lundi 4 juin 2018

Visite chez Guillemot-Michel


J'ai profité de mes vacances pour visiter deux domaines du Mâconnais avec qui nous travaillons : Tripoz et Guillemot-Michel. La nouvelle génération étant en ce moment au Japon pour l' International Wine Challenge Sake Division (cf le livre écrit par Gautier), c'est Pierrette qui sort de sa toute nouvelle retraite pour m'accueillir. 


Pour l'heure, elle vit encore dans la maison avec Marc, mais ils devraient déménager d'ici peu pour laisser la place aux jeunes. Une façon de couper le cordon avec le domaine où il se sont investis depuis plus de trente ans. Même si j'ai du mal à croire qu'ils resteront inactifs durant leur retraite. On sent que Pierrette a encore plein d'énergie à revendre !


Le bureau et la salle de dégustation sont juste en face. Il y aussi un petit labo où Sophie et Gautier peuvent faire les analyses.


Pour accéder aux vignes, il y a juste à traverser un petit verger (avec de délicieuses cerises déjà mûres). Les 6,5 ha sont d'un seul tenant. Les premières fleurs commencent à poindre. Pierrette tient à me les faire sentir : c'est d'une grande délicatesse, rappelant un peu les fleurs d'oranger ou de citronnier. 


Il faut le bon timing pour travailler le sol argilo-calcaire. Difficile d'y entrer après quelques jours de pluie. Il faut ensuite faire vite avant qu'il ne devienne trop dur. Lors de mon passage, il était au stade quasi-idéal. Trente ans de biodynamie ont tout de même permis de leur apporter une bonne structure et de la matière organique. Vous n'avez ici que l'image, mais il sentait très bon (on se croirait dans un sous-bois). 


Les labours superficiels font remonter les éboulis de roche provenant du socle calcaire. Le sol étant décarbonaté, les vignes ne souffrent pas de chlorose. 


Des pieds d'âge honorable, même s'il y en a des plus vieux encore dans la parcelle qui a enfanté la cuvée Charleston (carrément centenaires). 



On passerait son temps à les contempler... 


La déco des cuves est certainement unique au monde : Pierrette me racontait qu'au départ, ils peignaient les cuves, mais la peinture ne tenait jamais plus de 2-3 ans. Le couple est donc allé à Decize (Nièvre) où se trouve l'un des meilleurs fabricants de carrelage de France. Cette référence bleutée – plutôt  destinée à une piscine ou à une salle de bains – était en solde. Ils ont pris le stock. Ils l'ont posé eux-même. Et depuis, ils n'ont plus jamais eu besoin de repeindre les cuves (et c'est très facile d'entretien). 


Les raisins ramassés en cagettes sont vidés dans ce pressoir pneumatique pour une extraction en douceur. Le jus est transféré dans une cuve inox pour être débourbé par gravité et le froid (les lies les plus lourdes descendent au fond) puis est transféré dans les cuves en béton carrelées. Ils y resteront jusqu'à leur mise en bouteille, puisque à part la cuvée Charleston, tout est élevé en cuve. 


Scoop : une nouvelle cuvée est en cours, vinifiée et élevée en amphore italienne. Elle porte le malicieux nom de "Retour à la terre" et devrait être embouteillée d'ici peu. Patience... 


Les gyropalettes destinés à la bulle du domaine sont simplement mécaniques, mais ils permettent tout de même de gagner du temps par rapport à un remuage manuel sur pupitre. 


Les bouteilles sont dégorgées avec cette machine.


La chaîne de mise en bouteille et d'habillage achetée d'occasion et réparée quand il le faut par Marc qui est bricoleur. 

Bon, tout cela donne soif. Si l'on dégustait ?

Le Viré-Clessé Quintaine 2016 a évolué très positivement depuis ma dégustation de mars. L'aromatique que j'avais trouvée plus exotique que d'habitude est revenu à un style plus typique des vins du domaine. Et le vin a gagné en tension et en profondeur. C'est plus que recommandable. C'est très très bon !

Je découvre donc la méthode ancestrale. Elle présente l'avantage de pouvoir être élaborée avec un raisin aussi mûr que les autres cuvées (alors qu'en "traditionnel", il faut du 11° max, car du sucre sera rajouté pour une seconde fermentation). Et du coup, on retrouve l'aromatique du Viré-Clessé, avec peut-être encore plus de finesse. On a une bouche toute aussi traçante, pure, soulignées par des bulles délicates, pas du tout agressives. Excellent ! (on va essayer de s'en procurer rapidement). 

Je fais ensuite une dégustation comparative entre la Fine et le Marc de Bourgogne. La Fine qui est issu des lies (qui sont habituellement envoyées en distillerie) fait penser à un vin par son côté tendu/traçant/énergique et ses notes florales. Alors que le Marc qui est issu des peaux des raisins a une aromatique beaucoup plus exacerbée, une bouche plus large et puissante, démonstrative. 

Je finis par leur Gin – appelé Djinn – qui est une petite merveille. En plus de l'inévitable genièvre, on retrouve de la cardamome, du gingembre, des baies de sansho, de la coriandre... C'est frais, complexe, sensuel, très bien équilibré. Une sacrée réussite pour une première ! À boire en lisant le magnifique poème d'Hugo


Merci à Pierrette pour l'accueil !

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