vendredi 31 juillet 2015

Un jour au cirque : un vin d'équilibriste


Nous avons fait un saut de trois millésimes sur Un jour au cirque, passant directement de 2011 à 2014. J'étais évidemment curieux de voir ce que cette cuvée pouvait donner sur ce millésime 2014 que j'affectionne. Ma curiosité s'avère pleinement satisfaite : Olivier Pascal a trouvé les justes équilibres en terme de maturité (12,5 % pour un Grenache majoritaire), d'extraction minimale des tannins, de fraîcheur. Ce vin a une belle personnalité tout en étant jamais lassant, se contentant d'exprimer avec simplicité le beau terroir de schistes de Berlou.

La robe est grenat translucide légèrement violacée.

Le nez est fin et aérien, sur la violette, la framboise écrasée, la quetsche, l'ardoise chaude et le poivre blanc.

La bouche élancée est toute aussi aérienne que le nez, avec une matière fine et soyeuse, sans lourdeur, et une fraîcheur tonique qui se maintient jusqu'à la finale nette, savoureuse et épicée, bien marquée par le poivre et une pointe d'olive noire apportant une légère amertume. 

Un vin idéal avec de l'agneau, qu'il soit grillé ou cuit à basse-température, avec bien sûr un accompagnement sudiste : aubergine grillée, thym, olives... Pour moins de 7 €, c'est une belle opportunité :-)

jeudi 30 juillet 2015

Encore une soirée très éclectique !


Nous étions moins nombreux à notre réunion mensuelle de Saint-Yrieix, vacances obligent. On pourrait dire "ça en  fait plus pour les autres", mais même pas. Pour une fois, nous nous sommes limités à une bouteille, car pour douze dégustateurs, cela s'avère suffisant (surtout lorsque les 3/4 ne crachent pas). Bon, ça, c'est en théorie. En fait, il y a eu un craquage dès le deuxième vin servi ;-)




Pour l'apéro, une bulle, comme d'hab'. Cette fois-ci, j'ai choisi le Crémant Extra Brut de Rietsch. L'une des rares méthodes traditionnelles 100 % raisin (avec l'Indigène de Tissot). En effet la prise de mousse se fait un an plus tard avec le moût en fermentation de la vendange suivante (plein de sucre et de levure). Au moment du dégorgement, il n'y a ni sucre ni sulfite de rajouté. Bref, plus pur, tu peux pas... Et c'est bon, tout de même ? Ben, oui, tu m'étonnes. Un bulle très fine, pas du tout agressive, de la fraîcheur sans que l'acidité ressorte, du fruit bien mûr, presque miellé. Ca se descend tout seul, cette affaire :-)


J'avais demandé au chef qu'il nous refasse un risotto aux agrumes confits et au fenouil qui s'était marié superbement avec Terres Salées de Christophe Barbier. Je supposais que l'accord fonctionnerait aussi très bien avec LBV 2013 de Carrel. Dans les deux vins, on retrouve de l'agrume confit intimement mêlées à des notes d'élevage (vanille, beurre noisette, épices...) et une sacrée fraîcheur. Comme prévu, l'accord était somptueux. Et comme le chef avait du rab en risotto, une deuxième bouteille de LBV y est passée... sans qu'il en reste une goutte. Et mes lascars m'ont pris tout ce que j'avais dans la Kangoo. Par chance, j'en avais laissé six à Ambazac pour ceux que ça intéresse ;-)


Ca faisait un petit bout de temps que je voulais faire découvrir Alliance rouge au club. Mais il n'y en avait jamais assez en stock. Tout partait trop vite. Il faut dire que j'en avais écrit beaucoup de bien sur ce même blog. Avec les vacances, ça c'était calmé un peu. Allez, je les amène. Résultat : il a plu à tout le monde ! Du coup, le stock est de nouveau au plus bas... Il faut dire qu'avec le magret de canard rosé/grillé, c'était vraiment très bon, car le vin a du fruit et des épices à revendre tout en restant très doux au palais (tanins fins).


