vendredi 7 juin 2019

La révolution Rioja


Comme dans beaucoup d'autres grandes appellations, la révolution stylistique est en cours en Rioja. Elle ne concerne pas seulement l'abandon du chêne américain qui est indissociable de cette appellation. Mais aussi des élevages beaucoup plus courts (adieu Gran Reserva !). Mais Juan Carlo Sancha va encore plus loin : il n'utilise absolument pas le Tempranillo qui pouvait pourtant paraître incontournable.

Professeur d'oenologie à Rioja, il se fait le défenseur de cépages autochtones qui ont quasiment disparus : Tempranillo blanc (une "chimère" du blanc), Maturana tinta et Monastel de Rioja (qui n'a rien à voir avec le Monastrell). Ses 5 ha de vignes sont situés en Alta Rioja, la zone la plus en altitude (environ 500 m) avec des sols calcaires pauvres qu'il n'amende surtout pas. Histoire de faire parfaitement les choses, il est en BIO certifié.


Les rouges sont fermentés et élevés dans des fûts de chêne français de 500 l. L'extraction se fait en douceur en roulant les fûts sur eux-mêmes dans le chai. Les pressurages sont assurées par un petit pressoir manuel à cliquet, très doux.

Le résultat final parle de lui-même : jamais je me suis autant régalé en buvant des riojas !




La robe est jaune pâle tirant vers le gris/argenté.

Le nez est fin, sur la poire, la pêche blanche et la pierre chauffée au soleil.

La bouche est ronde, de belle ampleur, avec une matière dense et mûre qui réussit à rester fraîche et croquante, et d'une gourmandise assez irrésistible. Le tout est tonifié par un filet de gaz carbonique.

La finale mêle superbement l'astringence crayeuse à l'amertume du pomelo. C'est l'astringence qui finit par l'emporter avec un crayeux sacrément persistant (mais jubilatoire pour les amateurs du genre).



La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est envoûtant, sur la framboise confite, le benjoin, le poivre blanc et une touche balsamique.

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière dense au toucher soyeux qui vous enveloppe le palais et une fine acidité quasi imperceptible qui trace et étire le vin au delà même de la finale. Le  fruit est  d'une grande pureté, souligné par des notes de garrigue et de poivre.

La finale poursuit la dynamique, avec un fruit qui gagne encore en intensité et en éclat, un toucher qui se fait plus crayeux – terroir oblige – et une acidité transcendée qui confine au sublime. Magnifique.




La robe est grenat translucide.

Le nez est assez discret sur les fruits rouges et noirs, avec une jolie pointe de volatile qui apporte de la fraîcheur et du relief.

La bouche est de grande ampleur, déployant une matière dense et veloutée, nappante. Le fruit fait plus dans la sobriété par rapport à Maturana, même s'il n'est pas absent.

La finale est énergique, avec un toucher crayeux bien marqué, un fruit plus présent, et des épices qui jouent les prolongations. À attendre pour qu'il gagne en complexité.




Ce vin provient de vignes de Grenache noir de 107 ans  situées sur de hautes pentes exposées au sud et de terrasses sur un demi-hectare de terres héritées du grand-père de Juan Carlos Sancha. Ce vignoble unique ne produit que 19hl/ha.

La robe est  grenat très légèrement trouble.

Le nez est fin, profond, sur les petits fruit rouges et l'orange sanguine, et une acidité volatile d'une grande délicatesse.

La bouche est très ample, aérienne, avec une matière tout en finesse qui envahit le moindre mm² de votre palais. La tension se fait naturellement, sans avoir besoin de la moindre acidité (même si elle est là, imperceptible). On retrouve la pureté du fruit de Maturana, un bon cran au-dessus.

La finale contraste par sa concentration et son intensité, déployant une énergie superlative qui vous emmène vers le 7ème ciel du dégustateur. Grand vin, tout simplement.

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