vendredi 30 août 2019

Bergecrac blanc : une grande réussite !


Ce matin, j'avais prévu de vous parler d'une bouteille que j'ai ouverte au printemps dernier ... et que j 'ai bue hier : elle était meilleure au bout de 4 mois ! Et puis, à 9h05 du matin, une palette provenant du Ch. Barouillet est arrivée, avec à son bord le Bergecrac 2018 – il y avait aussi le Pécharmant 2017, mais je vous en parlerai une autre fois. À peine photographiée pour la fiche du site, la bouteille a été placée au frigo une vingtaine de minutes, puis ouverte. Cette cuvée étant l'un des blancs les plus populaires du site – faut dire qu'à 8.50 €, c'est une affaire –  je ne peux pas ne pas le déguster. Est-ce l'effet millésime ? Est-ce le savoir-faire toujours grandissant de Vincent Alexis ? Toujours est-il que c'est certainement le meilleur Bergecrac blanc que j'aie jamais bu !

La robe est or clair, brillante. 

Le nez évoque la pomme chaude, les fruits exotiques (ananas/passion), tout en étant rafraîchi par le zeste d'agrume et une pointe terpénique/résineuse. 

La bouche est vive, élancée, tonifiée par une fine acidité et un subtil perlant, avec une matière ronde, à la chair croquante/friande, alliant gourmandise et digestibilité. Le genre de vin que l'on boirait jusqu'au bout de la nuit (mais raisonnable vous serez...).

Le meilleur reste à venir dans la très belle finale qui réunit le meilleur de la Loire et du Sud-Ouest : on a l'amertume inimitable du chenin, le toucher crayeux du calcaire bergeracois, le pomelo/fruit de la passion du sauvignon, et toujours ce bon goût de pomme chaude, légèrement beurrée, pour finir longuement sur des notes salines/crayeuses/épicées. On se régale !

Alors certes, les quantités allouées sont nettement plus importantes que les cuvées domaine de  Ganevat ou de Pierre Ménard. Mais nous finissons toujours par manquer de Bergecrac 2018 au bout de quelques mois. Ne reportez donc pas trop longtemps votre projet d'achat, sous peine de le regretter (à raison !). 



jeudi 29 août 2019

La potion de Marcel : involontaire hommage au Bordelais ?


J'avais prévu de vous parler hier de cette Potion de Marcel, et non des deux Cantina di Torra. Problème :  lorsque je l'ai ouvert avant-hier à 16h30,  j'ai trouvé qu'il était totalement fermé. Il  n'était pas possible d'en dire quelque chose de valable. J'ai donc laissé la bouteille s'aérer durant 24 h dans la zone la plus fraîche de l'entrepôt (14 ° C) sans la reboucher. Hier à 16h30, je la récupère et met le nez au-dessus du goulot : on dirait un Bordeaux de la rive gauche (dominante cabernet sauvignon) alors que cette cuvée est théoriquement à l'antithèse de ce qui se fait entre Léognan et Saint-Estèphe : il doit y avoir une douzaine de cépages, blancs, gris et rouges, joyeusement assemblés dans la même amphore, peaux incluses. On devrait être dans le baroque, le tout-fou. Eh bien non, pas du tout. Ce vin dégage du sérieux, du grave(s), même. Sans doute trop pour certains qui ont une vision fun du vin. Perso, j'aime beaucoup, mais je reconnais avoir eu le palais déformé par les GCC médocains ;-)

La robe est grenat sombre translucide aux reflets légèrement évolués.

Le nez est fin, frais, profond, sur le cassis, le cèdre et la cendre, avec une pointe de graphite et de menthol.

La bouche est élancée,  comme étirée par un fil invisible, déployant une matière d'une impressionnante concentration, tout en jouant l'élégance grâce à sa fraîcheur aromatique et à ses tanins polis par le temps et l'élevage. L'ensemble est harmonieux, dans un style très cistercien qui ravira les esthètes et risquera d'emm... les autres.

La finale poursuit dans la même dynamique tout en accentuant les tanins, mais aussi la fraîcheur mentholée, avec un come-back expressif du cassis et du cèdre, suivi d'une belle persistance sur le cigare et la menthe. 

