Grenache

La robe est pourpre sombre, translucide.

Le nez évoque la confiture de cerises noires agrémentée d'épices et de cacao. Une très légère pointe de volatile apporte un supplément de  fraîcheur.

La bouche est ronde, ample, veloutée,  avec une matière charnue et fruitée laissant transparaître les muscles des tanins.

Ceux-ci s'affirment encore plus dans la finale au toucher crayeux, sûrement encore "serrée" suite à la mise récente. On retrouve la cerise et les épices, complétés par le coulis de mûre.

Dans un mois ou deux, il devrait être plus épanoui.

jeudi 16 mai 2019

Les Hirondelles font mon printemps :-)


Même si les abonnements Box sont très minoritaires dans notre activité, ils m'occupent plus d'une journée par mois, car j'essaie vraiment trouver les bouteilles qui correspondent le mieux aux goûts de nos clients. Et ce n'est pas simple car mon "budget" est limité. Sachant que le coût du port et de l'emballage dépasse déjà les 10 €,  le prix total de mes trois bouteilles est de 25 € maximum. J'ai donc intérêt à avoir sous la main un max de pépites...  

C'est dans cette optique que j'ai dégusté tout à l'heure Les hirondelles 2018 de Michel et Pompilia Guiraud (conseillés par Jeff Carrel). . Jusqu'à maintenant, je n'avais jamais été emballé, mais j'ai eu l'intuition que ce nouveau millésime serait différent. Eh bien, bingo : c'est le jour et la nuit par rapport à ses prédécesseurs : alors qu'il était trop ramollo à mon goût, ce 2018 a de la fraîcheur et du peps, tout en gardant sa rondeur habituelle. Et puis – ouf ! – il ne sauvignonne pas. Ce qui est la plus grande qualité que puisse avoir un vin blanc. Conclusion : va y avoir dans les prochains mois des Hirondelles dans les box(es) !

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez évoque le zeste d'agrume confit, le cassis et le beurre frais, avec une pointe de menthol. 

La bouche est  ronde,  fraîche, éclatante, avec une chair pulpeuse, gourmande, dont la fine astringence désaltère le dégustateur. 

Celle-ci ce se renforce dans une finale énergique , complétée par l'amertume de l'écorce de pomelo et de la pulpe de citron. Vraiment réjouissant !

A l'unité, cette gourmandise est à 7.70 €. Mais en l'achetant par bouteilles, il descend à 6.50 € et devient une sacrée belle  affaire !


mercredi 15 mai 2019

Bergecrac rouge : méchamment addictif


Depuis le millésime 2017, Vincent Alexis a osé aller à l'encontre de l'avis de son œnologue et décuver son Bergecrac rouge avant la fin de la fermentation, lorsqu'il estime à la dégustation que l'extraction est suffisante*. Ce qui donne ENFIN des bergeracs souples, faciles à boire. Glouglous, diraient nos amis naturistes. Si ce n'est qu'à mes yeux, c'est plus que cela : derrière la facilité apparente, il y a du fond, avec cet assemblage à parts égales des Fab 4 bordelais, pas si courant que ça (peut-être même inédit ?) :  Cabernet-Sauvignon, Cabernet-Franc, Malbec et Merlot. Chaque cépage apporte sa contribution sans dominer ses collègues. Un bel exemple de parité. 

À noter qu'il y a 17 mg/l de soufre total, avec une marge d'erreur de +/- 14 mg/l. Les optimistes interpréteront  qu'il n'y en a que 3 mg/l tandis que ceux qui voient le mal partout seront horrifiés des 31 mg/l potentiels #on_vous_empoisonne

La robe est grenat sombre translucide, au disque tirant vers le pourpre. 
Le nez est fin, mûr et frais, mariant la crème de fruits noirs au menthol et aux épices. Une touche de cassis végétal, aussi. 

La bouche est ronde, ample, aérienne, déployant une matière finement charnue et veloutée, au fruit frais et expressif. L'équilibre est tip-top malgré les 14.5 % annoncés sur l'étiquette et qui pourraient faire peur. Faut pas... 

La finale dévoile une mâche finement crayeuse, sur la mûre, la cerise noire et le cacao en poudre, suivi d'une rétro canaille délicieusement astringente qui vous rend définitivement accro. Vous êtes prévenus.

