Mercredi soir, je faisais mon animation mensuelle (voir ICI l'épisode précédent) à Saint-Yrieix autour des vins rosés, histoire d'achever le cycle des couleurs (blanc-rouge-rosé). L'idée était de présenter cinq rosés très différents les uns des autres, tout en expliquant les process de vinification.
Mon support de cours était ni plus ni moins celui que je vous avais exposé en septembre dernier (séance de rattrapage ICI). Je lui avais juste rajouté les fiches techniques des différents vins.
Nous avons attaqué à l'apéro avec Ribambulles, une méthode ancestrale élaborée dans le Forez à partir du cépage Gamay. L'occasion d'expliquer la différence entre une méthode ancestrale et une méthode traditionnelle. La première donne un vin plus léger et plus doux, ce qui lui permet d'être bu aussi bien à l'apéro qu'avec un dessert aux fruits (où elle est beaucoup plus à l'aise qu'un champagne) ou à 4 heures au bord de la piscine. Ribambulles a une jolie couleur "pétale de rose" qui a plus beaucoup aux dames.
Le vin a été servi avec du melon présenté en petites brochette. L'accord était sympa, la mise en bouche et le vin se bagarrant pour savoir lequel était le plus rafraîchissant. 'videmment, c'est comme à l'école des Fans, tout le monde est gagnant, y compris le portefeuille, puisque la bouteille se négocie à moins de 10 € (enfin, façon de parler. Il n'y a même pas besoin de négocier pour l'acheter à 9.60 €. Par contre, si vous voulez l'acheter moins cher, il faudra effectivement négocier...)
Nous sommes ensuite passés à un prototype de rosé de pressée : le Côtes de Provence "En Caractère" des Dupéré-Barrera. J'ai expliqué que ce rosé était produit comme un vin blanc si ce n'est qu'il est issu de raisins noirs comme le Mourvèdre ou la Syrah. Le résultat est qu'il peut avoir les épices d'un vin rouge sans en avoir les tannins, ce qui est bien pratique pour l'accorder avec certains plats à base de tomate, d'ail, de poivrons, d'oeufs, de poisson, de safran...
Avec le plat préparé par le chef, l'accord était assez incroyable : le vin était sympa et rafraîchissant avant d'en prendre un première bouchée. Dès que vous commenciez à manger, le Côtes de Provence gagnait en présence d'une façon assez incroyable : de la droiture, de la puissance, des épices... Il devenait un vin de gastronomie à part entière, alors qu'un rouge aurait sacrément souffert, et que beaucoup de blanc aurait déclaré forfait. Pour beaucoup (dont moi), ce fut LE vin de la soirée, avec là aussi, un prix très raisonnable au vu de la qualité : 9.90 €.
Le vin précédent se serait bien plus avec ce "poulet à la provençale", mais il fallait passer au suivant. Nous changions totalement de registre avec le Chante-Coucou rosé d'Elian da Ros 2010. La couleur passe au rouge grenadine mâtiné de fuschia. La couleur est celle d'un rosé de saignée (en fait 20 % de saignée - Cabernet et Merlot - et 80 % de saignée : Malbec, Abouriou et Syrah). Et en bouche, cela ne ressemble plus du tout à un vin blanc : c'est beaucoup plus aromatique (fruits rouges) et épicé, avec un côté très vineux. Ce vin a beaucoup plus divisé l'assemblée. Il faut dire que contrairement au vin précédent, il n'a pas été sublimé par le plat, un peu trop neutre pour lui. Il aurait gagné à faire face à des travers de porcs laqués et bien épicés : c'eût été alors un combat de titans auquel j'aurais bien assisté.Bref, vous l'aurez compris : ce vin mériterait une seconde chance, car il a vraiment un joli potentiel et l'acheteur en a pour son argent (8 €).
Le vin suivant était super casse-g... car j'ai osé présenter un Cabernet d'Anjou 1979 du Domaine de Bablut. Je m'étais dit que ce serait sûrement la première fois de leur existence qu'ils boiraient un rosé de 34 ans !!! Je ne m'étais pas trompé. Après, il fallait tout de même que ça leur plaise... La couleur était séduisante sur un côté vieil or rose/vermeil. Par contre, le nez entre encaustique, vieille chartreuse et épices pouvait décontenancer. Idem pour la bouche, moelleuse sans être sucrailleuse, étirée par l'acidité toujours vaillante du Cab'Franc. Mais j'avais mon arme secrète : la vieille mimolette ! Certains convives qui n'avaient pas accroché avec le vin seul l'ont adopté définitivement avec le fromage. Comme quoi, un bon accord change tout. Ceci dit, je mentirais si je disais qu'il a plu à tout le monde. Beaucoup ont été déroutés, un peu comme beaucoup de novices face à leur premier vin jaune (moi le premier : je me rappelle avoir ramené mon premier Château Chalon à mon caviste en lui disant que ce vin avait un problème... LOL)
J'avais demandé au chef qu'il me prépare un dessert aux fruits rouges pour le vin suivant, le Pink Fluid 2012 de la Grange aux belles. Comme tout chef qui se respecte, il est un peu têtu, et a servi ... une glace au café ! Autant dire que l'accord était ... bizarre, on va dire. Bu avant le dessert, le vin paraissait un peu maigre après l'accord précédent. Et avec, c'était carrément pas ça. Bref, LE bide de la soirée. Ce qui n'a pas empêché qu'un convive m'en achète 6 bouteilles. Ca m'a mis du baume au coeur, j'vous jure :-)
La soirée à bien plus à tout le monde. C'est le principal !
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