mardi 29 septembre 2020

Vendemia : le savagnin rouge !

Je l'ai déjà écrit sur ce blog, mais il peut être utile de le rappeler : le Duras est un extra-terrestre à Gaillac. Car, contrairement aux autres cépages du secteur, il n'a rien à voir avec la famille des cabernets, pas plus qu'avec celle des cotoïdes. Son analyse ADN a montré qu'il était issu d'un croisement entre le Savagnin blanc et le Tressot noir (un cépage de l'Auxerrois). Il est probable qu'il ait atterri dans la région via le pèlerinage de Compostelle (comme le Trousseau dans le nord de l'Espagne). Cette ascendance avec le Savagnin, on la sent particulièrement bien dans cette cuvée Vendémia du domaine de Brin. Je soupçonne d'ailleurs le vigneron d'avoir ajouté 20 % de Merlot pour tempérer un peu la vigueur du Bourguigno-jurassien. À la première gorgée, ça surprend un peu. Mais on s'y fait très vite, en fait. Et difficile de résister à son charme 

La robe est pourpre sombre. 

Le nez est gourmand, sur les fruits noirs mûrs, les épices et une pointe de menthol apportant de la fraîcheur. 

La bouche est longiligne, étirée par une fine acidité traçante et percutante qui se prolonge au delà même de la finale. La matière est ronde, douce, finement veloutée, sur le coulis de mûre relevé de poivre. 

La finale est tonique, vivifiée par l'acidité sus-évoquée qui ne lâche pas le morceau, avec un fruit plus frais et gourmand, et un menthol quasi explosif.  

La bouteille a été terminée deux jours plus tard chez un ami. Le vin se présentait mieux encore. L'acidité s'était fondue un peu, devenant tension à l'état pur, et c'était simplement superbe ! Rarement bu un tel niveau à moins de 10 €... 



lundi 28 septembre 2020

Plein de nouveautés chez Barouillet !


Quand j'écris "nouveautés", j'entends "nouveaux millésimes". Pas de nouvelles cuvées pour l'instant. Ce qui ne veut pas dire que rien ne change. Larcin et O'Ranch sont par exemple très différents des années précédentes. C'est presque comme si ces cuvées étaient nouvelles. Alors que Truculence et Hécate sont plus dans la continuité. À noter que les mises en bouteilles sont récentes. Les vins se goûteront mieux d'ici quelques mois même si c'est mon boulot de vous en parler maintenant. 

Truculence 2019 (19.90 €)

Sauvignon macéré 8 jours avant fermentation

La robe est or rose légèrement trouble (passée de l'horizontale à la verticale il y a peu). 

Le nez est fin et mûr, sur les fruits blancs séchés, la gelée de coing, le miel et les épices douces. 

La bouche contraste par son éclat, sa finesse et sa fraîcheur, avec une belle tension, et une matière qui démarre soyeuse pour gagner ensuite en "pulposité". Il en ressort une grande plénitude, tout en restant très digeste. 

La finale est puissante, savoureuse, avec une mâche gourmande sur la pomme chaude et de nobles amers (écorce de pomelo, gingembre), et une persistances sur les épices. 

Larcin 2019 (13.95 €)

Merlot, Cabernet Sauvignon et Malbec

La robe est grenat bien translucide. 

Le nez est d'abord réduit (aération conseillée) avant de passer sur de belles notes florales (violette, iris), la framboise et la pierre chauffée au soleil. 

La bouche est ronde,  très ample, déployant une matière finement veloutée, caressante, au fruit pur, frais et intense, enjolivé par la violette et une touche de poivre blanc. En fin de bouche, cela se serre un peu  : c'est dû à la mise récente, et cela devrait se corriger d'ici la fin 2020.

On retrouve ce "serrage" dans la finale encore un peu ferme. Mais derrière, on sent que c'est magnifique, avec une explosion (encore atténuée) de fruits et de fleurs. Bref, ce n'est pas à boire de suite, mais à acheter maintenant, car je ne sais pas combien de temps nous en aurons.

Hécate 2018 (20.50 €)

Merlot, Cabernet Sauvignon et Cabernet Franc

La robe est grenat bien sombre, peu translucide. 

Le nez est frais et intense dominé par les Cab's : cassis, menthol, graphite, encre, et du fruit noir bien mûr. 

