dimanche 31 mars 2013

Sincérité, j'écris ton nom !


Cela fait maintenant un peu plus de 6 mois que je parle sur ce blog des vins que j'ai appréciés, et même si je n'ai jamais reçu de messages mettant en doute ma démarche, je tenais à apporter quelques précisions.

Cela a longtemps constitué un handicap dans ma carrière commerciale, mais je suis un mauvais vendeur : je ne fais pas partie de cette race d'élus capables de vendre un semi-remorque de sable à un bédouin ou un container de glaçons à un esquimau. Peut-être parce que mes parents furent un temps "boutiquiers", je crois être plus commerçant dans l'esprit que commercial : trouver simplement le produit qui corresponde au client, lui rendre le service, avec l'espoir qu'il sera satisfait et fera de nouveau appel à moi lorsqu'il en aura besoin. Et va savoir, peut-être qu'il en parlera des amis, et qu'avec le bouche à oreille...

Ce petit préambule me parait important pour bien vous faire comprendre mon mode de fonctionnement. Au départ, je choisis une bouteille dans l'entrepôt pour plein de raisons différentes : elle me fait envie, je la sens délaissée, l'étiquette ou le nom me font de l'oeil, etc.

Et puis je l'ouvre, plein d'espoir... À ce moment-là, deux options : soit le vin me botte tout de suite (c'est mon  option préférée ! ) et dans la foulée je prends les photos, j'écris le texte, et il est publié le lendemain. C'est par exemple ce qui m'est arrivé la semaine dernière avec l'Artiste


Soit il me laisse perplexe pour plein de raisons différentes : trop boisé, réduit, fermé, dur, gazeux, too much... et je laisse alors le temps au temps, en l'aidant parfois un peu (carafage, par ex). Ce fut par exemple le cas avec le Sang-froid de Floréal Roméro, totalement réduit à l'ouverture, pétant de fruit le lendemain. Dans ce cas-là, j'explique ce qui s'est passé, avec les conseils qui vont avec pour l'apprécier. 

Et puis, il y a des fois où il n'y a rien à faire : le vin ne me cause pas. Non pas qu'il soit mauvais, mais je suis tout simplement incapable de trouver l'enthousiasme pour en parler. La simulation, je sais pas faire (mesdames, vous pouvez m'envoyer vos astuces...). Et donc, je n'en parle pas. 

Tout ça pour vous dire que lorsque je parle avec enthousiasme de tel ou tel vin, c'est que je suis vraiment enthousiaste. Après, je ne peux évidemment pas vous garantir que vous le serez autant que moi, car je ne prétends pas avoir le goût universel. Mais je suis par contre certain que les vins pour lesquels j'ai craqué sont au minimum des vins de qualité, ne présentant aucun défaut.


Et puis des fois, j'ai un coup de coeur que je décris avec force émotion. Comme je suis sincère, ça passe à travers l'écran, et vous ne pouvez vous empêcher d'acheter ce vin. C'est ce qui s'est passé avec le Touriga Nacional de Pierre Cros qui s'est retrouvé du jour au lendemain best-seller du site. Je devrais en être ravi. Eh bien, même pas. À chaque fois que j'en mets une ou deux bouteilles dans un carton d'expédition, j'ai limite une crise d'angoisse en me demandant s'il sera à la hauteur de vos attentes. Encore heureux, il ne coûte que 9.50 €. Pas de quoi déclencher une fatouah à mon encontre s'il ne vous plaît pas... Il n'y a pas longtemps, un client qui en avait acheté une en a racheté six. Vous pouvez pas savoir comme j'étais content ... et soulagé :-)

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? pour reprendre le titre d'un blog culinaire célèbre. Peut-être parce que le métier de caviste en ligne présente certes plein d'avantages (on touche une clientèle beaucoup plus vaste qu'un caviste classique, on est ouvert 24h/24 et 7j/7), mais aussi quelques inconvénients : on ne rencontre presque jamais les clients, et les retours sur les vins que vous avez aimés – ou pas –  sont peu nombreux. Du coup, on s'imagine plein de trucs, les meilleurs comme les pires... Et le pire, à mes yeux, c'est que vous ayez pu croire que je n'étais pas sincère lorsque je vous ai vanté tel ou tel vin. Si ce billet a réussi à  convaincre du contraire, je n'aurais par perdu mon temps ;-)

vendredi 29 mars 2013

Deux cuissons d'agneau, deux styles de vins


L'agneau peut-être cuit soit rosé (après les méthodes varient, à basse-température ou non), soit complètement confit (à la cuiller, comme on dit). Cela a une influence sur la texture de chair, mais aussi sur son goût.

