jeudi 30 novembre 2017

Chloé : bordelaise dans l'âme


J'entretiens des rapports un peu compliqués avec Chloé. Parfois, je l'adore. D'autres fois, j'ai bien du mal à la supporter. Je ne parle pas de ma girlfriend, mais de la cuvée 100 % Merlot de Jean-Louis Denois. Sur 2010 et 2013, je la trouve vraiment trop boisée – mais je connais nombre de clients qui aiment cela – alors que sur 2012 et 2014, je la trouve juste parfaite : elle pourrait faire la nique à de très belles cuvées de la Rive Droite bordelaise. Je ne pense pas que Jean-Louis Denois ait changé grand chose dans son process. Il doit seulement y avoir des années où le bois s'intègre mieux que d'autres. 

Comme pour la plupart de ses cuvées, il n'y a un ajout de sulfite qu'à la mise, histoire d'assurer au mieux la conservation. Mais sinon, tout le parcours se fait sans SO2, ce qui exige beaucoup de soins lorsque l'on veut obtenir un vin "propre". Ce qui est le cas de celui-ci : difficile d'imaginer que l'on est en train de boire un vin contenant moins de 30 mg/l de SO2 total. Si ce n'est peut-être par son accès déjà très facile et sa douceur tactile. 

La robe est pourpre sombre à peine translucide, avec un disque bien violacé. 

Le nez est fin, classieux, mêlant les fruits noirs bien mûrs aux notes d'élevage (cela  sent exactement l'odeur que l'on a dans un chai de 1ère année bordelais : il pourrait le vendre en parfum d'ambiance !). 

La bouche est sphérique, avec une matière douce, veloutée, faussement aérienne (car on sent qu'il y a monde derrière cette apparente légèreté) qui vous emplit le palais. Le tout est  est tendu par une acidité quasi-impalpable, mais qui ne vous lâche pas de l'attaque jusqu'à la finale. En parlant d'acicité, le pH est plutôt élevé – 3.65 – mais on ressent une bonne fraîcheur, probablement due à l'aromatique légèrement mentholée. On retrouve également cette sorte de zénitude que j'évoquais à propos du Graupert, même si les vins ne se ressemblent pas du tout.

La finale ne fait que prolonger toutes ces sensations sans le moindre à-coup. Les tannins montrent juste un peu plus leurs muscles, mais cela reste très élégant, feutré. On retrouve les fruits noirs, les (belles) notes d'élevage, et puis en ultime sensation, ce mélange de cassis, menthol (et cigare) qui donne un grand coup d'air rafraîchissant. 

Alors que parfois j'aimerais l'oublier – car ce n'est pas des plus tendance –  ce vin me rappelle joliment que les vins bordelais font partie de mon ADN. Il en est un superbe représentant ... même s'il vient de Limoux ! 




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