La bouche est ronde, assez ample, avec une matière veloutée et pulpeuse et une aromatique séveuse/balsamique qui vous amène plus au nord de l'Italie qu'en France. Les tanins font leur apparition en milieu de bouche (mise récente). 

La finale, sans surprise, est également dominée par les tanins qui demande du temps pour se détendre. Mais en arrière-plan, il y a un fruit et une fraîcheur de dingue ! À attendre patiemment. 

O'Ranch 2019 (15.90 €)

Muscadelle, Ondenc et Chenin en macération

La robe est dorée, mais légèrement trouble.

Le nez est  très beau et complexe, sur la rose séchée, l'agrume confit, le fruit de la passion,  la fleur d'oranger, les épices...

La bouche est ronde, très ample, avec une matière à la fois dense et souple, finement charnue, qui vous envahit le moindre recoin du palais. C'est à la fois très frais aromatiquement, et bien mûr, épanoui, mêlant les notes de fleurs séchées à la pêche de vigne et à l'écorce d'agrume. 

La finale est puissante, presque tannique, sur l'abricot et la pêche rôties, complétées par le chèvrefeuille et la rose, et se concluant par tous les épices du souk. Superbe !

vendredi 25 septembre 2020

Neumeyer : macération en finesse.

Cela revient un peu trop souvent à mon goût, mais il faut faire décidément avec : Ce L Macération 2019 de Neumeyer était bien chargé en gaz carbonique à l'ouverture. On avait quasiment l'impression de boire une bulle (ou un soda, le sucre en moins). Mais je sentais que derrière cette façade picotante, il y avait un vin digne d'intérêt. D'où un passage en carafe afin de pouvoir agiter le vin avec plus d'efficacité. Au bout d'une trentaine d'heures et pas mal de remuages énergiques ... il reste toujours un peu de gaz, mais sous une forme légèrement perlante très supportable. Pour le coup, on arrive à percevoir la VRAIE personnalité de cette cuvée. C'est tout  de même dommage que ce soit au consommateur de faire le job... 

 Ah oui, je ne vous l'ai pas dit : c'est un assemblage assez unique de pinot blanc, pinot auxerrois  et  pinot gris. Comme le fait Jean-Pierre Rietsch, c'est une macération en grappes entières. On est donc sur une fermentation intra-pelliculaire, ce qui explique la grande finesse des tanins par rapport à nombre de "vins oranges". 

La robe légèrement trouble est entre le saumon et l'incarnat*. 

Le nez est très fin, sur le bonbon aux fruits rouges, l'orange confite, les épices douces, avec une touche florale (pot-pourri).  

La bouche est ronde, de belle ampleur, déroulant une matière fine, délicate et fraîche, parsemée de micro-bulles qui titillent la langue. L'aromatique éthérée est très subtile pour un vin orange – pour un vin tout court, d'ailleurs – sur la rose et la framboise. 

La finale nous fait un triple A tout en douceur, avec un trait Acidulé qui apporte de la tension, une fine Astringence crayeuse, et de nobles Amers évoquant la bigarade. Le tout se prolonge sur les épices et la framboise. 

Comme on est sur un registre plus fin qu'un orange classique, je recommande plutôt de le boire comme un vin blanc à 10-12 °C. Car il pèse tout de même 14.5 % d'alcool, et cela se fait sentir si on le sert trop chaud. 

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* Avant d'être la couleur covidesque ultime, l'incarnat évoque "le teint des populations européennes en bonne santé et sans exposition au soleil, rougissant sous l'effet d'une émotion" (sic). 



jeudi 24 septembre 2020

Aligoté : Kir interdit !


Le frère le plus bourguignon du chardonnay a encore une réputation à se faire : pour encore trop de personnes, il donne des vins très acides qu'il faut amadouer avec une dose de crème de cassis. Le réchauffement climatique aidant – et les vignerons de plus en plus compétents – il gagne progressivement ses lettres de noblesse. Cet Aligoté 2019 signé Chapuis & Chapuis vous confortera dans l'idée qu'il est digne d'intérêt :  dès la première gorgée, vous êtes happé, et il est difficile de décrocher et de passer à autre chose. Non pas qu'il soit d'une complexité folle : mais ce mix fraîcheur/ pureté/ buvabilité est simplement irrésistible.

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez fleure bon le printemps, entre aubépine et bouton d'or, avec un zeste de citron, une pointe de miel d'acacia et un soupçon de craie humide. 

La bouche est ronde, friande, à la chair pulpeuse/croquante, avec l'impression de mordre dans une pomme. La sensation de fraîcheur est renforcée par un trait de gaz carbonique – et dans ce cas-là, j'aime beaucoup ça ! Le fruité se dispute au minéral, avec un côte "jus de caillou" qui fait plus penser à un maccabeu qu'à un aligoté. 

La finale monte d'un cran en  intensité, laissant exprimer une fraîcheur explosive (ou éclaboussante ?), soulignée par de fines notes amères/astringentes (craie, pomelo) qui persistent assez longuement. 




mardi 22 septembre 2020

Etna rosso : la patience récompensée !

Si je m'étais contenté de ma première impression sur cet Etna rosso du Barone di Villagrande, je ne lui aurais pas consacré un billet sur ce blog. Je l'ai trouvé plutôt peu aromatique, avec une bouche plate et fuyante. Je n'ai pas passé des heures à lui faire du bouche à bouche. J'ai refermé la bouteille et je suis passé à autre chose. 

Le lendemain, je le regoûte. Et là, miracle : le nez est nettement plus expressif; et la bouche a gagné en cohérence et en volume. Il me plaît beaucoup pour le coup. Il correspond à ce qui est ci-dessous. 

La robe est grenat translucide aux reflets tuilés. 

Le nez est fin, élégant, sur des notes florales (pivoine, cosmos chocolat), fruitées (framboise, fraise confite), épicées et automnales 

La bouche est ample, aérienne, avec une matière fine, quasi impalpable dans un premier temps, et une tension amenée par une belle trame acidulée. Puis on gagne en densité, avec des tanins enveloppants à l'accroche subtilement canaille. 

La finale est délicieusement mordante, avec des fruits rouges poivrés et acidulés qui font leur come-back et toujours cette atmosphère automnale. On croit que c'en est fini. Mais non : re-retour des fruits rouges acidulés et du poivre. Deux secondes de pause. Et re-re-retour des fruits rouges acidulés et du poivre. Et alors, ça s'achève sur des notes crayeuses et cacaotées. 

Le surlendemain, j'y retourne avec un client de passage : le nez est encore plus beau, avec des notes de garrigues et de cerise fraîche. La bouche a gagné en rondeur et en élégance, avec un fruit encore plus pur. Et c'est beaucoup plus raccord avec la finale qui est moins mordante et plus harmonieuse. Un pur délice !

Vous l'aurez compris : si vous voulez le boire le jour de l'ouverture, un gros carafage est conseillé pour qu'il soit optimal. 



lundi 21 septembre 2020

Entre amis, pas si Graves que ça...


Nous n'avions pas jusqu'à maintenant de Graves blanc. L'Entre amis du Château Cazebonne arrive donc à point. Seulement, je me demande s'il est conforme à l'idée que beaucoup de gens se font des vins de cette appellation – si tant est qu'ils s'en font une. Il n'a pas les marqueurs habituels du sauvignon – pomelo, bourgeon de cassis, buis... –  n'est pas du tout boisé. Le gras provient juste de raisins bien mûrs, mais finalement pas trop sucrés (12.5 % d'alcool au final). Bref, il ressemble plus au Vin Passion du Champ des Treilles qu'à un Entre-Deux-Mers ou à un Pessac-Léognan. 

La robe est entre la paille et l'or. Paille d'or quoi ;-)

Le nez  ne sauvignonne pas : on est sur fruit blanc rôti, l'ananas, le miel et quelques épices. 

La bouche est ronde, enveloppante; déroulant une matière douce et fraîche, finement pulpeuse, où la pomme chaude côtoie des saveurs plus minérales et épicées. L'acidité est des plus discrète, mais l'équilibre est là grâce à une fraîcheur diffuse et un léger filet de gaz carbonique.

La finale est tonique et savoureuse, avec une fine mâche gourmande (toujours) sur la pomme chaude et quelques épices qui prolongent  le vin.