Dans le premier cas, vous avez plutôt intérêt un vin aux tannins soyeux, pas trop puissant, et à l'aromatique certes expressive, mais surtout pas violente. L'archétype de ce genre de vin est Rayas, mais c'est pas obligatoire. Si vous prenez un Saint-Chinian sur schistes (Rimbert, Navarre, le Pin des Marguerites) ou un Faugères (l'Impertinent), ça le fait bien ;-). Si vous l'avez fait super classique avec des flageolets, un Bordeaux d'un millésime pas trop puissant (genre Jaugueyron 2007) ira bien.

Dans le deuxième cas, vous pouvez partir sur un vin plus riche, mais surtout plus marqué aromatiquement, car l'agneau longuement confit, c'est très riche en goût. C'est le moment de sortir la Liberté... Touriga que nombre d'entre vous ont acheté, ou Maël d'Emile et Rose, une Syrah qui a le goût du soleil, un Châteauneuf du Pape généreux ou un Bandol...

En cas d'hésitation, n'hésitez pas à me contacter.

Joyeuses Pâques !

jeudi 28 mars 2013

Chapeau l'artiste !



La bande de P-U-R ne s'était pas encore attaquée au Mourvèdre. C'est chose faite avec cette cuvée Artiste. Artiste, ça va plutôt bien à ce cépage difficile, ingrat, qui peut faire des choses sublimes lorsque le terroir s'y prête, et que le vigneron est inspiré. Hélas, ce n'est pas assez souvent le cas, et il y a un paquet de mono-Mourvèdre imbuvables... 

Ce n'est pas le cas de celui-ci, qui s'avère être une petite tuerie, réussissant à concilier des qualités souvent inconciliables. Mais n'est-ce pas ce que l'on demande à un artiste ?

La robe est pourpre sombre au disque violacé.

Le nez est généreux, sur des notes de fruits noirs confits, de cuir, d'épices douces. Ce côté surmûri est compensé par des notes fraîches, oscillant entre le menthol et l'eucalyptus.

La bouche est ronde, souple, avec une matière soyeuse, au fruit mûr intense, et là encore, on ressent cette fraîcheur typique du Mourvèdre, friande, mais aussi quelques notes salines.

La finale est expressive, hyper gourmande, avec des épices en pagaille, et tout cela sans aucune dureté.

Vraiment délicieux !

Je crois qu'à ce jour, je n'avais jamais bu de Mourvèdre aussi accessible dans sa jeunesse, avec une matière de belle intensité, sachant rester souple et fraîche. Il devrait être parfait avec de l'agneau confit.

À souligner le rapport qualité/prix, tout bonnement exceptionnel : 7.40 € la bouteille.

(veiller à le boire frais : 15-16 °)


mercredi 27 mars 2013

Je suis très fleur bleue !


Cela faisait très longtemps que je n'avais pas dégusté le vin à base de Grolleau de Mathieu Bouchet. Quand je dis longtemps, c'est vraiment longtemps : une quinzaine d'années (ben oui, je le connaissais avant même qu'Eric R. ait l'idée de créer Vins étonnants...).

De mémoire, il ne s'appelait pas "Fleur bleue", à l'époque. Un temps béni où l'Inao et autres instances emm... beaucoup moins les viticulteurs. Aujourd'hui, Mathieu Bouchet a renoncé à faire du Saumur pour ne plus  produire que des vins de France, perdant le droit * de faire figurer le nom du domaine que lui avait légué son père : Château Gaillard

Le Grolleau, qu'est-ce donc ? Contrairement au Sauvignon et au Cabernet-Franc, personne n'a eu l'idée de voler ce cépage aux Ligériens. Il n'existe que dans cette région où il perd en popularité (2 000 hectares aujourd'hui contre 11 000 il y a 50 ans !). Il faut dire que ce descendant du Gouais (comme le Chardonnay et le Gamay) aux grosses grappes tronconiques donne rarement des vins d'une grande finesse. Il est avant tout destiné aux rosés et aux rouges de soif (où l'on va doucement sur l'extraction). Mais il permet aussi d'arrondir les angles des vins issus de Cabernet lors d'années un peu difficiles. On le trouve beaucoup plus en Anjou qu'en Touraine. À l'instar du Pinot ou du Grenache, il existe du Grolleau blanc et gris.



La robe de Fleur Bleue 2011 est d'un pourpre violacé intense.

Le nez évoque la confiture de myrtille/cerise noire en train de réduire tranquillou dans le chaudron en cuivre, avec en arrière-plan des notes plus végétales (rafle, prunelle).

