mercredi 17 octobre 2018

Domaine des Ronces : le Jura comme on aime !


J'ai découvert les vins du Domaine des Ronces à la Levée de la Loire en février dernier. J'avais adoré le Poulsard et le Trousseau. Hélas, Kevin Mazier n'avait quasiment pas apporté de vins blancs. J'ai eu l'occasion de les découvrir fin mars au Nez dans le vert, la rencontre annuelle des vignerons jurassiens bio. Et j'ai tout autant apprécié. Les voici donc enfin chez nous : ce que j'apprécie chez eux, c'est qu'ils ne ressemblent pas du tout à ceux que peuvent faire les autres vignerons du coin tout en gardant la gueule de l'endroit (la typicité jurassienne). Bref, à découvrir de toute urgence, tant que les prix restent (relativement) raisonnables et les vins disponibles... 


Trousseau 2016 (20.90 €)

La robe est très claire, entre vermillon et corail. 

Le nez vous happe instantanément par ses notes fumés/grillées ("façon Mailloche") qui se mêlent  à la rose fanée et à la ronce. Avec l'aération, le grillé a tendance à s'atténuer, laissant encore plus de place au floral. Quelle délicatesse. 

Au départ, il y a un peu de perlant (gaz carbonique). Contrairement à un rouge plus dense/tannique, ce n'est pas plus gênant que cela. Mais perso, je pense que c'est nettement mieux sans. Une fois le vin vin dégazé, donc, la bouche est de grande ampleur, avec une matière très aérienne . qui caresse  en douceur l'entièreté du palais. C'est d'une évanescence chambollienne tout en gardant une identité bien jurassienne par ces notes de lard fumé/épicé. Et puis un fruit pur, délicat,frais. Équilibre parfait.

La finale ne rompt pas le charme (ouf !) : on pourrait presque dire qu'elle n'est qu'une simple prolongation de la bouche. Mais elle est un peu plus que ça : elle en est sa quintessence, avec une concentration de la matière sans provoquer la moindre dureté. Et mieux : un  gras inattendu surgit de nulle part et vous enrobe tout cela avec voluptuosité, avec un retour de la rose fanée, soulignée par le poivre et le lard fumé.  Un vin proche du fascinant. 


Pinot noir 2015 (17.00 €)

La robe est claire, entre vermillon et rubis. 

Le nez "pinote" joliment sur la griotte confite, le marasquin, contrebalancés par des notes de rafle et d'orange sanguine, formant un tout harmonieux et vraiment classieux.

La bouche est ronde, souple et fraîche, avec une matière soyeuse faussement légère qui trace son chemin. Aromatiquement, on est toujours sur la cerise confite, équilibrée ici par une noble amertume (noyau, bigarade) plus que par l'acidité – même si le vin n'en manque pas. 

La finale là aussi prolonge la bouche sans la moindre rupture, avec une juste une densification de la matière et un renforcement des amers : le noyau et la bigarade se font encore plus présent, accompagnés par des notes d'humus, d'épices et de rafle.

Un vin qui se situe entre un Pinot bourguignon et ... un Domaine des Tours.


Florale 2015 (17.00 €)

100 % Chardonnay ouillé

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez est expressif, sur les fruits blancs – pomme, poire, coing – rôtis au beurre, la brioche toastée et même une touche exotique (ananas, banane flambée). 

La bouche est longiligne, construite sur une acidité traçante, faisant plus penser à un Chenin qu'à un Chardonnay avec ce coing encore bien présent. Elle est enrobée par une matière mûre, solide, limite tannique, aux accents rocailleux. Si l'aromatique évoque une grande maturité, celle-ci est équilibrée par le minéral  et les notes fumées

La finale est tonique, concentrée, séveuse, faisant la récap' des épisodes précédents avec juste ce qu'il faut d'amertume pour apporter de la niaque et allonger le vin, renforcée par des notes fumées/grillées. 


Chalasse 2015 (19.50 €)

70 % Chardonnay 30 % Savagnin ouillé

La robe est proche du vin précédent. 

Le nez est plus discret, avec une thématique assez proche – fruits blancs rôtis au beurre, épices – mais dans un style plus fondu, comme si tout s'était déjà harmonisé. Avec l'aération, l'agrume confit apparaît. 

La bouche trace droit, mais avec une acidité moins perceptible – mais bien là –  tant elle est enrobée par une  matière kolossale :  c'est charnu, gras, moelleux, mais pas lourd pour un sou car on sent un gros minéral en arrière-plan. 

La finale est très Chenin Triple A, avec le trio Amertume (bigarade/quinquina), Astringence (pamplemousse) et acidité (citron) ... et les insolents amers qui finissent par prendre le dessus. Selon les goûts, ça passe ou ça casse. Chez moi, ça passe haut la main avec félicitation du jury : c'est typique ce que j'adore !

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