Ce vin sera parfait pour l'apéro avec des feuilletés salés, ou se mariera avec des noix de Saint-Jacques poêlées, une volaille aux champignons, ou des pâtes dures (comté, beaufort...). Je ne dirais pas qu'il est à prix d'ami – ce serait trop facile – mais on peut dire qu'à 10 €, c'est plus que raisonnable !




vendredi 18 septembre 2020

Les Extra-Libre du Cèdre, le match retour !


Ce n'est pas la première fois que je réunis en un "match" les deux cuvées Extra-Libre du Cèdre, même si ce n'est pas le cas chaque année. Cette fois-ci, ils sont sortis en même temps. J'en profite donc pour les déguster côte à côte. Et honnêtement, c'est difficile de trancher : le "simple Cahors" est d'une gourmandise diabolique, tout en étant le vin sans soufre le plus parfait qui puisse exister. Le Cèdre vous fait rentrer dans une autre dimension, un peu plus austère, mais exprime une puissance somptueuse à laquelle il est difficile de résister. 

Cahors Extra-libre 2019 (15.50 €)

La robe est grenat très sombre aux reflets violacés. 

Le nez est fin et profond, sur la crème de fruits noirs, la liqueur de framboise, la réglisse et le menthol. 

La bouche est ronde, très ample, enveloppante, avec une matière dense et soyeuse qui vous envahit le moindre mm² de votre palais, tout en délivrant un fruit d'une grande pureté (coulis de mûre/cerise noire) et une fraîcheur aromatique impressionnante. 

Cette dernière prend encore plus d'intensité en finale, renforcée par une (sublime !) trame acidulée qui trace longuement, sur des notes de framboise et de poivre blanc qui vous emmène plus en Rhône septentrional qu'à Cahors. 

Le Cèdre Extra-libre 2018 (31.50 €)

La robe est encore plus sombre. 

Le nez est encore plus fin et profond, dans un style "brun ténébreux", avec des notes atramentaires (d'encre, quoi) et balsamiques. 

La bouche gagne en ampleur et en rondeur, avec une matière plus dense qui réussit à garder ce toucher soyeux qui transite progressivement vers le velouté. Le fruit et la fraîcheur  sont un peu moins expansifs tout en étant bien présents. Bref, un vin un peu plus réservé, mais nettement plus imposant. 

La finale envoie du lourd tout en réussissant à être sage et civilisée, avec des tanins somptueux relevant du génie, sur la mûre et le cacao en poudre, et une prolongation sur la craie et les épices douces. 


jeudi 17 septembre 2020

Et si vous passiez au tracteur ?

Le mois dernier, je suis passé chez Thomas Finot. A l'instar de Nicolas Gonin, ses cuvées privilégient de plus en plus les cépages locaux  : cela se vérifie sur Tracteur rouge 2019, pas encore disponible, qui contient beaucoup plus de Persan. Et sur Tracteur blanc 2019 que nous avons reçu le mois dernier, où l'Altesse et la Verdesse complètent la Jacquère et le Chardonnay. Son profil reste néanmoins proche de 2018 : un vin d'une grande fraîcheur sans que l'acidité ne ressorte.Ce qui en fait un vin facile pour beaucoup de monde, beaucoup craignant justement l'acidité, les autres ayant peur de la mollesse ou de la surmaturité. Deux reproches que l'on ne pourra pas faire à ce Tracteur (12.3 % d'alcool). 

La robe est  or pâle aux reflets argentés. 

Le nez est expressif, sur la pomme chauffée au soleil, les embruns marins et la craie humide. 

La bouche est ronde, croquante, pleine de fraîcheur, déployant une matière finement charnue, évoquant à la fois la pomme que l'on  mord à pleines dents et l'eau de torrent, pure et minérale, avec une légère touche fumée.  

La finale est tonique, mêlant la fine astringence de la pomme verte à l'amertume de l'écorce de pomelo, avec une persistance sur les notes crayeuses et fumées, pour s'achever sur une touche de sauge.  

