jeudi 21 janvier 2016

Pipeño de Coelemu : l'antithèse chilienne


Il n'était pas prévu d'ouvrir cette bouteille de Pipeño de Coelemu dans les prochaines semaines. Mais il se trouve que nous avons reçu un mail d'un client mécontent de cette cuvée : " il était trouble(genre vin nouveau mais rose/rouge pas défini), et avait un goût de vinaigre". Afin de ne pas avoir d'autres clients mécontents, il fallait que l'on vérifie qu'il n'y ait pas un souci...

Alors effectivement, la robe est très claire pour un rouge. On est proche d'un clairet bordelais. Et c'est vrai qu'il est trouble. C'est sûr que lorsqu'on est habitué aux vins filtrés, ça peut surprendre.

Par contre, le nez est délicat et floral dès l'ouverture. Pas d'oxydation, pas d'acidité volatile. Et donc, probablement pas de coup de chaud comme avait pu l'imaginer notre client. 

En bouche, en effet, ça picote. Mais ce n'est pas dû à la présence d'acétique (vinaigre). Mais à du gaz carbonique qui n'a jamais été enlevé par le producteur pour le protéger de l'air (vin très peu sulfité).

Si le goût de vinaigre ne peut disparaître, le gaz carbonique, si. Il suffit d'agiter la bouteille en laissant s'échapper le gaz tous les 4-5 allers-retours On fait ça une minute. On laisse reposer tranquillou 20 minutes. Et on recommence tant qu'il en reste. Oui, c'est un travail en soi, buveur de vins naturels. C'est marrant, d'ailleurs, ses défenseurs acharnés n'en parlent jamais dans leur interview, de ce p... de gaz carbonique.

Une heure trente plus tard, y a plus de gaz. On peut déguster. 

La robe, je vous en ai déjà causé.

Le nez, très aérien, est encore plus beau qu'à l'ouverture : rose, pivoine, framboise avec une légère touche fumée. 

La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec des tanins quasi imperceptibles et un fruit en filigrane. 

Ceux-ci apparaissent en final, assez serrés sans être agressifs, avec un côté terrien/terreux. Après avoir touché le ciel, on s'enfonce dans le sol. Il est recommander de manger un produit contenant du gras (coppa ?) pour les lisser.

Conclusion : ce vin n'a pas souci particulier (ouf !). Par contre, il peut surprendre par sa couleur, sa turbidité et la présence de gaz carbonique. Surtout, il ne ressemble pas du tout à l'idée que l'on se fait d'un vin chilien. Je peux donc comprendre que des clients soient déconcertés. C'est certainement de notre faute : nous devrions être plus précis sur le style de vin que produit P.A. Luyt (qui a ses fans qui achètent ses vins chaque année). Mais bon, avec 1300 références, nous avons un peu de mal à tout border parfaitement... 





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