vendredi 28 septembre 2018

C'est la rentrée chez Barouillet !


Ces 2-3 dernières années, on a pu assister à un changement de style du ch. Barouillet – flagrant sur ses Bergecrac(s) rouge et blanc, mais aussi ses Pécharmants. Cela se confirme donc maintenant sur ces quatre cuvées de 2017 que je vous présente aujourd'hui. J'avais pu les goûter en mai dernier avant leur embouteillage et elles m'avaient paru prometteuses. Les promesses ont été largement tenues : c'est encore meilleur que dans mon souvenir !

Peut-être que je me trompe, mais j'oserais dire que 2017 est vraiment une année charnière dans la (encore) courte carrière de Vincent Alexis : il réussit enfin à faire les vins qu'il aime en exploitant au mieux le vignoble et le chai – et tout le matériel qui s'y trouve – qu'il a à sa disposition. Et le résultat est enthousiasmant !



Larcin 2017 (13.95 €)

Cabernet Sauvignon & Malbec 
en macération carbonique

La robe est pourpre sombre à peine translucide. 

Le nez est est fin, frais, profond, sur le coulis de fruits noirs, les épices douces et le menthol. 

La bouche est ronde,  pulpeuse, avec une matière veloutée d'une impressionnante fraîcheur. Le tout est étiré par une fine acidité tonique.  Et puis il y a un fruit pur qui envoie grave :  un pur bonheur gustatif !

La finale poursuit dans la même veine  : un fruit savoureux, de l'énergie communicative, une fraîcheur mentholée/épicée. On en boirait jusqu'à plus soif si on n'était pas raisonnable (mais vous l'êtes, n'est-ce pas ?)


Truculence 2017 (18.50 €)

Sauvignon de  "macération"

La robe est or pâle, très (très) légèrement trouble. 

Le nez est très expressif, sur le cassis, la mangue fraîche et la tarte tatin. 

La bouche allie  ampleur et tension implacable, avec une matière dense et douce qui vous enveloppe le palais, et une acidité en filigrane qui trace tout en élégance. 

La finale est pêchue, avec une mâche savoureuse marquée par les arômes perçus au nez (pomme, cassis, mangue), prolongée par des notes salines intenses. 


Gaïa  2017 (13.95 €)

Chardonnay

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est gourmand, sur la pomme rôtie au beurre, la poire au sirop et des notes épicées/caramélisées. 

La bouche est ronde, croquante, étonnamment rafraîchissante malgré la richesse/générosité de la matière. On a l'impression de mordre dans une pomme d'amour de fête foraine, le sucre en moins. 

La finale est intense, mâchue, avec toujours cette aromatique fruits blancs/caramel magiquement équilibrée par une acidité semblant sortir de nulle part. Elle participe à la persistance du vin, complétée par les épices grillés et le pralin. 


Monbazar 2017 (12.00 €)

50 % Chenin, 30 % Sémillon et 20 % Muscadelle

La robe est d'un or intense, brillant. 

Le nez est très Chenin power, sur le coing confit, l'ananas, la mangue et l'orangette. 

La bouche est tendue, très traçante (cheninissime là encore), avec une acidité conquérante enrobée par une matière suave, sensuelle, à l'aromatique confite des plus exotiques. 

La finale est riche, expressive, sur l'ananas et la mandarine confite, avec une acidité et un peps qui évite toute lourdeur. Ça se conclue sur une "queue de paon" où se mêlent les fruits exotiques, les agrumes confits et le safran. Superbe ! 

mercredi 26 septembre 2018

Ondenc, tout simplement


Cela fait plusieurs années que Jean-Marc Balaran s'essaie aux vinifications sans sulfites. Il avoue avoir eu des ratés, mais contrairement à certains vignerons, il ne les a pas commercialisés  avec une étiquette provoc' et le discours qui va avec (l'Inao sont des méchants, tout ça...). En 2017, l'essai sur l'Ondenc a fonctionné tip-top : pas besoin de rajouter un milligramme de sulfite, même avant la mise. Simplement Ondenc est né. Un joli bébé de 75 cl dans un flacon original, histoire de montrer combien il est différent. 