Ce Tracteur blanc  sera très polyvalent : apéro (sans crème de cassis !) , carpaccio de Saint-Jacques, cabillaud, risotto, quiches, terrine de lapin, fromages de chèvre pas trop affinés... Le tout à un prix très raisonnable (8.95 €).



mardi 15 septembre 2020

J'ai goûté pour vous un Mourvèdre californien centenaire

Bon, un peu pour moi aussi, j'avoue. Cela faisait un petit bout de temps que cette bouteille me faisait de l'œil. En cette période où nombre de nos clients sont en plein craquage  – pour reprendre une expression souvent employée par des amateurs – cela m'a semblé le bon moment pour en causer. Quand j'écris "centenaire", il est bien sûr question des vignes dont est issue cette cuvée. Pas du vin. Nous avons quelques vieilles bouteilles en stock, mais ça ne va pas au-delà de 1964.

Je vous ai déjà parlé il y a quelques mois de Birichino, un domaine californien atypique créé par deux fous furieux comme on les aime à Vins étonnants. Leur credo : de très vieilles vignes non irriguées, des maturités raisonnables, des élevages qui respectent la beauté des jus. Résultat : des vins frais et élégants que l'on n'imagine pas venir du pays de l'oncle Sam et de son cousin Robert. 

Cette cuvée provient d'une parcelle de mourvèdre plantée il y a environ un siècle sur les sols calcaires et granitiques décomposés de la vallée du four à chaux  juste en bas de la route de Calera sur le côté est de la chaîne Gabilan. 


La robe est grenat translucide. 

Le nez est très fin, profond, complexe, sur des notes florales (pivoine; iris), fruitées (framboise, mûre), épicées; avec une touche d'encens et de tabac hollandais (celui qui commence par Ams et finit par ..mer

La bouche est sphérique, très ample, aérienne, déployant une matière d'une rare finesse que l'on ne trouve que dans les grands pinots bourguignons, tout en s'appuyant sur une colonne vertébrale racée, vineuse, épicée qui apporte tension et allonge. Car bon, même si l'extraction et la maturité sont "chambolienne", ça reste du mourvèdre, hein. 

La finale gagne beaucoup en concentration tout en restant dans le registre de la finesse, avec une mâche subtile sur les fruits bien mûrs, et une prolongation sur les épices grillés et les notes balsamiques. 

C'est déjà excellent aujourd'hui, mais il est probable que l'on bascule dans le grand d'ici une dizaine d'années. 

lundi 14 septembre 2020

Boutine is back !

La Boutine du Domaine de Malavieille s'est faite attendre. Il faut tout de même lui laisser un peu de temps pour qu'elle ait un élevage digne de ce nom. Ça ne se voit pas trop sur la photo, mais elle est également passée à la bouteille bourguignonne, de plus en plus tendance au détriment de la bordelais (faut dire que Eric Supply-Royer, le maître de chai,  est d'origine burgonde). Je ne sais pas si c'est l'effet millésime, ou la bouteille, ou les deux – ou autre chose ? – mais je préfère nettement ce 2019 aux millésimes précédents :  le bois est moins présent, la fraîcheur plus importante. Tout pour me plaire !

Rappelons que cette cuvée est très majoritairement issue de chenin – l'une des plus vieilles parcelles du Languedoc  – complété par un peu de chardonnay et de viognier (que l'on ne sent pas du tout). 

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est intense et séducteur; sur l'ananas, la poire confite, le pain grillé et la crème brûlée à la vanille. 

La bouche est longiligne, tendue par une acidité quasi imperceptible, tout en offrant une matière ronde et mûre, presque séveuse, contrebalancée par une fraîcheur pure, intense,  quasi cristalline. Un vin paradoxal, donc. 

La finale est tonique, finement crayeuse, mêlant les fruit frais (ananas, fruits blancs) à des notes plus confites et grillées. 

Ce vin sera parfait avec des plats d'inspiration orientale, des ris de veau à la croûte bien dorée, un foie gras poêlé, ou certains fromages (genre Banon, Saint-Marcellin affiné....). À moins de 10 €, son rapport qualité prix est excellent. 



vendredi 11 septembre 2020

Puydeval : changement de paradigme


Depuis 3-4 ans, Jeff Carrel a infléchi le style de ses vins rouges. Cela s'est remarqué sur Darons ou Lilac wine : un bois moins présent, des maturités un peu moins poussées, des matières plus en finesse. La cuvée Puydeval étant décalée dans le temps par rapport aux autres, la bascule stylistique se fait aujourd'hui en passant du 2016 au 2017. Non seulement le style évolue, mais également l'assemblage : les 10 % de merlot disparaissent, permettant d'arriver maintenant à  65 % de syrah et 35 % de cabernet franc. L'autre nouveauté, c'est que Puydeval est maintenant BIO et très peu sulfité. Y a pas : Jeff a le don de capter l'Air du temps ;-)

La robe est grenat sombre; très légèrement évoluée. 

