vendredi 19 avril 2019

Magnifique soirée en Roussillon


Mercredi soir, le "Club Vins Etonnants" se réunissait de nouveau pour une dégustation autour du Roussillon. J'avais demandé une participation un peu plus élevée que d'habitude*, histoire de sortir des belles bouteilles. Les gentils membres n'auront pas regretté les 5 € supplémentaires : ils ont été bien dépensés. Ce fut certainement l'un des belles dégustations depuis que nous nous réunissons. Récit... 


Avec du jambon cru et une terrine de campagne, nous avons démarré par une paire de "petits blancs" ... pas si petits que ça. Ils démontent déjà la qualité des vins du Roussillon. À ma gauche, un pur grenache gris (schistes), la Coume des loups 2018 du Mas Mudigliza, et  à ma droite, un pur maccabeu (arènes granitiques : Famae 2017 du domaine Semper. Le grenache est longiligne, avec une attaque très fraîche, alors que le maccabeu est plus en rondeur et en chair, avec une finale plus persistante. Deux vins que j'ai trouvé tellement opposé MAIS complémentaires que j'ai suggéré de faire un assemblage à part égale, une fois que les 3/4 des deux verres étaient bus. Eh bien, ça donnait un vin très intéressant, plus complet et complexe, avec le corps du maccabeu et la vivacité du grenache. On comprend mieux pourquoi les deux sont souvent assemblés. 


Avec les asperges vertes/saumon en gravlax et crevettes, nous avons poursuivi dans la même logique : à gauche, Llum 2017 du Roc des Anges (80 % grenaches blancs et gris, 20 % maccabeu) ; et à droite, Pi Vell 2017 du même domaine, issu d'une  vieille parcelle  de maccabeu plantée en 1947. Ici, c'est le maccabeu qui est le plus longiligne, mais avec une classe et une intensité que n'avait pas le Famae. Ce Pi Vell est d'une beauté absolue qui a bluffé tous les participants, rappelant les meilleurs rieslings de Moselle. LLum a souffert de la comparaison : plus rond, plus facile, presque "vin de soif" (alors que bu seul, c'est un sacré vin !). 


Avec les ribs de porc et les légumes du soleil, nous sommes passés aux vins rouges, avec une paire de "petits rouges". Là encore, pas si "petits" que ça. À ma gauche, Impro libre 2018 de Toupie (oui, Toupie tout court), une cuvée sans sulfite (et sans défaut !) à base de grenache et syrah ; et  à ma droite, Voluptas 2016 du domaine Semper (70 % syrah, 20 % carignan et 10 grenache). Impro libre, c'est de la gourmandise à l'état pur, avec un fruit intense et frais comme on a du mal à l'imaginer en Roussillon. Voluptas est plus dense, plus structuré, plus complexe. Il fait plus "vrai vin" tout en offrant beaucoup de plaisir aux dégustateurs. Difficile de les départager. 

Entre la viande et le fromage, j'ai servi deux nouveaux rouges produits par le même domaine. Enfin, deux anciens, plutôt, puisqu'ils sont tous les deux du millésime 2000. Et tous les deux des collioures assez atypiques. Le Clos du  Moulin est un assemblage 90 % mourvèdre et 10 % counoise, alors que Junquets se la joue Hermitage avec ses 90 % syrah, 5 % marsanne et 5 % roussanne. Pour le premier, je regrette de l'avoir ouvert la veille, car l'aération (même très douce) l'a fatigué. À l'ouverture, le nez confinait au sublime, avec une bouche d'une rare élégance. Je saurai pour la prochaine fois. Par contre, le Junquets était plutôt fermé au départ, avec une bouche assez dure. Le soir du repas, c'était une pure merveille de finesse et de fraîcheur. Il ne faisait pas du tout son âge ! Un grand vin, tout simplement. 


Sont arrivés pour finir la fourme d'Ambert, indispensable avec les vin mutés, suivi par un moelleux au chocolat et cerises, tout aussi nécessaire. L'idée était de boire les deux derniers vins avec les deux plats, histoire de voir quels étaient les mariages les plus heureux. Nous avons donc un Maury 2015 du Mas Mudigliza et un Maury Tuilé 1996 sélectionné par Marjorie et Stéphane Gallet.  Le fromage faisait ressortir par contraste le fruit et la fraîcheur du jeune Maury. Alors que ce dernier était en fusion totale avec le dessert. Avec la fourme, c'est la finesse, la tension et les épices du vieux Maury qui étaient mis(es) en avant. Avec le moelleux au chocolat, il regagnait en jeunesse, avec d'étonnantes notes de cerises que l'on croyait disparues. Dans le deux cas, ce vin est une petite merveille. 


La prochaine fois, nous devrions partir en Italie !

_________________

*20 € au lieu de 15 €. Oui, ça va rendre fous ceux qui paient 50 € pour déguster 4-5  vins sans grand intérêt. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire