Il faut commencer à se faire à l'idée : le profil des vins est en train de changer, et il y a peu de chance qu'il y ait un ralentissement de la tendance, et je ne parle même pas d'un retour en arrière. Lorsque j'avais dégusté les 2018 de La Pépière en janvier dernier, j'avais été étonné par la rondeur de ces muscadets .... qui ne faisaient plus vraiment muscadets. Dès que nous les avons reçus, j'ai voulu regoûter pour confirmer ou infirmer mon impression : je trouve qu'ils se sont plutôt retendus, particulièrement les Briords, et qu'ils gardent tout de même un profil frais, à défaut d'être vifs.*
Muscadet Sèvre et Maine 2018 (8.00 €)
Le nez est plutôt discret, sur la pomme chaude et la pierre humide. Une légère touche citronnée, aussi.
La bouche est de belle ampleur, avec une matière ronde, mûre, charnue, tonifiée et rafraîchie par un léger perlant qui n'a jamais été autant le bienvenu.
La finale est tonique, évoquant le pamplemousse, avec un mix subtil d'amertume et d'astringence, et une persistance sur des notes épicées/salines.
Clos des Briords 2018 (10.50 €)
La robe est jaune paille, brillante.
Le nez est encore plus discret, dominé par le pierreux, juste égayé par quelques fleurs blanches.
La bouche est élancée, étirée par une fine acidité – renforcé par le gaz carbonique. La matière est fine, aérienne, sur une aromatique très "jus de caillou". C'est austère, mais comme peut l'être une belle église romane (Tournus, par exemple).
La finale finement crayeuse prolonge la bouche sans à-coup, avec une juste une légère accentuation de l'astringence et de l'amertume, sur des notes citronnées/salines.
* Le phénomène touche évidemment toutes les régions. J'étais jeudi dernier chez Julien et François Pinon pour découvrir les 2018 : ils sont très bons, mais rien à voir avec les 2015 ou même 2016. Ils sont plus ronds, avec des sucres résiduels dans les "secs". Pour des vins vifs, va falloir aller en Allemagne ou en Belgique...
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