vendredi 27 décembre 2019

Clisson : une certaine idée de la perfection


J'avoue avoir fait preuve d'une grande patience : j'ai attendu une quinzaine de jours avant de déguster le Clisson 2017 du domaine de la Pépière. J'avais eu la chance de le découvrir en avant-première  en janvier dernier – alors qu'il était en cours d'élevage – et il m'avait bluffé. J'étais donc curieux de voir ce qu'il était devenu. En fait, il est plutôt moins impressionnant que dans mon souvenir : c'est probablement dû à la mise récente et à l'abandon des lies sur lequel il se reposait depuis deux ans. Par contre, contrairement à d'autres années, il est d'une accessibilité totale, au point où l'on peut se demander s'il sera meilleur un jour. Connaissant la bête depuis longtemps, je n'ai aucun doute qu'il va encore se bonifier  pendant au moins une décennie, voire plus. Mon conseil : en prendre une caisse et en boire une bouteille tous les 2-3 ans. Du bonheur en perspective ! 

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est fin, aérien, sur les fruits blancs légèrement beurrés, la fleur d'acacia et la pierre humide.

La bouche est élancée, énergique, tendue par un fil  invisible mais sacrément efficace, car ça trace sévère sans que l'acidité ne ressorte particulièrement. Par contre, la fraîcheur, OUI : ce vin en est une incarnation liquide, si j'ose dire. La matière est ronde, pure, élégante, à la chair délicate, possédant plus de fond qu'elle n'en a l'air au premier abord – on parle de Clisson, là. Elle évoque tout autant une pomme mûre dans laquelle on mord avec plaisir qu'un ruisseau qui vous abreuve de son eau cristalline.

La finale est savoureuse, intense, mêlant une noble astringence (pomelo) à une fine mâche crayeuse, et une belle persistance sur la Granny Smith et des notes salines.

Sa rondeur lui permet de ne pas de limites aux huîtres – en l'occurrence, éviter les trop iodées qui risquent d'écraser le vin – et d'aller sur un carpaccio de Saint-Jacques, du cabillaud ou des grosses langoustines. 



jeudi 26 décembre 2019

Hautes Côtes de Beaune Bonnardot : le pinot comme on aime !


Cela va peut-être vous étonner, mais je n'avais pas encore goûté le Hautes Côtes de Beaune rouge de Bonnardot (alors que j'ai parlé à plusieurs reprises – et en bien ! – du blanc). L'autre jour, un client que j'apprécie beaucoup recherchait un pinot noir bourguignon à prix raisonnable. Je lui indique ce vin (16.50 €) , tout en lui avouant ne pas l'avoir bu. "Mais on va en ouvrir une de suite, tu jugeras sur pièce, lui dis-je. J'en ferai un article sur le blog".  Et ainsi fut fait. Il a goûté. Il a aimé. Il en a acheté. Et moi, je suis en train d'écrire l'article qui apparaît sur ton écran, ami lecteur. Mais comment faisait-on avant internet ? 

La robe est rubis translucide.

Le nez est fin, assez classe, sur la cerise confite, le tabac, le pétale de rose séché, les épices douce et une touche de forêt automnale.

La bouche est ronde, (très) ample, caressante, déployant une matière fine et élégante qui gagne progressivement en densité – on passe de soyeux à velouté. Le fruit est expressif, légèrement patiné, agrémenté de cacao et d'épices de Noël.

La finale est tonique, avec le trio amertume/acidité/amertume dans un registre délicieusement mordant,  sur un fond griotte et de noyau, prolongé par la terre humide et le cacao.

Un pinot, vous l'aurez compris, très recommandable, qui se boit déjà très bien aujourd'hui et ne devrait que s'améliorer dans les cinq ans qui viennent. Avec une belle volaille ou une côte de veau, vous devriez vous régaler !


lundi 23 décembre 2019

Salagou blanc : 2017 ou 2018 ?


Les hasards de la vie font que nous avons simultanément en vente du Coteaux du Salagou blanc 2017 ET 2018. Il me paraissait intéressant de voir la différence, autant due au millésime qu'au fait que l'une a un an de bouteille de moins que l'autre. Cela se sent particulièrement sur les notes d'élevage. Mais comme nos trois cuvées de blancs les plus populaires sont généreusement boisées, je me dis que ce n'est pas forcément un souci (d'autant qu'en l'espèce, ce n'est pas franchement violent). Donc, une fois ce petit texte lu, faites votre choix. Et bon Noël !




La robe est or pâle, brillant, avec quelques reflets argentés. 

Le nez est fin, aérien, sur la pomme mûre, le beurre frais et les fleurs blanches. 

La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec une matière mûre et gourmande, savoureuse, alliant les notes fruitées (pomme, poire, pêche) et minérales (salin, fumée). Un léger perlant accentue encore la fraîcheur. 

La finale prolonge les sensations de la bouche tout en les intensifiant, avec un style plus séveux et une persistance sur les notes épicées et salines. 



La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est expressif, dominé pour l'heure par les arômes d'élevage –  pain grillé, beurre noisette, crème brûlée à la vanille – avec des fruits jaunes – pêche, abricot –  en arrière plan

La bouche est longiligne, avec une tension qui vous happe dès l'attaque,  et une matière généreuse, nappante, à la texture moelleuse, confortable. On retrouve les fruits jaunes et des notes grillées. 