La bouche exprime le fruit bien mûr, avec un jus dense et frais qui s'écoule direct dans le gosier. Les tannins sont un chouïa rustiques , mais ne font qu'ajouter à la gourmandise, vous replongeant dans un paradis paradis perdu ou les "sorciers du vin" n'existaient pas ;-)

La finale est tonique, mâchue, sur des notes fruitées et cacaotées. Assez jouissive, pour tout dire, au point de ne pas être vraiment raisonnable. Mais il faut résister. Je compte sur vous : vous devez songer à vos proches.

Autant dire qu'à 8 €, c'est vraiment kdo, comme on écrit today...

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* un vin de France ne peut arborer sur son étiquette les mentions : clos, château, domaine...



mardi 26 mars 2013

Les perles du caviste ... ou vaut mieux en rire qu'en pleurer


L'avantage et l'inconvénient d'un site en ligne, c'est que nous ne voyons que rarement les clients (ceci dit, vous êtes les bienvenus si vous vous aventurez en terre limousine). Cela nous laisse du temps pour s'occuper de vos commandes, et de vous répondre au téléphone si vous avez des questions. 

Mais nous échappons aux scènes racontées d'anthologie ci-dessous, provenant d'une page Facebook appelée "Détresse de caviste", hélas pas assez souvent mise à jour...

* * * * * 

Je crois que j'ai perdu une cliente :

" - Nan mais moi Monsieur j'aime pas les vins bios, ça a trop le goût de fruit !
- En même temps Madame, le vin c'est fait avec du raisin !
- Ah bon ???
- .....
- Même le vin blanc ?
- ?????
- Bah quoi pourquoi vous faîtes cette tête ?
- ...........pffffHAHAHAHAHAHAHAHA !!!
- Vous vous moquez de moi ?
- Non non c'est nerveux excusez moi ! HIHIHI !
- Bon puisque c'est ça je vais aller acheter ma bouteille chez Franprix ! Au revoir Monsieur !
- Faites attention, y a quand même un peu de raisin dans les vins qu'ils vendent chez Franprix !"

* * * * * 
une cliente rentre:
-"bonjour, je voudrais un vin rouge de Loire léger, mais je déteste le cabernet franc!"
-je lui répond:"Et ben ça tombe bien, y'a pleins d'autres cépages dans la Loire !"je lui montre..... et elle bloque sur 3 bouteilles... (les seules 100% cabernet)
-"ils valent quoi le Chinon, le Saumur-Champigny, et l' Anjou là?!

* * * * * 

-Bonjour, je voudrais du brouilly, vous avez ça ?
-Oui, j'en ai même deux ! Bouchard et Testard.
-C'est quoi la différence ?
-Ben le Testard c'est du raisin sain avec 18 mois d'élevage, y'a de la matière, c'est rond et complexe et sans soufre ajouté. Le Bouchard c'est plus léger, moi représentatif du Cru, et bon, c'est un négoce.... .....c'est moins travaillé.
-Et y'a du soufre dans le Bouchard?
(Heureux de mes nouvelles références je souris)
- Oui et la vigne est plus traitée.
-Ok, je vais prendre le Bouchard.

* * * * * 

Dégustation ce matin avec un client.
Les Herbes Folles - Clément Baraut - 100%

-"Ca tombe bien je suis un grand amateur de Chenin"
-"Chouette, parceque ça c'est LA typicité du chenin sur un terroir minéral"
[Dégustation en silence]
-"Heu, parcontre le vigneron, il est nul en plus c'est pas du chenin c'est du Sauvignon, je suis sûr, ce qui veut dire qu'il vous ment"

* * * * * 
"- Je vais vous prendre deux bouteilles de Muscadet, dont une au frais.
- D'accord !
- Mince, comment je vais reconnaitre celle qui est fraîche en arrivant ? Vous pouvez me faire une marque dessus ?
- ...
- Pour que je la reconnaisse !
- Si vous voulez... mais sinon vous pouvez les toucher pour voir laquelle est plus froide que l'autre...
- Ah oui c'est pas bête !
- ..."

* * * * * 
"- Bonjour, je voudrais qqchose qui ressemble à un Gevrey Chambertin.
- J'ai du Gevrey, si vous voulez.
- Ah oui mais ça va être le prix d'un Gevrey.
- ...
- Qu'est-ce que vous avez d'autre dans ce style ?
- J'ai bien un Chambolle, on est pas tr..
- Trop cher !
- Je vais avoir un Auxey Duresse, une typicité un peu diff..
- Trop cher !
- J'ai un chouette Bourgogne générique qui...
- Trop cher ! Nan mais plutôt un vin de table, de tous les jours !
- Un vin de table qui ressemble à un Gevrey...
- Oh bah ça finira par arriver maintenant que c'est des Chinois qui ont racheté le château.
- Oui bah en attendant prenez ce que vous voulez, je peux rien faire de plus pour vous aider."




lundi 25 mars 2013

Chenin et Petit Manseng dans le même vin ? C'est possible !