Allez, je regoûte une dernière fois maintenant à 10 h du mat', avant de publier ce billet (dur métier...) : le nez gagne en expressivité, avec plus de fruits noirs (cerise, myrtille) et même un peu de floral. La bouche a gagné en ampleur, en soyeux, et en souplesse. Le fruit se fait plus gourmand. Les tanins sont plus discrets en finale, avec une palette aromatique plus fondue (avec un peu moins de caractère). Un client l'a goûté une heure plus tard : il a adoré le nez et beaucoup aimé la bouche (sans savoir ce qu'il était en train de boire).

Donc, au final, selon le vin que vous voulez avoir, il faut l'aérer plus ou moins longtemps. Un carafage accélérera les choses, mais j'aime bien donner du temps au temps, comme disait un président du siècle dernier. 


mercredi 28 août 2019

Cantina di Torra : deux lectures du même terroir


Il y a deux ans, je vous avais  parlé du Cantina di Torra blanc 2016 dont la température de service n'était pas évidente à gérer du fait de son degré élevé. À l'époque, le rouge ne se goûtait pas très bien. J'avais préféré ne pas l'évoquer. Les 2018 reçus il y a peu, même s'ils gagneront à vieillir 3 à 5 ans, sont déjà accessibles. Les degrés sont nettement plus raisonnables (12.4 % pour le blanc, 12.7 % pour le rouge) et je ne peux que vous inciter à reproduire l'expérience que j'ai faite hier : à savoir les boire côte à côte, en n'hésitant pas à passer de l'un à l'autre, et inversement. Non seulement les deux le supportent sans problème, mais l'opération leur est bénéfique. 

J'avais démarré par le rouge, car le blanc faisait un court séjour au frigo. Sur le moment, je ne l'ai pas trop compris, ne le trouvant pas en place, avec des tanins qui ressortaient un peu trop à mon goût. Et puis j'ai goûté le blanc : j'ai été surpris par la densité crayeuse de la matière, assez rare pour un "non orange", mais c'est tellement harmonieux; évident, que ça passe tout seul. Une fois mon commentaire écrit, je suis repassé au rouge ... et j'ai en fait retrouvé exactement la même structure que le blanc : ce que je prenais pour des tanins mal intégrés était la "minéralité crayeuse" du vin. Les ressemblances ne s'arrêtaient pas là : on retrouvait dans les deux des notes de résine et de garrigue, probablement dues à la flore locale dont les essences sont volatiles. En repassant de l'un à l'autre, on voyait bien qu'ils parlaient du même lieu, du même millésime, les cépage devenant presque secondaires*. Une fois que vous avez intégré cette grille de lecture, votre rapport avec ces deux vins se modifie, et vous y prenez beaucoup plus de plaisir, qu'il soit physique ou intellectuel. 




100 % Vermentino

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est fin, aérien, sur les fruits blancs mûrs, la fleur d'acacia et le lemon curd.

La bouche est ronde, enveloppante, déployant une matière à la chair dense, finement astringente, reprenant l'aromatique perçue au nez, complétée par des notes plus minérales. Il s'en dégage une force tranquille, une zénitude, avec cette impression que le temps se ralentit, allant presque jusqu'à s'arrêter.

La finale gagne encore en concentration et en intensité, avec une – belle –  amertume qui se renforce, sur des notes de citron et de résine, avec l'impression prolongée de sucer une craie...



100 % Nielluciu

La robe est grenat translucide, aux reflets violacés.

Le nez est plutôt discret, sur des notes de fruits rouges confits, de garrigue et d'eucalyptus.

La bouche est élancée, étirée par une très fine – mais intense– acidité qui fait office de colonne vertébrale ... et de moteur. La matière est ronde,  ample, veloutée, avec le même toucher crayeux./astringent que le blanc, et un fruit élégant, également disputé par le minéral.

La finale, à l'instar du blanc, gagne en concentration et intensité, avec un crayeux encore plus marqué et un fruit pur, vibrant qui monte crescendo et persiste sur des notes acidulées et résineuses (entre griotte, citron et ciste).