Il fallait un vin étrange dans la soirée. C'est tombé sur lui : Voyage en terres géorgiennes d'Emile et Rose. Un carignan blanc du Languedoc élaboré en vin orange (macération des peaux durant la fermentation) et en amphore. Au début, ça surprend un peu. Et après aussi. Blague à part, il a plutôt bien plu, car il n'est pas trop dur, ni trop barré et pas du tout déviant. Etrange, mais civilisé. Le mariage avec les pâtes dures et le curry était très bien (avec la confiture, moins).


Allez, une petite douceur pour s'en remettre. Avec une salade de nectarines, j'ai servi Grain de folie douce de Causses Marine. Un mélange de tous les cépages blancs du Gaillacois en vendange tardive. D'où une belle complexité aromatique et une sacrée gourmandise. Mais c'est sa fraîcheur qui marque le plus, avec cette acidité traçante qui évoque les meilleurs Jurançons. Petite merveille (euh, là aussi, le stock a pris une grosse baffe...).

mercredi 29 juillet 2015

Vin Santo : comment dit-on jouissif en Italien ?

 
Le Vin Santo, c'est en fait le vin de paille italien. Les raisins blancs (Trebbiano majoritaire, complété par de la Malvasia et de la Colombana) sont vendangés en septembre puis placés sur des nattes appelées graticci pour un long passerillage de mois. En février, les raisins ont perdu environ 40% de leur poids initial. Il sont alors pressés et démarrent leur fermentation en cuve. Lorsque le bon équilibre alcool/sucre est atteint (environ 13% alc.), le vin est entonné dans des fûts de chêne et/ou de châtaignier qui restent scellés durant  5 ans (interdiction d'ouiller, donc). Au bout de ce délai, on a le droit d'ouvrir... et on embouteille !
 
Rajoutons que le domaine Sorelle Palazzi est en agriculture bio depuis sa création il y a une quarantaine d'années.
 
La robe est entre le cuivre en fusion et le vermeil.

Le  nez est foisonnant sur l'abricot sec, la datte, le pralin et le toffee.

La bouche est ample, riche, d'une grande onctuosité, envahissant le palais par strates soyeuses successives. L'ensemble est toutefois équilibré, plutôt frais, ne tombant jamais dans le too much.

La finale est longue et intense, entre marmelade d'abricot, écorces d'oranges confites et épices de Noël.
 
Ce Vin Santo 2007 est plus à boire pour lui-même - en vin de méditation - que se surajouter à un dessert déjà sucré. Mais il va superbement bien avec des fromages affinés italiens  comme le Parmesan ou le Pecorino (le sel équilibrant parfaitement la liqueur du vin).
 
 

lundi 27 juillet 2015

Pressoir romain rouge : la baffe inattendue


Pour être honnête, je n'attendais rien de particulier de ce Pressoir romain rouge 2011, même si j'apprécie beaucoup son alter égo blanc. A la recherche d'un vin à faire découvrir, je suis passé devant la palette où les vins du domaine sont stockés. Cela m'a fait penser qu'un fidèle client m'avait demandé il y a quelques jours ce que je pensais du Pressoir rouge. "Allez, tiens, me suis-je dit, ça changera des vins du Languedoc et du Jura."
 
Deux minutes plus tard, elle est ouverte. Je me verse un verre. La robe est classique : grenat sombre, très légèrement évoluée. J'approche mon nez. Et là, la claque : une fraîcheur qui sort vraiment de l'ordinaire, mais surtout une odeur qui me ramène quelques en années en arrière : on se croirait dans un chai à barriques médocain, avec ces arômes de vins en cours d'élevage et de chêne intimement mêlés. J'irais même jusqu'à dire que je visualise (et surtout je sens) des employés en train de soutirer une barrique à moins d'un mètre.
 

A ces odeurs de chai d'élevage s'ajoutent des notes de cassis frais et d'herbes médicinales(ciste, romarin, menthol).

Lorsqu'un nez vous fait voyager ainsi, vous n'avez qu'une crainte : que la bouche ne soit pas à la hauteur. En l'occurrence, l'expression suisse "je suis déçu en bien" n'a jamais été aussi pertinente, même si elle minimise un peu trop l'évènement. Après la claque, la grosse baffe. La bouche est d'une droiture impressionnante, tendue par une acidité vibrante, tonique mais pas agressive, enveloppée d'une matière dense et veloutée, et surtout très fraîche grâce à des notes intenses de menthe et de poivre cubèbe, carrément obsédantes.