Il est rare (voire unique) d'assembler dans le même vin le Chenin et le Petit Manseng car ils n'apparaissent jamais ensemble dans un cahier des charges d'AOC. Le Chenin se trouve essentiellement en Loire, de Tours à Angers ; on peut aussi le dénicher à Limoux, où il est également autorisé. Le Petit Manseng, lui, se situe principalement à proximité des Pyrénées (Jurançon, Pacherenc, Irouleguy), avec une incursion en Côtes de Gascogne. 

Les deux offrent l'avantage d'offrir de belles acidités naturelles, même lorsqu'ils sont en surmaturité. Autant dire que ce sont des qualités appréciables dans le Languedoc où les vins blancs sont parfois un peu mous.

À Malavieille, le diabolique Eric Supply-Royer a eu l'idée de faire un assemblage 50 % Chenin, 50 % Petit Manseng. Comme la production est relativement limitée – ils n'ont pas des dizaines d'hectares de ces deux cépages – et qu'il ne souhaitait pas les marquer par le bois, cette cuvée a été vinifiée et élevée dans un oeuf en béton. Peut-être est-ce pour cela qu'elle a pris le nom de Petits dragons, qui c'est bien connu, naissent dans des oeufs ;-)

Pour ceux qui connaissent les millésimes précédents de cette cuvée, ce 2011 est plus sec, tout en offrant une bonne maturité. 

La robe d'un beau jaune brillant.

Le nez est fin sur le citron confit un peu beurré, façon lemon curd, avec quelques notes terpéniques (aiguille de pin).

La bouche est ronde, fine, ciselée, très aérienne, avec une tension discrète mais efficace, et de la fraîcheur citronnée très agréable.

Il y a de superbes amers en finale (on croque dans l'écorce de kumquat), couplés avec une noble astringence. Stimulant et gourmand !

Nota : le vin gagne à être aéré, voire carafé pour les pressés


vendredi 22 mars 2013

50.000 et un peu plus


Nous avons dépassé hier les 50.000 pages visitées. 

C'est pas trop mal, pour un blog ouvert en septembre dernier !...

Merci à tous pour votre fidélité : ça fait vraiment plaisir :-)

Bon, après, notre rêve, ce serait d'avoir plus de suggestions, plus de commentaires, plus de réactivité. Plus 2.0, quoi ! 

N'hésitez pas à mettre aussi des liens, des photos ou des commentaires sur la page Facebook : elle est faite pour ça ;-)

Merci et à bientôt,

Les Eric's

mercredi 20 mars 2013

Du bonheur à l'état P-U-R !


C'est pas vraiment la période des soldes, mais nous avons reçu une proposition intéressante de l'équipe dynamique de P-U-R et nous tenons bien sûr à vous en faire profiter. Comme dirait Hassan Cehef, le bonheur ne vaut que s'il est partagé par tous ;-)


Le "Château Gonflable" se dégonfle un peu, passant de 9.80 € à 6.86 €. L'occasion d'essayer ce vin gourmand et fruité qui sort de l'ordinaire. En effet, il est certainement le seul au monde qui allie le Cinsault (50%), le Marselan (25 %) et le Caladoc (25 %). Les vignes sont plus bio que bio puisque les Darbystes qui les cultivent s'interdisent d'utiliser autre chose que des plantes pour traiter la vie (pas de cuivre ni de soufre, donc, juste de la consoude, de l'ortie ou de la prêle).

Jamais un Grand Q Glacé n'aura coûté aussi peu cher ;-)


Si les niveaux des rivières françaises ne sont pas loin de la cote d'alerte, le cours de la Marne n'a jamais été aussi bas, passant en dessous de la barre des 10 € à 9.24 €.(alors qu'elle était encore il y a quelques jours à 13.20 €). 

Les raisins proviennent aussi de la communauté darbyste (donc plus bio que bio, etc.) mais nous avons affaire ici à un assemblage 50 % Serine, 50 % Syrah. La Serine est une vieille sélection massale de la Syrah, moins productive, avec des grappes plus petites et plus compactes. Le vin est issu d'une fermentation semi-carbonique (grappes entières sans remontage) qui permet d'avoir de la souplesse et du fruit. 


