Je n'irais pas jusqu'à comparer 2015 à 2003, mais il est certain que les raisins ont vu l'année dernière plus de soleil que d'ordinaire. Enfin, l'ordinaire d'avant. Car même si certains continuent à s'enfouir la tête dans le sable, on ne peut que constater que ces dernières années (2014, 2015, 2016) sont les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète depuis 200 ans.
En 2003, donc, certains puristes du Pinot avaient été effrayés par le style solaire de nombreux crus de Bourgogne : c'est vrai que, bus à l'aveugle, ils pouvaient être pris facilement pour des vins du Rhône septentrional (je sais de quoi je cause : je me suis fait avoir à plusieurs reprises...). Cela a duré quelques années. Et puis, d'après les témoignages d'amateurs éclairés, le terroir a repris le dessus : aujourd'hui, les 2003 "pinotent" allègrement, même s'ils n'auront jamais le style asthénique des millésimes froids.
En 2015, toutes les régions n'ont pas été traitées à la même enseigne. Mais la Bourgogne fait partie des régions nettement plus ensoleillées que la moyenne des trente dernières années – entre 2 et 2.5 °C – ce qui est énorme (seul 2003 est au-dessus). Je suis loin d'avoir dégusté des centaines de Pinot 2015, mais ceux que j'ai bu sont souvent plus colorés et corsés que d'habitude, tout en ayant conservé une bonne fraîcheur (car les nuits d'été ont été plus fraîches qu'en 2003). Ce Hautes Côtes de Beaune du domaine des Rouges Queues en est un bon exemple.
La robe est grenat sombre aux reflets violacés. .
Le nez, sur des notes de rafle, de pépin (bien mûr), de raisin en fermentation, avec une p'tite pointe de volatile, fait encore très "brut de cuve".
La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière étonnamment dense pour le cépage, et une belle tension amenée par une volatile très "barralienne". L'ensemble est bien équilibré, avec une vinosité affirmée, rarement perçue dans un vin rouge (plutôt dans le champagne ... à base de Pinot noir !).
La finale est puissante, vineuse (encore !), avec des tannins denses (mais bien mûrs). Ça accroche un peu, mais c'est de l'accroche comme on aime, façon canaille. Là aussi, on est dans le Barralien à donf. Je me demande d'ailleurs si à l'aveugle je ne serais pas parti sur un vin de ce producteur ;-)
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