vendredi 11 juin 2021

Cerdon du Bugey : il y en a pour tous les goûts !


L'arrivée de deux nouvelles cuvées chez Renardat-Fâche m'a incité à faire enfin un "banc d'essai" afin de comprendre les différences entre les quatre références proposées – il y en a même cinq : j'ai omis la "non bio" à l'étiquette blanche.  Car j'essaie de me mettre à la place du consommateur lorsqu'il arrive sur la page du producteur  : que choisit-il là dedans, la seule différence étant le prix, étant donné que jusqu'à maintenant il n'y avait pas de commentaire de dégustation. 

Avant de déboucher les bouteilles, j'ai eu la bonne idée d'appeler le domaine pour avoir quelques éclaircissements sur les différentes cuvées. Le Cerdon 2020 et Initiale sont à l'image ce que l'on attend d'un Cerdon du Bugey, à savoir peu alcoolisé (8 %) et contenant environ 50 g de sucres par litre. La grosse différence vient de l'assemblage : 96 % gamay et 4 % Poulsard pour Initiale et  58 % gamay et 42 % poulsard pour le millésime 2020. 

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le Cerdon du Bugey Sec n'est pas "sec" comme pourrait l'être un vin blanc. On est ici dans le monde de la bulle, avec les règles du champagne qui s'appliquent. Un effervescent sec contient entre 17 et 32 g/l de sucres, et un demi-sec entre 32 et 50 g – c'est pour cela que les deux cuvées précédentes ont droit à la mention demi-sec. 

Oui, donc le Cerdon du Bugey Sec contient 24 g/l de sucres qui qui lui permet d'avoir encore l'appellation dont la limite plancher est fixée à 22 g/l (retenez ça, c'est important pour la suite). Pour avoir le résultat final le plus gourmand possible, la famille Renardat-Fâche a assemblé un vin peu sucré à un vin plus sucré, car le premier a une intensité de fruit que le second n'a pas (plus on monte en alcool, plus le fruit diminue). Et c'est très réussi :  c'est hyper-gourmand tout en étant plus digeste que les cuvées classiques (deux fois moins de sucre, l'air de rien). 

Quand à la cuvée Au commencement, c'est un hommage au grand-père qui a créé le domaine. Ses petits-enfants ont essayé de reproduire les vins qu'il faisait à l'époque  Elle est plus légère en sucres (17 g/l) ce qui lui fait perdre l'AOP Cerdon. Et donc, vu qu'elle est en Vin de France, elle peut se permettre d'être issue à 100 % du Poulsard, ce qui est également interdit dans le cahier des charges de l'appellation. De plus, elle n'a pas été dégorgée : il est donc conseillé de mettre debout la bouteille dans le frigo. Par contre, pas de mauvaise surprise à l'ouverture : aucun débordement ni de plafond à repeindre. 

Eh bien voilà, vous en savez maintenant autant que moi : place à la dégustation !

Au commencement (16.50 €)

100 % Poulsard, 17 g/l de sucres, 11.5 % Alc. 

La robe translucide est entre le saumon et la rose. 

Le nez est fin, sur la framboise et la griotte, avec une touche épicée. 

La bouche est élancée, tendue, avec une colonne vertébrale axée sur la vinosité et l'effervescence. Autour de celle-ci, une matière ronde, aérienne, finement frizzante, avec le même trio framboise / griotte / épices. 

La finale prolonge la bouche sans interruption, se contentant d'y ajouter une fine mâche crayeuse et une noble amertume sur le noyau de cerise. Le sucre est présent, mais très bien intégré. Le tout se prolonge sur la framboise et le poivre blanc. 


85 % Gamay et 15 % Poulsard, 24 g/l de sucres, 10 % Alc. 

La robe translucide est entre la framboise et le rose bonbon. 

Le nez est plus vif, sur le vinaigre de framboise et la fraise, avec une pointe de poivre blanc. 

La bouche éclate de fraîcheur dès l'attaque, avec une effervescence qui vous titille les papilles avec une belle énergie, puis arrive un fruit pur et intense qui vous immerge totalement, les bulles devenant alors plus caressantes et enveloppantes. 

La finale est tonique, avec un fruit explosif qui vire au jouissif, contrebalancé par un duo astringence /amertume qui vous nettoie le palais. Au point d'oublier qu'il y a plus de sucre que dans "Au commencement" tellement c'est bon ! Du pur bonheur !!!

Cerdon Initiale (11.75 €)

 96 % gamay et 4 % Poulsard , 50 g/l de sucres, 8 % Alc. 


La robe translucide est entre la framboise et le vermillon. 

Le nez est tout aussi vif, mais plus "vineux", sur la framboise et la mûre, et une touche d'épices. 

La bouche est ronde, très ample, avec des bulles crémeuses qui vous caressent tout le palais. Le fruit, d'une grande intensité,  fait plus mûr, plus onctueux, certainement dû au sucre deux fois plus présent. 

La finale monte encore d'un cran en intensité, avec plus de fruit, plus de vinosité, plus de bulles, et une persistance sur la fraise et la framboise, mâtinées de poivre. 

Cerdon Millésime 2020 (13.90 €)

 58 % gamay et 42 % Poulsard , 50 g/l de sucres, 8 % Alc. 

La robe translucide  est entre la framboise et le rubis. 

Le nez est gourmand, sur la framboise et la grenadine, et une pointe de poivre blanc. 

La bouche est ronde, ample, très enveloppante, avec une matière suave, méga-fruitée et des bulles à la limite du lascif qui se mettent au diapason. Cela reste néanmoins (très)  bien équilibré grâce à l'acidité naturelle du gaz carbonique. 

La finale poursuit dans la suavité et le lascif, mais ne manque pas de peps grâce au duo astringence /amertume déjà évoqué plus haut. C'est framboisissime, avec un peu de fraise confite et juste ce qu'il faut de poivre et de vinaigre balsamique. On peut franchement adorer, ou trouver ça à la limite du too much. (notre jeune Arthur, habitué aux sodas, en est fan  !). 

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