Cela faisait un petit bout de temps qu'Alban Michel ne nous avait pas fait un vin doux. La dernière fois, c'était Abus d'ange heureux (je vous laisse réfléchir, comme disait Gustave Parking). C'était à l'époque où Alban croyait encore aux AOC. Il avait produit un Grenat de Rivesaltes, donc. En 2015, changement de programme : il se contente de faire un vin issu de raisins surmûrs, sans faire le mutage à l'alcool qui lui donnerait l'appellation. Et bien sûr, en bon pificulteur, il n'a pas ajouté de sulfites. Il a donc fallu laisser la fermentation aller son cours jusqu'à ce que les levures abandonnent par forfait : on est arrivé tout de même 15,9 %. Bravo les petites, comme aurait dit un célèbre Biterrois (non, pas Gustave Parking). À ce stade-là, la refermentation est peu probable. Heureusement.
Ainsi, si on doit comparer cet OVNI tender à un Grenat de Rivesaltes, il contient un peu moins d'alcool, et surtout beaucoup moins de sucres. Les raisins sont cueillis plus mûrs : on a dont un goût plus "confit" qui peut donner l'impression d'un vin plus vieux. Aussi, gustativement, je le trouve plus proche d'un Amarone de Valpolicella que d'un Rivesaltes. C'est plutôt une bonne affaire pour les clients, car cet OVNI ne coûte que 12,90 €. Vous laisserez-vous emporter l'ET de Memphis ?
La robe est grenat sombre translucide tirant vers le tuilé.
Le nez (après aération pour éliminer les alcools les plus volatiles) est un voile de douceur, sur des notes de pruneau, d'épices douces, de cacao, de pain grillé, avec une petite touche d'orange confite.
La bouche est ample, douce, veloutée, avec des tanins denses déjà bien fondus, et une étonnante sensation de fraîcheur. L'équilibre est remarquable pour un vin à 15.9 ° naturels.
La finale a une mâche affirmée, avec un étonnant contraste entre une rusticité certaine et la douceur sucrée (mais pas trop) du vin. On retrouve les notes perçues au nez, entre prune, cacao et épices, avec une inattendue persistance sur le caramel au beurre salé.
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