Mercredi soir, c'était la dernière dégustation de 2016 au club Vins étonnants de Limoges. Nous avons donc bu un peu meilleur que d'ordinaire, même si les gentils membres n'ont rarement à se plaindre. Je ne parlerai que des bouteilles "officielles". En fait, il y en avait cinq de plus, dont les deux vins géorgiens dont je vous causais hier (je les ai ouvertes 3 h avant la dégustation).
Avec des gougères comté/noisettes, nous avons bu un Champagne L'âme de la terre 2003 de Françoise Bedel. Huit ans sur lattes, puis 4 ans de vieillissement après dégorgement : je vous laisse imaginer les arômes complexes, entre fruits secs et crème brûlée, la finesse des bulles, la texture crémeuse équilibrée par une fraîcheur bien présente malgré un millésime solaire. Tout le monde s'est régalé. Pour certains, l'un des meilleurs champagnes qu'ils aient jamais bus. Il n'est certes pas donné (44.50 €), mais ce n'est pas du tout déconnant par rapport à ce qui vous est proposé à ce prix-là dans les grandes maisons (un BSA avec 18 mois sur lattes).
Avec les Saint-Jacques & une réduction d'échalotes légèrement crémée, nous avons bu un Anjou Saulaies 2011 de Patrick Baudouin. Une robe dorée et un nez sur le coing confit et des notes fumées et tourbées. On croirait un liquoreux. Dès qu'on l'a en bouche, on s'aperçoit qu'il est sec de chez sec, avec une fine acidité qui tend et étire le vin, enrobée par une matière douce, presque moelleuse, au toucher presque aérien. La finale sur les notes confites/tourbées du nez se prolonge longuement. Un vin à la fois riche et digeste qui a bluffé tous les participants.
Avec un pavé de boeuf, duxelle de champignons et polenta, nous avons dégusté un Margaux Bel Marquis d'Aligre 1998. Je l'avais ouvert 30 heures avant la dégustation (sans épaulage) afin de l'aérer en douceur. Il était parfait : un nez frais et élégant sur la framboise, le Havane, avec juste un peu de sous-bois et une pointe mentholée. Une bouche pure, élancée, tendue sans être raide, avec des tannins soyeux et une aromatique fruitée/épicée. La finale sur des notes de tabac et de cèdre n'est pas interminable, mais des plus agréables. Une très belle découverte pour tout le monde, et encore un très bon rapport qualité/prix pour un vin à maturité (29.90 €).
En mars dernier, je vous avais parlé du Cellier des Chartreux 2012 du domaine Pignier. Je découvrais avec mes camarades le Cellier 2013 reçu il y a une semaine. Son style est moins démonstratif et baroque que son aîné d'un an. C'est la finesse qui règne en maître avec une acidité ciselée des plus élégantes. Les notes oxydatives sont relativement peu présentes : juste un peu de noix toastée et une pointe de curry. Un vin d'initiation pour ceux qui ont du mal avec ce type de vins. L'accord avec le comté, le curry et les noisettes grillées était évidemment parfait.
Pour finir, une salade de fruits exotiques présentée comme un cocktail. Avec un Monbazillac Madame 2006 de Tirecul la Gravière : robe évoquant l'or en fusion ; nez d'une grande complexité sur l'abricot rôti, la mandarine confite, le safran et le miel de fleur d'oranger ; une bouche voluptueuse d'une rare richesse qui réussit à rester malgré tout fraîche et digeste ; une finale en queue de paon qui n'en finit pas. Tout le monde est émerveillé par cet hymne liquide à la sensualité. On ne pouvait rêver meilleure fin de repas ... et d'année !
En janvier 2017, nous attaquerons avec les vins étrangers. J'ai hâte...
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