La cote du Côte de Py descend de 20 %, passant de 15 à 12 €. Un Morgon bien né, sans sulfites ajoutés (SO2 total : 11 mg/l) qui a une belle pureté de fruit, et surtout un très joli potentiel de garde. Si vous voulez l'apprécier dès aujourd'hui, nous vous conseillons d'en prélever un verre – dégager à l'épaule, comme on dit à Bordeaux – et de le conserver ainsi durant quelques jours. Il ne va aller qu'en s'améliorant !

mardi 19 mars 2013

Hymne au Gren'H !


Il existe deux lectures des textes d'appellation. En Languedoc, l'assemblage est normalement obligatoire. Reste à savoir s'il s'applique à l'encépagement présent chez le producteur, ou à chaque cuvée. Certains appliquent le premier principe et osent commercialiser des cuvées monocépages en appellation Coteaux du Languedoc. D'autres sont plus "légalistes" et les vendent en Vin de pays qu'ils soient d'Oc, des Côtes de Brian ou du Mont Baudile. Et puis il y les irréductibles comme Benoît Braujou qui persistent à vendre leur production en Vin de France, même lorsqu'il n'y a pas nécessité à le faire. On est rebelle ou on l'est pas ;-)

Il a bien raison, Benoît. Si tous les vignerons rentraient dans le rang, Vins Etonnants perdrait un peu de son âme. Ne plus avoir de Vins de table/Vins de France à vendre, c'est comme si un site spécialisé en Côtes  du Rhône cessait d'avoir du Châteauneuf du Pape !

Voici donc sa cuvée de Grenache 2010 Gren'H lot 20.10. Nous venons tout juste de recevoir ce nouveau millésime lot, et j'étais curieux de voir comment il se goûtait...

La robe est rouge sombre et opaque. Ce vin ne doit pas être filtré (ce qui n'est pas du tout un problème en ce qui me concerne : on perd beaucoup à la filtration, au nom d'une certaine esthétique).

Le nez est riche, enveloppant, sur la cerise noire épicée, la poudre de cacao, le bois précieux

La bouche est toute en rondeur, avec des tannins doux, caressants, avec toutefois une belle énergie, du fruit et de la fraîcheur (si on ne le boit pas à 20 °, hein :  c'est un Grenache !). 

Belle mâche en finale, sans dureté, avec des notes salines et épicées. Un vin ample et sensuel qu'on imagine une viande tendre (biche, pigeon) et une sauce légèrement chocolatée. Ou un dessert au chocolat :-)

Contrairement à d'autres vins "naturels", celui-ci ne gagne pas à être aéré plus que ça. Vous ouvrez, vous buvez (dans des grands verres !).

dimanche 17 mars 2013

Spécial dédicace au nouveau pape : l'hérétique

La veille de l'élection du pape, le secrétariat du Vatican a fait une commande de 115 bouteilles de Papale, un Primitivo di Manduria, dans une petite boutique de Culver City, California. Merci, wine searcher. Bonjour le respect de l'environnement lorsque l'on sait qu'il est produit à 500 km de Rome, alors que Culver City est à ... 10.000 km !

Et pourquoi 115? me demandez-vous, bande de petits curieux ! C'était le nombre de cardinaux enfermés durant deux jours dans la Chapelle Sixtine pour la votation du Pape (bon, la votation, c'est suisse. Mais il y a bien des Suisses au Vatican ?). J'imagine que le Vatican a l'intention d'offrir une bouteille à chacun en souvenir de cette élection. 

Rhhaa, si le secrétariat du Vatican était venu sur notre site, nous aurions pu lui proposer un bon vin de France, la fille ainée de l'Église, qui pourrait aussi servir de vin de messe, car il est blanc. Alors que le Primitivo, c'est même pas la peine : si tu en verses sur ta chasuble, t'es bon pour la jeter. Car même à 90 °, ça part pas...

Le hasard fait bien les choses : les deux étiquettes ont un fond noir, avec des lettres blanches et rouges. Tout pareil ou presque. Y a que le nom qui change. Nous c'est l'Hérétique ! Comment ça, ça va pas lui plaire ?!


Il a fallu que je prenne sur moi, non parce que j'avais peur du côté hérétique de la chose, mais parce d'une façon générale, je déteste les muscats secs. Tout comme les Gewurz totalement secs. Cueillis à peine mûrs histoire de ne pas se retrouver avec des vins à 14 ° d'alcool, ils mêlent les notes variétales de ces cépages avec des notes végétales qui n'ont pas grand chose à envier au buis/pipi de chat du Sauvignon. Alors que dès qu'ils sont cueillis un chouïa plus mûrs, il reste certes un peu de sucre en fin de bouche, mais l'aromatique change totalement, devenant beaucoup plus gourmande !

