jeudi 28 février 2013

Quitte ou double ? Je double !



Ce vin est l'occasion de parler du Chasan, présent dans plusieurs vins que nous proposons sur le site. Chat Zen, évidemment, mais aussi Ali Baba et Un Poco agitato de Zélige-Caravent. Ce cépage est une obtention de l'Inra de Montpellier (1958), issu d'un croisement entre le Chardonnay et le Listan. Non, le Listan n'est pas le cépage du Listel, mais l'autre nom du Palomino, LE cépage de Jerez. Celui-ci permet d'obtenir des vins frais malgré le climat torride de l'Andalousie. Peut-être était-ce cette caractéristique que cherchaient à obtenir les agronomes de Montpellier en le croisant avec le Chardonnay, souvent mollasson dans les vins sudistes ?

En tout cas, ce cépage est quasiment autorisé dans toutes les régions viticoles françaises, y compris dans le Bordelais (où il ne doit pas y en avoir beaucoup...). On ne peut pas dire que ce soit un succès fou, puisqu'il y en a un peu moins de 700 ha sur l'ensemble du territoire.


Les vignes de Chasan furent parmi les premières que récupéra Frédéric Palacios et lui valut une médaille à dès 2005. Un encouragement à persévérer dans ses efforts.

Quitte ou double est vinifié et élevé 15 mois en fût de chêne, mais cela sent à peine. Réfractaires à la barrique, vous pouvez le consommer sans hésitation.


La robe est de couleur paille.

Le nez, par mimétisme, a aussi cette odeur de paille fraîche, mais aussi de beurre frais, avec des flagrances de bouton d'or qui me font retourner en enfance. Avec le réchauffement et l'aération, arrivent des arômes de miel et de tarte à la  mirabelle (souvenirs d'enfance, aussi).

La bouche est ronde, généreuse, mais gardant  un côté croquant, savoureux, avec un  très fin perlant. L'ensemble est frais et digeste, remarquable pour un vin blanc méridional (le miracle du Listan ?)

La finale est dense, intense, sur des beaux amers. Un cas d'école sur ce que l'amertume peut apporter de noblesse à un vin.

Un vin à la personnalité attachante, comme son géniteur Frédéric Palacios :-)


mardi 26 février 2013

Ambazac sous la neige


Oui, je sais, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas en France ou ailleurs. Mais de chez NOUS que partent VOS commandes ;-) Pour les "petites" (18 bouteilles et en dessous), pas de problème. Nous pouvons encore aller à la poste en raquettes, et le Renault Master du chauffeur de GLS arrive jusqu'à chez nous. 

Par contre, pour les "grosses", c'est un peu plus délicat. Hier, le camion du transporteur ne pouvait pas accéder  à notre "quai de déchargement". Cela devrait s'améliorer aujourd'hui, je pense : il y a un beau soleil qui devrait faire fondre la vilaine neige...

On  vous tient au courant...

dimanche 24 février 2013

Levures : indigènes ou exogènes ?


Le journaliste David Cobbold a écrit la semaine dernière un article très intéressant sur les levures que je vous engage vraiment à lire, car il tord le coup sur pas mal d'idées reçues à ce sujet. 

Je ne vais pas réécrire la même chose en changeant juste quelques mots, je n'en vois pas l'intérêt. Je vais juste ajouter quelques exemples pour bien faire comprendre la problématique. 

Lorsque vous achetez votre pain chez le boulanger (ou une viennoiserie), la plupart d'entre vous ne se pose pas vraiment le problème de savoir s'il a utilisé de la levure (99 % des cas) ou s'il a préparé son propre levain. Et pourtant, c'est exactement pareil avec le vigneron, d'autant que l'on parle de la même levure : saccharomyces cerevisiae. Dans les deux cas, le boulanger et le vigneron font appel à une levure sélectionnée afin d'être sûr d'avoir un résultat constant. Tout simplement parce que le boulanger ne peut pas se permettre d'avoir des pains qui ne lèvent pas, et le vigneron des vins qui partent en vrille. Avec tout de même un plus grand risque pour ce dernier : si le boulanger rate sa fournée, il peut recommencer dans l'heure qui suit. Le vigneron doit, lui, attendre un an avant de recommencer...