La finale garde cette tension comme colonne vertébrale, tout en gagnant en ampleur et en richesse, avec une aromatique plus confite, contrebalancée par de nobles amers, et une persistance sur les notes d'élevage perçues au nez (caramel, pain grillé, légère vanille..)


jeudi 19 décembre 2019

Pique Basse : l'incontournable trio



Les vins du domaine Pique-Basse sont de retour, avec –  entre autres –  ses trois cuvées les plus populaires, aux personnalités très différentes : Brusquembille, la bourrue au bon cœur, Chasse-cœur, l'élégante, et l'As du Pique qui prend sans vergogne le meilleur des deux. Mais peut-être ne les connaissez-vous pas encore ? Voici l'occasion de les découvrir !





70 % Syrah, 30 % Carignan

La robe est pourpre très sombre, à peine translucide.

Le nez expressif évoque les fruits noirs sauvages (mûre, prunelle), le poivre timut et l'eucalyptus.

La bouche est ronde, ample, veloutée, déroulant une matière dense, charnue, au fruit sombre, mais très frais aromatiquement. L'ensemble est équilibré, déjà très accessible, avec du monde dans le verre sans que ce soit fatiguant.

La finale dévoile une mâche puissante aux tanins affirmés –  mais mûrs et policés – avec un fruit intense, rafraîchissant, et une persistance sur la cerise noire et le cacao en poudre.





80 % Grenache, 10 % Syrah % et 10%  Carignan

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez est fin, gourmand, sur la framboise, la confiture de myrtille et le poivre blanc.

La bouche est plus ample, plus ronde, avec une matière plus fine, plus enveloppante. Le fruit est plus "rouge" et solaire, tout en gardant une grande fraîcheur. Il y a également plus d'allonge et de tension. Bref, c'est plus élégant.

La finale poursuit dans la tension, avec juste une fine mâche, et le retour de la framboise poivrée ; puis une pointe crayeuse pour conclure, toujours dans l'élégance.



L'As du Pique 2016 (12.90 €)

75 % Grenache, 20 % Syrah  et  5 % Mourvèdre 

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est fin, profond, raffiné, sur la liqueur de framboise, l'encens, la pierre chaude et le poivre blanc.

La bouche est élancée, tendue par un fil invisible, déployant une matière finement veloutée nappant le palais avec générosité, et toujours une belle fraîcheur aromatique (même si on sent que ça chauffe en arrière-plan, avouons-le).

La finale est tonique, un peu plus mâchue que Chasse-cœur, avec une framboise plus exubérante, équilibrée par de beaux amers (noyau de cerise), et une persistance sur le poivre et la craie.

mardi 17 décembre 2019

(Cour) Cheverny de Tessier : missiles solaires


Au vu (bu, plutôt) des autres blancs 2018 que nous avons déjà reçus, je pouvais me douter que les vins du domaine Tessier seraient marqués par le millésime. Ça n'a pas raté : les deux cuvées que je vous présente font 14.5 % d'alcool. Après dégustation, je trouve qu'elles s'en sortent très bien : l'acidité n'est pas violente, pour sûr, mais elles ne manquent de tension et d'énergie, et la palette aromatique est vraiment belle, avec un jeu intéressant sur les amers. Je vous les recommande chaleureusement, tout en avouant une préférence pour le premier qui est juste superbe. 



80 %  sauvignon, 20 % chardonnay, vignes de 40 ans

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est riche, complexe, sur la poire confite, le miel, la rose et la fleur d'acacia (enfin, le faux). 

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière généreuse, enveloppante, à la texture moelleuse; et une (très) fine acidité qui trace au-delà même de la finale. La richesse du vin est également équilibré par de nobles amers (écorce d'agrume). 

Ces derniers se renforcent en finale sans être le moins du monde gênant, bien au contraire : ils confinent au sublime, se conjuguant à une explosion aromatique autour du citron confit et des notes florales. C'est excellent !



Cour-Cheverny 2018 (12.95 €)

100 % romorantin, vignes de 5 à 20 ans

La robe est or pâle, brillante. 

Le nez est fin, mûr, profond, sur les fruits blanc rôtis, l'amande fraîche et le miel.

La bouche est longiligne, tendue par un fil invisible qui ne semble pas avoir de fin,   avec une matière sphérique, réussissant à être à la fois moelleuse et aérienne, tout en exprimant une sorte de lascivité. 

La finale prolonge la bouche sans interruption, se contentant d'ajouter des amers bien marqués (agrumes, quinquina, noyau) qui apportent un indispensable équilibre à la richesse ambiante.


vendredi 13 décembre 2019

Maury sec 2017 Darnault : encore une belle affaire à saisir !


Cela peut se constater en lisant la contre-étiquette (Government warning, etc.)  : ces bouteilles de Maury sec 2017 de Benjamin Darnault étaient destinées au marché américain. La vie en a décidé autrement. Nous en héritons d'une partie à un prix très intéressant dont nous vous faisons profiter. Dès qu'elles sont arrivées, j'en ai ouvert une bouteille, et surprise : ça ne ressemble pas du tout à l'idée que l'on se fait d'un Maury sec. C'est beaucoup plus fin et élégant, très minéral, aussi, reflétant la sombre beauté de ces schistes noirs de la vallée de  l'Agly. 

La robe est grenat bien translucide. 

Le nez est fin, délicat, sur la violette, la mûre  et la framboise confites, l'encens et la pierre chauffée au soleil. La bouche est ronde, ample, aérienne, déployant une matière soyeuse, caressante, d'une grande fraîcheur aromatique, mais aussi dotée d'un fond minéral – ce côté "jus de caillou". À cela s'ajoute une belle tension, très schist'style

La finale ne gâte rien, bien au contraire : la tension se poursuit sans relâche, la matière gagne en densité et en mâche tout en restant élégant,  et le "pierreux" se renforce, soulignée par des notes fumées, épicées et florales. 

