Un certain nombre de clients locaux ayant été frustrés de ne pas avoir pu participer à notre première séance jurassienne, une deuxième a été organisée mercredi dernier. Le lieu et le menu était (à peu près) le même, mais la plupart des vins étaient différents. Voilà pourquoi je vous relate ici cette nouvelle soirée [ il y a une erreur dans la photo ci-dessus. Saurez-vous la retrouver ? ]
Avec les allumettes au fromage, le seul vin identique à la première rencontre : le Crémant du Jura Brut du Domaine des Ronces. Il faut dire qu'il me plaît beaucoup, qu'il offre un excellent rapport qualité/prix, et que, comme la dernière fois, il a été apprécié par tous les convives. Pour en savoir plus à son sujet, rendez-vous ICI.
Avec le toujours aussi bon plateau de charcuteries corses, j'ai amené cette fois-ci deux vins issus du trousseau : le Trousseau 2017 du domaine Pignier – il y a 15 jours, c'était le 2016 – et le Trousseau 2016 du domaine des Ronces. On sent que 2017 a été une année plus solaire que 2016 : le vin de Pignier est un peu plus coloré, plus dense, légèrement plus alcooleux, et a perdu ses notes florales au profit de fruits rouges bien mûrs et d'une (belle !) pointe d'encens. Il reste néanmoins très bon, fin, gourmand et a fait l'unanimité. Le trousseau du domaine des Ronces a plus divisé l'assemblée : le nez évoque le lard fumé et la rose fanée. La bouche est plus légère, et en même temps plus nappante, déposant un très léger film gras sur la langue. C'est une sorte de mix entre un vieux bourgogne évanescent et une version septentrionale du domaine des Tours. On adore ou on passe à côté *.
Avec le filet de volaille, j'ai servi deux vins ouillés que nous avons reçus il y a peu, provenant du négoce de Jean-François Ganevat : le Chardonnay la Barraque 2016 et le Savagnin ouillé la Barraque 2016. Même millésime, même terroir, même vinificateur. La seule variable est le cépage. Je reviendrai plus longuement sur ce "match" dans un prochain billet, mais en voici déjà un résumé : le Chardonnay est très bon, alliant rondeur et fraîcheur. Vous en boiriez avec plaisir jusqu'au bout de la nuit, sans vous lasser **. Il a un seul défaut, en fait : il est servi à côté de son frère Savagnin. Le nez de ce dernier fait encore plus chardonnay qu'un chardonnay, dans un style "Bourgogne sud". On pourrait s'attendre à une bouche lourde, pas du tout : une vive fraîcheur vous happe dès l'attaque et ne vous lâche plus jusqu'à la longue finale. Cette acidité est enrobée d'une matière dense et mûre avec qui elle s'équilibre parfaitement. Une merveille de vin qui a emballé tout le monde. Y a pas, même s'il n'a pas le diplôme, Fanfan est un Master of wine.
Avec le comté, j'ai gardé le même cépage, mais dans sa version "non ouillée" : le Savagnin 2015 du domaine Pignier. Le seul point commun avec le vin précédent est cette tension reposant sur une trame acide, ne vous lâchant pas une seconde. Mais sinon, c'est un autre monde : un nez sur la noix, le curry, la croûte de comté et le pain de campagne qui sort du four. Une bouche d'une grande délicatesse, cristalline et aérienne; contrastant avec une aromatique intense, limite violente. Troublant. La finale poursuit dans le même registre contradictoire, avec l'acidité arachnéenne en fil conducteur.
Pour finir en beauté, un financier au citron et une chantilly au pain d'épices, accompagnés d'un Suyquiême de Ganevat. Cette vendange très tardive (6 décémbre 2004) de savagnin et de vieux cépages jurassiens a été élevée en fût durant plus d'une décennie. On retrouve la trame acide des deux vins précédents dans un style plus exacerbé. Elle s'équilibre superbement avec une matière riche, sensuelle, ultra-confite. On côtoie sans problème les meilleurs liquoreux de la planète. Le mariage avec le citron du gâteau est délicieux, rendant cette soirée encore plus inoubliable !
Bref, à l'instar de notre première séance, on s'est vraiment pris une jurassic claque :-)
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* Cela dit, il demande une grosse préparation : quasiment une journée en carafe, avec secouage très régulier de celle-ci pour éliminer le gaz.
** En plus, il est sans soufre : il ne fait pas mal au crâne et ne rend pas malade ( je plaisante, ne faites pas ça).
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