La finale éclatante, fraîchissime (sic),  prolonge la dynamique, reprenant pêle-mêle les notes aromatiques du nez et de la bouche, dans une sorte de bacchanale infernale et jubilatoire. J'adore. Vraiment. Peut-être parce que ce vin réussit à réunir ce que j'aime dans le Médoc et en Toscane. Cette espèce de fraîcheur qui vous transperce l'âme sans vous abîmer le palais.

Je ne vous l'ai pas dit jusqu'à maintenant car c'est presque secondaire : ce vin est un mélange assez surréaliste de Braquet, Mourvèdre, Syrah, Grenache, Merlot et Cabernet Sauvignon provenant des hauteurs de Nice. Bref, un vin vraiment étonnant.
 
PS : je ne peux évidemment pas vous garantir que le choc que j'ai eu se reproduira lorsque vous ouvrirez cette bouteille. Nous avons tous des ressentis différents même s'il arrive qu'ils se rejoignent. Par contre, je crois pouvoir dire que si vous aimez le Cabernet-Sauvignon dans ce qu'il a de plus expressif et les vins italiens à la droiture percutante, vous ne devriez pas être déçus. 

vendredi 24 juillet 2015

Aligoté de Nicolas Vauthier : ZE Brut de Cuve



Pour une fois, les vins de Nicolas Vauthier ont  droit à leur appellation  d'origine, et O l'Agité devient donc l'Aligoté qu'il aurait dû toujours être (car il n'a jamais démérité). Il est tamponné sur l'étiquette "tirage de printemps", et ça correspond bien à ce qu'il y a en bouteille : un "brut de cuve" sans aucune filtration ni dégazage. On pourrait trouver cela cavalier s'il avait plein de lie au fond de chaque bouteille ou une odeur de réduit nauséabonde, mais ce n'est pas le cas. Dès l'ouverture, le vin est plein de charme, et vous pourrez boire sans crainte la bouteille jusqu'à dernière goutte.

La robe est trouble, car elle contient des millions de micro-bulles, plus fines que celles que l'on trouve dans un effervescent classique. Aussi sûrement parce que le vin n'a pas subi de filtration.

Mais ce qui marque à l'ouverture, c'est le nez  d'une rare puissance : je le sens  lorsque  je verse le vin dans le verre à 30-40 cm. Très zeste frais de citron et des notes fermentaires (bière blanche).

La bouche fait penser à un Champagne Brut Nature. C'est vif, frémissant, avec de la micro-bulle qui picote intensément le palais. Ca peut beaucoup plaire, ou pas du tout. En tout cas, ça retranscrit très bien ces moments partagés avec un vigneron qui vous fait goûter une cuve venant de finir sa fermentation.

La finale arrache un peu, pulpe de citron à donf'. Là aussi, on adore ou on déteste (j'en connais déjà un qui ne va pas aimer du tout...)

Après dégazage ( à faire en douceur, car sinon, vous allez devoir refaire le plafond)

Le nez est plus subtil, même si toujours dominé par le citron. S'y ajoute un petit côté beurré et de la coquille d'huître.

La bulle ne parasite plus la bouche : elle gagne en ampleur et en tension, avec un côté plus rond/pulpeux. C'est très frais et gourmand, à condition évidemment d'aimer le citron et la pomme verte.

La finale est moins "brut de décoffrage", et évoque maintenant plus l'écorce de pomelo avec ce mélange d'astringence et d'amertume. Perso, j'aime vraiment bien, même si bien sûr on est loin d'un grand vin. Mais cette spontanéité, cette vie en pleine émergence, ça fait plaisir à boire et change sacrément des vins formatés (d'autant qu'il y a zéro défaut).

jeudi 23 juillet 2015

Chianti (vraiment) superiore


Pour des raisons d'exclusivité,  nous avons dû arrêter d'importer le domaine Majnoni Guicciardini. C'est bien dommage, car ses Chianti étaient extra. Pour compléter ceux de Casale, nous avons donc choisi ceux de Sorelle Palazzi qui partage le même stand que nos deux papys toscans à Millésime bio.  Il faut dire qu'il fait un Vin Santo à mourir. Et rien que pour cela, il a une place réservée au ciel !

