Ils sont arrivés sur la même palette il y a un mois. Plutôt que d'en parler tour à tour à 15 jours de distance, je me suis dit que ce serait plus intéressant de les boire ensemble, histoire de mieux percevoir leurs points communs et leurs différences.
A noter que les vins blancs sec non oxydatifs est une pratique relativement récente dans le Roussillon. Jusqu'il y a une quinzaine d'années, les cépages blancs étaient plus destinés à la production de Rivesaltes/Maury ambrés ou de vins "rancio" qui ressemblaient au Jerez (une tradition qui perdure chez Ferrer-Ribière, par exemple). Il a donc fallu trouver un certain temps pour trouver les justes équilibres. Aujourd'hui, on peut dire que c'est fait : les blancs secs de cette région ont atteint une qualité remarquable, avec des fraîcheurs que l'on n'attendait pas forcément.
Coste 2013 est issu principalement de vignes de Maccabeu plantées sur sols argilo-calcaires à galets roulés. Il est vinifié et élevé en pièces bourguignonnes durant douze mois, sans intrant, si ce n'est un léger sulfitage à la mise. D'où la présence de gaz carbonique à l'ouverture, facile à éliminer en agitant la bouteille (ou en carafant).
La robe est jaune pâle, brillante.
Le nez est aérien mais profond, sur des notes de bouton d'or (la fleur), de pierre à fusil, de beurre frais et de pain grillé.
La bouche est tendue, énergique, avec une acidité bien enrobée par une matière douce, caressante, marquée par des notes caillouteuses et fumées. L'ensemble est frais, aérien et digeste.
La finale intense et concentrée prolonge la dynamique de la bouche, suivie d'une rétro-olfaction qui vous met une belle claque, persistant longuement, entre notes salines, caillouteuses et citronnées.
LLum 2013 est issu à 80 % de Grenache gris, complété par 20 % de Maccabeu, tous deux sur schistes noirs. Il est lui aussi vinifié en fûts, mais de deux tailles : 228 l (bourguignon) et 500 l (demi-muid).
La robe est un peu plus colorée, avec une légère teinte rosée (la peau du Grenache gris...)
Le nez est plus gourmand, plus mûr, sur la pâte d'amande, le nougat, le miel d'acacia, avec aussi un côté lactique/beurré.
La bouche présente une tension encore plus imposante que le précédent, avec l'impression qu'elle ne cesser de s'étirer, et s'étirer encore, et encore. Impressionnant. La matière est un peu plus dense, soulignée par des notes citronnées "crépitantes", et en même temps d'une grande fluidité : le vin s'écoule en gorge telle l'eau d'un torrent...
La finale est explosive, vous donnant l'impression que la taille de votre bouche a été multipliée par trois ou quatre. Par contre, ici, pas d'effet rétro. Du coup la persistance est moindre.
Bon, difficile de dire que l'un est meilleur que l'autre... Coste est plus minéral et austère, Llum un peu plus baroque tout en possédant une sacrée structure. Les finales des deux vins ont chacune leur charme, même si j'avoue une légère préférence pour Coste. Mais l'explosivité de Llum, c'est quelque chose, aussi...
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