vendredi 22 janvier 2016

Immersion jurassienne


Mercredi soir, c'était la grande plongée dans le monde merveilleux du Jura pour le "Club Vins Etonnants" de Limoges. Pour quelques-uns, c'était une révision des classiques, mais pour une majeure partie des convives, c'était une vraie découverte. 

J'ai essayé d'être relativement exhaustif, même s'il manquait le Poulsard à l'appel. Mais sinon, je pense que cette soirée donnait une belle idée des vins de la région. Jugez-en vous même.


Avec des allumettes au comté, nous avons démarré par un Crémant Indigène de Stéphane Tissot. Un assemblage très jurassien, puisqu'il comprend du Chardonnay, du Pinot noir, du Trousseau et du Poulsard. Stéphane se sert d'un moût de vin de paille pour la prise de mousse afin d'en faire un vin 100 % raisin (et des levures ... indigènes). Le nez est très miel/fruits rouges/fruits secs, avec une bulle fine, beaucoup de fraîcheur, et une finale nette et fruitée. Un vin facile à accorder avec pas mal de plats, de l'entrée au dessert.


Puis nous avons dégusté les vins rouges avec un pot au feu à la saucisse de Morteau. Un Pinot Noir 2014 du domaine Thill, fruité, charnu et épicé, sur la gourmandise, et un Trousseau 2012 de Philippe Bornard (ouvert 24 h à l'avance), au nez absolument superbe (floral, fruits rouge, fumée) et à la bouche toute en finesse tendue par une belle acidité. Il était difficile de les départager : les deux s'accordaient bien avec le plat, même si le premier jouait plus sur le contraste, le second sur la fusion. Mais avant de passer aux choses sérieuses, nous avons déjà vécu un beau moment gastronomique.


Pour accompagner une volaille aux champignons et sauce aux morilles, nous avons continué avec deux vins blancs ouillés : un Chardonnay (Graviers 2014 de Tissot) et un Savagnin (Chalasses Marnes bleues 2008 de Ganevat - provenant de ma cave). Le premier avait un nez magnifique sur des notes fumées/tourbées/noisettées et une bouche longiligne tendue comme un arc. Il est encore très jeune, mais offre déjà beaucoup de plaisir. Le second avait un nez plus évolué, sur la pomme rôtie au beurre, les épices, les fruits secs, et une bouche beaucoup plus riche et puissante, soutenue par une fine et persistante acidité. Il commence à être à point, mais peut encore tenir une décennie sans souci.


Avec un comté de 40 mois (une tuerie !), nous sommes passés aux vins non ouillés. Pour démarrer, un Savagnin 2012 de Tissot qui n'a été élevé que trois ans sous voile. Le nez sent déjà le "jaune" avec des notes de noix et de pomme verte, et une pointe d'alcool à brûler. La bouche est puissante, intense, avec une acidité bien présente sans qu'elle soit agressive. Elle est finement oxydée. Seul, c'est un peu brutal, mais dès qu'on grignote le comté, ça passe tout seul, et avec le curry, ça va encore mieux !

Puis, nous avons dégusté une rareté : un Chardonnay élevé 7 ans sous voile par Jean-François Ganevat : la Cuvée du Pépé 2008. Le nez sur la noix, la croûte de pain, avec une pointe de curry, fait bien "jaune". Mais il y a une touche noisettée moins habituelle qui rappelle le Chardonnay. En bouche, c'est droit et tendu, "minéral" comme on dit, et encore un peu austère, même si la matière est très prometteuse. Je ne peux que conseiller à ceux qui en ont déjà acheté ou en achèteront de patienter au moins 2-3 ans avant de le consommer. Il n'en sera que meilleur.

Afin de montrer à quoi pouvait ressembler un vin jaune à maturité, j'ai sorti de ma cave un Château Chalon Réserve Catherine de Rye 1982 de la maison Henri Maire (qui commercialise la moitié des vins de cette appellation. Le nez est riche, complexe, sur des notes de fruits secs, d'épices, faisant plus penser à un vieux Champagne (ou à un vieux Bourgogne blanc) qu'à un vin jaune. Par contre, en bouche, on a cette longue trame acide du Savagnin, mais elle est enrobée par une matière ronde, limite suave. Quand le vin jaune devient sensuel. L'accord avec le comté est évidemment superbe, d'une évidence totale.


Enfin, avec une tarte aux poires et amandes, nous avons bu la liqueur de Chardonnay concoctée par Eric et Bérengère Thill. J'avais pressenti que l'accord serait bon, mais pas à ce point. C'était un régal absolu ! Le vrai-faux Macvin avait un fruit et une fraîcheur qui a enthousiasmé les convives, et  permis de finir le repas sur une note digeste.

En tout cas, ma mission a été remplie : tout le monde est devenu Jur'addict ;-)




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