Jusqu'à hier, je n'avais pas eu l'occasion de boire côte à côte l'Irouléguy blanc et l'Errotik de Bordaxuria. Un coup c'était l'un. Un coup c'était l'autre. Disons-le de suite : le match n'est pas forcément équilibré. Le millésime est différent (2017 vs 2016). Le premier a été élevé moins d'un an (2/3 cuve, 1/3 fût de 400 litres). Le second près de deux ans (100 % fût de 400 l). L'assemblage est légèrement différent – l'Errotik a du Petit Courbu en plus du Petit Manseng et du Gros Manseng – et je suppose que les meilleurs raisins sont destinées à la grande cuvée du domaine.
Ceci dit, je pense qu'il y a un public pour les deux vins. Les personnes avides de sensations fortes pourront préférer la "simple" cuvée d'Irouléguy. Les personnes à la recherche de vins plus apaisés se régaleront avec l'Errotik.
Irouléguy 2017 (20.90 €)
La robe est d'un or intense, brillant.
Le nez est mûr, intense, sur l'ananas, la mangue verte, le coing, et un arrière-plan plus minéral (pierre mouillée, silex...).
La bouche est ronde, ample, dotée d'une matière dense et charnue qui vous envahit le palais avec énergie et tension, sans que la moindre acidité ne saille – elle est totalement intégrée à celle-ci. Le côté pierreux perçu au nez est par contre omniprésent. Cela rendrait presque le vin austère s'il n'était pas complété par une aromatique exotique, fruit de passion en tête.
La finale envoie du lourd, avec le Triple A que j'apprécie tant : une Acidité assez citrique, aigüe – ce coup-ci, elle est apparente – une Astringence et une Amertume qui vous donnent l'impression d'avoir mordu dans l'écorce d'un pomelo tout en buvant du Schweppes®. Le coing se mêle au citron vert et au maracuja. C'est ce dernier qui finit par l'emporter, laissant en bouche une fraîcheur électrisante.
Pour l'instant, on peut trouver cet Irouléguy 2017 un peu "brut de décoffrage". Ce vin demande encore à s'affiner. Perso, je le laisserais en cave 4-5 ans avant d'y toucher.
Errotik 2016 (26.95 €)
La robe est un peu plus dorée et intense.
Le nez est également plus mûr, avec des fruits plus confits (ananas, mangue, orangette), donnant l'impression d'un vin liquoreux – dégageant malgré tout de la fraîcheur. Le minéral, par contre, est moins présent – dans un premier temps, en tout cas : après aération et réchauffement, c'est "pierre chaude" à donf...
La bouche est plus tendue/traçante, et la chair se fait plus aérienne – presque gazeuse. Un vin plus dans l'élégance et la séduction, moins rentre-dedans. L'acidité est plus marquée, mais c'est celle qu'on aime, avec un esprit très mosellan (ou pinonien), toute en dentelle.
La finale, elle aussi, est plus élégante, mieux fondue. Il y a le prolongement de cette superbe acidité, une amertume plus bigarade que pomelo, et une astringence mieux intégrée, moins sauvage, qui rehausse ses deux frangines avec brio. C'est superbe, classieux, sans en faire trop. Le prototype du vin que j'adore. Et c'est déjà excellent aujourd'hui même si quelques années de garde devrait encore le complexifier.
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