Voici donc son Chianti Superiore La Casine di Badia 2012 issu d'une seule parcelle calcaire exposée plein sud. Son élevage en cuve puis en bouteille lui a déjà apporté de la patine et de la complexité. Et même s'il peut encore attendre quelques années, il se boit déjà très bien (ouvrir quelques heures à l'avance pour qu'il s'aére) avec du veau à la sauge, par exemple.

La robe est rubis légèrement évolué.

Le nez est fin, intense et complexe sur la quetsche, la réglisse, les herbes aromatiques (ciste, eucalyptus, menthol).

La bouche est ronde, veloutée, tendue et tonifiée par une acidité séveuse toute italienne aux accents garriguesques et résineux. Elle se prolonge dans une finale mâchue, intense, également marquée par ce côté résineux que je trouve personnellement irrésistible. La bouteille a pris rapidement une sacrée claque. C'est un signe qui ne trompe pas.

mardi 21 juillet 2015

Indispensable GPS !


Lorsque vous voyagez, il devient difficile d'imaginer le faire sans faire appel au GPS.

Lorsque vous buvez, c'est pareil. 

Car le GPS dont je vais vous parler aujourd'hui se boit. Oui, messieurs-dames.

Comme ses initiales l'indiquent, GPS est un assemblage de Chardonnay, Poulsard et Savagnin. "Euh, il y a un os, vont me dire certains. Chardonnay commence par un C et non un G". Z'avez pas tort. Mais le Chardonnay s'appelait autrefois dans le Jura le Gamay blanc (ce qui n'est pas idiot puisqu'il a les mêmes parents génétique que le Gamay). Et donc, Gamay blanc Poulsard Savagnin, ça fait bien GPS.

Cet étonnant assemblage explique pourquoi il est aussi mentionné sur l'étiquette vin blanc d'antan. Car autrefois (et pas que dans le Jura), on ramassait sans distinction cépages blancs et cépages - souvent complantés dans la même parcelle - et on les pressait et vinifiait tous ensemble. On peut donc considérer cette cuvée comme un hommage aux méthodes ancestrales (mais aussi une sorte de témoignage).

Signalons en plus que le domaine Pignier est en biodynamie et utilise parcimonieusement le soufre.
La robe est or pâle, ne trahissant pas la présence du Poulsard.

Le nez est fin, ample, aérien, sur des notes de noisette fraîche, de beurre citronnée et de pierre chaude.

La bouche se fait d'abord ronde, pulpeuse, puis se resserre en milieu de bouche et gagne en vinosité (dur de ne pas penser à un Champagne), pour se conclure sur une finale puissante dotée d'une grosse mâche crayeuse délicieusement astringente qui enchante ou désarçonne (moi, ça m'enchante d'être désarçonné).

Cela fait déjà quelques années que nous ne proposons pas uniquement des vins étonnants, mais ce GPS l'est, à plus d'un titre ! 

lundi 20 juillet 2015

QV : le Sauvignon, version orange


La mode du vin orange est arrivée jusque dans le Buzet. Magali Tissot et Ludovic  Bonnelle (Domaine du Pech) l'ont tenté avec le cépage blanc local : un certain Sauvignon. L'on voit clairement que le mode de  vinification supplante la variété de raisin utilisée. Le Sauvignon est méconnaissable !

Ceci dit, pour un coup d'essai, c'est une vraie réussite. Cette QV 2012 est pour moi l'un des meilleurs vins oranges que j'ai pu boire (ne vous précipitez pas tous dessus, on n'en a pas des centaines en stock).
La robe intense est entre l'or et le cuivre.

Le nez est tout aussi intense, sur les fruits séchés (pomme, poire), le raisin de Corinthe, avec une touche de cire et de résine.

La bouche est droite, tendue, avec une matière très dense, d'une grande puissance aromatique, au toucher moelleux/velouté et une sensation grasse.

La finale est riche, épicée, sans tomber dans le tannique de nombreux vins oranges. Un vin qui s'accordera avec des plats épices (tajines) ou des pâtes dures un peu vieilles (parmesan, comté, mimolettes...)


vendredi 17 juillet 2015

Vin & Pic : épique matinée !