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*Cela, je l'avais déjà constaté grâce à des producteurs bourguignons qui avaient eu l'intelligence de garder quelques parcelles de pinot noir à Chassagne-Montrachet : lorsque vous passiez du blanc au rouge issu de la même parcelle, vous étiez frappé par leurs ressemblances  

mardi 27 août 2019

Quelle couleur pour votre Tracteur ?


L'année dernière, nous n'avions reçu que les Tracteurs rouge et blanc de Thomas Finot. Cette année, le rosé vient compléter la gamme chromatique [en fait,  il en avait déjà produit en 2016, mais n'avait pas pu réitérer en 2017 à cause du gel printanier]. Les assemblages 2018 diffèrent de 2017, particulièrement pour le blanc : on passe de 60 % Chardonnay, 30 % Pinot gris, 10 % Jacquère à 80% Jacquère et 20 % Chardonnay. Autant dire que le profil est assez différent, et plus typé "vins des Alpes". En rouge, le Merlot et le Gamay cèdent du terrain au Pinot noir et au Persan, sans disparaître toutefois. Enfin bref, même si les étiquettes sont les mêmes que l'année dernière, nous n'avons pas du tout affaire aux mêmes vins (qui étaient très sympas, au demeurant). 

Il ne reste plus qu'à enfiler la combinaison, et à chevaucher le(s) tracteur(s). 



80% Jacquère et 20 % Chardonnay

La robe est jaune pâle, brillante. 

Le nez est gourmand, sur la pomme fraîche, avec une touche miellée et une légère pointe fumée. 

La bouche est ronde, fraîche, désaltérante, avec une matière friande, digeste, limpide, et une fine acidité apportant une juste tension. 

Celle-ci ressort un peu plus en finale, soulignée par une amertume tonique et une délicieuse astrigence, sur des notes fruitées (pomme) et salines/épicées. 

Un profil très savoyard dans la fraîcheur et la digestibilité, arrondi par le Chardonnay. Super rapport qualité/prix !



100 % Gamay

La robe est entre le pétale de rose et l'oeil de perdrix. 

Le nez n'est pas très causant (réduction ?), hormis des notes tourbées/fumées qui évoquent un Islay. Une fois aéré, ces notes disparaissent, laissant place à la gelée de groseille et aux épices.

La bouche est ronde, de belle ampleur, avec une matière pulpeuse et croquante, digeste (10.5 % d'alcool !),  toujours sur cette aromatique fumée, complétée par la griotte. 

 La finale est finement mâchue, dominée par  la cerise acidulée, avec une persistance agréable sur le noyau. 

Un rosé assez atypique, tout sauf gnangnan, sans la moindre note amylique ... qui pourrait plaire à ceux qui détestent normalement les rosé !



35 % Gamay, 35 % Pinot noir, 20 % Persan, 10 % Merlot

La robe est grenat translucide. 

Le nez est très expressif, sur des notes fruitées (framboise, cerise), florales (pivoine, violette) et épicées (poivre, cannelle).  La bouche est ronde, ample, avec une matière fine et soyeuse, et un léger perlant en arrière-plan qui amène acidité et  fraîcheur. Si l'on élimine celui-ci (secouage énérgique), le vin devient plus élégant et aérien – mais moins canaille. Dans les deux cas, le fruit est pur et omniprésent, soutenu par des arômes de noyau de cerise. 

La finale est savoureuse, avec une intensification de la matière, du fruit et des épices,  un retour de la framboise et du poivre, et une persistance sur le noyau (ben oui, encore). 

Un bien joli vin,  qui ne se contente pas d'être gourmand : il a de belles choses à raconter grâce à un assemblage assez unique en son genre. Là aussi, super rapport qualité/prix !


lundi 26 août 2019

Thévenet : Morgon ou Morgon ?



Jean-Paul et Charly Thévenet font partie d'un groupement de producteurs "bio" avec qui nous travaillons  très régulièrement. Cela nous permet de commander juste quelques cartons, histoire de voir si les clients sont intéressés ... ou non. Et puis de goûter, tant qu'à faire – même si je préfère le faire avant de les référencer. Mais la vie n'est pas toujours aussi simple. 

Le domaine n'est pas certifié bio, tout en expliquant un peu partout qu'ils n'utilisent aucun produit de synthèse dans les vignes ni d'intrants au chai. Nous sommes prêts à les croire, mais nous n'ajouterons pas comme certains confrères un logo bio dans les fiches des vins. Les cavistes ne sont des certificateurs.

