jeudi 14 juin 2018

Après les petits cailloux, les petits Rochers...


Sur la dernière palette qui nous est arrivée de chez Xavier Weisskopf, il y avait en plus de Négrette et Touche-Mitaine trois "petits" vins qui ne sont pas en appellation Montlouis. Je vous ai déjà parlé du Chardonnay ICI en décembre dernier,  mais une piqûre de rappel ne fait pas de mal – enfin, celle-ci, en tout cas. Par contre, le Touraine rosé et le Chenin sont des vraies nouveautés à Vins étonnants

Le Touraine est un rosé de pressée issue de vieilles vignes de Côt et de Grolleau. En Loire, on pratique plus souvent la saignée, ce qui apporte un fruit gourmand. Là, seul ressort le caractère poivré/épicé des cépages. Ce qui en fait l'un des rosés les plus austères que j'ai pu boire (et ce n'est pas pour me déplaire). 

Le Chenin est issu de raisins provenant de Vouvray (sur argiles à silex).  Xavier Weisskopf a été confronté aux mêmes problèmes que Jacky Blot et François Chidaine. La vinification s'étant effectuée à Montlouis, cette cuvée a été classée en Vin de France. Précisons qu'elle a été vinifiée et élevée dans des demi-muids de 500 l de plusieurs vins.



Chardonnay 2016 (10.95 €) 

La robe est jaune paille, brillante. 

Le nez fait très Chardo, avec ses notes de beurre noisette, les fruits blancs bien mûrs, une pointe de grillé. Le tout rafraîchi par une touche de pierre humide. 

La bouche est ronde, fraîche gourmande, avec l'impression de croquer dans la baie de raisin. L'ensemble est frais, digeste, facile d'approche, tout en ayant du fond. 

On le sent d'ailleurs dans la finale crayeuse/saline, avec un retour du beurre et des fruits blancs. Des épices aussi.  Un vin très agréable, qui sera parfait dans une dégustation d'initiation "vins de cépage". 


Chenin 2016 (11.50 €)

La robe est entre la paille et l'or, brillante.  

Le nez frais évoque les fruits blancs – pomme, poire, coing –  le miel et la craie humide.  

La bouche est  longiligne, tendue par une fine acidité qui gagne progressivement en vigueur et intensité. Elle est heureusement enrobée par une matière ronde, à la chair dense, mêlant les notes "caillouteuse" à la poire et au tilleul. 

La finale est intense, avec le triple A  qui vous en met plein les papilles : on a  l'Astringence et l'Amertume de l'écorce d'agrume ainsi que l'Acidité évoquée plus haut qui gagne encore en puissance, et persiste même une fois la dernière goutte avalée, soulignée par une sensation crayeuse.

Clairement un vin d'amateur à ne pas confier à tous les palais. Si l'heureux acheteur garde cette bouteille au moins 5 ans en cave, sa patience devrait être récompensée : elle a tout pour devenir superbe !



La robe est oeil de perdrix*. 

Le nez  est réduit à l'ouverture. Après aération, il part sur la groseille à maquereau et des notes ferreuses/poivrées (l'effet Pineau d'Aunis ?).  

La bouche est tendue, avec une fine acidité traçante qui étire le vin.  Ici, pas d'enrobage pour arrondir les angles : la matière est des plus fluides, évoquant l'eau d'un torrent qui dévale à toute vitesse. L'aromatique "minérale" cistercienne est plus typique d'un blanc que d'un rosé. Le tout fait penser à une lame d'acier qui vous fend le palais en deux avec une  précision chirurgicale. 

La finale est proche des blancs du producteur, avec une fine mâche crayeuse et une acidité tonique. Une petite touche vineuse/épicée et des notes groseillées/ferreuses vous rappellent tout de même que ce vin a été produit avec des raisins noirs. 

Ce vin est clairement destiné à ceux qui détestent d'ordinaire le rosé (et sera détesté par ceux qui l'aiment d'ordinaire). Il pourra être servi avec tous les plats qui requièrent d'ordinaire un blanc  vif : huîtres, poissons grillés, fromages de chèvre... 

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* couleur que prend l'œil d'une perdrix à l'agonie (végans, s'abstenir)

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