Je ne vais pas vous refaire ici toute l'histoire du Gaec du Pic. Cet article raconte très bien comment tout a démarré, puis continué.  Depuis, Christiane et Daniel Mondon ont pris leur retraite méritée. Laurent et Christine Demeure continuent cette belle aventure.


Depuis 2013, ils se sont associés avec Pierre Rolle, oenologue de formation qui a déjà bien roulé sa bosse. Son expérience est un plus indéniable pour le domaine qui se nomme désormais Vin &Pic.

Christine Demeure me reçoit dans la boutique qu'ils ont désormais en plein-centre de Boisset-Saint Priest. Nous ne nous étions jamais rencontrés, mais l'ambiance est tout de suite très conviviale, avec l'impression de se connaître depuis longtemps.

Il n'est que 9h40 du matin, mais il n'y a pas d'heure pour les braves. J'attaque la dégustation des blancs secs...

Fort et libre 2013 (1/3 Gewurztraminer, 1/3 Viognier, 1/3 Chardonnay, n'existe qu'en magnum) : nez superbe, très expressif, faisant penser à une vendange tardive alsacienne. La bouche surprend, car son s'attendrait à un vin exubérant, baroque, onctueux. Et en fait non : c'est pur, tendu, aérien et totalement sec, avec une finale longue et minérale. Il a donc bien sa place en début de dégustation.

Chardonnay 2014 : nez sur le beurre et la noisette fraîche. Bouche ronde, équilibrée, mais assez convenue. J'attends des choses plus originales de ce domaine (mais ça doit être un vin rassurant pour beaucoup de personnes qui passent à la boutique).

Rav par 6 : nez discret.  Bouche pulpeuse, gourmande et désaltérante. Finale expressive très aromatique et quasi interminable (alors que l'attaque est aussi discrète que le nez).

La Diana 2014 (Viognier): nez abricoté et floral. Bouche ample, aérienne, avec une belle tension et un super équilibre. Finale saline et digeste. Le Viognier comme ça, j'aime ! 

Lie 2013 (Viognier) : nez plus exubérant que le précédent. En bouche, plus de rondeur et de volume, tout en restant très digeste (j'en parle plus longuement ICI).

Vigne d'Aldebertus 2013 : nez riche et classieux, entre pêche, violette et abricot confit. Bouche conjuguant tension et onctuosité, avec une superbe fraîcheur. La finale est légèrement sucrée, mais ça passe tout seul. Comme dirait Léo Ferré, c'est extra ! (lire aussi ICI).


Allez, un rosé pour la transition vers les rouges...

Rosé de Seibel : rond, vineux, intense, épicé. Très bien !

Et les rouges, donc.

Autrefois 2014 (Gamay, vin de France) : joli nez épicé. Bouche souple, mais vineuse, poivrée, avec une finale bien relevée. Un super vin pour "saucissonner" !

Thomas 2014 (Gamay, Côtes du Forez) : nez entre poivre et notes sanguines/ferreuses. Bouche plus rond et dense que le précédent, avec une matière veloutée. Finale punchy très épicée. On l'imagine bien avec un couscous :-)

Caractère 2014 (Gamay, Côtes du Forez) : le même, mais en plus tendu et en plus concentré. Très beau Gamay !

Boutonnière 2014  (moitié Gamay, moitié cépages hybrides divers) : nez très floral, d'un charme irrésistible. Bouche ample, veloutée, élancée, très charmeuse elle aussi. Ce vin est une petite merveille !

Syrah 2013 : le nez paraît terne après Boutonnière. Par contre, la bouche est séduisante, avec une matière ronde et soyeuse, intense, et une finale épicée. Une étonnante Syrah !

Syrah Merlot 2013 :  nez plus Syrah que Merlot. Bouche fraîche, tonique, mais manquant un peu de gourmandise après le reste de la superbe série. 

Et pour finir une gourmandise :

Cluya rouge (hybrides passerillés) : bouche ronde, au fruit très expressif, avec une fraîcheur incroyable. C'est à la fois très concentré et super digeste. Le sucre en final est quasi invisible. Un grand miam !

Je voulais bien sûr faire un tour au fameux pic, et si possible, rencontrer les autres membres de la dream team. Ca tombe bien : ils sont dans les vignes de Syrah plantées en contrebas du pic. Christine m'indique la route la plus courte pour m'y rendre.