J'ai donc goûté les deux cuvées vendredi après-midi. Au moment de l'ouverture, je n'ai pas plus été enthousiasmé que cela. Mais deux heures plus tard, le  "Vieilles vignes" était totalement transcendé – ma description date de ce moment-là.  Quant au Morgon, je n'ai pas constaté  de suite une évolution. Par contre, trois jours plus tard, il avait très positivement changé – même si le vin de départ était loin d'être mauvais, hein. 



Morgon 2018 (16.50 €)

La robe est grenat translucide tirant vers le violacé. 

Le nez est fin, sur la cerise et la framboise, avec une pointe amylique et un trait de vert (rafle). La bouche est ronde, ample, avec une matière plutôt fine qui vous accroche le palais d'une façon enjoleuse. Le fruit est bien présent, sous une forme agréablement patinée – qui repose des vins plus primaires – accompagné par le noyau et les épices.  

On retrouve l'accroche en finale d'une manière plus soutenue, soulignée par des tanins mûrs : loin d'être agressif, cela vous fait claquer la langue de plaisir, avec ce goût de reviens-y... 

Regoûté le lundi matin, le vin a perdu ses notes amyliques. La bouche est maintenant soyeuse, sans accroche, avec plus de tension et de "minéralité". Y a du vin !



La robe est grenat translucide. 

Le nez est élégant, sur des notes de fleurs et d'encens, de cerise bourguignonne, et une pointe de tabac blond. 

La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière soyeuse qui vous enveloppe sensuellement le palais, et une tension surgie de nulle part qui vous embarque et ne vous lâche plus. Les deux cohabitent magnifiquement, amenant le dégustateur dans une félicité rapidement contagieuse – vous voudriez le faire goûter à la terre entière ! 

Cette tension se poursuit en finale sans le moindre relâchement, avec une matière qui se resserre fugitivement avant d'entamer une expansion qui vous donne une idée de l'infini – et  une élégance toute en dentelle. Le Gamay dans ce qu'il peut avoir de plus classe. Je crois que je vais en encaver,  de celui-là !

vendredi 23 août 2019

Reder : un sacré trio !


Il y a quelques jours sont revenus les vins d'un domaine historique de Vins étonnants, les Hautes-Terres de Comberousse. Ils font une jolie piqûre de rappel sur ce qu'était la mission initiale de notre site :  proposer des vins qui sortent de l'ordinaire, que ce soit par les cépages utilisés ou les vinifications. Par exemple, le Grigri est issu à 100 % de l'Aramon gris, un cépage quasi-disparu Quant aux blancs, on ne sait pas trop comment Paul Reder s'y prend, mais ils ne ressemblent pas du tout aux vins languedociens habituels : on se balade plutôt entre Jura et Roussillon (rancio sec). Enfin, voilà, vous êtes prévenus : si vous êtes à la recherche de vins classiques et rassurants, passez votre chemin. Nous sommes aujourd'hui dans l'extra-ordinaire.


Grigri 2016 (7.90 €)

100 % Aramon gris (sélection massale)

La robe, pas vraiment rassurante, est entre le vermillon tuilé et l'orangé, légèrement trouble. 

Le nez est appétant, sur la griotte fraîche et la grenadine, et une pincée d'épices. 

La bouche est ronde, fraîche, avec une très fine acidité amenant du peps,  et un fruit éclatant, vibrant – griotte à donf  – qui illumine votre journée. 

La finale prolonge le plaisir, renforcée par une astringence canaille et acidulée, toujours sur la griotte fraîche. Que c'est bon !

Il peut se boire pour lui-même ou accompagner un pique-nique ou casse-croûte, avec salades,  cochonnailles, pizzas...  


Sauvagine 2016 (8.90 €)

75% de Grenache Blanc, 25% de Rolle 

La robe est dorée, brillante. 

Le nez est intense, sur la pâte de coing, la pomme séchée, la noix grillée et le fénugrec (sotolon power !). 

La bouche est ronde, charnue, pulpeuse, soutenue par une fraîcheur étonnamment tonique pour un "vin du sud", avec toujours cette palette aromatique oxydative "ménagée". 