Au prix normal (13.00 €) on pourrait déjà considérer ce vin comme une affaire. À 8.45 €, je ne trouve pas les mots (ry)... 


mercredi 11 décembre 2019

Rebel, Rebel : beau ? Oui !


J'ai découvert cette cuvée Rebel Rebel  sur la dernière palette du domaine Barou. Si son nom parlait au fan de Bowie que je suis – même si ce n'est vraiment pas ce qu'il a fait de mieux –  j'avoue que j'étais plutôt sceptique sur un pur Chardonnay ardéchois dans un millésime solaire comme 2018. Déjà que plus au nord, beaucoup de vins manquent de fraîcheur. Alors, en Ardèche, vous imaginez ?... Eh bien, cette bouteille est la preuve qu'il ne faut jamais avoir de certitudes lorsque l'on parle de vin. Car même si la matière est évidement bien mûre, ce vin est éclatant de fraîcheur. Comme disent nos voisins suisses, j'ai vraiment été déçu en bien

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est très expressif, sur la pomme rôtie au beurre (légèrement vanillé); l'agrume confit et la brioche toastée. 

La bouche est un paradoxe liquide, avec d'une part une fraîcheur incroyable  (surtout dans le chaleureux contexte 2018) qui donne l'impression de boire l'eau d'un torrent, et d'autre part une matière ronde, mûre, charnue, à la texture veloutée, évoquant la pomme beurrée, avec une touche de pain d'épices (c'est déjà Noël !). Le tour de force, c'est de conjuguer les deux, sans que l'un l'emporte sur l'autre, avec l'impression d'une totale évidence. 

La finale est gourmande, savoureuse, finement mâchue, avec toujours cette impression de fraîcheur et ces notes de pomme beurrée, et une persistance sur la poire, la brioche toastée et les épices.

Vraiment un chouette vin qui pourra être servi aussi bien à l'apéro (avec des gougères, par ex) que pour accompagner des Saint-Jacques poêlées, une volaille aux champignons, ou des pâtes dures comme le Comté ou le Beaufort. À 10.50 €, c'est une bonne affaire sur le marché du Chardonnay, souvent chérot...

mardi 10 décembre 2019

Obscur un jour, obscur toujours


Le millésime précédent de Côté obscur m'ayant énormément plu en février dernier, j'avais plutôt peur d'être déçu par ce 2018. Eh bien non  : je trouve cet assemblage carignan/cabernet sauvignon encore plus fascinant que son aîné de 2017. Pour tout vous dire , à peine l'encre de ce texte était sèche – et c'est très rapide – je suis parti m'en acheter une caisse, histoire de ne pas me retrouver dépourvu une fois les clients venus.

Comme vous avez pu le comprendre, je suis plutôt ce que les amateurs de vin appellent un palais de fillette. Pour résumer, je suis plus Chambolle que Madiran. En terme de puissance, ce Côté obscur n'a rien à envier au Tannat du piémont pyrénéen, mais c'est nettement plus voluptueux, sans tanin accrocheur, et puis surtout, il y a une fantastique fraîcheur aromatique qui change totalement la donne. C'est l'effet Kiss Cool ® dû au cabernet sauvignon planté sur le plateau caillouteux par les Bojanowki. De là à dire que ce cépage est l'avenir du Languedoc, c'est un pas que je ne franchirai pas, car il demande des conditions très particulières pour être à son meilleur comme ici.  Et elles sont plutôt rares dans la région. 

En tout cas, bravo à Nicole et John pour ce superbe bébé ! Il devrait grandir magnifiquement :-)

La robe est pourpre très sombre, mais translucide en penchant bien le verre.

Le nez est d'une grande intensité, tout en étant fin et ultra-frais : le cassis et le menthol vous sautent aux  narines, suivis peu après de notes plus riches : liqueur de fruits noirs, réglisse, encre, cacao, ciste, eucalyptus...

La bouche possède une grande tension qui vous happe direct et ne vous lâche plus. Puis, comme pour le nez, on est envahi d'une matière riche, dense, à la texture profondément veloutée, à l'aromatique hyper expressive, à la fois voluptueuse/décadente – crème de myrtille, réglisse, résine, vinaigre balsamique – et fraîche/revigorante – cassis, menthol, poivre cubèbe... Le tout formant un ensemble harmonieux ... et vertigineux.

La finale prolonge la tension sans faillir, en conservant cette fraîcheur vivifiante contrebalancée par le balsamique. On monte juste encore d'un de plusieurs crans en terme d'intensité, atteignant une sublime violence qui vous mène à l'orgasme buccal, vous laissant le souffle court et l'âme comblée. Ce vin est une aventure qui ne ressemble à aucune autre et  vous marque au fer rouge. 



vendredi 6 décembre 2019

Brut Nature de Gonin : idéal pour les fêtes !


Vous cherchez une (très) bonne bulle pour les fêtes, sans mettre un budget trop conséquent. Car même si nous venons de vous trouver un joli champagne pour 24 €, cela reste une somme, j'en conviens -faut garder de l'argent pour les cadeaux). Eh bien j'ai trouvé ce qu'il vous fallait : le Brut Nature de Nicolas Gonin ! Un vin 100 % Altesse, ce qui a le mérite d'être original, tout en restant classique dans le style : il ne risque pas de déranger les non-connaisseurs. Et de surcroît, il est bio, ce qui est de plus en plus apprécié par le grand public. 