________________________

* ce qui est marrant, c'est qu'il y a plus de 20 ans, le jeune padawan viti-oeno que j'étais avait conseillé à son maître de stage bergeracois de faire ainsi. Et il ne m'avait pas écouté... 




mardi 14 mai 2019

Bonnet-Huteau : Gautronnière Vs Goulaine


Il était temps que je déguste ces deux Muscadet(s) signés Bonnet-Huteau que nous venons de faire rentrer. J'avais déjà eu un premier aperçu avec leur entrée de gamme qui était d'un bon niveau. On va donc dire que j'avais bon espoir de me régaler. Ça n'a pas raté, même si je me les imaginais un peu autrement. Mais c'est très bien ainsi : j'aime être surpris :-) 



Roches vertes et amphibolites sur sol sillico-argileux

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est fin et expressif, sur le pomelo rose, la fleur d'acacia, le beurre frais et la craie humide.

La bouche est élancée, avec une acidité hyper-traçante – mais pas du tout agressive – qui tend et étire le vin. La matière est ronde, charnue, mêlant les fruits blancs à des notes minérales/salines. Un léger perlant apporte un supplément de fraîcheur et de vivacité.

La finale est intense, tonique, alliant l'acidité à une savoureuse astringence (écorce d'agrume), et une persistance de sur de nobles amers (léger quinquina) et un salin affirmé.


Goulaine 2014 (14.50 €)

Schistes et gneiss

La robe est jaune paille (c'est plus "foncé" que le précédent).

Le nez fait plus mûr et évolué, sur le coing confit et des notes de réduction tirant sur le bitumineux.

La  bouche est toute aussi tendue, mais l'acidité est imperceptible, tant elle est enrobée par une matière dense et mûre, légèrement grasse, inhabituelle pour un Muscadet. La fraîcheur est toutefois bien présente, avec l'impression d'avoir une "lame d'acier" en bouche (magie du schiste !).

La finale prolonge la bouche sans le moindre à-coup. Elle se contente de gagner en concentration et précision, mêlant les notes beurrées, confites et minérales, De superbes amers prennent ensuite le relais, conjugués à une ultime vague de fraîcheur, formant un ensemble des plus jouissifs.

PS : il ne reste pas des masses de Goulaine, mais comme nous nous réapprovisionnons très régulièrement, la rupture devrait être de courte durée. Par contre, il y a plus de Gautronnières : ça permet de patienter !

vendredi 10 mai 2019

N°25 : une gourmandise à l'état pur !


Progressivement, Julien Teulier reprend les rênes du domaine du Cros. Et lorsque l'on voit la première cuvée dont il a entièrement la charge, on se dit que l'avenir est radieux. Cette cuvée n°25 a été vinifiée et élevée sans sulfites. Et l'on peut les côtés positifs que cela peut apporter sans subir les aspects négatif : un fruit d'une pureté et d'une intensité inégalées ... et zéro défaut. A part peut-être la taille mesquine de la bouteille qui ne fait que 75 cl alors qu'on aimerait qu'elle fasse le double !

La robe est pourpre sombre opaque. 

Le nez est très expressif, sur les fruits noirs sauvages, le poivre, la rafle et des notes sanguines. 

La bouche est ronde, fraîche et veloutée, avec une matière pulpeuse, gourmande, d'une rare intensité de fruit, complété par le poivre. Pour résumer en quelques mots, c'est d'la bombe ! 

La finale joue dans un registre rustique/canaille des plus jouissifs, avec un fruit exubérant et des épices à gogo. J'a-doooore !!!

J'ai omis de vous signaler le prix, aussi petit que ce vin est délicieux : 9.90€. Précipitez-vous !


jeudi 9 mai 2019

Le cabernet-sauvignon comme vous ne l'avez jamais bu !


Le Grésivaudan est situé comme le Médoc sur le 45ème parallèle, mais l'altitude y est plus élevée,  loin des influences atlantiques. Ce qui donne un style plus fin et épuré à ce Cabernet-Sauvignon signé Thomas Finot, se rapprochant plus des cousins ligériens (cf par ex. les cab'sauv' de Patrick Baudouin).

Servi à l'aveugle, il est peu probable que les dégustateurs partiraient sur ce cépage, même si la finale mentholée pourrait le trahir. Je serais vraiment curieux de voir ce qu'ils proposent. Pinot noir ? Pineau d'Aunis ? Cépage étranger ? Si vous vous amusez à le faire, je serais intéressé de connaître les réponses que l'on vous a données...

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est très fin, frais, sur la prunelle, la griotte et le noyau, avec une touche de rafle.

La bouche est vive, élancée, étirée par une fine acidité traçante, et possédant une matière élégante, soyeuse, au fruit pur et frais.

La finale dévoile une fine mâche aux tanins poudreux, avec un retour de la griotte et du noyau, puis une touche cacaotée/mentholée.