Il y a une trentaine d'années, à l'époque où Faugères n'osait même pas rêver devenir une AOC, Michel Louison avait créé un domaine (*) qui fut longtemps un fer de lance de l'appellation. Et puis, pas mal de p'tits jeunes sont arrivés sur Faugères, apportant un renouveau qualitatif et stylistique, creusant progressivement l'écart avec les "anciens". Les amateurs se sont progressivement détournés des Estanilles, attirés par l'herbe verte qui poussait dans les parcelles voisines. Pourtant, le potentiel qualitatif était toujours là. Il manquait simplement un regard nouveau pour le valoriser pleinement.
En 2009, Michel Louison vend le Château des Estanilles à Julien Seydoux et s'installe dans une nouvelle propriété à Limoux. Le nom de l'acquéreur vous dit vaguement quelque chose ? Normal. Il est le neveu des frères Seydoux qui règnent sur le cinéma français (Gaumont et Pathé) et le fils de Michel Seydoux qui a fait du LOSC l'un des meilleurs clubs de football français (doublé Championnat et Coupe de France en 2011 – Julien est d'ailleurs administrateur du club).
Sa famille possédait depuis longtemps un vignoble en Costières de Nîmes. C'est là-bas que sa passion est née pour le vin. Mais il voulait trouver un vignoble où il serait le seul maître à bord, avec un terroir à forte personnalité. Après deux ans de recherche, il a trouvé ce qu'il désirait à Faugères.
Travaillant auparavant dans la finance, il a fait le choix de s'entourer de professionnels aguerris à la vigne comme au chai. Il poursuit la démarche bio entreprise par Michel Louison (tous les vins sont certifiés AB) ; multiplie les travaux en vert dans les vignes ; n'utilise que des chenillards pour ne pas tasser les sols ; rénove le chai ; ne se contente pas de rebaptiser la plupart des cuvées mais revoit totalement les assemblages (par exemple, la Syrah du Clos du Fou "rentre" maintenant dans la cuvée de base "l"impertinent"). Mais une autre parcelle que Julien juge plus intéressante prend la relève.
L'élevage des vins est également revu totalement : le blanc qui était autrefois très boisé et demandait au moins cinq ans pour devenir abordable ne voit aujourd'hui plus que la cuve. Idem pour l'Impertinent rosé. Pour les vins rouges, les élevages en demi-muids (barriques de 600 litres) sont favorisés afin d'avoir les avantages du bois sans ses inconvénients.
Les vins obtenus ont un fruit plus expressif, des tannins plus fins, tout en préservant une matière dense et mûre. Une embouteilleuse dernier-cri permet de les préserver tout en utilisant le moins de sulfites possible. Les étiquettes ont été totalement relookées afin de marquer définitivement la rupture entre l'ancien et le nouveau Estanilles.
La gamme l'Impertinent qui rend hommage au chien de la propriété est probablement l'un des meilleurs rapports qualité/prix du Languedoc (8.50 €). Le blanc, à l'assemblage très rhodanien (Marsanne, Roussanne, une touche de Viognier) mêle les fruits jaunes, le fenouil et les notes minérales . En bouche, la matière est généreuse, gourmande, avec une grande fraîcheur et une finale expressive, sans la lourdeur de nombreux blanc languedociens (à boire à 14° pour l'apprécier au mieux) . Il ira aussi bien avec des Saint-Jacques, un risotto aux coques ou un bar au fenouil. Ou cette potée automnale mêlant châtaignes, fenouil et bacon :
Le rouge est une véritable bombe de fruits et d'épices. Rien que le sentir est un vrai bonheur : on a envie de plonger dans le verre. La bouche ne déçoit pas : c'est rond, intensément fruité, avec une matière juteuse, goûtue, aux tannins parfaitement polis. La finale est raccord, provoquant cette jubilation qui vous incite à vous en resservir un deuxième godet dans la foulée (avec modération, hein. On ne veut pas d'ennui...).
Inverso, riche en Mourvèdre (45 %) est plus taillé pour la garde. Sa matière dense et puissante le destine pour une belle garde. Si vous voulez le consommer dès maintenant, un carafage de quelques heures est conseillé. Il accompagnera à merveille une côte de boeuf grillée. Là aussi, le rapport qualité/prix est superbe (10.50 €).
Z'allez me dire que je suis là pour vendre mes vins et que j'en fais un petit peu trop à leur sujet. Pas du tout. Toutes les personnes à qui je les ai faits déguster ont été atteintes par le même enthousiasme. Jusqu'à maintenant, le taux de réussite est de 100 %. Et j'espère bien qu'il se maintiendra à ce niveau ;-)
Toutes les (superbes) photos proviennent de la page Facebook du domaine
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* les Estanilles est né de la réunion de deux domaines : Estagnol et Fontanilles. À l'époque, cet autodidacte d'origine savoyarde (marié à une fille de Lespignan) avait donné lui aussi un coup de jeune à Faugères en révolutionnant les pratiques.
Salut les Eric's,
RépondreSupprimerje vous donne rendez vous à Laurens en Faugères pour un deuxième épisode. Pour être dans le ton, après l'Empire contre attaque, je vous montrerai le retour du Jedi.
Plus sérieusement, je suis content qu’un jeune garçon réveil la grande endormie qu’était devenu les Estanilles .
J’ai beaucoup de respect pour Michel Louison, rencontré lors de mes études il y a maintenant 20ans, il a fait partit des gens qui mon fait penser : « oui c’est possible ! ». Je n’ai pas dégusté ce qu’il fait sur Limoux, je prendrais le temps cet hiver c’est sur.
Bonne chance à Julien Seydoux, et rien à foutre d’où il vient et qui est son père,
(petit message privé, quand il accepte un RDV dite lui d’être à l’heure)
A+
Jeff Carrel
Eclectic Winemaker
http://www.jeffcarrel.com/
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RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerUne ré-appro en Inverso rouge (millésime 2012 actuellement il me semble)??
Merci d'avance,
Fred M
Hello Fred
RépondreSupprimerIl arrive tout début octobre !
haaaaa bonne nouvelle :) merci
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