Vous même, lorsque vous faites une pâte à pizza à la maison (ou une brioche), il est peu probable que vous mélangiez de la farine et de l'eau dans un saladier, et attendiez 3 jours que ça commence à fermenter. Alors qu'il suffit de mettre un peu de levure de boulanger, et votre pâte est prête à l'emploi en deux heures. 

Ajoutons que si un boulanger classique (ou votre Carrefour) vous propose un pain au levain, vous pouvez être certain que sa levée a été grandement facilitée par les levures qui colonisent le local. C'est donc pas du vrai ;-) Si vous voulez acheter du "pain indigène", il faut aller chez un boulanger qui fait exclusivement des pains au levain. Vous constaterez qu'il est en général moins aéré que les "faux".


Par ailleurs, lorsque j'ai co-écrit mon livre sur les Crus Classés du Médoc, j'ai fait de nombreuses dégustations parcellaires. À part Pontet-Canet, tous utilisaient des levures sélectionnées dites "neutres" (qui n'amplifient par les caractéristiques aromatiques de certaines molécules). Nous avions en général une sélection de 6 à 10 parcelles différentes, vinifiées au même endroit avec la même levure. Nous ne pouvions que constater que les vins étaient tous très différents les uns des autres, avec des caractéristiques propres à chaque sol (sables, graves, argiles, calcaire...). Il est donc faux de généraliser en disant que les levures exogènes standardisent les vins, même si ça peut effectivement être le cas avec des levures dites "aromatiques". 


Ceci dit, je comprends parfaitement qu'un vigneron ne veuille mettre dans sa cuve que les raisins qu'il a produits, et rien d'autre (pas de sulfites non plus). Le résultat peut être superbe. Ou pas. Après, c'est souvent une question de tolérance sur des petits défauts qui peuvent devenir des qualités aux yeux de certains (volatile, bretts, légère oxydation). Ce qui me dérange un peu, c'est lorsqu'il est avancé qu'ils viennent du terroir...

Dans les vins que nous proposons à Vins Étonnants, une grande majorité est vinifiée avec des levures indigènes, mais nous sommes scrupuleux sur la netteté des cuvées que nous sélectionnons. Toutes les semaines, nous dégustons des vins pour décider de leur référencement. Pas mal passent à la trappe, car ils nous semblent du côté obscur de la force. 

Et puis, nous ne sommes pas sectaires : nous proposons aussi des vins, bio ou non, qui sont vinifiés avec des levures exogènes. S'ils sont très bons, ou étonnants, et tant qu'à faire, issus d'une agriculture respectueuse de l'environnement, pourquoi se priver ?

Finissons par un paradoxe intéressant : il existe des levures indigènes qui produisent naturellement des sulfites, tandis qu'il existe des levures exogènes qui en consomment. Il peut donc arriver qu'un vin sans SO2 ajouté puisse contenir plus de sulfites qu'un vin avec SO2 ajouté. Étonnant, non ?


"Mouais, pas assez bons pour Vins Étonnants..."

(photo prise ICI)



vendredi 22 février 2013

Le vendredi, on rav' à Vins Etonnants



Sauf si vous êtes un vieil habitué de Vins Étonnants, peu d'entre vous ont entendu parler du cépage Rava 6.  Il fait partie de ces hybrides inventés au début du XXème siècle, issus de croisement entre des vignes françaises et américaines. Suite au phylloxera, il avait fallu mettre en place les porte-greffes (américains) pour éviter que ce sale puceron s'attaque aux racines de la vigne (française). Ces hybrides semblaient être une solution plus simple que le greffage, d'autant qu'ils étaient beaucoup plus résistants aux maladies.


Dans les années 30, au moment où l'on commençait à créer les appellations d'origine, ces hybrides tombaient comme des cheveux sur la soupe. Du coup, ils ont été accusés de tous les maux et ont sombré rapidement dans l'oubli, excepté le Baco Blanc, toujours utilisé pour faire le Cognac et l'Armagnac.

Toutefois, on en trouve ici et là qui n'ont jamais été arrachés. C'est le cas de ces vignes de Rava 6 adoptées et choyées par les Mondon-Demeure, certainement parmi les dernières de leur espèce. Lorsque l'on goûte le résultat, on se dit que c'est bien dommage.