La robe est or pâle brillante, traversée de quelques bulles et surmontée d'un fine couche de mousse. 

Le nez est fin, discret, sur des notes de poire au sirop et de zeste d'agrume frais. avec une légère touche fumée/beurrée, voire briochée avec l'aération. 

La bouche est élancée,  avec une acidité laser qui trace et étire longuement le vin. La matière est fine, élégante, très aérienne, avec un perlant raffiné, au toucher crémeux. Du pur  bonheur que l'on trouve normalement sur des bouteilles nettement plus onéreuses. 

La finale nous fait un triple A  qui gagnerait haut la main le grand prix d'élégance : l'Amertume de l'écorce de citron légèrement confit ; l'Astringence finement crayeuse/salin qui signe un vin de terroir ; et une Acidité enlevée qui n'a rien d'agressif. C'est finalement l'astringence qui finit pas l'emporter, sur des notes fruitées et salines. 

Tout cela pour 14.50 € ! On peut dire que c'est cadeau. Non pas du Père Noël (qui dort encore) mais de Saint-Nicolas (Gonin) !


jeudi 5 décembre 2019

L'Ananto nouveau est arrivé !


Non, non, ce n'est pas une version primeur 2019 de l'Ananto. Juste le millésime 2018 qui succède au 2017  – que  j'ai ouvert car il fallait que je dise à un client en quoi il différait du précédent. Ce n'est pas un primeur donc, mais il en donne l'impression, tellement il parait plus jeune que son aîné d'un an.  Le Bobal me semble ici plus marqué que le Tempranillo. D'un côté, c'est normal puisqu'il est majoritaire,  mais cela me semblait moins flagrant les années précédentes. Quoiqu'il en soit, il reste l'un des plus beaux rapport qualité/prix du site  (5.90 €). 

La robe est pourpre très sombre, mais tout de même un peu translucide (le Bobal est un cépage teinturier). 

Le nez évoque la crème de fruits noirs, avec une pointe lactée et une touche d'épices (poivre principalement, mais aussi laurier, cannelle). 

La bouche est ronde, ample, bien enveloppante, avec une matière finement veloutée qui vous tapisse les papilles. S'y ajoute une amertume canaille (noyau), soulignée par une légère astringence, qui apporte du peps et de la profondeur. 

Cette amertume se renforce encore en finale – au risque de déranger ceux qui y sont sensibles. L'astringence, également, tout en restant dans un registre gourmand, savoureux. Les deux s'interpénètrent et dialoguent à tue-tête, sur fond de cerise noire, de mûre et de cacao en poudre. Un vin profondément joyeux et réjouissant, dont la fraîcheur a tendance à faire oublier que c'est une boisson alcoolisée. Soyez raisonnables !

mercredi 4 décembre 2019

Bertrand-Deslepierre : attention, pépites !


Il y a 15 jours, je n'avais jamais entendu parler de la maison Bertrand-Deslespierre. C'est un client de longue date – et importateur de vins français en Angleterre – qui nous l'a conseillée. Nous avons donc commencé par une petite commande, histoire de découvrir les vins et de voir comment notre clientèle – vous, donc – va réagir à cette nouveauté. 

Il faut dire que  nous cherchions des champagnes un peu plus abordables que ceux que nous avions déjà. Pour cela, il a fallu trouver un domaine qui ne soit pas en bio,  mais il est tout de même très raisonné : les sols sont travaillés et non désherbés chimiquement, aucun insecticide n'est employé, des haies sont plantées pour abriter les oiseaux et se protéger des effluves des voisins.  Le domaine prépara sa certification  Haute Qualité Environnementale pour 2020. 

L'ensemble des parcelles est classé en Premier Cru. Je ne le répéterai donc pas à chaque cuvée présentée. Cela explique en partie la grande qualité générale des vins. 



Assemblage : 40 % Pinot Noir, 35 % Meunier et 25 % Chardonnay  /  Base 2013 (60 %), vins de réserve 2009-2010-2011-2012 (40%)

Vinification : pas de fermentation malo-lactique sur le vin de base. Partielle sur les vins de réserve.

Vieillissement : 4 à 5 années sur lies fines de prise de mousse  - Dosage 5 g/l

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est expressif et complexe sur les fruits à coque, la brioche, la groseille, l'orange séchée  et la craie humide.

La bouche est vive, traçante, alliant une grande tension à une matière ronde, mûre, vineuse, tonifiée par des milliers de fines bulles qui crépitent joyeusement dans votre palais.

La finale est intense, concentrée, avec une belle mâche crayeuse, un retour des fruits à coque et de la brioche, une noble amertume (écorce de pomélo), et une persistance sur les  notes salines, épicées et crayeuses.

Une entrée de gamme qui n'a vraiment rien de standard. Excellent rapport qualité/prix ! 





Assemblage : 100 % Pinot Noir -  millésimé 2012

Vinification :  saignée issue d’une macération pelliculaire en cuves bois - Fermentation et élevage en demi-muids - Pas de fermentation malo-lactique

Vieillissement : 5 années sur lies fines de prise de mousse  - Dosage 10 g/l

La robe est entre le saumon et le vermillon, avec des reflets cuivrés.

La bouche est fraîche, longiligne, avec des bulles au départ un peu envahissantes (carafage conseillé) mais qui ont un beau toucher crémeux, et une matière ronde, croquante, au fruit intense, et des notes plus tertiaires qui évoquent le Spritz (mélange d'orange, d'herbes aromatique et de quiquina).

