mardi 30 octobre 2018

Un match très Roques : Cabretta Vs Aurièges


C'est la première fois – hors salon – que j'ai l'occasion de déguster en même temps les deux grands vins blancs de la famille Roques : Cabretta 2017 du Mas d'Alezon et Les Aurièges 2016 du domaine de Clovallon. J'ai cru comprendre que Catherine – la il y az mère – s'occupait plus du premier et qu'Alix – la fille – gérait le second. Mais il y a des interactions/influences évidentes entre les deux. Que ce soit à Clovallon ou Alezon, on sent que les lignes bougent, avec des remises en question de part et d'autres. Ainsi, Cabretta revient en 2017 avec une plus grande protection en SO2 – en restant raisonnable –  histoire d'éviter les incidents qu'il y a pu y avoir en 2014/2015.  Quant à la cuvée Aurièges, elle est passée en "mode orange" en 2016. Je ne suis pas toujours fan de cette nouvelle tendance – il y a pléthore de vins improbables – mais en l'occurrence, c'est plus que réussi : c'est excellent. On est au sommet du genre !



Cabretta 2017 (21.90 €)

Clairette, Grenache et Roussanne 

(Vinification classique)

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est fin et profond, sur la poire, le citron confit, le beurre frais et une fine touche fumée/grillée.

La bouche est à la fois ample et élancée, déployant avec grâce une matière très douce, aérienne : une vraie caresse pour le palais. Cela n'exclue pas l'allonge et la tension, sans qu'il y ait besoin de faire appel à la moindre acidité perceptible (magie du schiste ?).

La finale prolonge le vin sans à-coup, tout en intensifiant les perceptions : une très fine mâche, une pointe d'amertume et un voile de gras sensuel – façon lard de Colonnata – qui vous enrobe tout ça. C'est bôôô !!!




Les Aurièges  2016 (14.90 €)

Chardonnay, Viognier, Riesling, Petit Manseng et Petite Arvine

(avec macération des peaux)


La robe est d'un or intense tirant vers l'orange, très légèrement trouble. 

Le nez est tout aussi intense, sur le terpène d'agrume – c'est le Riesling qui veut se faire remarquer – l'écorce d'orange séchée, la poire tapée et les plantes médicinales – style Chartreuse. 

La bouche est plus tendue que Cabretta – encore un coup du Riesling, mais peut-être aussi de la Petite Arvine ?  ou du Petit Manseng ?  – avec une grande  tension qui se poursuit  au delà-même de la finale. L'austérité est évitée grâce à une matière mûre,  dense, au toucher moelleux, exprimant un fruit à la limite du confit, tout en évitant le piège de la lourdeur. C'est en effet superbement équilibré, chacun des éléments ne prenant jamais le dessus sur les autres. 

La finale est explosive, donnant l'impression que votre palais a triplé de volume, jouant magnifiquement sur mon adoré Triple A : Acidité des trois cépages sus-nommés qui sert de colonne vertébrale, Astringence qui évoque l'écorce d'agrume ; et Amertume de la bigarade, du gingembre et du quinquina. Tout cela est subtilement dosé pour qu'il n'y ait rien d'agressif. On finit au contraire sur de l'aérien, de l'évanescent, avec une persistance sur l'orange amère et le citron noir d'Iran. Excellent !

Conclusion  : franchement, c'est difficile de les départager. J'aime autant l'un que l'autre, dans des styles très différents. Le premier est un vin de gastronomie qui s'accordera avec les mets les plus délicats (langoustines à peine cuites, voire crues, noix de Saint-Jacques) alors que le second appellera des mets plus puissants, charnus (homard, ris de veau, poularde...) et des sauces relevées. Tout au plus peut-on dire que le rapport qualité/prix d'Aurièges est un peu plus favorable. 

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