Voilà ce que donne ce Rav par 6 lot 11

Le nez subtil et aérien, charmeur, entre rose et abricot,

La bouche est sphérique, charnue, enrobée plus que grasse, soulignée par une fine amertume végétale

Elle se conclut en douceur, sans impression  de sucrosité, sur des notes muscatées, épicées, avec un léger retour sur l'amertume.

L'ensemble est vraiment digeste et équilibré, comme une caresse pour le palais. On a plus l'impression d'avoir rêvé de l'avoir bu que de l'avoir réellement bu ;-)



Pour avoir dégusté fin 2005 le millésime 2004 de cette cuvée, je trouve qu'elle est beaucoup plus aboutie aujourd'hui. Voici ce que j'en disais alors : "la robe d'un beau doré est trouble. Normal le vin n'est ni filtré ni collé. Le nez est très sympathique: abricot, frangipane, fruits confits, miam! La bouche est assez déconcertante: on démarre sur une attaque fraîche, avec un léger perlant, puis on tombe dans une certaine mollesse: ça manque un peu de corps et d'acidité. Les arômes présents en bouche s'avérent également surprenants: raisin très mûr, brioche, litchi, avec en fond des arômes fermentaires (levure). La fin de bouche est plutôt fuyante et confirme le manque de punch de ce vin. Il est malgré tout très agréable à boire, et tout amateur un peu curieux doit tenter cette expérience absolument inédite..."

Lu sept ans plus tard,  ça fait tout drôle : on a l'impression que j'étais destiné à faire ce job ;-)

jeudi 21 février 2013

Des vins sans soufre qui devraient plaire à tous...



Pas la peine de vous précipiter sur votre site favori  pour commander les deux bouteilles dont je vais vous parler aujourd'hui : on ne les a pas encore reçus. Par contre, nous avons pu déguster les échantillons, et c'est vraiment enthousiasmant. 

Étant donné que j'ai déjà parlé hier d'un vin de Jean-Louis Denois, certains vont croire qu'il est actionnaire de Vins Étonnants ;-) Pas du tout. Plutôt la loi des séries...

Jean-Louis Denois, donc, s'est essayé au sans-soufre. Mais comme ce n'est pas le genre de personne à laisser le hasard faire les choses, il s'est entouré d'un luxe de précautions, s'inspirant entre autres d'un livre d'un œnologue Alsacien, Arnaud Immele :  "les grands vins sans sulfites" (lire à ce sujet l'intéressante interview de la Revue des œnologues). Cela demande à revoir ses méthodes de travail, simplifiées par le SO2 qui sert de filet de sécurité, mais le résultat s'avère payant. Non seulement un vin sans sulfites bien fait ne sent pas la cour de ferme, mais il est résistant à l'air et au vieillissement (Jeff Carrel, avec une vision aussi rigoureuse, produit l'Enclos de la croix rouge, un vin sans soufre au superbe rapport qualité/prix).

Les vignes de Saint-Paul, à la frontière entre le Languedoc et le Roussillon (mais en appellation Vins de France!) existeront en deux couleurs :

Le blanc est issu de vignes de Chardonnay de 25 ans, à 7 kms seulement de Maury, mais plus en altitude et au bord d'une petite rivière, la Boulzanne. La vinification et l'élevage se sont fait en cuve, et l'embouteillage a eu lieu le 1er février dernier.

Il affiche une robe de couleur paille.

Son nez est frais et expressif, sur les fruits blancs, la pêche, le citron confit et la brioche sortant du four.

La bouche est ronde, croquante, savoureuse, avec une hénaurme fraîcheur

Belle mâche en finale, avec cette "tannicité" qui me fait penser à certains Corton-Charlemagne, donnant à ce vin une rusticité gourmande assez jubilatoire.



Le rouge est un assemblage Syrah/Merlot, complété par 10 % de Grenache. Les vignes sont situées en haut du Val d'Agly. Vinification et élevage en cuve, et mise en bouteille également le 1er Février.

La robe est pourpre violacée, opaque.

Le nez évoque les fruits noirs frais, l'olive noire, avec des notes légèrement fermentaires (c'est un 2012) disparaissant à l'aération.

La bouche est ronde, pulpeuse (on croque dans le raisin) avec des tannins veloutés et un côté très rafraîchissant. Ce qui n'exclut pas la densité de la matière : y a du vin!