La finale Triple A+ peut faire penser à un vin orange par son Astringence et son Amertume marquées (on croque dans l'écorce de citron) et une Acidité qui se prolonge longuement, soutenue par une palanquée d'épices et la noix grillée. 

Ce vin sera parfait avec un tajine, un couscous de la mer, des pâtes dures, voire seul en digestif en fin de repas.



Roucaillat 2016 (12.95 €)

50 % Roussanne, 25 % Rolle et 25 % Grenache Blanc

La robe est or pâle, trouble si l'on oublie de stocker la bouteille debout 24 h avant de l'ouvrir (il y a du dépôt...). 

Le nez est fin, atypique sur l'arachide grillée, la pomme séchée et le curry. La bouche est vive, tendue, avec une acidité percutante – mais pas agressive – qui trace sévère. Elle est enrobée d'une matière ample, à la fois dense et digeste, alliant l'acidulé et l'astringence du citron à des notes finement oxydatives [ à ce stade, on partirait à l'aveugle sur un savagnin jurassien). 

La finale est dominée par l'acidité qui poursuit son chemin, renforcée par des amers (quinquina, pomelo), sur un fond d'agrume frais et d'épices grillés. 

À utiliser comme un vin du jura oxydatif, en utilisant une partie de la bouteille pour la sauce : coq au Roucaillat, boîte chaude au Roucaillat, vieux comté...  


jeudi 22 août 2019

Tout Meyer, ou presque


S'il est des vignerons qui produisent d'année en année des vins qui se ressemblent plus ou moins – il y a l'effet millésime, tout de même – Patrick Meyer a le don de surprendre : on ne sait jamais trop ce que l'on va avoir dans les bouteilles, même si les noms des cuvées restent les mêmes. Comme le style est plutôt borderline, on va dire, le problème est de savoir si l'on est du bon ou du mauvais côté de la force. Au vu des différentes cuvées dégustées, je dirais que 2018 est une année très réussie pour le domaine, retrouvant un style que  j'avais beaucoup apprécié il y a 4-5 ans. 

Voici donc la revue des différentes cuvées...



La robe est jaune paille brillante, avec des fines bulles éparses. 

Le nez est gourmand, sur les fruits blancs mûrs (pomme, poire, coing), l'écorce d'orange séchée et les épices. La bouche est ronde, éclatante de fraîcheur, alliant une matière finement amère et désaltérante à des bulles toniques et crépitantes. L'aromatique est subtilement oxydative, rappelant certaines cuvées champenoises. 

La finale est énergique, dans un registre Triple A : fine Acidité traçante, Amertume et Astringence de l'écorce de citron, avec une persistance sur le coing, la pomme chaude et les épices. 


Nature 2018 (10.95 €)

La robe est jaune paille, légèrement trouble. 

 Le nez est aérien, sur la pomme tapée, le cidre, et une pointe de  fumée. 

La bouche est ronde, croquante, avec une matière dense et charnue, finement tannique, marquée par les fruits blancs rôtis au beurre. 

La finale gagne encore en tannicité – sans devenir dure –  sous la forme d'une mâche crayeuse, et exalte la pomme chaude et les épices qui persistent agréablement.  



La robe est or pâle, brillante. 
Le nez est expressif, sur l'agrume confit, la pomme chaude et une pointe de volatile qui apporte de la fraîcheur et de la tonicité. 

La bouche est vive et longiligne, tendue par une acidité traçante qui se prolonge au-delà même de la finale. Elle est enrobée d'une matière ronde et mûre à la chair dense, partagée entre le fruit (pomme, coing) et les saveurs plus minérales. 

Ces dernières s'intensifient en finale – notes crayeuses et salines –  tout en n'abandonnant pas les fruits blancs, avec toujours l'acidité en fil conducteur, soulignée par une astringence évoquant l'écorce d'agrume. 



La robe est dorée, légèrement trouble. 

Le nez est puissant et profond, mêlant l'écorce d'orange, les fruits exotiques séchés (ananas, mangue) et la pierre chauffée au soleil. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible et déployant une matière dense et mûre, tapissante. Elle est d'une grande intensité aromatique, dans le registre perçu au nez, immergeant totalement le dégustateur dans des notes exotiques et minérales. 

