Le domaine s'appelait Clos de Trias, mais il a eu des soucis avec une cave coop locale qui commercialisait une cuvée Terre de Trias (et avait protégé cette marque sur le territoire français). Du coup, il a fallu renommer le domaine pour les ventes hexagonales – mais pas pour l'export.
Photo : le Rouge et le Blanc |
Il a été créé en 2006 par un Norvégien né aux États-Unis, Even Bakke. Etant tombé amoureux d'une Française – la fille du champenois Bruno Paillard – il s'est installé dans notre beau pays après une carrière de winemaker en Californie. Il a pressenti le grand potentiel de ces coteaux abrités du Ventoux. Afin d'en tirer la quintessence, il s'est de suite orienté vers une agriculture ultra-douce, à mi--chemin entre Fukuoka et Steiner. Les sols n'ont jamais été travaillés – juste une tonte par an – et les traitements sont rarissimes. Il faut dire que le micro-climat est très favorable (300 jours de soleil par an). Afin d'éviter des degrés alcooliques trop élevés, il retarde au maximum la taille (en avril !). Apparemment, ça marche...
Au chai, Even Bakke fait au cas par cas. Il peut érafler, ou non. Faire des macérations très longues. Ou très courtes. Les décisions se prennent à la dégustation, ce qu'il fait 5 fois par jour (ce qu'aucun vigneron ne prend le temps de faire). Pour les élevages, c'est aussi très variable, mais ça ne lui pose pas de problème de laisser une cuvée plus de 5 ans en fût ou en cuve. De toute façon, il a pris la décision de ne vendre les vins que lorsqu'il les juge prêt. Ce qui explique qu'il commence à vendre tout juste son 2011(embouteillé il y a moins d'un mois !). Et qu'il a encore du 2007 à vendre.
Quelle que soit la cuvée, préparez-vous à un saut dans l'inconnu. Ses vins ont quelque chose d'anachronique dans la production actuelle, bien policée. On pourrait dire qu'ils ont goût d'hier revisité avec un savoir-faire d'aujourd'hui (inspiré de méthodes ancestrales).
(82 % Grenache blanc, 18 % Clairette, 20 heures de macération, 30 mois d'élevage)
La robe est d'un or intense, brillant.
Le nez est entre le "vin nature" et le "vin orange", sur des notes de pêche et de banane séchées, d'abricot sec, d'épices et de croûte de pain de campagne.
La bouche est ample, aérienne, avec une matière dense et douce, et une acidité (volatile?) qui tend et étire le vin. On retrouve bien les arômes de pêche séchée.
La finale est puissante, intense, sur les notes perçues au nez, avec une dominante d'épices, puis le froment.
Au bout d'une quinzaine d'heures d'ouverture, le vin a gagné en harmonie, en densité, avec une acidité mieux intégrée (moins volatile). La finale a une mâche plus prononcée.
(80% Grenache, 10% Syrah, 4 % Carignan et 6 % Cinsault, 55 mois d'élevage)
La robe est grenat légèrement translucide avec des reflets d'évolution.
Le nez est aérien mais intense sur la cerise confite, le pain d'épices, l'écorce d'orange séchée.
La bouche commence très ample, presque évanescente, avec un toucher de bouche délicat, puis finit par gagner en chair et en puissance sans néanmoins se durcir.
La finale est finement mâchue, très épicée, avec un retour sur la cerise et des notes cacaotées.
(96 % Grenache de 70 ans, 4 % Syrah, 32 mois d'élevage)
La robe est plus sombre, montrant aussi des signes d'évolution.
Le nez est plus concentré, plus profond, sur des notes de kirsch, de vieille prune, d'amande amère (colle Cléopatre), d'épices douces, mais avec une touche mentholée/résineuse très "italienne" qui apporte de la fraîcheur.
La bouche commence aussi sur un côté ample/aérien, mais avec une tension et une fraîcheur plus importantes. Ça trace sévère, avec là aussi un côté très Sangiovese toscan. Votre âme est plus impactée que votre palais.
La finale envoie du lourd : explosive, intense et fraîche, là aussi très italianisante, C'est très long, intense, envoûtant.
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