Celui-ci est un peu particulier, puisqu'après avoir pressé les grappes de Muscat Petits Grains,  la moitié du jus part en cuve, l'autre en amphore. Après la fermentation, les vins des deux contenants sont assemblés pour être élevés sur lie. Aucun sulfite n'est ajouté aux différentes étapes (est-ce ça qui est hérétique, où est-ce parce qu'il a été conçu non loin de terres cathares)

Bon allez, au diable, je me lance !

La robe est jaune tout court (ni paille, ni citron, ni or, ni canari...)

Le nez est explosif sur des notes de muscat frais, mais mûr, avec une touche de verveine citronnelle et de géranium rosat (menthe et rose).

Lorsque vous le buvez, vous avez l'impression d'avoir un énoooorme grain de raisin dans la bouche – du coup vous avez l'impression que votre palais a rétréci – mais Dieu (?) merci, sans la peau et les pépins. La matière évoque vraiment la pulpe du raisin , avec son côté charnu, frais, désaltérant.

La finale est très goûtue, fruitée, avec ce goût savoureux de raisin et de verveine qui vous revient comme une baffe en rétro-olfaction. Mais bon, on  sent qu'on l'a méritée, celle-là, puisqu'on a pris du plaisir à boire une cuvée hérétique.

Un vin vraiment attachant, unique, qui est sans doute aucun le meilleur Muscat sec que j'aie jamais bu !


PS : le vin gagne à être bien aéré pour avoir une belle aromatique

vendredi 15 mars 2013

Patrimonio blanc Mariotti Bindi : de la dynamite !



Je n'avais pas encore dégusté de vin de ce jeune prodige de la viticulture corse qui fait beaucoup parler de lui dans les blogs et les salons. C'est maintenant chose faite, avec cette cuvée Pastoreccie, un vin blanc 100 % Vermentino sur schistes, élevé en cuve. L'énoncé est prometteur, voyons de suite si le reste suit ...

La robe est jaune pâle, ce qui est plutôt logique vu que le vin n'est pas passé par le fût et que les raisins ne sont pas cueillis surmûrs (et que la Corse n'a pas été encore touchée par la mode "géorgienne").

Le nez navigue entre le zeste de citron fraîchement prélevé et le lemon curd, avec aussi un côté "caillou mouillé". 

L'attaque est tranchante et impitoyable, tel le sabre laser d'Obiwan Kenobi, conjuguée à une bouche ample, généreuse, puissante, vous emportant totalement dans une vague de fraîcheur qui monte cresdendo.

Celle-ci se conclue dans une finale juste hénaurme,  prégnante, vous faisant presque passer un Montrachet  pour un (bon !) aligoté. Allez, j'exagère un peu, mais c'est vrai que ce vin "envoie du lourd" sans jamais être pesante. La magie du schiste.

C'est encore pour l'instant très jeune (2011) mais il faut imaginer cela dans une dizaine d'années. Ca risque d'être un p... de monstre.

Nota : il y au départ pas mal de gaz carbonique. Les allergiques à ce petit picotement ont intérêt à carafer le vin ou à agiter la bouteille. Cela n'enlève en rien la fraîcheur de ce vin.


jeudi 14 mars 2013

Syrah de Souhaut : un hymne au fruit !


Cette Syrah 2011 est mon premier vrai contact avec un vin d'Hervé Souhaut. J'ai certes dégusté la gamme à la Dive, mais entre déguster à la va-vite après cent autres vins dans une cave troglodyte à 10 °, et avoir une seule bouteille devant soi, dans une salle à manger confortable, le contexte est très différent.

Pour tout dire, j'appréhendais un peu, car j'avais lu sur mon forum favori que c'était des vins caractériels, pas forcément séducteurs à l'ouverture de la bouteille. J'ouvre donc, je m'en sers un verre, et miracle, ça sent déjà très bon. J'y trempe mes lèvres : pas de gaz intempestif. M'aurait-on menti ou dois-je tenter ma chance au loto, je ne saurai jamais...

Je me dis tout de même qu'un passage en carafe pourra lui être bénéfique. Elle y restera deux heures avant d'être dégusté en compagnie d'un pavé de biche, racines anciennes, sauce aux framboises et chocolat.


La robe est pourpre aux reflets violacés.

Le nez évoque la framboise, le laurier, l'âtre de cheminée encore fumant et le poivre.