Alors non, ce n'est pas un vin "nature", car le Domaine d'Escausses ne semble pas prêt de passer en bio. On peut le regretter. Mais on peut aussi se consoler en se disant que tant qu'il ne le feront pas, les prix de leurs différentes cuvées resteront très doux (cf Petit enclos, Drilles, Gaillac doux, Vendanges dorées etc...). 

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez, au départ un peu réduit, s'exprime sur les fruits jaunes (abricot, mirabelle), le miel et une pointe de rose, faisant presque songer à un muscat, sans l'exubérance de ce cépage.

La bouche est ronde, fraîche, croquante,  avec une matière finement dense et (légèrement) grasse et un léger perlant qui apporte du peps. Ça vous réjouit l'âme et désaltère les papilles.

La finale est nette, avec une fine mâche crayeuse égayée par des notes abricotées, et une prolongation sur le salin et les épices (safran).

Un vin frais et gourmand qu'il serait difficile de situer à l'aveugle. Il sera parfait pour l'apéritif, mais devrait pouvoir s'accorder avec des viandes blanches, des noix de Saint-Jacques, de la lotte, et un accompagnement "exotique" (gingembre, épices, coriandre...). Le prix raisonnable est dans l'esprit de la maison Balaran : 11.90 €.


mardi 25 septembre 2018

Son Altesse n'est pas si brut(e) que ça...


La première chose que je fais lorsque je reçois un nouveau millésime d'une cuvée de Nicolas Gonin est de me rendre sur son site, plutôt à jour. Sur sa méthode traditionnelle, je peux lire ceci : "Le vin de base de cette méthode est issu de la parcelle d'Altesse la plus élevée en altitude du domaine, afin de conserver une belle fraîcheur tout en atteignant une bonne maturité. Autrefois, l'Altesse était très utilisée pour l'élaboration de vins effervescents. A l'heure qu'il est, cette méthode est en cours d'élaboration et il est donc impossible de faire un commentaire de dégustation. D'autant plus que cette cuvée est une première au domaine et je n'ai donc pas encore d'expérience sur ce vin! Néanmoins, le vin de base après fermentation malo-lactique était d'une acidité intense mais très fine et très rafraîchissante, avec des notes citronnées. Le but est d'obtenir un brut zéro riche, complexe, désaltérant et de gagner en profondeur en bouche, grâce à l'Altesse." Je m'attendais donc à un un vin plutôt vif, citronné. Mais le vieillissement sur latte a profondément modifié ce vin. L'a civilisé, on va dire. Et ce, pour notre plus grand bonheur !

La robe est dorée, avec des bulles réparties dans tout le verre (pas de "cordon")

Le nez est intense, à la fois mûr et frais, sur les fruits blancs rôtis au beurre, les fruits secs, la brioche chaude... Un peu d'orange, aussi.

La bouche est tendue, traçante, alliant fraîcheur et vinosité, avec des bulles qui crépitent juste ce qu'il faut pour apporter du peps sans agresser le consommateur.

La finale prolonge cette belle tension sans faiblir, avec une vinosité encore plus marquée, une mâche crayeuse – mais gourmande –  des nobles amers (écorce d'orange)  et une aromatique bien mûre qui évite toute austérité (zéro dosage). Que c'est bon !!!!