Finale savoureuse, avec un retour sur l'olive, le poivre, le cacao. On s'en ressert un autre verre avec beaucoup de plaisir, avec cette sorte d'urgence intérieure…

Dans les deux cas, j'ai testé leur résistance  à l'air sur 48 h : non seulement ils ne se dégradent pas, mais ont plutôt tendance à se complexifier.

On devrait les avoir d'ici un mois, je pense, et ils devraient être aux alentours des 10-11 €.

mercredi 20 février 2013

Du blanc 100 % Syrah ? Ca existe... et ça dépote !



Nous vous l'avions expliqué dans un de nos cours d'œunulogie : la très grande majorité des raisins noirs ont un jus blanc. Il est donc possible en ne les pressant pas trop fort d'obtenir des vins blancs avec. Cela se pratique beaucoup en Champagne – où une grande partie des vins sont à base de Pinot Meunier et Pinot Noir – et un peu en Alsace (surtout pour les crémants, rares pour les vins tranquilles). Et puis c'est à peu près tout. 

Peut-être y-a-t-il un rapport, mais Jean-Louis Denois est d'origine champenoise. Il vinifie d'excellentes méthodes champenoises traditionnelles à base de Chardonnay, Pinot Noir... et même de Carignan ! Et il a donc osé faire un vin blanc tranquille uniquement avec de la Syrah. Cela faisait un bon bout de temps que je voulais le goûter. À la recherche du dernier sujet dont je cause, je me suis dit : "et pourquoi pas LUI ?"



Je débouche donc la bouteille et remarque que Jean-Louis Denois utilise les bouchons Diam pour lutter contre les TCA (Tri-Chloro-Anisols) générant les goûts de bouchon. Bonne initiative de sa part :-)

La robe est très belle, évoquant l'or rose, avec des reflets quasi argentés.

Le nez est intense, mais en finesse, sur des notes de grillé/fumé évoquant presque – en plus léger – un Chardonnay de Tissot, et partant après avec un peu d'aération sur la pêche blanche et la groseille bien épicées.

La bouche est d'une grande ampleur, vineuse, intense, avec une matière généreuse, équilibrée par une acidité fine et incisive, très légèrement perlante. Si vous buvez le vin à 14°, vous ressentirez la chair et le beau volume de ce vin. Si vous le consommez à 10 °, ce sera la fraîcheur qui ressortira. Perso, je préfère la première option.

Quant à la finale, elle dépote vraiment : longue  puissante, fruitée (groseille à maquereau) et bien relevée/ épicée. On sent vraiment l'effet Syrah !

Si l'on ne voyait pas la couleur du vin, on pourrait avoir l'impression de boire un très bon rosé. Mais avec cette vinosité, j'ai peut-être encore plus la sensation de boire un bon Champagne blanc de noirs sans bulles. D'autant que l'on ressent dans cette finale cette mâche que l'on a dans pas mal de Champagnes.

Tiens, il faudrait que Jean-Louis Denois tente de faire une bulle 100 % Syrah. Ça pourrait être intéressant ;-)

mardi 19 février 2013

Riesling Thalberg 2011 : il a tout d'un grand !



Lorsque les Grands Crus sont délimités par l'Inao, il faut bien trouver une ligne au-delà de laquelle on redevient un Alsace "ordinaire". C'est ce qui est arrivé à la parcelle Thalberg du domaine Roland Schmitt, située au sud-ouest immédiat du cru Altenberg de Bergbieten. Les sols sont des marnes gypseuses du Keuper (que l'on retrouve sur le Schoenenbourg) qui apportent une belle puissance aux vins (j'ose plus dire minéralité, c'est pas bien, paraît-il). La majeure partie des vignes a été plantée en 1971 : ça leur a laissé 40 ans pour coloniser les sols et en tirer la quintessence (le domaine est en bio).

Pour l'heure, le Riesling Thalberg 2011 est encore bien jeune, mais il montre un beau potentiel qui devrait se révéler à la garde (déjà, dans cinq ans, il devrait donner quelque chose d'intéressant, je pense).




La robe a un couleur or pâle, laissant s'échapper de belle larmes sur les parois du verre.

Le nez évoque le citron confit, l'ananas, la mangue, avec une petite touche terpénique (et non "pétrolée").

La bouche est un bon compromis entre la tension – renforcée par un fin filet de gaz carbonique – à la limite du tranchant germanique, et la rondeur bien mûre, presque moelleuse.