La finale est riche, séveuse, avec un fruit encore plus concentré et des (superbes) amers plus intenses, et une salinité impressionnante qui domine le tout et persiste très longuement, faisant totalement oublier les 10 g/l de dosage (certainement indispensables à l'équilibre général).

Un rosé très réussi, du moment que l'on tempère un peu les bulles... 


L'Âme de 2013 (34.00 €)

Assemblage : 1/3 Pinot Noir, 1/3Meunier et  1/3 Chardonnay  - 100 % Cuvées (premiers jus extraits lors du pressurage)

Vinification : pas de fermentation malo-lactique

Vieillissement : 4 ans sur lies fines de prise de mousse  - Dosage 3 g/l

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est fin et frais, le zeste de citron, le beurre frais, le pain de mie toasté et la craie humide ( très blanc de blanc, alors que le chardonnay n'est présent qu'à 33.33333333... %)

La bouche est très vive, tonique, avec une p... d'allonge, une vinosité qui pointe son nez, et une matière fraîche, intense, décoiffante, aux notes grillées très JFCD*. J'en ai oublié les bulles, car elles sont tellement fines qu'elle sont totalement fondues dans le décor. On va dire qu'elles ajoutent une basse continue micro-crépitante.

La finale est intense et pêchue, revigorante, mêlant des amers de dingue à un concentré de brioche de ouf', une touche de lemon curd, et l'impression de mordre un citron en sensation ultime. C'est p... bon !:




Assemblage : 30  % Pinot Noir et 70 % Meunier  /  Base 2013 (60 %) + 40% de vins de réserve entre 2009 et 2012

Vinification :  Fermentation et élevage en demi-muids pour une partie de l’assemblage - Fermentation malo-lactique partielle

Vieillissement :  5 ans sur lies fines de prise de mousse  - Dosage 7 g/l (Brut)

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est mûr, intense, sur la pomme rôtie au beurre, la brioche chaude et les petits fruits rouges.

La bouche est élancée, avec une fine acidité enrobée par une matière dense, mûre, vineuse, d'une grande intensité aromatique, et des bulles très discrètes qui ne font que servir d'écrin à l'ensemble, mais apportent aussi de la fraîcheur. Aromatiquement, on est sur côté très fumé/beurré/champignonné qui pourrait faire songer à un pinot gris.

La finale est fraîche, tonique, contrebalançant impeccablement la vinosité et le séveux de ce vin, le tout souligné par de très beaux amers et  une astringence évoquant l'écorce d'agrume. La persistance se fait sur les épices et des notes citronnées/crayeuses.

Un vin classieux, plus fait pour le repas que l'apéro (avec volaille ou un poisson crémés,  par exemple)



Origines croisées (38.90 €)

Assemblage : 50 % Pinot Noir  et 50 % Chardonnay  /  Base 2013 (60 %) + 40% de vins de réserve entre 2009 et 2012

Vinification : fermentation en demi-muids pour une partie de l'assemblage.  Pas de fermentation malo-lactique.

Vieillissement : 4 années sur lies fines de prise de mousse  - Dosage 6 g/l

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est la fois frais et mûr, mêlant les notes citronnées à la pomme rôtie et à la brioche toastée.

La bouche est  longiligne, traçante, tout en étant très ronde, enrobante, avec une matière dense, séveuse, alliant vinosité et fraîcheur citronnée. Les bulles sont à la fois accessoires et essentielles, tant leur toucher délicat et frissonnant contribue à la beauté de ce vin. L'équilibre général est juste superbe.

La finale prolonge tout cela avec élégance, jouant sur un renforcement des amers et une astringence citronnée, tout en gardant la vinosité et les épices du pinot noir. Et puis ce très beau toucher crayeux,  ce qu'il faut de salin, d'agrumes et de notes toastées...  Magique.




Assemblage : 10 vins différents entrent dans cet assemblage unique, notamment de vieux vins de réserve avec 90 %  de Chardonnay et 10 % PN et PM .  Base 2006

Vinification :  sélection des moûts au pressurage pour leurs qualités aromatiques - Vinification et élevage prolongé sous bois  - Bâtonnage régulier

Vieillissement : 10 ans sur lies fines de prise de mousse  - Dosage 42g/l

La  robe est jaune paille, parsemée de quelques bulles.

Le nez est intense et très complexe, digne d'un grand cru bourguignon : brioche toastée, noisette grillée, citron confit, et plein plein d'autres choses. On passerait des heures à le renifler....

La bouche est  élancée, tendue par une acidité "laser" enrobée par une matière moelleuse et aérienne,  presque confite, allégée et tonifiée par des micro-bulles délicatement crépitantes. L'ensemble est harmonieux,, conjuguant puissance et sensualité.

La finale est encore plus excitante : d'abord  intense, ultra-concentrée, puis explosive, conjuguant une fraîcheur intense et une matière riche à l'aromatique baroque. C'est tellement puissant et acidulé que les 42 g de sucres sont imperceptibles. Une expérience dont vous ne ressortirez pas indemne....

Ce vin sera déjà excellent avec un plat adapté (je verrais bien un foie gras avec des fruits secs et des écorces d'agrumes) mais devrait confiner au sublime dans une petite dizaine d'années

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* Jean-François Coche-Dury. À ne pas confondre avec JCVD, plus aware ;-)


mardi 3 décembre 2019

Bourgognes Louis Chenu : bon boulot, les filles !