Certains noteront que le prix de cette Méthode traditionnelle a augmenté par rapport à l'année dernière. C'est vrai : mais on est passé d'une p'tite bulle sympa à un vin nettement plus abouti. Du coup, le rapport qualité/prix me semble encore supérieur (11.50 €). 





lundi 24 septembre 2018

Stoeffler : plongeon irréel dans un monde orange


J'avoue que j'étais plutôt impatient de découvrir ces deux nouvelles cuvées de macération de Vincent Stoeffler. J'apprécie le travail de ce vigneron depuis une petite dizaine d'années, maintenant : à chaque fois qu'il se lance un nouveau défi, il le fait avec une approche perfectionniste, loin du laisser-aller de certains. Il s'est "attaqué" ici à deux grands cépages alsaciens : le Pinot gris et le Gewurztraminer. Le premier est méconnaissable, autant dans sa couleur que dans son aromatique – tout en démontrant à quel point il est proche du Pinot noir ; le second est transcendé : on reconnait parfaitement le Gewurz, avec l'impression que ses qualités ont été exaltées et ses défauts se sont évanouis. Bref, vraiment deux belles découvertes pour qui aime être déstabilisé !

Précision : les deux vins sont bus à température ambiante (17-18°C)




100 % Gewurztraminer

La robe est entre l'or et le cuivre, légèrement trouble. 

Le nez est très expressif, évoquant un souk oriental : pétale de rose séché, fleur d'oranger, étal d'épices, écorce d'orange... 

La bouche est de grande ampleur, déployant une matière dense et veloutée, vineuse, corsée sans être dure, d'une grande intensité aromatique. 

La longue finale est finement mâchue, épicée à souhait, très marquée par l'écorce d'orange séchée, sans oublier la petite pincée de quinquina. J'a-dore ! 

Ce vin se mariera superbement avec un tajine, une pâte lavée (munster, époisses) ou un vieux gouda. Mais il sera aussi parfait en fin de repas, en "vin de méditation". 


Le Beurot 2017 (13.90 €)

100 % Pinot gris

La robe est entre le vermillon et l'orangé (la couleur existe bien - je l'ai vue de mes yeux vue – mais n'est pas nomenclaturée) et translucide. 

Le nez n'est pas très expressif et un chouïa réduit. Mais on sent qu'il y a planqué derrière des p'tits fruits rouges – grenadine dans l'esprit – des épices et des notes lactées. 

La bouche est toute aussi ample que le précédent, avec une texture veloutée relativement proche, mais on reste sur un style plus classique : elle évoque un joli Pinot noir, légèrement évolué, mais dans lequel on aurait infusé une pincée d'écorce d'orange ;-)

La finale par contre a plus de mâche, avec cette fois-ci des fruits rouges bien présents, de la fraîcheur et du peps, et des épices pour prolonger. 

Ce vin pourra s'appréciera aussi bien avec un plat de charcutaille qu'avec une viande blanche ou des fromages pas trop puissants. 

jeudi 20 septembre 2018

Viti Vini Vinci : 4 nuances de rouge


Il me paraissait utile de faire cette dégustation des vins rouges de Viti Vini Vinci, car si l'on se place du côté du consommateur, je comprend qu'l soit difficile de faire un choix parmi les cuvées... On peut se décider grâce au dessin, à l'appellation ou au prix, mais pas sûr que ce soit concluant au final. Voici donc un descriptif de ces 4 vins rouges, qui se veut le plus honnête possible.  

Il y a une chose à savoir : ils contiennent tous du gaz carbonique qui apporte  une sensation de perlant. Si vous aimez cela, ce ne sera que du bonheur. Si comme moi, vous êtes réfractaire, il faudra secouer la bouteille (et pour être encore plus efficace, mettre le vin en carafe et secouer la carafe). Avec prudence si vous ne voulez pas repeindre votre plafond ;-) Il faut s'y reprendre à plusieurs reprises, entrecoupées par des pauses de 5 mn.  Les commentaires sont faits sur les vins dégazés (30 mn après ouverture). 



La robe est vermillon légèrement trouble (et en fait, la moins obscure de toutes les cuvées)

Le nez est frais, sur la griotte, la framboise, la terre humide, avec une pointe de volatile.

La bouche est très ample, sphérique, des plus aériennes, avec une matière arachnéenne, quasi impalpable. Puis devient plus intense, vineuse, avec une acidité tonique en fil conducteur.

Tout cela se prolonge en finale sans la moindre interruption, avec cette acidité traçante qui semble ne pas vouloir s'arrêter (le côté obscur de la force ?). 



Les rouquins 2017 (13.50 €)

La robe est grenat plutôt sombre (ou Burlat ?), légèrement trouble.

Le nez est intense, mais aérien, sur la cerise mûre, les épices et des notes ferreuses/sanguines.

La bouche est ronde, ample, soyeuse, avec une matière fine et aérienne qui gagne progressivement en densité. L'ensemble est tendu par une fine acidité.

La finale est plus terrienne, avec une texture crayeuse, et la griotte acidulée qui apporte du peps.



La robe est rubis, légèrement trouble.

Le nez est plutôt discret, avec un mix entre l'Obscur (griotte, volatile) et les Rouquins (sanguin/ferreux). 

La bouche est toute en rondeur, avec une matière plus dense que les deux précédents, au toucher velouté/juteux, tout en gardant la même acidité traçante. 

La finale crayeuse se rapproche plutôt des Rouquins, avec là aussi la griotte qui apporte ses notes acidulées. 



La robe est grenat translucide. 

Le nez est intense, complexe, sur la cerise confite, le noyau, les épices, le bois précieux...

La bouche est  plus ample, enveloppante, avec une matière veloutée, charnue, qui gagne en densité et profondeur. L'acidité est plus discrète, enveloppée qu'elle est par la matière. Ce qui n'exclut par une bonne  tension. 

La finale finement mâchue est clairement la plus aboutie du quatuor, avec une complexité d'arômes et de textures. C'est épicé, fruité, floral, minéral... avec une impression d'accomplissement et d'harmonie. 


mercredi 19 septembre 2018

Prendre son contre-pied (bis)


En novembre dernier, je vous avais parlé de Contre-pied rouge. Je ne savais pas alors qu'il allait avoir un frère blanc. Le premier était une réinterprétation glou-glou du cépage Durac. Cette fois-ci, la famille Plageoles s'attaque au Mauzac blanc. Il a la réputation d'être plutôt tristoune, pas très aromatique. Cette cuvée Contre-pied prouve que ce n'est pas forcément une malédiction : il y a moyen de le rendre très sympa et même irrésistible !

La robe est jaune pâle, très légèrement trouble (fin non filtré).

Le nez est appétant, sur les fruits jaunes (pêche/abricot), une touche légèrement muscatée,  et même une pointe d'angélique pour apporter du peps. 

La bouche est ronde, fraîche, gourmande, avec une matière finement charnue, croquante, et une aromatique très expressive sur le fruit (jaune, toujours), l'amande... et encore le muscat en arrière-plan. 

La finale est nette, tonique, avec un bon goût de raisin frais, et de subtils amers (noyau d'abricot) qui évitent toute lourdeur. Puis arrivent des épices qui prolongent agréablement le vin. Y a bon !

Franchement, pour 11.00 €, il n'y a vraiment rien à redire, sachant que c'est bio, très peu sulfité, toussa... Et surtout, ça réhabilite méchamment le Mauzac. Merci les Plageoles !



lundi 17 septembre 2018

Pure T ou Pure T ?



En fonction des millésimes, ce n'est pas forcément le même cépage qui incarne la cuvée Pure T. Cela me parait judicieux d'avoir choisi le Merlot en 2014 (année plutôt fraîche) et le Cabernet Sauvignon en 2015 (année chaude). Si le choix avait été inverse, on aurait un Cabernet probablement trop acide et un Merlot lourdaud. Dans les deux cas, les vins ont été vinifiés et élevés en (petits) foudres sans sulfites, y compris à la mise. Cela ne se sent pas dans les vins, si ce n'est peut-être un peu à l'ouverture : les vins sont un peu réduits. Ils demandent donc une certaine aération pour s'exprimer. Dans le cas des deux bouteilles commentées, les vins ont été ouverts 24 h à l'avance, épaulés et laissés sans bouchon à 14-15 °C. Ils sont alors prêts à être dégustés. 


