lundi 8 octobre 2012

Le duo des 5, ou le cabri & le taureau



J'ai déjà fait allusion au Domaine de Malavieille lorsque je vous ai parlé du Portan (c'est ICI que ça se passe). J'en recauserai certainement d'autres fois, car il a le génie de produire des petites perles à des prix simplement incroyables, que ce soit en blanc ou en rouge (même leur BIB sont extra).  

Il faut dire que le l'emplacement du domaine est tout aussi incroyable : il est situé à deux pas du Lac de Salagou qui est un site unique en son genre. Comment dire ? C'est un peu la planète Mars à l'époque où il y avait encore de la vie (on se demande pourquoi on dépense des milliards pour aller sur cette fichue planète alors qu'on a tout sous la main).


Et donc, les vignes de Mireille et André Bertrand, ça ressemble à ça :


(Vous pouvez faire une visite virtuelle des vignes ICI)

Mais cette fois-ci, je ne vais pas vous parler des vignes de Malavieille, mais d'un autre domaine de 30 hectares qu'ils possèdent de l'autre côté du lac, sis sur deux communes : Montpeyroux et Saint-Saturnin. Une carte vaut mieux qu'un long discours (merci, Google Maps !) :


Où il y a le A, c'est Mérifons, où se trouve Malavieille. Et au Nord-Ouest, Saint-Saturnin de Lucian et Montpeyroux. Ce domaine a été créé par la grand-mère de Mireille, Juliette, juste après la première guerre mondiale. Les pieds greffés de Carignan Bleu qu'elle a plantés sont toujours là, et entretenus avec soin (je ne l'ai pas encore précisé, mais les Bertrand se sont reconvertis à la biodynamie en 2000). Pour les distinguer de la production de Malavieille, les vins produits ici portent la marque "Mas de Bertrand".


Les deux principaux vins du  Mas de Bertrand s'appellent le 5 (parce que ces frères jumeaux sont les  5èmes rejetons rouges de la famille Bertrand). Certaines années, ils mettent de côté les meilleures barriques pour les élever plus longtemps et en faire une cuvée plus ambitieuse.

J'ai donc ouvert les deux cuvées en parallèle, sans connaître les assemblages, le type d'élevage, le terroir, et même le prix, histoire d'être relativement neutre dans mes perceptions. Et voilà ce que ça donne...

Le 5 Saint-Saturnin 2009 : robe pourpre translucide. Nez fin et frais d'abord sur la framboise et le poivre blanc, puis avec l'aération, de plus en plus sur le cassis.  Il y aussi cet odeur inimitable que l'on sent lorsque l'on rentre dans un chai à barrique, mélange de bois, de fruit, d'épices, de terre humide. Durant mes deux jours d'exploration, le nez ne perdra jamais de son charme tout en se métamorphosant en permanence (à la fin, ce sera liqueur de cassis et boutique de torréfacteur, mais toujours sur un mode très élégant). En bouche, le vin est élancé, avec une fraîcheur tonique, et une matière fine, soyeuse, qui ne pèse pas du tout en bouche (on est en plein syndrome DTM). La finale est franche, savoureuse, avec une fine mâche gourmande, légèrement poivrée. Le lendemain, la bouche se fait plus langoureuse, mais parfaitement équilibrée par une implacable tension. Ce vin reste droit comme un I. Il y a vraiment dans ce vin une perfection formelle que j'adore (*). Honnêtement, à l'aveugle, je serais parti à l'ouverture de la bouteille sur un Cabernet Franc issu d'un joli terroir calcaire.

Le 5 Montpeyroux 2010 (millésime différent, donc) : la robe est beaucoup plus sombre. Le nez est plus fermé, avec cette odeur du monstre qui sommeille. On perçoit tout de même un soupçon de fruits noirs, de poivre  fumé, et quelques notes lactiques. La bouche est de belle ampleur, avec une matière beaucoup plus dense, serrée, des tannins bien polis, et une jolie fraîcheur sous-jacente. La finale est puissante, expressive, avec des arômes de poivre de Madagascar (avec ce côté citronné) et d'eucalyptus. Par contre, il n'a pas l'élan et la tonicité du premier. On passe du  sautillant cabri au musculeux taureau noir,  force tranquille incarnée (à condition de ne pas le taquiner, hein...). Le lendemain, le nez est guère plus expressif. Pas contre, la bouche a gagné en ampleur, en qualité de texture (on passe du velours à la soie), avec une fraîcheur plus saillante.Même si j'accroche plus sur le style du premier vin, presque bourguignon,  le deuxième m'inspire du respect. C'est vraiment une belle bête qui ne devrait que s'améliorer et se complexifier dans les années qui viennent. À l'aveugle, je ne sais pas trop où je partirais, vu la discrétion de l'aromatique, mais je verrais un terroir plus argileux que le précédent. On sent un vin plus terrien. Après, peut-être que je me plante totalement...

Bon, maintenant, découvrons un peu plus les cuvées : Saint-Saturnin 2009 est issue à très grande majorité des vieilles vignes de Carignan de mamie Juliette, complété par un peu de Syrah et de Grenache. C'est certainement ce qui apporte cette grande finesse. Le sol est formé de cailloux calcaires sur un socle de grès. Prix : 8,00 € (rapport qualité/prix exceptionnel, à mon sens).

Quant à Montpeyroux 2010, c'est la Syrah qui est très majoritaire (70 %), complétée par 30 % de Grenache noir. D'après Mireille Bertrand, le terroir est relativement semblable au précédent. La différence énorme entre les deux doit donc venir du millésime et de l'encépagement. Son prix : 8.40 €. Là aussi, ce n'est vraiment pas cher au vu de la qualité. Par contre, ce vin demande 2-3 ans avant d'être à son optimum.

Accords mets & vins. Une fois n'est pas coutume, le dicton "qui se ressemblent s'assemblent" fonctionne à merveille. Avec le premier vin, le cabri (chevreau) conviendra parfaitement. Avec le second, une côte de boeuf, ou même une gardiane de  taureau seront parfaites. 


Cabri confit aux deux aulx (recette ICI)

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* Ce n'est pas parce que je le vends que j'écris cela. Il y a d'autres vins que j'apprécie moins, et  je ne vous dirais pas que je les adore. Pas mon genre...

1 commentaire:

  1. Si vous voulez une visite virtuelle de la planète languedocienne Mars, c'est par ici : http://www.pixdiapo.com/visite_virtuelle/visite_virtuelle_lac_salagou.php

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