Et me voilà donc à Saint-Romain le Puy, avec son prieuré situé en haut d'un pic basaltique.
(pour plus de détails sur celui-ci, lire ICI)


Les vignes de Syrah


Pierre Rolle et Laurent Demeure


Laurent Demeure me sert de guide. Le travail réalisé est énorme. Car non seulement après l'avoir plantée,  il faut s'occuper de la vigne tout au long de l'année (essentiellement du Viognier), mais aussi monter et entretenir des dizaines de mètres de murets pour consolider les terrasses.


Comme celui-ci


Du Gewurztraminer en échalas


L'intérieur du prieuré 

L'extérieur 


Une belle vue sur la plaine

Merci à toute l'équipe de Vin & Pic pour leur accueil !

jeudi 16 juillet 2015

Chinuri Amber : enfin un vin géorgien accessible !



Cela fait quelques années que les vins géorgiens sont à la mode. Forcément, on veut y goûter. Et l'on risque souvent d'être déçu. Car ils ont l'inconvénient de leur avantage, si j'ose dire. C'est bien de nous présenter aujourd'hui des vins produits comme il y a 4000 ans. Mais depuis, l'oenologie a fait beaucoup de progrès (avec parfois des excès, je vous l'accorde) et notre palais s'est habitué à des vins plus subtils, on va dire.   

Ce Chinuri amber n'est pas issu d'une longue macération des peaux et des rafles en amphore. Seul le jus pressé a été vinifié. Il a été néanmoins vinifié et élevé en amphore, ce qui apporte une légère oxydation (d'où la couleur prononcée).

La robe est d'un bel or.

Dès l'ouverture de la bouteille, le nez est fin et expressif sur des notes de poire séchée, de pâte d'amande, de zeste d'orange séché, avec une petite touche résineuse (térébenthine).

La bouche est toute en rondeur veloutée, avec une matière charnue, fruitée, bien équilibrée.

La finale est sèche et épicée. Elle n'est pas d'une longueur époustouflante lorsque vous le buvez seul, mais si vous l'accompagnez d'un plat épicé, le vin devient beaucoup plus long (effet de synergie)

mercredi 15 juillet 2015

Visite à la cave Verdier-Logel


Par ce temps de canicule, le travail à la vigne s'effectue en début de matinée ou en fin d'après-midi. C'est pour cela que je ne suis attendu au domaine Verdier-Logel qu'à partir de 11h00.  Odile et Jacky sont bien là, mais c'est leur neveu, Maxime Gillier, qui est chargé de me faire visite les parcelles.



Nous sommes à Marcilly-le Chatel. Il y a donc forcément un château. Datant du XIIème siècle, il a été construit sur un pic volcanique.


Le massif du Forez est constitué de granit. En bas de pente, on le retrouve sous une forme sableuse : les arènes granitiques. Lors du Miocène, le massif a connu une phase volcanique : des failles sont apparues dans le bloc granitique, laissant échapper de la lave, et formant des collines et pics basaltiques. A leur tour, ils ont  produit des débris et sédiments qui ont recouvert en partie les arènes granitiques. L'altération du basalte produit de l'argile. Après une pluie, le sol devient difficile à travailler. Dès que ça ressuie, il se transforme en béton. Il faut donc trouver le juste moment pour intervenir. 


Le basalte est riche en fer et autres minéraux. On trouve aussi de l'olivine incrustée dans la roche (les petites taches vertes). C'est le premier élément à se dégrader, laissant place alors à des petits trous.

La parcelle de Poycelan a été plantée en  1995 à partir d'une sélection massale de vieilles vignes. Ce qui n'était pas si courant à cette époque. Dès le départ, elle a été taillée en cordon de Royat (ce qui limite les rendements, et donne des grappes plus petites et homogènes).

Alors que la parcelle de la Volcanique située juste en dessous a été rachetée plus récemment à un coopérateur. Il l'a plantée la même année, mais en utilisant des clones moins qualitatifs et la taille Guyot. Il y a beaucoup plus de maladies de bois (Esca, entre autres). Maxime a fait une formation à la taille Poussard pour limiter celles-ci, mais ce n'est pas toujours facile de repartir sur de bonnes bases.