Le nez est expressif, sur le cassis frais – et une pointe de cassis végétal (bourgeon) – le poivre, avec une touche de pain grillé et un soupçon de cendre froide. 

La bouche est bouche est ronde, enveloppante, déployant une matière fine et soyeuse au départ, puis gagnant progressivement en densité et tanins. Le tout est tendu par une très fine acidité renforcée par une grande fraîcheur aromatique (cassis/menthol). 

La finale délivre une mâche goûtue, explosant de fruit noir,  et  se prolonge ensuite sur des notes crayeuses et grillées. 

Ce  vin sera parfait avec une belle pièce de boeuf grillée,  mais toute autre viande rouge lui conviendra (ou du seitan aux champignons pour les réfractaires).  



mercredi 9 septembre 2020

Torrontes d'Etchart : l'exotisme à pas cher


Si vous aimez les cépages aromatiques comme le muscat, le viognier ou le gewurztraminer, ce Torrontes Privado est fait pour vous. Si vous avez la sobriété comme ligne de conduite, passez votre chemin. Cela dit, cette cuvée a un certaine retenue dans l'exubérance : vous pouvez en boire plusieurs verres sans vous en lasser. Son aromatique est due au muscat d'Alexandrie dont il est le rejeton. L'abricot ne tombe pas loin de l'abricotier. Ajoutons qu'il est abordable (8.90 €) ce qui ne gâche rien et permet de le tester sans vider son CODEVI LDD. 

La robe est "or blanc", au reflets argentés. 

Le nez est très aromatique, sur le chèvrefeuille, la fleur d'oranger, la rose, l'abricot et la verveine 

La bouche est à la fois ronde et élancée, avec une matière fraîche et limpide, au toucher doux et caressant,  et une belle tension qui évite toute mollesse. À ce stade-là, l'aromatique est relativement sobre, sur la pêche blanche et la citronnelle. 

La finale possède du caractère, avec une fine mâche crayeuse, et l'apparition d'amers évoquant l'agrume, mais aussi des notes herbacées, florales et épicées. 

Il peut se boire pour lui-même à l'apéro ou être bu sur un plat exotique avec gingembre, lait de coco, citronnelle... 



mardi 8 septembre 2020

La promo d'automne, c'est parti !


 

15% DE REMISE SUR L'ENSEMBLE DES VINS EN STOCK

Remise non applicable sur les frais de port et sur les achats des clients professionnels
Offre valable jusqu'au 30 septembre 2020
cumulable avec les promotions en cours mais non cumulable avec le code BIENVENUE

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FAVETONNANTE2020

Ne pas hésiter à nous consulter en cas de rupture sur un vin, tout notre stock n'est pas en ligne

Mas des Chimères : Nuit grave Vs Hérétique


Ces deux cuvées sont produites par le même domaine, le Mas des Chimères. Elles sont du même millésime, 2018. Et c'est à peu près tout ce qui les rapproche. Car Hérétique est issu assemblage plutôt "bordelais" (merlot, cabernet-sauvignon ... et une petite pointe de syrah) alors que Nuit grave est tout ce qu'il y a de languedocien : syrah, grenache, mourvèdre, counoise. Cela donne donc des vins très différents, avec un  comportement totalement opposé à l'aération comme nous allons le voir. 

Mes  premières impressions ci-dessous datent de jeudi 3 septembre à 11h30. 


80% Merlot, 18% Cabernet Sauvignon 2% Syrah

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est plutôt discret, laissant s'échapper des flagrances de fruits rouges confits, de quetsche et d'épices, et une touche de fumée. 

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière dense et charnue, alliant douceur et fermeté. Le fruit bien mûr se dispute la vedette avec des notes plus terriennes/minérales, tout en gardant un équilibre sur la fraîcheur. 

Cette dernière est encore plus présente dans une finale mâchue grâce à des notes de menthol/eucalyptus, complétées par la prune et le tabac. 