Pour tout dire, je découvrais les vins du domaine Louis Chenu en les débouchant hier après-midi. Ils sont proposés sur une "plateforme" de vignerons bio, et nous nous sommes dits qu'ils pourraient bien compléter notre offre actuelle. Y avait plus qu'à espérer qu'ils soient à la hauteur de nos attentes. Ma foi, cela s'est plutôt très bien passé... 


Le domaine Louis Chenu, donc, est situé  à Savigny-les-Beaune. La famille cultive la vigne et élève le vin depuis maintenant cinq générations.  Les premières parcelles de vignoble ont été achetées en 1914. Depuis 2003, elles sont exploitées par les filles de Louis Chenu :  Caroline (au premier plan) s’occupe de la partie technique et Juliette de la partie administrative et commerciale. Voilà, vous en savez presque autant que moi ;-)




Vigne de 30 ans en altitude, sol argilo-calcaire caillouteux


La robe est or pâle, brillant, aux reflets argentés.

Le nez est fin, frais, sur les fruits blancs (pomme, poire), la noisette fraîche, le silex frappé et le sésame grillé.

La bouche est toute aussi fine et fraîche, avec une grande tension qui étire le vin, et une matière souple, ronde et digeste, mêlant les notes fruitées et grillées.

La finale prolonge non seulement la tension mais l'accentue, enrobant celle-ci d'une matière plus dense et savoureuse, se concluant sur une mâche gourmande où l'on retrouve les fruits blancs (plus mûrs), la noisette et le sésame.




Assemblage de parcelles argilo-calcaires au sol profond 
et de parcelles en altitude au sol caillouteux

La robe est rubis intense translucide, brillante.

Le nez est gourmand, sur la griotte, la framboise et les épices légèrement grillées.

La bouche est ronde, ample, intensément fruitée, avec une matière fine, soyeuse et fraîche, enrobante, d'une gourmandise et d'un croquant irrésistible. On en boirait jusqu'au bout de la nuit, pour reprendre une pub des années 80 pour une boisson industrielle (ça commence par Tour et finit par telle). 

La finale est finement mâchue, très marquée par la cerise, les épices et la terre fraîchement retournée, avec une niaque et une gourmandise toujours aussi irrésistibles. Y a pas, c'est bon, le Pinot !




Alluvions marno calcaires, sur un fond pierreux, avec  traces ferrugineuses

La robe est grenat intense translucide, brillante. 

Le nez est plus discret, plus frais, sur la cerise confite, la groseille et le poivre blanc. 

La bouche est longiligne, traçante, avec une matière plus dense et veloutée que le Bourgogne, mais présentant autant de fruit, de finesse et de fraîcheur. Elle a également un surcroît de profondeur et de minéralité qui laisse augurer un bel avenir. 

La finale possède une mâche plus concentrée, mais néanmoins civilisée et méchamment gourmande, sur d'intenses notes de cerise et de noyau, et ce  p... de petrichor* qui signe les pinots qu'on aime !




Assemblage de deux parcelles : 
l'une au sol riche et profond, l'autre sur coteau plein sud
Les deux possèdent un sol sableux avec cailloutis assez riche en fer

La robe est rubis intense translucide, brillante. 

Le nez est très expressif, sur la cerise confite et son noyau, les épices de Noël, la pivoine. 

La bouche est ronde, très ample, déployant une matière fine mais néanmoins voluptueuse, sensuelle. C'est le Pinot noir comme on aime, au fruit pur et à la minéralité intense – et une sacrée profondeur, mine de rien. 

La finale est intense, explosive de fruit, avec une cerise jouissive, du petrichor en veux-tu en voilà, du salin et du minéral, quelques épices. On n'est bien sûr pas au niveau des meilleurs GC, mais c'est déjà exultant et prouve une fois de plus que le pinot noir est le plus grand des cépages !

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* Petrichor : odeur particulière, habituellement agréable, que prend la terre après la pluie.







vendredi 29 novembre 2019

Vous êtes brune ou blonde ?


Ce n'est pas souvent que l'on parle bière sur ce blog. Faut dire que ce n'est pas notre coeur de métier, et que vous n'êtes probablement pas  la clientèle-cible Il se trouve qu'il y a un p'tit jeune – qui doit frôler les 2 mètres – de notre commune qui s'est lancé dans l'activité brassicole. Et comme nous nous apprécions mutuellement, il nous pourrait  normal de soutenir son projet 

Pour démarrer, voici ses deux premières cuvées. Mais d'autres devraient suivre, dont une aromatisée au (bon) café et une autre qui devrait être... stupéfiante . Tchin ! 


Houblonde (6.50 €)

La robe est d'un or intense, avec un col épais de mousse blanche.

Le nez est intense, mêlant les notes d'agrumes (citron, pomelo) et de végétal (herbe froissée, houblon ... et cannabis*). Avec aussi une petite touche résineuse.

La bouche est élancée, avec une tension plus basée sur l'amertume que l'acidité : vous avez une sorte de trait vert qui trace et ne vous lâche plus.  La matière est ronde, ample, moelleuse, subtilement caramélisée, traversée par des milliers de micro-bulles finement crépitantes.

La finale est énergique et concentrée, l'amertume et la verdeur se renforçant encore, et persiste sur des notes d'houblon vert et de pain d'épices (le malt finit par montrer le bout de son nez).


Moust'H (6.90 €)

La robe est ambrée/cuivrée, avec un col épais de mousse blanche.

Le nez est puissant, profond, sur le caramel brun, la réglisse, et des notes houblonnées/ résineuses.

