Le cépage Duras est une exception dans le paysage viticole du Sud-Ouest : fruit d'un mariage jurassico-bourguignon (Savagnin X Tressot noir), il n'a aucune parenté avec les Carmenets et les Cotoïdes qui peuplent la région. Et donc, pas de poivre/poivron, de tannins puissants, d'épices, de violette...
Même si Robert Plageoles est le premier avoir mis en avant le Duras, il existait encore à Gaillac des vieilles vignes de ce cépage. Le domaine Causse Marines possède ainsi une parcelle de 70 ans qui a servi à produire Du rat... et des pâquerettes. Patrice Lescarret a non seulement extrait la matière tout en douceur – juste quelques pigeages en 3 semaines – mais il n'a conservé que le vin de goutte. Si l'on ajoute à cela une quasi-absence de sulfites, zéro filtration, MAIS beaucoup de rigueur, on obtient un vin d'une grande pureté de fruit, avec une matière superbe, sans la moindre accroche. On ne peut que tomber sous le charme, pour peu que l'on ait l'esprit ouvert – car c'est tout de même un saut dans l'inconnu.
La robe fait penser à une grosse cerise Burlat liquide (cf photo infra)
Le nez est des plus étonnants, sur la cerise noire, l'orange sanguine/amère, et même quelques plantes médicinales – on croirait qu'on y a ajouté quelques gouttes de Macvin.
La bouche est élancée, tout en gagnant rapidement en ampleur, déployant une matière douce et veloutée, juteuse, profonde, dotée d'une grande fraîcheur aromatique reposant plus sur les amers que l'acidité. Cela lui apporte une intensité vibrante qui personnellement m'enthousiasme.
La finale tonique est totalement raccord, avec cette jutosité délicieusement amère et une tension qui monte d'un cran. Arrive seulement après une mâche gourmande, éclatante de fruit où se mêlent –joyeusement et sans agressivité – amertume et astringence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire