mardi 29 mai 2018

C'est toujours la première fois...


C'est toujours la première fois, ça cause à l'enfant que je fus, élevé au Ferrat/Ferré plutôt qu'au Ferrero. Là, c'est Ferrat qui a mis en musique un poème d'Aragon. C'est aussi ce qu'a dû se dire Michel Louison lors de ses premières vinifications au domaine La Martine à Limoux : malgré plusieurs décennies au Château d'Estanilles, on est toujours aussi ému lorsque l'on donne naissance à un nouveau millésime. Jamais blasé tu seras.

Nous sommes à Limoux, donc. Pas étonnant d'y retrouver le Chardonnay. Pas étonnant non plus d'apprendre qu'il est élevé en fût, à l'instar des vins blanc que produisait  Michel Louison à Faugères (et qui vieillissaient magnifiquement). 

La robe est d'un jaune paille intense.

Le nez est très expressif, sur le beurre noisette, les agrumes confits, le pralin...

La bouche est longiligne, tendue, avec une matière séveuse, intense aromatiquement, alliant fraîcheur et (grande) maturité. Comme par le passé à Estanilles, l'élevage est présent, mais très bien intégré, certainement facilité par le Chardonnay, le cépage qui murmure à l'oreille du chêne.

La finale poursuit dans l'intensité, mariant les amers du bois grillé à ceux de l'écorce d'orange, du café et de la Suze. Ça pourrait être énervant et/ou stéréotypé, voire ennuyeux, mais ça réussit à ne pas l'être. On prend plaisir à y retourner et retourner encore, traquant les subtiles variations entre chaque gorgée.

Ce vin demandera des plats riches en saveur, avec des peaux/croûtes bien rôties ou caramélisées (ris de veau par ex), avec une sauce mêlant agrumes confits et une touche de café. Par ailleurs, il gagnera à être encavé quelques années pour gagner encore en complexité. 


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