La finale prolonge les sensations sans le moindre-à coup, se contentant juste d'intensifier l'amertume (quinquina, bigarade) et l'astringence (pomelo, citron), rendant le vin plus salivant et appelant une nouvelle gorgée.



La robe est d'un or intense, translucide et brillante. 

Le nez est très expressif, sur l'abricot sec, la mirabelle confite, le miel et une touche résineuse. La bouche est ronde, charnue, avec une matière dense, pulpeuse, d'une grande puissance aromatique, mais aussi pleine de fraîcheur et de sève (et toujours ce côté résineux). 

La finale est intense, tonique et tannique, avec ce mix fruits jaunes secs/confits et de notes résineuses. Un vin passionnant et très interpellant !



Le nez est vif, sur la griotte confite, la quetsche et une pointe d'acidité volatile. 

La bouche est à la fois ronde et tendue, avec une fine acidité qui étire le vin, et une matière charnue, veloutée, légèrement tannique, au fruit bien expressif (volatile peu présente, pour le coup). 

La finale possède une mâche gourmande, finement crayeuse, sur des notes de cerise confite et d'épices et une persistance saline. 



La robe est d'un or intense, très légèrement trouble. 

Le nez est tout aussi intense, sur des notes muscatées, florales (rose, jasmin) et épicées (souk oriental). La bouche est élancée, avec une matière mûre, aérienne, au toucher moelleux qui vous enveloppe le palais. L'aromatique  muscatée/florale est omniprésente, tout en réussissant à ne pas en faire trop. 

La finale  mêle subtilement fine astringence et noble amertume, sur des notes de rose et d'abricot sec, et une persistance sur les épices 



La robe est d'un or intense, brillante. 

Le nez est fin, profond, sur les fruits jaunes confits, la rose et les épices douces. La bouche est ronde, ample, aérienne, avec une matière douce, évanescente – à la limite du gazeux comme sait si bien le faire Patrick Meyer – vous donnant plus l'impression d'être immergé dans le vin que de le boire. L'aromatique est à l'unisson, toute en délicatesse. 

La finale, même si si elle plus affirmée, reste dans un registre suffisamment subtil, aérien, pour ne pas rompre le charme, avec une grande palette d'épices et de fleurs séchées qui persiste, histoire de vous rappeler que vous n'avez pas rêvé. 


LouLou 2018 (16.50 €)

La robe est entre le vieux rose et le grenat, légèrement trouble. 

À l'ouverture, le vin est réduit, demandant un carafage énergique de quelques minutes. Après avoir laissé reposé ensuite la carafe durant un quart d'heure, le nez est très fin, sur des notes florales (pivoine, rose fanée), de petits fruits rouges confits , d'orange sanguine et de sous-bois automnal.  

La bouche est ronde, très ample, avec une matière douce, aérienne, enveloppante, qui transforme votre palais en cocon rassurant. Elle exprime un fruit d'une grande pureté qui vous envahit totalement, avec ce sentiment d'immersion déjà ressenti avec les Pucelles. 

La finale pinotante (cerise, rose, poivre, humus) est plus terrienne, avec une légère accroche canaille qui vous fait retourner dans le monde réel,  mais elle est d'une telle gourmandise que vous n'aspirez qu'à la prochaine gorgée. 



La robe est grenat légèrement trouble. 

Le nez est réduit au départ, puis s'ouvre sur la cerise, la rose et la terre fraîchement retournée. 

La bouche est ronde, ample, caressante, avec une matière très finement veloutée et un fruit croquant et pur. Signalons un léger perlant qui disparaît à l'aération. 

La finale est finement mâchue, sur la griotte fraîche, l'orange sanguine et les épices. 



mercredi 21 août 2019

Super ravi je suis !


Ceux qui connaissent un peu les vins géorgiens auront compris le jeu de mot des deux producteurs français expatriés, Vincent Jullien and Guillaume Gouerou. : cette cuvée est issue du cépage Saperavi, traitée ici en vraie macération carbonique – mais en qvevri, tout de même. Au bout de 15 jours, les grappes sont éraflées, pressées, et le vin obtenu est élevé quelque mois dans la même qvevri avant d'être embouteillé. 

