L'automne 2010 a été ensoleillé, et les raisins mûrissaient bien vite. Peut-être un peu trop. Aussi, lorsque les Tripoz ont vendangé leur parcelle des Morandes, il était vraiment temps de le faire, sous peine d'avoir un vin moelleux.
Avec un degré potentiel un peu au-dessus de 14°, les levures ont eu un peu plus de mal que d'habitude à faire leur travail. Elles ont même déclaré forfait 100 mètres avant la fin. Elles ont dû se dire que 13 °, ça faisait déjà pas mal. Du coup, il reste 20 grammes de sucre dans le vin, ce qui n'est pas plus dérangeant que ça si ce n'est que l'on perd un peu en typicité.
La robe est d'un bel or brillant.
Le nez fin et intense évoque la poire confite, la pêche au sirop, l'ananas, souligné par de légères notes empyreumatiques (noisette grillée, pralin, moka). La richesse du nez pourrait laisser penser que l'on a affaire à un liquoreux. Il n'en est rien.
La bouche est tendue, presque incisive, avec une matière ronde, bien mûre, intense aromatiquement, mais tout ce qu'il y a de digeste. Le vin est parfaitement équilibré, avec un très léger frizzante qui vous titille la langue;
La douceur finale est compensée par l'acidité et la fine amertume du vin. Si l'on ne savait pas que le vin contenait 20 g de sucres, on partirait plutôt sur 7-8 g maximum.
Si j'évoque le Morillon dans le titre, c'est que ce vin rappelle un peu l'un des vins "historiques" de Vins étonnants : le Morillon de Jeff Carrel, élaboré à partir de Chardonnay surmûri. Si l'on doit les comparer, je dirais que les Morandes est plus fin et moins boisé que le Morillon, jouant moins sur l'exubérance. Du coup, il est prêt à être bu dès aujourd'hui.
Même s'il est atypique, ce vin est polyvalent : il peut aller pour l'apéro, le foie gras mi-cuit, des crevettes thaï, un canard aux pêches, une pâte persillée, une tarte aux fruits... Bref, vous pouvez faire le repas avec une bouteille pour deux, quelques chandelles, et une once d'imagination...
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