Pure T 2014 (20.36 €)

100 % Merlot

La robe est grenat très sombre aux reflets violacés.

Le nez est plutôt discret, sur les fruits noirs légèrement surmûrs, avec une légère pointe de volatile qui apporte de la fraîcheur (et une touche de menthol, aussi).

La bouche est ronde, ample, charnue, avec une matière dense et veloutée qui s'insère dans le moindre pore de votre palais. La richesse est équilibrée par une grande fraîcheur aromatique incarnée par le menthol (n'oublions pas que le Cab'Franc est le papa du Merlot) accompagnée par le tabac gris (ou l'âtre de cheminée, j'hésite).

La finale est assez puissante, mais les tannins sont bien enrobés : on ne ressent aucune dureté, et c'est à ce stade que l'on ressent plus le fruit  noir frais, tonique, souligné par des notes tertiaires (tabac, truffe, épices).

Un vin hors du commun, assez déroutant, mais on finit par sacrément s'y attacher. Le lendemain, j'ai fini la bouteille avec du boeuf maturé et des pommes de terre sautées. C'était ma-gni-fique !




Pure T 2015 (23.95 €)

100 % Cabernet Sauvignon


La robe est encore plus sombre, presque noire, opaque.

Le nez fait "brun ténébreux", sur le cassis, le havane, la cendre froide, et là aussi, le menthol (le Cab' Sauv' est demi-frère du Merlot).

La bouche est élancée, tendue, avec une acidité totalement enrobée par une matière étonnamment dense et mûre pour un Cabernet-Sauvignon (et j'oserais même dire "sensuelle"). L'équilibre est juste superbe et ne pourra que ravir les amateurs de ce cépage (dont je suis – Las Cases for ever !).

La finale poursuit la tension de la bouche sans la moindre rupture, si ce n'est un léger durcissement des tannins. Le cassis est toujours à l'avant-poste, le havane aussi, et puis ce goût de cendre typique du cépage, souligné par le poivre.

vendredi 14 septembre 2018

Soirée mets et vins très éclectique


C'était la rentrée mercredi soir au "club de Saint-Yrieix". L'air de rien, nous entamons notre sixième saison commune, et tout le monde est aussi enthousiaste qu'au premier jour. Pour une fois, j'ai laissé le chef Gilles Tigoulet décider du menu. À ma charge de trouver les vins qui  iraient le mieux avec.



Pour l'apéro nous avions des galetous à la rillette d'oie. L'occasion de faire découvrir le Crémant Rosé Tempus, un 100 % Bleu de Franconie d'origine slovène. Si l'origine et le cépage peuvent paraître déroutants, on est finalement sur une texture et une aromatique plutôt classiques. Le nez balance entre notes florales et fruitées, avec quelques épices. Il y a une belle tension, des bulles très fines, une finale harmonieuse, ni trop sèche, ni trop douce. Il a plu à tout le monde, y compris ceux qui habituellement n'aiment pas trop ça. On démarre bien :-)


L'entrée était composée d'une purée d'avocat, de crabe et de tomates confites. Lorsque le chef m'avait envoyé le menu à l'avance, je m'étais dit qu'un Clos des Briords 2017 conviendrait bien : il est très frais, limite cristallin,  tout en n'ayant pas d'acidité saillante/agressive comme trop souvent dans les vins du Muscadet. Il devrait apporter de la fraîcheur au plat tout en ne l'écrasant pas aromatiquement.  Et en effet : il a très bien fonctionné et a plu à toute l'assemblée. 