Je n'avais pas spécialement prévu d'ouvrir cette bouteille : elle s'est ouverte en fait toute seule dans l'entrepôt ! Par chance les cartons de ces vins sont stockés debout. Comme il n'y a pas de capsule sur le col des bouteilles, rien n'empêche aux bouchons de sauter. Cela dit, c'est la première fois que ça nous arrive, et peut-être la dernière. 

J'ai goûté le vin de cette bouteille auto-entrepreneuse : ça sentait très bon, et ça goûtait encore mieux. Donc pas de raison de ne pas vous en parler. D'autant que ce Super Ravi est probablement le meilleur vin rouge géorgien que j'ai eu l'occasion de boire – je préfère leurs blancs. Je serais super ravi que vous le découvriez à votre tour ;-)

La robe est grenat bien translucide.

Le nez est fin, frais, sur des notes florales (pivoine) fruitées (griotte) et épicées (poivre, cannelle, muscade).

La bouche est ronde, très ample, aérien, déployant une matière soyeuse d'une finesse arachnéenne. Elle est soutenue par un filet de gaz (pour une fois pas désagréable, mais c'est encore mieux sans) .L'ensemble est pur, sobre, d'une classe naturelle qui ne cherche pas à s'imposer.

La finale prolonge cette impression sans la moindre fausse note, avec un retour de la cerise, du floral et du poivre.  Le tout s'achève sur une note acidulée (vinaigre de framboise ?) qui persiste agréablement.

Cette cuvée peut se boire pour elle-même ou accompagner du jambon cru, du pigeon, des viandes blanches... voire un dessert aux fruits rouges. 


lundi 19 août 2019

Chat gris ... ou orange ?


Ça devait arriver : Jeff Carrel se lance à son tour dans la production de "vin orange" avec Chat gris. Comme l'homme est perfectionniste, il ne le fait pas comme tout le monde : d'abord il choisit des grenaches gris sur schistes (de Fitou et de Maury) pour la tension et la race. Puis il fait une macération des raisins à froid durant 4 jours. Il extrait de la couleur et des arômes .... mais pas de tanins ! Il presse, passe le moût au froid pour le décanter. Et entonne ensuite en fûts usagés et lance la fermentation alcoolique. Les vins resteront ensuite dans ces fûts de 18 à 40 mois, sans ouillage. L'assemblage  n'aura lieu qu'en toute fin.  

Le résultat est plus proche des vins blancs "rancio" secs qui se faisaient traditionnellement dans le Roussillon – et que continuent de perpétuer des producteurs comme Ferrer-Ribière – que des vins oranges que l'on trouve un peu partout. Personnellement, ça me va plutôt bien, car je trouve ces vins plus faciles d'approche, car moins clivant stylistiquement. Cela me paraît une belle introduction aux vins oranges, même si les puristes du genre trouveront à redire – normalement, la macération se poursuit durant la fermentation, voire l'élevage. 

La robe est orange, tirant légèrement vers l'ambré.

Le nez est intense, touffu, complexe, sur la banane flambée au rhum, l'écorce d'orange séchée, la liqueur de noix, le souk oriental...

La bouche est très ample, vous nappant le moindre mm² de votre palais d'une matière dense, veloutée, donnant plus l'impression d'être solide que liquide – tout en ayant paradoxalement un côté très aérien, presque gazeux.  Enfin, goûtez, vous comprendrez mieux ce que je veux dire. Dans un registre plus estival, on pourrait évoquer une énorme vague qui avance lentement, mais sûrement, et finit par vous submerger complètement, vous noyant dans un océan aromatique.

La finale dévoile une mâche énergique, puissante, avec une intensification des épices et des notes de rancio (noix, cararamel, café), le tout soutenu par un mix acidité/amertume/astringence, et persistant très longuement sur la noix grillée et le fenugrec.

Pour être parfaitement apprécié, ce Chat gris doit être bu à 14-15 °C. Il fera un un très bon vin de méditation en fin de repas, mais pourra aussi accompagner des plats épicés (comme ces ris de veau au café et cardamome) des fromages affinés ou même des desserts aux fruits secs.