Nuit grave 2018 (13.90 €)

50% Syrah, 20% Grenache, 22% Mourvèdre, 8 % Counoise

La  robe est grenat très sombre mais translucide. 

Le nez est très fin, profond, sur des notes florales (violette, pivoine), et fruitées (mûre, myrtille), mais aussi de l'encens et du poivre blanc. 

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible, tout en déployant une matière fine et élégante, caressant le palais. Le fruit est plus frais et gourmand que dans la cuvée Hérétique, avec une pointe de violette  qui apporte classe et légèreté. 

La finale prolonge la bouche sans le moindre à-coup, se contentant d'intensifier les saveurs et les sensations, se concluant sur une touche délicieusement mordante et fraîche sur la framboise, la menthe et le poivre. 

J'ai eu la bonne idée d'amener ces deux bouteilles chez un ami passionné de vins et nous les avons rebus ensemble samedi 5 septembre à 12h00. Eh bien, à ce moment-là, Hérétique est superbe, avec un nez nettement plus expressif et fruité, une tension en bouche nettement plus marquée et une matière qui a gagné en finesse. Alors que Nuit grave n'est pas mauvais, mais le nez a perdu de son charme et de sa complexité. La bouche a perdu en harmonie et n'offre guère de plaisir. Il faut en conclure deux choses :

l'Hérétique a besoin d'air pour s'exprimer. 

Alors que Nuit grave est extra dès l'ouverture. Il faut en profiter de suite car ça  ne dure pas. 

Il serait faux par contre d'en déduire qu'il ne tiendra pas dans le temps. Une aération n'a RIEN à voir avec un vieillissement en bouteille qui se fait au contraire dans des conditions de réduction. 

lundi 7 septembre 2020

Comme une envie de galipette

Non, ce n'est pas ce que vous croyez. Galipette, c'est un pét' nat' signé Christophe Pueyo, un vigneron bordelais qui aime faire bouger les lignes. La parcelle de muscadelle est située à une dizaine de km au sud de Castillon la Bataille sur un socle de calcaire à astéries – comme sur les meilleurs terroir de Saint-Émilion. Les raisins sont cueillis en début de maturité, pressés en grappe entière puis vinifiés à basse température. Lorsqu'il ne reste plus que 14 g/l de sucre, le moût est mis en bouteille pour finir sa fermentation. Au final, il ne reste que 2 g, imperceptibles. Il n'y a pas de dégorgement, ni d'ajout de sulfite. Du brut de brut, même s'il s'avère des plus calins en bouche. L'effet muscadelle ? 

La robe trouble et mousseuse évoque une bière blanche. 

Le nez, pas du tout : assez discret, sur des notes florales, citronnées et fermentaires. 

La bouche est ronde, de belle ampleur, avec des bulles très présentes, mais qui sont tellement fines qu'elles créent une belle sensation crémeuse/onctueuse, mais aussi une impression de grande fraîcheur – sans que l'acidité soit trop marquée. L'ensemble est équilibré et harmonieux, d'une grande buvabilité (12 % d'alcool). 

La finale prolonge ces sensations tout en gagnant en concentration, et en insistant  sur les amers, donnant de la niaque. Et cette envie d'y retourner illico, avec une persistance sur l'écorce d'agrume et le quinquina qui rappelle le  Schweppes®, le sucre en moins (cela dit, c'est basé sur de très vieux souvenirs : pas bu un Schweppes® depuis 30 ans...). 




jeudi 3 septembre 2020

Ça vieillit bien, le Brouilly !

 

Ce Brouilly  2006 de Frédéric Aublanc  est encore une découverte de Stéphane, notre agent commercial plateformiste. Il est allé cherché ce vigneron modeste qui travaille très proprement ses 3 hectares face au Mont Brouilly, et qui a la bonne idée de conserver en cave quelques vieux millésimes. Ce 2006 est une sacrée pioche. Je ne saurais dire s'il morgonne ou pinote (ou brouillonne ?), mais en tout cas, son aromatique actuelle est loin de celle d'un gamay jeune, et ce n'est que du bonheur ! Quand on voit l'augmentation actuelle des prix en Bourgogne ou ailleurs, on se dit que c'est une belle affaire de pouvoir acheter un vin à parfaite maturité pour une vingtaine d'euro. 