Avec un quasi de veau, sauce épicée et une purée pomme de terre/céleri, j'ai proposé un match entre deux vins rouges qui me paraissaient "matcher" avec le plat. À ma gauche, un Côtes du Rhône "Rousset les Vignes" 2014 du domaine de la Banate, assemblage de vieilles vignes de Syrah et Grenache plantées à 300 m d'altitude. À ma droite un Crozes-Hermitage Georges Reynaud 2016 du Domaine les Bruyères.  Bref, un Rhône Sud plutôt septentrional vs un Rhône Nord plutôt méridional.  Au nez, c'est le grenache qui domine à gauche tandis que la Syrah exulte à droite. Plus de complexité et de fruits bien mûrs pour la Banate ; du fruit plus frais et du poivre fumé pour le Crozes En bouche, le Côtes du Rhône est plus impacté par la température ambiante élevée : alors qu'à 15-16 °C, il est plein de fraîcheur, à 20 °C, il fait plus "sudiste". Ceci dit, il reste très digeste pour un Rhône Sud. Le "Georges" souffre beaucoup moins : on a l'impression qu'il est servi avec 5°C de moins alors que ce n'est pas le cas. Perso, je préfère ce dernier, fin et frais,  mais d'autres ont un coup de coeur pour le Banate. Dans la salle, on est à peu près à 50/50. Les goûts et les couleurs ;-)


En dessert le chef avait préparé une crème brûlée aux brugnons. Les brugnons m'ont fait penser à un muscat. Et la crème brûlée m'a incité à trouver un vin le moins sucré possible (sans qu'il soit sec). Donc exit les muscats de Corse ou du Minervois. Exit aussi le Moscat d'Asti,, très sucré. Il me restait le Moscato Spumante 1/2 sec du domaine Civranetta. Superbe pioche : un hymne au muscat qui réussissait à "dessucrer" le dessert. La sensation était assez incroyable et le plaisir grand. J'ai adoré, et je n'étais pas le seul  😍

Thème du mois prochain décidé en fin de soirée : la Loire. On va se régaler !

mercredi 12 septembre 2018

Syrah Reynaud 2017 : on se régale !


Nous avons reçu il y a peu  les 2017 de David Reynaud. J'ai été raisonnable : j'ai attendu une bonne semaine avant d'ouvrir une bouteille de Syrah les Monestiers 2017. Ma patience a été récompensée car ce millésime est une réussite : il devrait plaire autant aux amateurs de vins puissants qu'à ceux qui recherchent la finesse. Car ce vin paradoxal réussit le tour de force de conjuguer les deux. 

La robe mérite vraiment l'adjectif  atramentaire : elle fait songer à de l'encre violacée. 

On s'attendrait à un nez extraverti/explosif. Il n'en est rien : il est plutôt frais, fin, sur les fruits noirs (myrtille, cerise), la poitrine fumée et les épices douces. 

La bouche est très ample, énergique, déployant une matière dense et veloutée, juteuse, qui vous tapisse généreusement le palais. On a vraiment l'impression d'avoir un coulis de fruits noirs en bouche, si ce n'est l'absence de sucre. Et les quelques tours de moulin à poivre au-dessus de la cuve (c'est une image, hein : il ne ferait pas ça, David Reynaud. Mais on sent bien le poivre !)

La finale gagne encore en densité, avec des tannins un peu plus présents, tout en restant très fruitée et gourmande. La cerise noire domine, avec une touche de cacao en poudre, et le poivre légèrement fumé qui apporte de l'allonge. Sans oublier une pointe d'amertume qui fait un joli contrepoint au fruit généreux. L'équilibre est assuré jusqu'au bout ! 


mardi 11 septembre 2018

Bu'n Daw, le retour !


J'ai toujours plaisir à re-découvrir la cuvée Bu'n Daw à chaque millésime, car la Petite Arvine offre à chaque fois un nouveau visage, très différent de celui qu'elle a en Suisse. La version hélvétique est tendue et cristalline, alors qu'elle affiche plus de rondeur lorsqu'elle vit en Languedoc. Mais malgré tout, le vin final n'est jamais lourd. Ce serait trahir ses origines. 