Ces deux parcelles forment un tout de trois hectares, représentant à peu près la moitié de la surface totale du vignoble. Dans la mesure du possible,  ils essaient de faire correspondre une cuve à une parcelle, l'assemblage se faisant après la fermentation malolactique. Quand Poycelan ressort vraiment du lot, ils en font une cuvée à part (sinon, elle rentre dans Volcanique). Cela a été le cas en 2013 et en 2014. 


Une parcelle d'arène granitique accueille le Viognier et le Pinot gris (clin d'oeil aux origines alsaciennes de Jacky Logel). Les deux occupent la même surface. On les reconnaît facilement à leur feuillage, et à la forme des grappes.

 Viognier

Pinot gris

Ici pas besoin de laisser un rang sur deux enherbés, car un tracteur peut passer même un lendemain de pluie. Lorsque les vignes seront un  peu plus âgées et installées profondément dans le sol, on pourra envisager de laisser de l'herbe pour faire de la concurrence.



Nous somme sur la parcelle du Rézinet qui permet de produire la Cuvée des Gourmets. Elle est un peu plus argileuse que la précédente sans l'être autant que la première. Le laps de temps pour la travailler est donc un peu grand, mais il faut tout de même être vigilant.


La parcelle des vignes en lyre a été plantée à titre expérimental dans les années 1980, en collaboration avec le SICAREX (centre de recherche du Beaujolais). Comme il s'agissait de faire des comparatifs, les rangs "droits" alternent avec les rangs en lyre. Cette taille oblige a réduire le nombre de pieds par hectare (3000 au lieu de 4500), ce qui nécessite de faire un plus gros rendement par cep. Du coup, on tire plus sur chacun pour avoir un rendement équivalent. Par ailleurs, de par leur configuration, il est impossible de passer l'outil intercep (l'herbe est fauchée à la débroussailleuse). La concurrence est donc plus importante.


Les pieds ont tendance à s'épuiser et à produire des grappes de plus en plus petites. Les rendements baissent mais la qualité augmente, avec un rapport peau/jus plus important.  D'où l'idée d'en faire une cuvée à part, la première vinifiée par Maxime : Apprendre à lyres.  


Passons à la dégustation. Elle s'est faite en deux temps. Quelques blancs avant le repas. Les rouges quelques heures plus tard.

Pierrelune 2014 (Pinot gris): nez sur l'abricot avec une touche fumée. Bouche ronde, fraîche légèrement perlante. Finale nette, salivante.

Pinot gris en vendange tardive 2014 (toujours en fermentation...) :  nez discret, avec des notes fermentaires. Bouche plus intense,  plus tonique, déjà harmonieuse.  Les 75 g  de sucres résiduels sont à peine perceptibles en finale.


Cuvée des Gourmets 2014 : rond, souple, très gouleyant, relevé par des  notes épicées. On en boirait des seaux !

Volcanique 2014 : plus dense, veloutée, avec un fruit d'une rare intensité. Extra !

Poycelan 2014 : encore plus riche et concentré, tout en ne perdant pas en charme et en fruit. Un Gamay exceptionnel (disponible à la rentrée...)

Apprendre à lyres 2014 : par rapport au 2013 dont nous avions parlé ICI, il est plus fin et long, sans notes boisées apparentes, dans un registre totalement différent des autres cuvées, avec un côté plus bourguignon (toujours en cours d'élevage pour l'instant)



Et puis deux cuvées expérimentales à partir de cépages pas vraiment locaux. Les raisins ont été cueillis dans les deux cas à 8,5 ° et augmentés de 2° par chaptalisation (là aussi, dispo en septembre)

Malbec 2014 : nez  à fond sur la crème de cassis. Bouche ronde, fruitée, très gourmande, avec des tanins soyeux. Finale très fraîche, sans aucune dureté. Jacky m'en avait donné une bouteille pour que je la partage avec mes amis stéphanois. Ils ont tous beaucoup apprécié !

Syrah 2014 : nez sur la cerise noire et le poivre. Bouche plus tendue, avec une matière veloutée, friande. Finale bien épicée, tonique. Ca ne ressemble à aucune Syrah connue, et ce n'est pas pour me déplaire...



 Merci pour l'accueil vraiment top ! On reviendra ;-)