La bouche est d'une belle ampleur, avec une matière juteuse, gourmande, fraîche, d'un naturel impressionnant. Les tannins sont d'une discrétion totale, ce qui renforce le côté "jus de fruit". On a à peine l'impression de boire du vin... Et il n'y aucune déviance d'aucune sorte qui vienne parasiter le plaisir.

La finale est d'une belle persistance, sans dureté, sur des notes cendrées/poivrées.

L'accord avec le plat est tip-top, autant au niveau des arômes que des textures. Un pur moment d'hédonisme  !

mercredi 13 mars 2013

Clauze(s) to me : la CURE du jour !



Je reconnais : c'est un jeu de mot foireux issu des âges anciens où Stéph' de Monac et Jeanne Mass étaient les reines de la nuit ; le téléphone portable n'existait pas ; le CD venait tout juste d'apparaître ; et j'aimais autant The Smiths que Robert Smith.  Ce dernier avait composé pour son groupe The Cure une chanson intitulée "Close to me". Souvenirs, souvenirs...


Tout ça pour vous parler des Clauzes de Jo du domaine Belles Pierres, en rouge et noir et blanc. Les clauzes, ce sont les petits murs de pierre qui entourent les vignes ; et Jo, c'est un hommage de Damien Coste à son père Joseph, dont le caractère se reflète dans ces cuvées.


Le blanc est issu de Roussanne (60 %), Grenache Blanc (20 %) et Viognier (20 %) récoltés tôt le matin pour préserver la fraîcheur. Il est vinifié et élevé en barriques (20 % neuves) avec batonnage régulier des lies dans les premiers mois. 

La robe est or clair, bien brillante.

Le nez est expressif, mais tout en finesse sur les fruits exotiques, la pêche et des notes grillés/fumées dues à l'élevage.

La bouche conjugue tension vibrante et rondeur généreuse, sans lourdeur aucune. Un vin droit dans ses bottes, mais pas du tout austère. La Roussanne mène clairement le jeu, même si le Grenache participe à l'opulence générale. Quant au Viognier, il se fait tout petit, ce qui n'est pas forcément un défaut.

La finale a de la mâche et de la tonicité, avec un retour du grillé  (mais pas trop insistant).

Si vous êtes définitivement allergique au bois, il vaut mieux éviter, mais sinon, c'est vraiment très bien pour le prix (9 €) et devrait être encore meilleur dans 2-3 ans. À servir sur une viande blanche crémée, des Saint-Jacques poêlées ou un poisson de rivière.


Le rouge a besoin d'une bonne aération pour s'exprimer. Soit vous l'ouvrez 24 h la veille, façon Rayas, soit vous le carafez. Il est issu de Syrah (50%) Carignan (20%) et Grenache Noir (30%). Les cépages ont été vinifiés et élevés séparément (la première en cuve, les autres en barriques).

La robe est rouge sombre, avec des reflets violacés.

Le nez est sur des notes de fruits rouges (fraise, framboise) et noirs (mûres, myrtilles), avec un soupçon de réglisse et de poivre blanc.

La bouche est ample, avec une matière douce et mûre, caressante, et une belle fraîcheur sous-jacente.

Les tannins se resserrent en fin de bouche, mais dans un contexte gastronomique, il est à parier qu'ils seront d'une grande discrétion tout en permettant au vin de ne pas être écrasé par le plat.

Un vin parfaitement équilibré, sans typicité trop marquée qui risquerait de défriser tonton Marcel habitué aux Bordeaux, et qui pourra accompagner avec bonheur un gigot d'agneau rôti ou une belle pièce de boeuf. Et tout ça, sans se ruiner (8.40 €). C'est pas beau la vie ? Maintenant, vous avez le droit d'écouter The Cure..


 

mardi 12 mars 2013

Si le Duras n'est pas de Duras, le Fer Servadou est d'où ?

L'idée de ce billet m'est venu hier en rédigeant la fiche du Duras de la famille Plageoles qui débute ainsi : "Comme l'Auxerrois (Malbec) ne vient pas d'Auxerre, le Duras ne vient pas de Duras ... mais du Tarn. D'après Robert Plageoles, il serait issu d'une lambrusque (vigne sauvage) de la forêt domaniale de la Grésigne (Tarn). Devenu obligatoire en appellation Gaillac en 1970, il a réussi à être sauvé de la disparition (il n'en restait alors que 70 hectares). Il est introuvable en dehors de cette AOC, même à Duras..".

Tout ça pour dire que je comprends que beaucoup de personnes se sentent paumées dès qu'on parle vin, puisque tout est fait pour les perdre... 

Le Malbec (source)

Pour en revenir à l'Auxerrois, il y a une version rouge (= le Malbec, alias Côt en Loire ou Noir de Pressac  – à ne pas confondre avec le Pressac de Bourgogne qui est un autre nom de l'Abouriou) et une version blanche que l'on trouve en Alsace. Là-bas, on l'appelle plutôt Klevner ... à ne pas confondre avec le Klevener qui est un Traminer rose, comme le Gewürz ;-)

L'Auxerrois a fait des petits, comme le Jurançon noir, conçu en juste noce avec la Folle blanche (oui, celle qui fait le Gros Plant en région nantaise et les meilleurs Cognac). Evidemment, il n'y a aucun pied de Jurançon noir à Jurançon ;-) On en trouve un peu à Cahors (ce qui est logique), mais il est surtout un des cépage officiels de la célébrissime appellation Entraygues-et-du-Fel. On y trouve aussi le Mansois, qui n'est autre que le Fer Servadou (voyez, on y arrive !...). C'est LE cépage de Marcillac, mais il fait partie des cépages  obligatoires de Gaillac, comme le Duras, sous le nom de Braucol (la boucle est bouclée).

Le Fer Servadou (source)

Bon, alors, le Fer Servadou est d'où ? 

Il "serait" originaire du Pays basque. C'est bien possible, puisqu'il a fait un p'tit avec l'indigène (blanc) Txakoli : le Gros Cabernet. Ce dernier a été croisé avec le Cabernet Franc avec pour résultat : le Carmenère

Bon, vous avez le doit de prendre un cachet d'aspirine. On reprendra un autre jour...

lundi 11 mars 2013

L'histoire du noir qui voulait être blanc...


Je sais pas pourquoi, mais certains noirs individus issus de la diversité semblent mécontents de leur sort et voudraient changer de couleur de peau. Bon, le plus connu est Michael Jackson, qui a presque réussi, avec un résultat de plus en plus hasardeux. Et puis il y le Pinot Noir. Comme BB, il n'a besoin de personne, il change lui même de couleur de peau en devenant blanc ou gris. Cela peut d'ailleurs poser souci à des viticulteurs qui ont cru planté du Pinot Noir et se retrouvent ici et là avec des couleurs différentes. C'est pour cela qu'il est autorisé dans tous les cahiers des charges des AOC bourguignonnes "rouges" jusqu'à 15 % de raisins blancs ou gris.

Source : Bacchuseries (à lire!)

Mais le Pinot Noir a un coeur blanc, et c'est pour cela qu'on l'aime. Si vous pressez sa baie délicatement, vous obtiendrez au final un vin blanc (en tout cas, très clair). C'est ce qu'a fait Laurent Barth pour produire son Pinot d'Alsace, et le résultat est vraiment très agréable.



La robe est d'un bel or rose (spécial dédicace à Jeff Carrel qui adorrrre cette couleur ;-)))

Le nez est fin, sur la poire bien mûre, le miel et les épices.

La bouche a une belle ampleur,  à la limite de la moellosité  tout en étant bien fraîche grâce un gaz (très) finement crépitant. On ressent bien le côté pulpeux du raisin, et puis toujours les épices.

La finale peut surprendre, car elle est un mélange de force et de douceur. D'un côté, presque tannique, de l'autre, quelques grammes de sucre qui apaisent cette "violence". À noter que lorsque l'on mange, tout se fond dans une belle harmonie.

Un vin qui pourra aller aussi bien à l'apéro que sur  des plats exotiques épicés, ou pourquoi pas une viande blanche.


vendredi 8 mars 2013

C'est la journée des vigneronnes !



On pourrait dire plein de choses sur cette Journée de la femme. Mais une femme est mieux placée que moi pour vous en parler. Je vous conseille de lire ce beau texte d'une confrère belge : le féminisme est-il soluble dans le pinard ? Pas que ce texte, d'ailleurs, c'est probablement l'un des meilleurs blogs qui existe sur le pinard le vin.

Rendons toutefois hommage aux vigneronnes qui nous fournissent de si bons vins, et qui bosseront sûrement aussi durement que les autres jours de l'année. Merci à elles de nous régaler!


Julie Balagny (Fleurie)


Agnès Graugnard (Roussillon)


Delphine Boulard (Champagne)


Nadia Verrua (Piémont)




Corinne Comme (Bordeaux)


Emmanuelle Duperé (et son chum Laurent)




Elisabetta Foradori (Dolomites)


Eve Cartier (Provence)






Stéphanie Roussel (Marmandais)



(source : Vinofil)

Clotilde Davenne (Auxerrois)