Ce vin est à lui tout seul un pan de l'histoire de Vins étonnants, ramenant à une époque où il était interdit de mentionner ce cépage interdit à la culture en France. Depuis, les choses ont changé. Avec le réchauffement climatique, les règles ont changé : n'importe quel vigneron hexagonal à le droit de la planter. Néanmoins, si vous faites un vin 100 % Petite Arvine, faut pas déc..., il se retrouve en vin de France (en attendant qu'une appellation le reconnaisse comme cépage principal : c'est pas pour demain...)

La robe est or pâle, aux reflets argentés.

Le  nez est gourmand, évoquant les fruits blancs et jaunes (poire, abricot) avec des notes pâtissières (brioche, crème brûlée).

La bouche est ronde, fraîche, tonique, avec une matière mûre et désaltérante qui se déverse à flot dans votre palais. L'ensemble est miraculeusement équilibré, car on pourrait croire à un déficit d'acidité. En fait, elle est bien là, mais  masquée par la densité et la maturité de la chair.

La finale a une astringence assez marquée – on mord dans la craie – mais sans que ça ne soit agressif : on reste dans la gourmandise, avec le retour des fruits et des notes lactées (yaourt). C'est toutefois la craie qui finit par l'emporter, soulignée par des épices.

Ce vin peut se boire seul à l'apéro, accompagner une blanquette de la mer, de la lotte, ou des fromages de chèvre légèrement affinés. 


mercredi 5 septembre 2018

Merlot Réserve Denois : une réussite !


À quelques jours de distance, Jeff Carrel et Jean-Louis Denois sortent leur "cuvée réserve". Avec dans les deux cas le regard tourné vers Bordeaux. Un pur Cabernet Sauvignon pour Carrel, un pur Merlot pour Denois. J'ai dit ICI  ce que je pensais du Cabernet : c'est très réussi techniquement, avec un équilibre quasi parfait. Je trouve juste que les arômes apportés par le chêne grillé deviennent à l'aération un peu trop envahissants. Il y a une petite dizaine d"années, il est probable que le Merlot Réserve de Denois aurait été dans le même esprit (vous pourrez le  constater en dégustant sa Grande Cuvée 2008, encore à la vente). Mais depuis, l'homme a évolué : il s'est converti au bio, a quasi abandonné la barrique, limite l'usage des sulfites – jusqu'à ne pas l'utiliser sur certaines cuvées – et se sert de plus en plus d'amphores. Aujourd'hui, c'est la pureté du fruit qui l'intéresse, sans parasitage ni déviance. 

Ce Merlot Réserve 2016 a été vinifié et élevé en cuve. Même si le vin n'est pas très âgé, Jean-Louis Denois a  réussi à lui apporter  une patine qui rend sa consommation optimale dès aujourd'hui. Il est "à point", comme on dit.  Même si je ne doute pas qu'il pourra tenir quelques années (mais je suis pas certain qu'il sera meilleur). 

La robe est pourpre translucide. 

Le nez est étonnamment complexe pour un "petit vin" : violette, mûre, épices douces, champignon frais... 

La bouche est ronde, à la fois ample et élancée, déployant une matière finement veloutée. On a déjà le sentiment d'un vin "early matured" avec des tannins et une aromatique légèrement patinés, tout en ayant encore le fruit de la jeunesse (heureusement, c'est un 2016 !)

La finale dévoile une fine mâche tonique, très rive droite bordelaise, avec du fruit noir, des épices, et se prolonge sur des notes salines et minérales (craie humide). 

Même si je ne suis en général pas trop fan des 100 % Merlot, celui-là me plait bien car il ne fait pas "bébé joufflu monolithique sur le fruit". Il y a du fond, une complexité aromatique évidente, raconte quelque chose. Bref, pour 7.80 €, ça me semble une belle affaire ! 

