Il y a quelques semaines, Gérard Eyraud du domaine de Rapatel (Gard) a lancé un appel au secours car le tribunal de commerce devait se prononcer sur sa liquidation judiciaire. La mobilisation a bien fonctionné, puisque l'afflux soudain de trésorerie a convaincu le tribunal de la viabilité de l'entreprise.
Même s'il n'est pas certifié, Gérard Eyraud est plus bio que bio : il n'utilise que des plantes pour traiter ses vignes, s'interdisant le cuivre et le soufre. Et c'est pareil à la cave : zéro intrant, soufre inclus. Des gardes très longues en cuve afin de renforcer la résistance des vins à l'oxygène. On ne peut que constater que ça marche très bien.
Je n'ai ouvert que les cuvées dont nous avions pas mal d'exemplaires. Mais les grandes cuvées du domaine ont l'air d'être superbes si j'en crois des confrères en qui j'ai toute confiance.
PS : Gérard Eyraud fut torero dans une autre vie (sans mise à mort). Ca explique la présence des taureaux un peu partout sur ses étiquettes et bouchons
Viognier, Chardonnay, Roussanne, Vermentino, Muscat
La robe est entre l'or et le cuivre, faisant penser à un vieux liquoreux.
Le nez est très expressif, sur la rose fanée, la fleur d'oranger, l'abricot sec et le épices orientales.
La bouche est élancée, étirée par une grande tension, tout en offrant une matière ronde, ample, bien mûre, à la texture moelleuse, presque grasse. L'équilibre général est des plus réussis.
La finale est tonique et concentrée, mêlant une aromatique muscatée à de nobles amers sur le noyau d'abricot.
Grenache blanc, Marsanne
La robe est d'un or intense impressionnant.
Le nez est fin, complexe, sur les fruits jaunes mûrs, le miel et la truffe.
La bouche allie ampleur et tension, avec une matière douce, aérienne – mais profonde – qui vous nappe avec élégance tout le palais, laissant un subtil film gras. C'est la classe tout simplement.
La finale prolonge la tension la bouche en lui apportant un supplément de peps et une fine amertume, sur la pêche de vigne, le miel et la truffe. Top !
Cabernet-sauvignon, Carignan, Cinsault, Grenache, Merlot
La robe est grenat sombre translucide
Le nez est fin, complexe, sur la prune compotée, le cuir, l'écorce d'orange séchée ...et plein d'autres trucs (dont une pointe de volatile).
La bouche est toute aussi fine, tendue, avec une matière soyeuse et fraîche gagnant progressivement en densité, et une aromatique décadente, mariant un fruit vibrant à des notes tertiaires.
La finale délivre une fine mâche savoureuse, avec un retour sur la prune rehaussée par l'écorce d'agrume et les épices.
100 % Syrah - Assemblage des deux millésimes
La robe est grenat sombre aux reflets tuilés.
Le nez est fin, évolué, sur le sous-bois, l'écorce d'agrumes séchée, le vieux foudre patiné.
La bouche contraste par sa fraîcheur et sa vivacité : c'est très fin, énergique, d'une belle ampleur, avec un fruit expressif à la fois jeune et vieux.
C'est plutôt le vieux qui l'emporte dans une finale fraîche, complexe et tertiaire, faisant songer à un Banyuls ancestral, l'alcool et le sucre en moins. Dingue !
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