jeudi 1 novembre 2012

Il est des saints plus tentateurs que d'autres...



Aujourd'hui, c'est la fête de tous les saints. Mais nous, amateurs de vins, avons certaines préférences à la matière car tous ne se valent pas . Voici donc un petit tour des saints les plus délectables.

Les saints blancs

Commençons par la trilogie bourguignonne, respectant une divine symétrie : le premier au nord, le second au centre, le troisième au sud. Le premier, Saint-Bris, est du genre à se faire remarquer. Alors que tous ses voisins ne jurent que par le Chardonnay, lui a adopté le Sauvignon. Cela donne un vin assez atypique, ne ressemblant ni vraiment à un Sancerre, ni vraiment à un Chablis. C'est un Saint-Bris, quoi. Et c'est pour ça qu'on l'aime. Saint-Romain, lui, est en côte de Beaune, à côté d'Auxey-Duresse. Sa rondeur aimable s'associe à une belle tension minérale, ce qui en fait un vin charmant dans ses premières années, pouvant avoir belle allure en vieillissant. Il existe aussi en rouge pour les amateurs du genre.



De par sa situation méridionale, le Saint-Véran est plus opulent et généreux que les deux précédents. Le sol argilo-calcaire lui permet tout de même de préserver une certaine fraîcheur. L'équilibre est donc au rendez-vous, permettant de jolis accords avec des dindes ou des poulardes crémées. Par contre, nous sommes au regret de vous annoncer que le Saint-Véran rouge n'existe pas. Vous devrez vous rabattre sur le Saint-Amour, qui lui n'existe pas en blanc.

Plus au sud encore, on trouvera le Saint-Joseph, composé de Marsanne et/ou de Roussanne. Nous sommes sur une version plus ronde et charnelle que les trois saints bourguignons. Histoire de faire la transition vers les saints rouges, l'un des plus beaux coteaux de l'appellation s'appelle Saint-Epine. Hervé Souhaut y produit un superbe vin issu de Syrah centenaires... 

Les saints rouges

Le plus septentional est le Saint-Nicolas, sis à Bourgueil. Selon les terroirs et l'imagination du vigneron, il peut être un sacré hurluberlu ou plus mystérieux... Kézako ? Vous le saurez ICI.

Dans la région bordelaise, on aime beaucoup les saints, mais aussi les croupes, surtout quand elles sont Gironde. Du côté gauche, deux Saints se disputent les faveurs de l'amateur. Saint-Julien fait plutôt dans la finesse, avec une belle texture soyeuse, ce qui ne l'empêche pas d'avoir de la profondeur. Saint-Estèphe est certainement l'expression la plus virile qui puisse exister du Saint. Dense, très charnu, il a beaucoup de mâche. Il faut souvent patienter de  longues années afin qu'il se dévoile pleinement. 


Du côté droit, Saint-Émilion est plus gracieux et féminin, avec une rondeur et une gourmandise dues au Merlot. Heureusement que le Cabernet Franc est là pour lui apporter un peu de rectitude, lui évitant de tomber dans la lascivité. 

Beaucoup plus au sud,  Saint-Chinian est un peu le Janus des Saints : d'un côté il présente un style fin et glissant, longiligne, grâce aux terroir de schistes. De l'autre, il est beaucoup plus puissant, charpenté, rappelant quasiment le Saint-Estèphe dont il partage les terroirs argilo-calcaires.

Les faux saints

Il y a ceux qui sont nés de l'imagination débordante de vignerons hérétiques tentant de contourner la législation républicaine. Comme la vigne de Saint-Saux du duo comique Duperé et Barrera (comprendre "vigne de Cinsault").

Il y en a qui osent carrément mettre sur la même étiquette Sainte et Frivole, ce qui me paraît une cause suffisante pour l'excommunication. Dieu merci, leurs vins sont très bons. Du coup, on leur pardonne pour peu qu'ils confient une partie de leur production à la paroisse locale pour en faire du vin de messe.

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