Si on m'avait dit un jour que je vendrais du Châteaumeillant, j'aurais dit "non mais tu m'as regardé, eh, fada !" Ceci dit, c'est plutôt plus crédible que mon boulot de pianiste dans un bordel, vu que je suis un handicapé total du clavier (pour les jeunes générations qui se demandent ce que c'est que cette histoire de piano, voir ICI).
Jusqu'à lundi dernier, j'avoue, j'avais une basse estime du Châteaumeillant. Il faut dire que j'ai vécu quelques années dans le Cher où il est produit, et il est peu de dire que je n'en avais jamais rien entendu de flatteur. Et puis, il y a les hasards de la vie. La rencontre qui change tout. Et tout bascule. Fô que je vous raconte...
Benoît Dutheil, néo-vigneron (de Châteaumeillant !) est un ami d'un client de notre site. Il lui a fait déguster son premier millésime (2012). Son ami lui dit : "C'est bon, ça ! Tu devrais le faire goûter à Vins étonnants, ça pourrait les intéresser." Benoît Dutheil nous contacte donc, et vient jusqu'à nos locaux pour nous faire découvrir non seulement son vin, mais aussi celui d'une néo-vigneronne, Solange Guérin, avec qui il partage le chai de vinification (enfin, ME faire découvrir, puisque Eric R, alias Lepatron, est en vacances) . Résultat : LE choc ! Du Gamay comme rarement j'ai bu, bien mûr, et pas marqué par la "carbo" ni la barrique (que de la cuve). Sur les deux domaines, nous sommes vraiment sur la micro-production puisqu'ils font chacun un demi-hectare, et que les rendements ont été faibles en 2012 (18 hl/ha) . Il n'y a donc que 900 bouteilles de chacune des cuvées.
Les soins apportés à la vigne et au chai sont dignes d'un cru bordelais : vignes enherbées et tondues. Effeuillage manuel et vendanges en vert. Vendanges manuelles lorsque le raisin a atteint une maturité parfaite (quand le pépin a le goût de noisette). Réception avec table de tri. Eraflage total, sans foulage, avec encuvage à l'aide d'un tapis convoyeur. Dans un premier temps, il y a une fermentation intracellulaire, un peu comme en Beaujolais. Les baies finissent par libérer leur jus. Elles sont alors pressées. Le moût qui s'est écoulé + le "moût de presse" sont assemblés puis finissent ensemble la fermentation en cuve comme le feraient un rosé ou un blanc.
Le résultat, ce sont des vins qui ont un très beau fruit, sans le côté "macération carbonique" dont je me lasse vite. Des tannins fins, soyeux, mais aussi une belle chair veloutée, non dénuée de profondeur. Et une persistance assez étonnante, prouvant qu'ils sont beaucoup plus que des vins de soif, même s'ils sont faciles à boire.
La grosse différence entre les deux, c'est le sol, car sinon, le vinificateur est le même. Alors que le domaine de Benoît est à moité sur des sédiments, à moitié sur des mica-schistes, celui de Solange est 100 % sur mica-schistes (avec un socle granitique en dessous).
La Coccinelle a une matière plus dense et charnue, avec un côté plus large que long pour reprendre la rhétorique montilienne, alors que l'Envie est plus longue que large, avec une finesse et une tension très schiste que j'adore. Mais franchement j'ai du mal à départager les deux.
Reste le prix (12.50 €), évidemment pas donné pour un vin d'une petite appellation comme Châteaumeillant. Je répondrais que :
- le rapport qualité/prix est malgré tout franchement bon. Il y a un paquet de vins plus cher que ça qui sont loin d'avoir leur niveau
- malgré le prix pro relativement élevé pratiqué, l'affaire n'est pas vraiment rentable pour nos micro-vignerons. En dessous, il vaudrait mieux qu'ils arrêtent tout de suite. Or ça, ce serait dommage : on peut vraiment considérer que dès leur premier millésime, ils sont les locomotives qualitatives de cette toute nouvelle AOP (2010). Leur initiative demande à être encouragée !
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Benoît Dutheil, néo-vigneron (de Châteaumeillant !) est un ami d'un client de notre site. Il lui a fait déguster son premier millésime (2012). Son ami lui dit : "C'est bon, ça ! Tu devrais le faire goûter à Vins étonnants, ça pourrait les intéresser." Benoît Dutheil nous contacte donc, et vient jusqu'à nos locaux pour nous faire découvrir non seulement son vin, mais aussi celui d'une néo-vigneronne, Solange Guérin, avec qui il partage le chai de vinification (enfin, ME faire découvrir, puisque Eric R, alias Lepatron, est en vacances) . Résultat : LE choc ! Du Gamay comme rarement j'ai bu, bien mûr, et pas marqué par la "carbo" ni la barrique (que de la cuve). Sur les deux domaines, nous sommes vraiment sur la micro-production puisqu'ils font chacun un demi-hectare, et que les rendements ont été faibles en 2012 (18 hl/ha) . Il n'y a donc que 900 bouteilles de chacune des cuvées.
Les soins apportés à la vigne et au chai sont dignes d'un cru bordelais : vignes enherbées et tondues. Effeuillage manuel et vendanges en vert. Vendanges manuelles lorsque le raisin a atteint une maturité parfaite (quand le pépin a le goût de noisette). Réception avec table de tri. Eraflage total, sans foulage, avec encuvage à l'aide d'un tapis convoyeur. Dans un premier temps, il y a une fermentation intracellulaire, un peu comme en Beaujolais. Les baies finissent par libérer leur jus. Elles sont alors pressées. Le moût qui s'est écoulé + le "moût de presse" sont assemblés puis finissent ensemble la fermentation en cuve comme le feraient un rosé ou un blanc.
Le résultat, ce sont des vins qui ont un très beau fruit, sans le côté "macération carbonique" dont je me lasse vite. Des tannins fins, soyeux, mais aussi une belle chair veloutée, non dénuée de profondeur. Et une persistance assez étonnante, prouvant qu'ils sont beaucoup plus que des vins de soif, même s'ils sont faciles à boire.
La grosse différence entre les deux, c'est le sol, car sinon, le vinificateur est le même. Alors que le domaine de Benoît est à moité sur des sédiments, à moitié sur des mica-schistes, celui de Solange est 100 % sur mica-schistes (avec un socle granitique en dessous).
La Coccinelle a une matière plus dense et charnue, avec un côté plus large que long pour reprendre la rhétorique montilienne, alors que l'Envie est plus longue que large, avec une finesse et une tension très schiste que j'adore. Mais franchement j'ai du mal à départager les deux.
Reste le prix (12.50 €), évidemment pas donné pour un vin d'une petite appellation comme Châteaumeillant. Je répondrais que :
- le rapport qualité/prix est malgré tout franchement bon. Il y a un paquet de vins plus cher que ça qui sont loin d'avoir leur niveau
- malgré le prix pro relativement élevé pratiqué, l'affaire n'est pas vraiment rentable pour nos micro-vignerons. En dessous, il vaudrait mieux qu'ils arrêtent tout de suite. Or ça, ce serait dommage : on peut vraiment considérer que dès leur premier millésime, ils sont les locomotives qualitatives de cette toute nouvelle AOP (2010). Leur initiative demande à être encouragée !
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merci pour ce petit récit très sympa et légé comme je les aime.
RépondreSupprimerbravo pour la mémoire j'ai revu notre rencontre en vous lisant.
afin de vous rassurer notre aventure ne fait que commencer et je l'espère durable, toutefois je regrette ne pas avoir trouvé le pianiste pour faire un bœuf.
benoit le néo-vigneron