La finale, à la fois mâchue et astringente – très écorce de pomelos – choisit plutôt le côté viril de la force même si une légère douceur féminine tente se s'immiscer. 

On n'est manifestement pas sur un Riesling à choucroute (existent-ils encore ?) mais plutôt sur un vin qui accompagnera des crustacés de ce style-là (recette ICI).


dimanche 17 février 2013

Ah, Ramon', yé vois double !!!...


Cela faisait un bout de temps que je voulais faire un comparatif entre les deux "100% Aramon" que nous proposons sur le site. L'Aramon, c'est quoi donc ? C'est un cépage d'origine espagnol – importé par le marquis d'Aramon – qui a connu un siècle de gloire dans le Languedoc. Il devient populaire au moment de la crise de l'oïdium (1852-1855) car il s'avère plus résistant que les autres cépages (les mêmes raisons ont popularisé le Sémillon et le Merlot dans le Bordelais). Il présente aussi l'avantage d'être très productif à une époque où il n'y a jamais assez de vin à vendre. Les temps changent. Dans les années 50-60, il est de plus en plus délaissé au profit de cépages dits "améliorateurs", comme la Syrah et le Mourvèdre.

Mais contrairement au Carignan, il ne connaît pas de retour en grâce. Seuls quelques irréductibles persistent à entretenir ces vieilles vignes, souvent en faisant de très faibles rendements pour obtenir un vin de qualité. 

Sur votre gauche, donc, l'Aramon 2011 d'Emile et Rose, issu d'une vigne que Marcel Gisclard a achetée par erreur : il pensait que c'était du Cinsault ! Il l'a finalement adopté, ce bon vieux Aramon, et ma foi, non, il ne regrette rien. 

Sur votre droite, l'Art Amont 2009 du domaine Fons Sanatis, ou Senescal. Benoît Braujou fut probablement le premier à mettre en avant ce cépage. C'est d'ailleurs grâce à lui (et à un certain Eric R.) que je l'ai découvert il y a quelques années...

Bon allez, j'enlève les capsules, car l'idée, tout de même, c'est de les boire ;-)


Première surprise sur la bouteille d'Art Amon :
C'est de la mise artisanale faite à la boucheuse manuelle


Cela explique (peut-être?) les remontées que l'on a sur les bords du bouchon, sans étampage du domaine. Nous verrons que cela ne nuit en rien à la qualité du vin.

Les robes

À gauche Art Amon, à droite Aramon

-> les robes sont quasi identiques

Les nez

À gauche Art Amon, à droite Aramon


Art Amon : nez assez puissant, sur des notes fumées, goudronnées. Ca ne sent pas vraiment la réduction, mais je subodore qu'il y en a une. Elle sera d'ailleurs plus perceptible 30 mn plus tard (paradoxal, mais plus rien ne m'étonne).

Aramon : nez plus fin, mais beaucoup plus ouvert, sur des notes de fruits mûrs (framboise, myrtille), de fleurs et d'épices. Et puis tout de même une p'tite touche fumée.

Les bouches


À l'ouverture : bouche ample, avec une matière dense et charnue, aux tannins veloutés et une bonne fraîcheur. On peut lui reprocher un registre aromatique un peu austère, mais là encore, je subodore que Môssieur a besoin d'aération (c'est que conseille d'ailleurs Eric sur la "fiche" du vin) pour bien s'exprimer. La finale se conclut sur une jolie finale, sans dureté sur des notes de zeste d'agrume (amertume) et d'épices.

6 heures plus tard : le nez est presque plus réduit qu'à l'ouverture. Bouche identique.

24 heures plus tard : le nez est sur un cassis frais d'une grande pureté. La bouche est à l'unisson : un vrai "jus de fruit". La fraîcheur est plus éclatante, le velouté superbe. Un très beau vin que l'on imagine parfaitement avec une belle côte de boeuf.

31 heures plus tard : on est passé sur la crème de cassis. Le vin est peut-être plus charmeur, tout en ayant une sorte de droiture médocaine. On se régale jusqu'à la dernière goutte !



