Je vous ai raconté il y a peu la genèse de cette cuvée du Domaine du Bouscas. Pour vous la décrire, je m'étais fié à ce que m'en avait dit Floréal Roméro et à l'assemblage Ugni-Colombard. En gros, avais-je dit, c'est comme un Côtes de Gascogne, en plus rond tout de même, vu qu'il a fait sa malo.
Que le grand cric me croque : je suis prêt à réparer mon offense en faisant un pélerinage à Condom, capitale du vin aseptisé, et me flageller dans la Cathédrale Saint-Pierre avec des pampres de vignes du domaine de T***. Comparer la Cuvée 100 noms à un Côtes de Gascogne est en effet d'une hérésie totale. C'est nettement meilleur !
Déjà, c'est plus mûr. Ça se voit lorsque vous versez le vin dans le verre : il a une jolie couleur dorée, alors qu'un Côtes de Gascogne élevé en cuve est d'un jaune très pâle. Au nez, nous ne sommes pas sur les agrumes et les fleurs blanches, mais sur la pomme chaude et la mirabelle bien mûre. En bouche, c'est rond, gras, gourmand, avec une bonne fraîcheur, mais sans cette acidité qui vous raye le palais. Il y a quelque chose de pulpeux dans ce vin, de généreux, avec cette sensation de croquer dans le raisin mûr, le sucre en moins. Le vin se conclut sur des notes douces-amères légèrement épicées qui apportent une niaque finale bienvenue.
Comme pour les muscadets, j'ai fait le test de la température.
À 18 °, le vin se boit parfaitement, avec un bon équilibre. C'est pas lourd du tout, ni alcooleux. Il est alors juste plus rond que frais.
À 15°, il est carrément parfait. On a gardé la rondeur, mais il y a plus de fraîcheur, ce qui donne du peps. Quand il est comme cela, on a un joli vin de gastronomie.
À14°, j'aime déjà un peu moins. L'acidité et l'amertume ont tendance à ressortir un peu plus. Autant dire que je n'ai pas essayé plus bas...
Avant de le boire l'été prochain sur votre terrasse, vous pouvez d'ores et déjà le tester avec les Saint-Jacques qui viennent d'arriver ou une viande blanche crémée avec des champignons. À 5 € la bouteille, c'est un petit plaisir qu'il serait bête de se refuser.
P.S. : servir le vin à 12°. Il montera suffisamment vite à 15° dans une pièce chauffée.
P.P.S. : du fait d'une faible protection, il vaut mieux le boire assez rapidement après ouverture. Étant donné sa buvabilité, ça ne devrait pas trop être difficile.
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