vendredi 7 octobre 2016

Plongeon dans la Loire !


Lors de notre précédente séance, plusieurs participants avaient émis le souhait d'explorer cette belle région viticole qu'est la Loire. Comme je ne suis pas un garçon contrariant, j'ai farfouillé dans nos rayons pour leur présenter une palette assez représentative de cette belle région. Je ne suis pas remonté jusqu'à la source de la Loire – le Forez –  mais maintenant qu'on en parle, je me dis que ça pourrait bien être le thème de la prochaine soirée... 


Pour l'apéro – des rillettes de poisson – j'ai servi un Muscadet Clos des Briords 2015 du domaine de la Pépière. Comme il a été servi bien frais, c'est sa vivacité qui est mise en avant, et il n'en manque pas. Si vous le dégustez à 15 °C, vous aurez un vin très différent qui est décrit ICI, plus profond, plus ample et minéral. Et si vous attendez 10-15 ans, ce sera assurément une très belle bouteille (le plus dur étant de ne pas boire tout le stock avant...). À moins de 9 €, c'est une superbe affaire !


La dernière fois, nous avions beaucoup aimé le saumon préparé par le chef. Il revient sous une autre forme –  en tartare – avec du pamplemousse ... et du citron caviar (excellent idée !). L'objectif était d'accompagner deux vins issus du cépage Sauvignon. Les amateurs de buis et de pipi de chat n'auraient pas été à la fête. Le Sauvignon Vinifera 2015 de Marionnet avait un nez superbe, entre rose, mangue et agrume confit. Sa bouche précise alliait une matière bien mûre à une acidité fine et élancée. La finale, intense, était d'une gourmandise assez irrésistible. Un très joli vin ! Le Pouilly-Fumé 2013 signé Pierre-Olivier Bonhomme vient en fait de chez Alexandre Bain. Et cela se sent : la robe est d'un or prononcé. Le nez est marqué par la rose séchée, les épices et une fine pointe oxydative. La bouche est ample, riche, limite grasse, équilibrée par une bonne fraîcheur. La finale est dominée par les épices. Avec l'aération, les notes oxydatives ont tendance à prendre aromatiquement le dessus. Donc, pour profiter au mieux du vin, c'est tu ouvres, tu bois. Après, sur un plat plus adapté (volaille aux épices ? Ris de veau caramélisé ?) il fera certainement un excellent compagnon. Ceci dit, tous les convives l'ont beaucoup apprécié. 


Nous restons sur le thème du poisson avec un filet de bar au jus de pamplemousse réduit au sirop, julienne de légume et quinoa. Comme nous avions eu la dernière fois un Chenin de Touraine, j'ai amené cette fois-ci un Chenin d'Anjou : Effusion 2014 de Patrick Baudouin.  Le nez est assez subjuguant, conjuguant délicatesse et profondeur, sur des notes de pierre à feu (terroir en partie volcanique), d'ardoise chauffée au soleil (schistes carbonifères) mais aussi des notes plus typiques : poire mûre, citron confit, touche de coing. La bouche est à l'avenant : délicate et ciselée, mais l'on sent en arrière-plan une véritable énergie tellurique qui ne demande qu'à émerger. C'est déjà super bon aujourd'hui. Dans 10 ans, ça devrait être une bombe ! En face, un Cour-Cheverny François 1er  2010  du domaine des Huards, issu de très vieilles vignes de Romorantin – le cépage, pas la ville –  plantées en 1922 (soit 94 ans au compteur !). Michel Gendrier aime commercialiser ce vin lorsqu'il a 5 ans de bouteille, car il commence à partir sur des notes tertiaires. C'est vrai que le  nez ferait plutôt penser à joli Chardonnay d'une dizaine d'année (ils sont frères génétiquement). Mais la bouche est encore d'une jeunesse pétulante, avec une acidité expressive typique du millésime 2010. Elle a encore tendance à dominer le reste, même si on sent qu'il y a dans ce vin une sacrée belle matière. Mon expérience récente d'un magnifique 2002 de cette cuvée me laisse penser qu'à partir de 2020, ce 2010 devrait commencer à dévoiler tout son potentiel (et en 2025, ce devrait être encore mieux !).

Bon, il y avait tout de même des rouges, hein. Je les ai servis avec du Saint-Nectaire, l'un des fromages qui ne les massacre pas (à condition de ne pas manger en même temps la vinaigrette de la salade ...). Face à face, deux vins issu de Cabernet-Franc : à ma gauche, la Pépie 2015 du domaine de la Pépière. Comme je l'avais écrit ICI, ce vin est une bombe de fruit d'une rare gourmandise. Si le Cab'Franc de Loire était toujours aussi jouissif, il aurait beaucoup plus d'adeptes (tout ça pour 6.30 € !). À ma droite, un Chinon "Les folies du noyer vert" 2011 du domaine de l'R. Un nez qui paraît par contraste beaucoup plus austère, sur des notes de poivre de cassis et de ronce. La bouche a une matière nettement plus dense que le précédent, mais sans le moindre tannin qui dépasse, dans un style fruité/velouté. L'ensemble est tendu par une belle acidité, et la finale savoureuse ne montre aucune dureté. Ce vin peut donc se boire sans problème aujourd'hui – sur une côte de boeuf, par exemple – mais il commencera à gagner en complexité dans une bonne dizaine d'années. 

Pour le vin de dessert, il fallait surprendre. Aussi ai-je choisi un vin de 44 ans d'âge : un Coteaux de l'Aubance 1972 du domaine de Bablut. L'ouverture vers 15 h a été un peu délicate : le bouchon bien imbibé s'est cassé en plusieurs morceaux. Malgré tout, j'ai fini par tout retirer sans trop de débris. Je m'en suis versé un verre pour m'en remettre (mais n'en ai bu qu'une mini-gorgée). La robe fait très or en fusion, sans reflets ambrés/cuivrés. Donc a priori pas d'oxydation. Le nez évoque la mangue séchée, le coing confit, avec une pointe d'encaustique. La bouche est vive, fraîche, avec une acidité quasi tranchante. Celle-ci est enrobée par une matière dense et mûre, entre agrumes confits et miel de châtaignier. La fine est douce/amère, sans lourdeur, plutôt persistante.  Pour être honnête, je suis déçu en bien, comme disent nos amis suisses. Je ne l'attendais pas à un tel niveau. Le soir, il paraît un peu plus fatigué même s'il a de beaux restes. Il faut donc faire comme avec le Pouilly-Fumé évoqué plus haut : tu ouvres, tu bois

Le dessert, un cheese cake aux fruits exotiques, était un pur délice et s'accordait bien au vin (même si un vin plus jeune eût été plus pertinent). Il a conclu une soirée très sympa, pleine de découvertes pour beaucoup de convives. Nous nous retrouverons à Limoges le mois prochain. Et la semaine prochaine, il y a une soirée à Saint-Yrieix avec comme thème... le Languedoc ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire