mardi 10 décembre 2019

Obscur un jour, obscur toujours


Le millésime précédent de Côté obscur m'ayant énormément plu en février dernier, j'avais plutôt peur d'être déçu par ce 2018. Eh bien non  : je trouve cet assemblage carignan/cabernet sauvignon encore plus fascinant que son aîné de 2017. Pour tout vous dire , à peine l'encre de ce texte était sèche – et c'est très rapide – je suis parti m'en acheter une caisse, histoire de ne pas me retrouver dépourvu une fois les clients venus.

Comme vous avez pu le comprendre, je suis plutôt ce que les amateurs de vin appellent un palais de fillette. Pour résumer, je suis plus Chambolle que Madiran. En terme de puissance, ce Côté obscur n'a rien à envier au Tannat du piémont pyrénéen, mais c'est nettement plus voluptueux, sans tanin accrocheur, et puis surtout, il y a une fantastique fraîcheur aromatique qui change totalement la donne. C'est l'effet Kiss Cool ® dû au cabernet sauvignon planté sur le plateau caillouteux par les Bojanowki. De là à dire que ce cépage est l'avenir du Languedoc, c'est un pas que je ne franchirai pas, car il demande des conditions très particulières pour être à son meilleur comme ici.  Et elles sont plutôt rares dans la région. 

En tout cas, bravo à Nicole et John pour ce superbe bébé ! Il devrait grandir magnifiquement :-)

La robe est pourpre très sombre, mais translucide en penchant bien le verre.

Le nez est d'une grande intensité, tout en étant fin et ultra-frais : le cassis et le menthol vous sautent aux  narines, suivis peu après de notes plus riches : liqueur de fruits noirs, réglisse, encre, cacao, ciste, eucalyptus...

La bouche possède une grande tension qui vous happe direct et ne vous lâche plus. Puis, comme pour le nez, on est envahi d'une matière riche, dense, à la texture profondément veloutée, à l'aromatique hyper expressive, à la fois voluptueuse/décadente – crème de myrtille, réglisse, résine, vinaigre balsamique – et fraîche/revigorante – cassis, menthol, poivre cubèbe... Le tout formant un ensemble harmonieux ... et vertigineux.

La finale prolonge la tension sans faillir, en conservant cette fraîcheur vivifiante contrebalancée par le balsamique. On monte juste encore d'un de plusieurs crans en terme d'intensité, atteignant une sublime violence qui vous mène à l'orgasme buccal, vous laissant le souffle court et l'âme comblée. Ce vin est une aventure qui ne ressemble à aucune autre et  vous marque au fer rouge. 



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