Pour la petite histoire, nous avions dégusté ce Pinot noir la Métairie il y a quelques mois. Nous l'avions trouvé super bon, mais Eric R. avait hésité à l'acheter, car il se demandait – à juste titre – si des clients étaient prêts à mettre 18.90 € dans un Pinot noir du Languedoc (alors qu'ils sont prêts à mettre le double ou plus dans un Bourgogne). Bon, et puis finalement, il a craqué pour quelques cartons. On verra bien, hein...
Forcément, il fallait en parler, parce que spontanément, peu de personnes vont se jeter dessus. Hier, après une bonne journée de travail, je me suis décidé à en ouvrir une. Au premier verre, il a un nez assez discret mais plutôt classieux, et une bouche ronde de belle ampleur, avec une matière dense et soyeuse. C'est vraiment joli, mais j'aimerais qu'il s'exprime un peu plus.
Je le ramène donc la maison. Cela suppose 10 minutes de marche avec 25-30 ° dehors. En arrivant, je le carafe et met celle-ci au frigo. Je la ressort 30 mn plus tard. Je m'en verse un verre. Outch, le nez "pique", et la bouche est agressive, acide. M.... voilà que j'ai flingué le vin avec le transport. 1. C'est c... car je viens de perdre un vin relativement cher (non, ce n'était pas un échantillon gratuit) 2. De quoi je vais causer demain sur le blog de Vins étonnants ?
Bref, je le laisse de côté dans la cuisine, en me disant que demain est un autre jour. On verra bien.
Et puis, sur le coup de 21h30, je retourne dans la cuisine pour me servir un verre d'eau fraîche. Je revois la carafe. Et je me dis, allez tiens, on va regoûter, tout de même. On ne sait jamais. Je m'en ressers donc un verre, et là...
Le nez est devenu foisonnant, complexe (tout en état limite "vaporeux" ) sur les fruits rouges confits, le noyau de cerise, le tabac, les épices ... et même une pointe de menthol/eucalyptus qui apporte de la fraîcheur.
La bouche est maintenant ample, très douce, raffinée, avec une matière dense et évanescente à la fois comme sait si bien le faire le Pinot noir, le tout superbement étiré par un fil arachnéen. Un pur bonheur de le garder en bouche sans qu'à un seul moment l'alcool apparaisse (alors qu'il doit être à plus de 20 °C).
La finale est imposante, longue et large à la fois, corsée mais sans aucune dureté... Un pur bonheur ! On y retrouve pèle-mêle les épices, le camphre, la réglisse, le poivre, le havane...
Pour apprécier ce vin, vous n'êtes pas obligé de reproduire tout le scénario ici évoqué. Mais je ne peux que vous inciter à le carafer trois bonnes heures, voire un peu plus. Et le servir à 17 °.
En tout cas, oui, ce vin mérite son prix de vente. Il n'a rien à envier à mon sens à des crus bourguignons bien plus onéreux. Il serait d'ailleurs intéressant de le placer en pirate dans une dégustation de vins de cette région.
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