La bouche est ronde, très ample, enveloppante, déployant une matière riche, généreuse, au toucher presque crémeux. Elle ne manque toutefois pas de tension, assurée cette fois-ci par des amers plus "bruns" d'une grande intensité. Comme pour Houblonde, les bulles sont toutes petites et nombreuses, provoquant un crépitement agréable.

La finale prolonge la bouche sans le moindre à-coup, avec juste une intensification des notes caramélisées, contrebalancées par le végétal du houblon, et complété par :le quinquina qui persiste assez longuement.

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*Le houblon fait partie de la famille des Cannabaceae. Ce n'est donc pas forcément surprenant.

jeudi 28 novembre 2019

La Font des Ormes : un vrai coup de coeur !


Cela fait un peu bizarre d'écrire ce billet dans la froidure, alors que la dégustation décrite ci-dessus date de début juillet. Ma "relation" avec la Font des ormes date de plusieurs années.C'est en effet un ami que j'avais connu à  Bergerac, Florent Girou, qui a pris la direction technique du domaine à partir de 2013 après une belle expérience chiantique à la Tenuta la Novella. Je l'avais revu  sur un salon à Montpellier il y a 2-3 ans et il m'avait fait goûter la production : j'avais beaucoup aimé, sans réussir à convaincre de les référencer. Et puis, nous avons reçu des échantillons en juin dernier : c'est un coup de coeur. Il est décidé de les faire rentrer en septembre... puis un peu plus tard. Les voilà enfin !....


Terret Bourret 2018 (19.90 €)

 Calcaire du Miocène et éboulis basaltiques


La robe est étonnamment dorée pour un vin élevé en cuve.

Le nez frais et intense mêle les fleurs blanches à l'écorce de citron, avec des notes de craie humide et de fumée.

La bouche est élancée, tendue à l'extrême par un fil invisible – pas d'acidité perceptible –  avec une matière dense et mûre, charnue, aux accents plus pierreux que fruités (salin/fumé). L'ensemble est très bien équilibré, sans la moindre sensation alcooleuse et une fraîcheur semblant surgir de nulle part.

La finale dévoile une fine mâche crayeuse soutenue par de nobles amers, avec le salin et le fumé qui gagnent encore plus en intensité et persistent longuement.


Pays de Caux 2017 (14.90 €)

 Calcaire du Miocène 

 40% Marselan + 20% Merlot + 20% Grenache + 20% Carignan

La robe est pourpre sombre translucide.

Le  nez est frais et intense, sur les fruits noirs confits, la garrigue et des notes résino-balsamiques très italiennes.

La bouche est élancée, déployant avec ampleur une matière dense et veloutée, séveuse,  d'une fraîcheur aromatique peu commune en France.

Celle-ci s'amplifie encore plus dans une finale vivifiante, enthousiasmante :  un  hymne explosif au cassis et au menthol très prégnant et ne vous lâche plus.


Terres mêlées 2015 (22.90 €) 

Calcaire du Miocène et éboulis basaltiques

 Grenache 50%,  Syrah 30%, Carignan 20%

La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est fin, complexe, fascinant, sur les fruits rouges confits, le tabac, l'orange sanguine, la violette....

La bouche est longiligne, hyper-traçante, tendue à l'extrême (mais toute en souplesse), avec une matière fine, soyeuse, aérienne qui vous caresse le palais et une grande intensité aromatique (agrume, tabac, violette).

La finale prolonge la dynamique sans la moindre interruption, à part une plus grande concentration suivie d'une expansion plus aérienne et néanmoins persistante la framboise, le poivre et la fumée, et toujours ces notes d'agrumes.'tain, c'est bôôôô...

mardi 26 novembre 2019

Vent d'Est, vent d'Ouest : vers où se tourner ?


En avril dernier, lors de l'arrivée des vins du Domaine de Cabrol, j'avais  évoqué le Vent d'Est 2016 et le Vent d'Ouest 2015. Six mois plus tard, ces deux millésimes ne sont plus disponibles. Les deux cuvées sont  désormais sur 2017. Cela me semble plus juste et plus facile de les comparer, car les raisins qui les composent ont vécu les mêmes épisodes climatiques et présentent des maturités proches (a priori un peu plus poussées qu'en 2016). Je leur trouve plus de points communs qu'en avril. Et en même temps, dirait un marcheur célèbre, leurs différences ressortent encore plus. 



Vent d'Ouest 2017  (12.50 €)

cabernet-sauvignon 60%, grenache 30% et syrah 10%

La robe est pourpre sombre,  quasi opaque.

Le nez fait "brun ténébreux", sur le cassis, la ronce, le graphite et la suie.

La bouche est longiligne, tendue par un fil invisible, avec une matière dense et veloutée  réussissant à être aérienne, pleine de fruit et de fraîcheur (aromatique), tout en adoptant un style très sobre – très médocain dans l'esprit.

La finale est intense, très concentrée, avec des tanins plus présents – mais déjà bien intégrés – et un fruit (cassis) encore plus démonstratif, renforcé des notes mentholées et une touche d'élevage noble – pain grillés, café, épices douces.

C'est déjà très bon, mais il faudrait l'attendre idéalement au moins cinq ans pour que le cabernet sauvignon déploie toute sa palette aromatique tertiaire. On devrait alors avoir affaire à un superbe vin.


Vent d'Est 2017 (16.00 €)

syrah 60% et cabernet-franc 40%

La pourpre est grenat sombre aux  reflets violacés,  quasi opaque.