La robe est grenat translucide tirant vers le tuilé. 

Le nez est fin et complexe, sur la cerise à l'eau de vie, la violette fanée, la boîte à cigare, l'écorce d'orange. 

La bouche est longiligne, tendue par une acidité arachnéenne et traçante, tout en déroulant une matière ample et soyeuse d'une grande fraîcheur aromatique. Cela n'exclut pas une fine assise tannique soulignée par des amers évoquant l'orange. 

La finale est tonique et réjouissante, avec toujours cette acidité traçante qui tient lieu de colonne vertébrale (très marquée griotte), des tanins qui accrochent délicieusement sur des notes d'orangette au chocolat, et une remarquable persistance sur la bigarade, la merise et le cacao. 

Ce vin devrait être parfait avec du pigeon aux filets cuits rosé, voire un fois gras poêlé bien croustillant à l'extérieur et moelleux à l'intérieur. C'est malin, j'ai faim, maintenant... 




mercredi 2 septembre 2020

Champ des treilles, le retour du trio !


Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu en même temps les trois cuvées du Champ des Treilles. Il faut dire que le domaine a subi de nombreuses pertes ces dernières années, entre les gels printaniers et les grêles d'été, sans parler du prestataire chargé de l'embouteillage qui avait détruit tout un millésime de Vin passion. Le blanc est du millésime 2019, alors que les rouges sont de 2018. Cela a laissé un peu de temps à ces derniers pour se mettre en place. C'est particulièrement vrai du Grand Vin  dont l'élevage en barriques a permis d'affiner les tanins : même s'il est promis à une belle garde, il se goûte mieux aujourd'hui que le Petit Champ. 

Vin passion 2019 (9.50 €)

La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est gourmand, sur les fruits blancs rôtis au beurre, la fleur d'acacia, rafraîchis par le zeste de citron. 

La bouche est ronde, croquante, savoureuse, avec l'impression de mordre dans la baie de raisin. La matière est fraîche et pulpeuse,  tout en affichant une bonne maturité (13.5 % d'alcool) et des fruits bien mûrs. 

La finale délivre d'abord une mâche crayeuse/citronnée pour se poursuivre sur une aromatique plus mûre et "décadente" (pomme beurrée) tout en conservant une grande fraîcheur qui sert de fil conducteur et de point d'orgue. 

Cela fait toujours du bien d"avoir un Bordeaux blanc qui ne sauvignonne pas et n'est pas maquillé par le bois ! Il pourra accompagner tout un repas, même si une volaille aux champignons ou un risotto lui conviendraient idéalement. 

Petit champ 2018 (9.50 €)

La robe est grenat sombre translucide. 

Le nez est fin, aérien, sur les fruits noirs (cassis, mûre), la ronce et le tabac, avec une pointe de poivre. 

La bouche est ronde, ample, également aérienne, donnant dans un premier temps une sensation de fraîcheur, puis gagne en densité pour devenir plus charnue, profonde, alliant les fruits noirs frais à des notes terriennes et mentholées. 

La finale voit les tanins se renforcer tout en restant civilisés, donnant une mâche crayeuse égayée par le cassis et la menthe, avec une persistance sur le tabac, le poivre et des notes ferreuses/sanguines. 

Je recommanderais d'attendre un peu pour que ce vin soit optimal, mais avec des grillades ou des plats du Sud-Ouest (genre confit de canard), il devrait déjà être à son aise. 

Grand vin 2018 (12.50 €)

La robe est pourpre sombre, quasi opaque. 

Le nez est plutôt discret, laissant s'échapper des flagrances de crème de mûre, d'épices douces et de pain grillé. 

La bouche alliant ampleur et tension, déployant une matière veloutée élégante, comme en apesanteur, tout en se reposant sur une colonne vertébrale d'une impressionnante fraîcheur aromatique qui apporte de l'allonge. Le tout forme un ensemble harmonieux et d'une classe rarement atteinte dans les "petits bordeaux". 

La finale réussit à prolonger le charme en poursuivant la tension sans faillir, et à garder des tanins  élégants, et se conclut par une explosion de fraîcheur où se mêlent craie, cassis, menthol, pain grillé et vanille. 

Avec une côte de boeuf, l'accord devrait être superbe !