Je savais déjà que le Bergeracois donnait naissance à de grands blancs secs. En témoignent ceux de l'Ancienne Cure, de la Tour des Gendres ou Andréa de Tirecul la Gravière. S'ajoute aujourd'hui dans un style très différent cette cuvée Truculence de Vincent Alexis du Château Barouillet. Issue de vieux pieds de Sauvignon (60 ans), elle a connu une vinification semi-orange. Les peaux ont en effet macéré durant six jours avec le moût à 14 °C. Puis la vraie fermentation – en barrique – s'est faite sans elles. Elles n'ont donc apporté que de l'aromatique, mais pas de couleur, et surtout pas de tannins. Le résultat est donc moins "trash" qu'un vin orange classique, sans vraiment ressembler à un vin classique.
La robe est jaune plutôt pâle, légèrement trouble.
Le nez est percutant, sur des notes de pomme rôtie au beurre, d'abricot et de fumée, avec une toute petite touche résineuse (aiguille de pin).
La bouche est élancée, tendue sans être raide, enrobée d'une matière riche, pulpeuse, fruitée, d'une densité assez impressionnante. Aucune lourdeur, toutefois : on est plutôt sur la gourmandise sensuelle.
La finale monte encore d'un cran dans la densité : c'est puissant, mâchu, sans que ce soit tannique/astringent. Là encore, la gourmandise prime, avec les notes fruitées/beurrées/fumées perçues au nez, avec une intensité qui non seulement ne faiblit pas mais vous balance une belle baffe. On n'est pas loin du grand vin, pour peu que l'on ne soit pas dérouté par l'aromatique peu commune.
Ce n'est pas donné (18 €), mais il les vaut largement. Je connais pas mal de vins vendus plus chers qui ne vous apportent pas autant d'émotion.
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