À l'ouverture : bouche plus ample, mais surtout plus fine et élancée que le précédent. La matière est moins dense, mais élégante et soyeuse, dominée par les notes fruitées. La finale se conclut sur une mâche savoureuse qui le rend encore plus irrésistible. Si je n'avais pas été conscient de l'importance de ma mission, je me serais fait la bouteille ;-)

6 heures plus tard : le nez est plus framboisé qu'à l'ouverture, avec toujours des épices. La bouche est aussi gourmande que le midi. Non... pas tout boire... grrrr....

24 heures plus tard : le nez est un peu éteint, comme s'il avait tout donné la veille. Par contre, la bouche est toujours aussi belle, peut-être un peu plus cristalline (non, pas aqueuse).

31 heures plus tard : le nez est désespérément silencieux et commence à contaminer la bouche. Si j'avais su, j'aurais tout bu hier, na !

Bon, vous l'aurez compris : ce vin, vous l'ouvrez, vous l'aérez un peu, et vous buvez TOUT. Il ne devrait pas y avoir trop besoin de se forcer. Avec celui-ci, j'imagine plus un poulet rôti ou un filet mignon en basse temp'.


Conclusion

L'on voit qu'avec le même cépage, des vignerons aux approches différentes obtiennent des vins tout  aussi différents. Alors que l'Aramon est un vin sur la finesse et la tension, l'Art Amon joue sur un registre plus terrien, avec une matière plus dense. J'avoue ne pas avoir de préférence pour l'un ou l'autre, alors comme Jacques Martin, je donne un 10 aux deux ;-)

Nouveau scandale en perspective ???


vendredi 15 février 2013

Ribambulles : É-PA-TANT !


Vous avez fait des folies hier pour la Saint-Valentin ? Nous ne sommes que mi-février, et déjà votre "budget bulle" annuel est mis à mal ? Ne vous inquiétez pas, nous avons la solution : Ribambulles. Bon, je vous l'accorde, le nom n'est pas select, l'étiquette est (trop?) sobre. Mais le contenu est vraiment É-PA-TANT !

Déjà, lorsque vous le versez dans les flûtes, vous ne pouvez que tombez sous le charme de sa robe "pétale de rose" et ses fines bulles (qui persistent longuement dans le verre).

Le nez est délicat, sur des notes de poire, de groseille et de bonbon anglais.

La bouche est fine, élancée, avec des bulles présentes mais légères, du fruit sans excès, et de la fraîcheur sans verdeur.

La finale se conclut sur des notes fruitées (fraise, framboise) et une légère amertume équilibrant parfaitement la douceur  naturelle du breuvage.

C'est vraiment très agréable à boire. Vous avez beau traquer les défauts : y en a point ! Alors qu'il faut souvent se forcer pour finir un verre de mauvais Champagne, vous pouvez ici boire trois flûtes d'affilée sans vous lasser (d'autant que le breuvage fait 9.5 ° d'alcool).
Jacky et Odile maîtrisent maintenant le processus. Le premier millésime de Ribambulles n'était pas aussi réussi. Bulles un peu grossières et un côté "sucraillon" qui manquait de tact mais maintenant l'âge de la maturité est arrivé! La production de bulles ne s'improvise pas, nombreux sont les vignerons qui s'y sont cassés les dents...  

Dans la mesure du possible, j'essaie toujours de déguster le vin avant de regarder le prix. Là, je m'étais dit : jusqu'à 11-12 €, c'est irréprochable. Je vais ensuite faire un tour sur le site : 9.60 € ! Pour tout dire, je suis carrément impressionné de la qualité de ce vin  à moins de 10 € (en bio certifié, en plus). Il y a des sacrées pépites sur Vins étonnants !


Ce vin est une méthode ancestrale (une seule fermentation) à base de Gamay cultivé sur coteaux granitiques par les Verdier-Logel. Il est moins sucré que la version précédente (30 g contre 50g/l) ce qui le rend très facile à boire, même en apéro. En fin de repas, il sera parfait avec des desserts aux fruits ou même au chocolat (alors qu'un champagne paraît souvent abominable).

Pour ceux qui connaissent, on est très proche du style d'un Cerdon du Bugey.

jeudi 14 février 2013

Un repas au champagne pour la Saint-Valentin



J'avoue que c'est un peu ballot de vous sortir ça le jour-même de la Saint-Valentin. Vous n'avez pas le temps de faire les courses d'ici ce soir et oublié de commander votre champagne à Vins étonnants. Pas grave : mettez ce texte en favori et servez-vous-en l'année prochaine ;-)

En mise en bouche  :




(ou un champagne à dominante Chardonnay un peu évolué)





On continue avec les mêmes avec :




En fromage, forcément du Chaource

avec les fonds de bouteille ;-)




Bonne fête aux amoureux !!!


mercredi 13 février 2013

Boutonnière : je craque !



J'ai poursuivi mon exploration des vins des Mondon-Demeure par un vin appelé Boutonnière. Pas d'explication alambiquée pour expliquer ce nom. C'est tout simplement le nom de la parcelle où sont vendangés les raisins entrant dans cette cuvée. Elle est située  à 700 m d'altitude sur un sol granitique (commune de Lavieu) et fut durant la 1ère moitié du XXème siècle la fierté des montagnards. Elle est plantée de vieilles vignes de Gamay comme on n'en fait plus, mais aussi d'une dizaine de variétés d'hybrides, dont du Seibel. Le tout est récolté à forte maturité, car cela permet d'éviter le goût "foxé" typique des hybrides. Puis le tout est vinifié en grappes entières avant d'être élevé 8 mois en barriques. 



La robe est grenat sombre, brillante.

Le nez est dominé par les fruits rouges et noirs bien mûrs, avec un côté végétal (ronce) qui apporte de la fraîcheur, mais aussi quelques épices apportés par la barrique.

La bouche est  ronde, veloutée avec un fruit expressif et gourmand, avec toujours ce petit goût végétal de rafle qui vous titille les papilles.

La finale est savoureuse, sans dureté, avec ce goût de revienzy que j'aime tant.

Un vrai vin de copains, à ouvrir sur un casse-croûte improvisé, un pot au feu ou une volaille rôtie, et qui devrait faire l'unanimité. À 6.90 €, le rapport qualité/prix me semble trèèès favorable.


mardi 12 février 2013

Entretien avec JM Comme


Baptiste de la Passion du goût a réalisé un entretien avec Jean-Michel Comme à l'automne dernier. Le régisseur de Pontet-Canet y explique clairement sa vision de la biodynamie qu'il a éprouvée préalablement dans sa propriété du  Champ des treilles

En voici le tout début. La suite est ICI

D’où vous vient votre passion de faire du vin ? Quel est votre parcours ?

Cette passion me vient du fond du cœur. J’ai toujours eu un lien à la terre. Je suis un fils de paysan, c’est inscrit en moi. J’ai toujours vécu entouré de vignes. Enfant déjà, je participais aux travaux des vignes. Tout ceci me plaisait. J’ai donc naturellement suivi, après l’obtention de mon bac scientifique, un cursus d’ingénieur agricole avec une spécialisation en viticulture. J’ai ensuite obtenu un diplôme d’œnologue. J’ai été engagé par Christian Moueix à Libourne [Les Moueix possèdent Pétrus, entre autres domaines prestigieux, NDR]. Je n’y suis resté que six mois car le poste auquel j’aspirais n’a finalement pas été créé. C’est en répondant à une petite annonce que je suis arrivé à Pontet-Canet, en 1989, à l’âge de 24 ans (lire la suite...)




jeudi 7 février 2013

Off's de Loire (3) : le retour du Jediv'


Ce salon se passe à une vingtaine de kms au sud de Saumur, 
dans les carrières donnant sur les douves du Château de Brézé.


Un lieu rien moins que superbe !


Philippe Bornard (Jura) : tout est à tomber ! 


Plusieurs nouvelles cuvées à venir au Domaine des Cavarodes


Elian Da Ros : des cuvées plus abordables dans leur jeunesse !


Domaine de Rouges Queues : des bourgognes d'une pureté de fruit incroyable !


De nouvelles cuvées gourmandes et fruitées chez Simon Busser


Le futur Rayas ? Peut-être...


Damien Coquelet : des Chiroubles maginifiques !


Un (noble) visage sur Pheasant's tears


Jean Claude Lapalu : ensorcelante cuvée des fous !





Stéphane Tissot a toujours la banane ;-)


Fred Sigonneau (Domaine de l'R) :  à rencontrer absolument !!!


Etienne Courtois : des vins purs, fins, tendus ... top !


Philippe Delmée : un fou furieux aux vins incroyables (ci-après)






Marc Houtin : le retour (brillant) du Pink Fluid  !