Le nez est très expressif, complexe, charmeur, sur la liqueur de fruits rouges et noirs, le lard fumé, la violette, la vanille, le poivre blanc, l'olive noire confite...

La bouche est très ample, enveloppante, déployant une matière à la chair d'abord fine et sensuelle, puis de plus en plus dense et profonde : on s'enfonce dans la terre jusqu'à atteindre le socle rocheux. La tension est assurée par une grande fraîcheur aromatique, assez proche de celle de Vent d'Est, si ce n'est que le cassis et le menthol sont complétés par le poivre cubèbe et l'écorce d'agrume. 

La finale commence d'abord par tout concentrer en un point minuscule avant de nous faire un big bang du tonnerre de dieu avec dans le désordre le cassis, la fumée, le menthol, le poivre, l'agrume, la réglisse, l'olive noire... C'est l'agrume et le menthol qui assurent le (superbe) finish, sous un fond de notes fumées. C'est long, très très long...

Un vin plus exubérant et riche que le 2016. Ce dernier pouvait nous emmener en Rhône Nord. Là, on est clairement dans le Languedoc, même si l'aromatique est plutôt atypique pour un vin de la région. Ce vin est une sorte de bête sauvage fascinante qui demandera du temps pour être domptée. 

Pour l'heure, si on recherche du spectaculaire, le Vent d'Est est conseillé. Même si sur une belle côte de boeuf, le Vent d'Ouest devrait produire son petit effet. Mais dans quelques années, je les recomparerais  avec plaisir : le match risquerait d'être beaucoup plus serré... 

lundi 25 novembre 2019

Clos Veličane : une aventure qui se déguste !



Le Clos Veličane dira forcément quelque chose aux amateurs de vins qui parcourent le forum LPV. Jérôme Pérez, l'un de ses co-fondateurs, s'est lancé dans l'aventure vigneronne en  2017 après un coup de foudre pour un petit domaine, et l'on peut comprendre pourquoi : 


Depuis, il nous raconte régulièrement son parcours dans une rubrique dédiée dont on ne se lasse pas. Il a également eu la bonne idée de faire déguster sa production à des membres du forum, car c'est important pour un producteur d'avoir un retour d'amateurs. J'ai eu la chance d'en faire partie et de découvrir en avant-première les millésimes 2017 et 2018. Les divers compte-rendus sur les vins du Clos Veličane sont ICI

Jusqu'à maintenant, Jérôme n'avait vendu ses vins qu'en direct aux participants du forum. Il nous a demandé si ça nous intéressait d'en distribuer. Pourquoi pas ? Avons-nous répondu. Les voici donc en exclusivité en France. J'espère que vous leur ferez bon accueil :-)

À peine étaient-ils arrivés que je les ai dégustés. Fallait bien pour pouvoir vous en parler. Eh bien, ils sont vraiment étonnants, car ils ne ressemblent à aucun riesling ou pinot gris que j'ai bus auparavant. Ce dernier a entre autres une grande fraîcheur, ce qui n'est guère courant pour ce cépage. Cela pourra évoluer avec le temps – car d'après Jérôme qui les goûte souvent, ils sont à chaque fois différents – mais pour l'instant, mon préféré est le Plešivica qui est un assemblage des deux cépages (50/50). Tout en cumulant leurs qualités respectives, il réussit à avoir son identité propre qui le rend assez irrésistible. 


Riesling 2018 (13.90 €)

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est fin et frais, sur l'écorce d'agrume (plus mandarine que citron), le mousseron et une touche terpénique. La bouche est  longiligne, avec une matière fluide et fraîche, tendue, et une acidité plutôt discrète au départ, et qui prend progressivement son envol. La gamme aromatique est large, allant des notes "vertes", qui évoquent la rafle, au confit tirant vers l'oxydatif, les deux extrêmes s'équilibrant plutôt bien.

En finale, l'acidité est au plus haut, dans un registre à la limite du crissant, enrobée par une matière qui a pris de la densité, et contrebalancée par des amers qui rappellent une rafle plus mûre qu'en  bouche (ce côté boisé végétal), avec une persistance sur des notes citronnées et épicées.


Pinot gris 2018 (13.90 €)

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est fermé de chez fermé à l'ouverture. On sent juste un fond de fruit jaune et une pointe fumée

La bouche est ronde, ample, éclatante de fraîcheur, avec l'impression de croquer dans la baie de raisin. Des sensations assez rares pour ce cépage, souvent ramollo. L'aromatique évoque la mirabelle et la raisin blanc, avec une touche plus confite/évoluée en arrière-plan.

La finale est tonique, toute aussi fraîche, avec une très légère mâche et de fins amers, et une persistance sur des notes fumées/beurrées, très pinot gris, pour le coup.



Plešivica 2018 (13.90 €)

La robe est dorée, brillante.

Le nez est le plus riche et complexe des trois : on retrouve la mandarine et le mousseron du riesling, les fruits jaunes et la touche fumée du pinot gris, sans qu'on ait l'impression d'une compilation artificielle. C'est cohérent.

La bouche est aussi longue que large, aurait dit Hubert de Montille. On retrouve le côté longiligne du riesling et la rondeur/fraîcheur éclatante du pinot gris. La matière semble plus dense, plus complexe, avec un mix fruits jaunes / agrumes confits / fumé / minéral. C'est à la fois riche et frais, digeste.

La finale est intense, mûre, séveuse, opulente, oserai-je même dire, sur l'abricot rôti, l'agrume confit, avec l'amertume du riesling et la générosité du pinot gris. Le tout persiste sur l"abricot sec  et les épices.C'est très très bon !