jeudi 13 décembre 2012

Connaissez-vous le Sauvignonnasse ? Et les Cavarodes ?



Le Sauvignonnasse ne devait pas être du tout le thème de cet article. Mais il se trouve qu'en faisant une recherche sur un petit détail du sujet d'origine, on tombe sur quelque chose de totalement imprévu, mais  passionnant, avec une seule envie : le faire partager.  

Donc, au départ, j'expliquais simplement que je n'avais jusque là jamais bu un vin du domaine des Cavarodes. Et pourtant, il m'intriguait, ne serait-ce que par le profil on va dire "peu courant" de son propriétaire, Étienne Thiébaud



De tout ce que j'avais pu lire, il ne fallait surtout pas se fier à son look "rasta". Ce jeune vigneron de 26 ans est apparemment très méticuleux, avec une grande précision dans ses vinifications.


J'ai testé son entrée de gamme (8.60 €), le vin de pays blanc 2011, à base principalement de Chardonnay, complété par du Savagnin ... et du Sauvignonnasse (le v'là, le p'tit détail).

Nez : sur la tarte aux pommes du dimanche qui sort tout juste du four, complétée des notes beurrées/fumées/grillées (avec un petit côté "pétard" que l'on trouve dans certains Chardonnay de Tissot). Certains diraient probablement "cacahuète", une odeur souvent associée aux blancs du grand Jean-François Coche-Dury (un compliment, donc). Après une longue aération, la pomme se fait poire confite, avec moultes épices.

Bouche : charnue, gourmande, solide, avec une fraîcheur vivifiante, et ce côté grillé qui repointe vite son nez.

Finale sur une belle mâche salivante/savoureuse, toujours ce "pétard" qui persiste plusieurs dizaines de seconde après l'ingestion de la dernière goutte.

Ce qui est certain, c'est que l'on est loin d'un p'tit vin facile. L'anti-Tariquet, quoi (là aussi, c'est un compliment). Il a du caractère, autant dans sa structure que son aromatique. On l'imagine bien en vin de casse-croûte, avec une andouille de Vire taillée un peu épais, des cubes de comté et de vieux gouda. Mais aussi sur une soupe à l'oignon gratinée...

Et le Sauvignonnasse ?

Ah ben oui, c'est vrai. Faut que j'vous en parle. Il serait originaire de la Vénétie, mais s'est surtout développé ans le Frioul, d'où son autre petit nom : Tocai Friulano. Bon, ça c'était avant que les Hongrois défendent leur Tokaj national. Il est arrivé au Friulano ce qui advint au Pinot Gris alsacien. Il n'ont plus le droit de s'appeler Tocai/Tokay (et c'est logique, car il n'y a aucun rapport entre ces cépages et le Furmint hongrois).

Mais le plus intéressant, c'est que le Friulano était très présent dans le Bordelais au XIXème siècle, où il s'appelait Sauvignon Vert. Lorsque des viticulteurs traversèrent l'Atlantique, ils l'emmenèrent avec eux au Chili où il fut planté et multiplié ... comme Sauvignon "tout court". Pendant près d'un siècle, le Chili a produit du Sauvignon 100 % Sauvignonnasse. Jusqu'à ce que les producteurs se rendent compte de l'erreur. Et le remplacent par du vrai Sauvignon. 

Il n'y a apparemment pas de lien génétique entre le Sauvignon et le Sauvignonnasse. Ce dernier a une acidité moins marquée, des arômes moins exubérants, plutôt sur la pomme verte et des notes florales.

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