J'attends avec hâte qu'il fasse la même chose avec du Cabernet Sauvignon (Jean-Louis, si tu me lis...)


mardi 4 septembre 2018

T'as ton Tan ?


Le Camino de Terra Remota que nous vendons depuis deux ans est plutôt français d'esprit même s'il est produit en Espagne, avec son assemblage Grenache /Syrah/Cabernet et son élevage en demi-muids Avec cette cuvée Tan natural, nous pourrions nous sentir beaucoup plus en Espagne avec cette alliance du Grenache (75 %) et du Tempranillo (25 %). Si ce n'est que nous sommes sur un élevage plutôt rapide en cuve, avec une faible dose de sulfites. Ce qui donne un vin croquant, sur le fruit, et donc assez éloigné de l'image que l'on peut avoir des vins d'Espagne. Une découverte à tous points de vue, donc, et même accessible aux personnes qui ne sont pas branchées "vin nature". 

La robe est grenat sombre translucide, avec de légers reflets violacés.

Le nez est très expressif, dans un style plutôt baroque, sur les fruits rouges bien mûrs, les épices grillées, l'encens et une touche végétale rafraîchissante (eucalypyus). Plus le vin s'aère, plus il se complexifie.

La bouche est impeccablement tendue par un fil invisible, tout en gardant une belle ampleur. La matière fait très "brute de cuve", aussi bien  dans la texture – non polie par l'élevage –  que dans l'aromatique – fruit pétaradant, notes fermentaires (agréables !). Comme indiqué sur l'étiquette, c'est Natural dans le meilleur sens du terme, avec ce sentiment d'un vin préservé de toute manip' et produits technologiques.

Tout cela se confirme dans la finale délicieusement accrocheuse. Ça racle un peu, mais on se surprend à en redemander, car il y a du fruit vivant et de la générosité, avec une persistance sur le cacao et les épices.






lundi 3 septembre 2018

Touche Mitaine : abordable, lui aussi.


J'avais évoqué il y a quelques jours du Déronnières de Julien et François Pinon. Le millésime 2017 lui a apporté plus de rondeur que d'ordinaire, permettant pour une fois de ne pas laisser de sucres résiduels pour équilibrer l'acidité. Xavier Weisskopf a une vision qui peut sembler plus intransigeante : ça ne le gêne pas de mettre en bouteille des vins austères à l'acidité souvent prononcée, sans chercher à les adoucir d'aucune sorte. Il sait que dans 5-10 ans, ils vont s'ouvrir et se complexifier, délivrant le message contenu dans la bouteille. On peut dire qu'il y a un point commun entre Les Déronnières et ce Touche Mitaine 2017 : ils sont tous les deux bien ouverts aromatiquement alors qu'ils ont été mis en bouteille depuis peu. Par contre, le vin de Weisskopf a réussi à conserver l'acidité chère au producteur, ce qui le différencie du Vouvray. 

On pourrait dire que ceux qui regrettent le (relatif) manque d'acidité du Déronnières trouveront le bonheur avec ce Touche-Mitaine ;-)

La robe est or clair, brillante. 

Le nez est fin, mêlant les notes fraîches – zeste d'agrume, aiguille de pin, craie humide – et mûre – poire au sirop, coing, pomme tapée. 

La bouche est bâtie sur le même modèle : d'un côté une acidité fine et tranchante qui trace au-delà même de la finale, évoquant certains Jasnières ou un Riesling mosellan. De l'autre, une matière ronde, ample, aérienne et digeste qui vous caresse la bouche en douceur sur une aromatique de fruit mûr.

La finale est tonique, avec toujours cette balance entre acidité vivifiante, citronnée, et des notes de miel, gingembre et coing. 

Un vin qui sera parfait avec des crevettes thaïes ou pourquoi pas une terrine de foie gras et anguille fumée ?