vendredi 5 avril 2019

Soirée autour des vins de Loire


Mercredi soir, la joyeuse équipe du  "club Vins étonnants" s'est retrouvée au Relais Louis Blanc pour une session Loire.  Comme nous avions déjà abordé ce thème il y a moins de deux ans, il fallait se renouveler. Cela n'a pas été trop difficile, car nous avons référencé entre temps pas mal de cuvée ligériennes. J'ai choisi de servir trois cépages –  chenin, cabernet-franc et sauvignon –  par paire. Et puis une bulle pour l'apéro et un liquoreux pour le dessert. 


Pour démarrer, donc, une Bulle Nature des Grandes Vignes. Un assemblage de Chenin, Chardonnay et Grolleau vinifié en méthode ancestrale (Pet' Nat' pour les intimes). C'est frais, désaltérant, ça se descend tout seul, sans prise de tête. On peut lui reprocher son manque de complexité et de profondeur. Mais c'est juste pas fait pour : on est dans le glouglou à l'état pur, 100 % raisin et sans sulfites. 


Puis nous attaquons la première paire avec la terrine de poisson. À ma gauche, un Saumur blanc 2018 signé Arnaud Lambert (sol argilo-calcaire) ; à ma droite, un Anjou blanc Petit Princé 2016 du domaine Bablut (schistes ocres et roses). Le premier est assez "primaire" au nez – zeste d'agrume, craie humide – alors que  le second est plus élégant et complexe –  fruits blancs mûrs, miel, fumée. Cela se retrouve en bouche : le Saumur explose de fraîcheur pour se conclure sur une finale crayeuse intense ; l'Anjou est long, fin, élancé, aérien. Mais  la donne change totalement avec la terrine : le vin d'Arnaud Lambert est plus  à son aise avec cette entrée. Sa "rudesse" de jeunesse est gommée pour n'avoir que son côté gourmand et frais, alors que le vin de Bablut paraît presque trop mûr, avec le risque de devenir fatigant. Le vin est très bon, mais le contexte ne lui sied guère. Quant au Saumur,  il  vient d'être mis en bouteille. Gageons qu'il sera encore meilleur dans les mois – et années – à venir. 


Nous passons aux rouges avec le filet mignon aux champignons. À ma gauche, un Saumur-Champigy "Montée des Roches" 2017 d'Arnaud Lambert (fine couche d'argile sur roche-mère calcaire) ; à ma droite, un Anjou l'Ancrie 2014 des Grandes Vignes (schistes gris et noirs). Lorsque j'ai ouvert les deux en fin de matinée, j'ai un peu eu peur pour le Saumur, car il me paraissait austère et peu expressif par rapport à l'Anjou. Les 9 heures d'aération (sans carafage) lui ont été profitables. En fait, on retrouve tout à fait la description que j'en faite sur ce même blog lundi dernier : il est très ample, aérien, avec des tanins tellement fins qu'ils sont imperceptibles. C'est un souffle qui vous submerge et ne vous lâche plus. Vendredi, je pensais avoir halluciné. Mais quand une dizaine de personnes vous le confirme, on est rassuré sur sa santé mentale ... et ses perceptions sensorielles. Et ce vin n'est qu'au tout début de son existence ! Autant dire que l'Ancrie a morflé, alors que bu seul, je ne doute pas qu'il aurait beaucoup plu. Mais là, il paraît trop mûr, trop concentré, trop boisé, trop "incarné", oserai-je dire (alors qu'il n'a aucun de ces défauts dans la vraie vie). 


Retour aux vins blanc avec le fromage de chèvre, cette fois 100 % sauvignon. À ma gauche, un Sancerre Les Chasseignes  2016 du domaine Fouassier (calcaire) ; à ma droite, un Touraine Zeus 2017, de Divin Loire. Bon, clairement, le Sancerre a dominé le débat  et fait l'unanimité : il est fin, racé, élégant, intense sans être invasif. La classe, quoi. Zeus est dans un tout autre registre : rond, frais, sympa, très agréable (et comme je l'ai déjà écrit, il me semble idéal pour ceux qui n'aiment pas le Sauvignon d'ordinaire – et qui ont un problème avec l'acidité). Le Chasseignes est certes 50 % plus cher que le Zeus. Ceci peut donc expliquer cela. Par contre, il est nettement moins onéreux que nombre de crus de Chavignol. Et en cela, il me semble être une excellente affaire !


Avec la tarte aux poires, nous avons bu un Coteaux de l'Aubance Grandpierre 2007 du domaine Bablut. Une robe d'un or intense aux reflets cuivrés et aux larmes épaisses. Un nez tout aussi intense, sur le confit confit, l'écorce d'orange et des notes rôties. La bouche est riche, onctueuse, tapissante, heureusement équilibrée et tendue par l'acidité typique du cépage. Comme la tarte est peu sucrée, le liquoreux passe comme une lettre à la poste*.

La prochaine fois, nous devrions partir dans le Roussillon !

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* je vous expliquerai un jour cette expression du siècle dernier. 


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