vendredi 28 juin 2019

Visite chez Julien et François Pinon


Chaque année, je vais avec des amis amateurs aux portes ouvertes du domaine Huet. J'en ai profité comme les fois précédentes pour faire un tour chez Pinon, situé à quelques kilomètres. Nous avons été accueilli par Julien, ce qui était une première pour nous. Et c'était très bien : cela nous a permis de faire plus ample connaissance même si nous nous étions croisés au salon d'Angers. 

Son allure de poète romantique n'est pas feinte : il est un homme de lettres, ayant fait Hypokhâgne et Khâgne avant de s'orienter vers l'urbanisme et l'environnement. Ce n'est qu'en 2017 qu'il revient à Vouvray afin reprendre progressivement les rênes du domaine. L'entente avec son père François étant bonne, cela devrait bien se passer – alors que ce fut relativement difficile lorsque ce dernier démarra trente ans plus tôt. 


La cave a été creusée dans la roche, garantissant une température constante de 13 °C, et une bonne hygrométrie.


Cette galerie est plus récente : elle a été creusée par son père (enfin, façon de parler, hein). 


Elle permet de  bien voir la couche de silex noirs, et un peu plus haut l'argile. 


C'est pas tout, mais fait soif...


Vouvray Brut 2015 (dosage 6 gl/l) : nez sur le coing et la poire. Bouche longiligne, racée, avec des bulles fines et frétillantes. Finale crayeuse, sans dureté.

Vouvray Brut non dosé 2015 : nez plus mûr que le précédent, presque confit. Par contre, bouche plus tendue, avec des bulles plus toniques et moins fines. Finale plus acérée, avec une astringence plus marquée. Pour les amateurs de "brut nature". 

Pétillant nature rosé (Côt et Grolleau, sans soufre) :  robe "pétale de rose". Nez gourmand, sur les petits fruits rouges et les épices. Bouche fruitée, rafraîchissante, bien équilibrée, avec des bulles plutôt fines. Finale vineuse et épicée. 

Vouvray sec 2018 (7 g/l  de Sucres Résiduels) : nez frais sur les fruits blancs. Bouche ample, tout en rondeur, avec une matière douce et aérienne. Finale tendre, toute en finesse.

Vouvray "sec" Déronnières 2018 (8 g/l de SR) : nez bien mûr dominé par la poire. Bouche plus ample, plus intense, vibrante.Finale douce, mûre et harmonieuse.

Vouvray demi-sec Trois argiles (25 g/l de SR) : nez plus confit. Bouche toute en douceur, mais plus tendue que les vins précédents. Sucres finaux très discrets;

Vouvray demi-sec silex noir 2018 (30 g/l de SR) : nez plus frais aromatiquement. Bouche ample, enveloppante, au toucher moelleux. Finale douce et persistante.

Vouvray moelleux 2018 (74 g/l de SR) : nez riche, confit. Bouche liquoreuse, mais ne manquant pas de peps (peut-être la plus tonique du jour), d'une belle pureté aromatique. Finale savoureuse au sucre bien intégré. Ce vin peut supporter sans souci des plats salés (exotiques).

Comme vous pouvez le constater, un millésime encore plus marqué par les sucres que 2017; même s'ils ne sont pas dérangeants à la dégustation. Il est probable que ces profils tendres deviennent la norme dans ces prochaines années dans le secteur. Pour des vins plus vifs et tendus, faudra-t-il aller voir en Angleterre, Belgique ou Scandinavie (dès aujourd'hui, il y a l'Allemagne) ?

jeudi 27 juin 2019

Et si je vous proposais un Pot de vin ?


Cela ne se voit ni sur la bouteille, ni sur notre site car le millésime n'est pas spécifié, mais nous sommes passés de 2016 à 2017 – j'vous dit tout : c'est indiqué sur le carton d'emballage. Je voulais voir si le style avait évolué en bien ou en mal, car ce vin est devenu un incontournable du site – et de notre box. Après avoir goûté, je dirais plutôt en bien : plus fin, plus frais, plus fruité, tout en gardant cette patine inimitable que je trouve vraiment craquante. 

Si j'étais négociant bordelais et que j'envisageais de bidouiller*, je crois que j'achèterais en vrac le bien nommé Pot de vin au Château Guilhem (Côtes de Malepère) et je l'embouteillerais sous une appellation ronflante de la rive droite et un millésime un peu plus ancien. Non seulement ça passerait comme une lettre à la poste, mais les clients en redemanderaient. Car ce vin présente tout ce que l'on peut aimer à Bordeaux, tout en n'ayant aucun des défauts qu'on lui reproche. J'ai même l'impression que ce vin pourrait faire aimer le vin rouge à ceux qui disent le détester.  


La robe est grenat sombre, translucide. 

Le nez est fin et complexe, sur la framboise et le cassis, la prune et une pincée de tabac. 

La bouche est de belle ampleur, déployant une matière soyeuse, aérienne, plus dense et profonde qu'elle n'y paraît, et exprimant un fruit légèrement décadent aux relents épicés et truffés. Les tanins commencent à se faire légèrement sentir à partir du milieu de bouche puis montent crescendo en finale. 

Ils apportent une mâche savoureuse, avec toujours ce fruit qui tire  vers le tertiaire, vous rappelant immanquablement la bouteille de Bordeaux un peu âgée des fêtes familiales, rafraîchi et tonifié par un trait acidulé du plus bel effet. C'que c'est bon !...

Et tout ça pour 8 € ! On se demande pourquoi toute la Gironde se démène à faire du vin, alors que dans l'Aude, on fait mieux pour 3 francs 6 sous**. 

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* Il est peu probable .... que je devienne négociant bordelais.

** Bon, j'exagère un peu, hein : il y a de très bons vins à Bordeaux qu'il serait difficile de produire dans le Languedoc.


mercredi 26 juin 2019

Scoop : je suis Coquette !



Cela faisait 2-3 jours que je tombais sur des vins qui ne me causaient pas. Trop ci, pas assez ça. Je commençais à me demander si le problème, c'était eux ou moi. Et puis, j'ouvre cette bouteille de Coquette, la dernière création de Jipé Rietsch. Et pffffiou, t'es embarqué direct rien qu'en mettant ton pif  au-dessus du verre. Et contrairement à certains "vins de macération", la bouche est toute aussi belle que le nez, voire encore plus. Coup de cœur total !

Nous sommes sur une macération de grappes entières de gewurztraminer et riesling, élevée sur lies durant 7 mois (14 mg/l de SO2 total). 


La robe or rose pâle  fait plus penser à un Côtes de Provence qu'a un vin orange roots

Le nez d'une délicatesse inouïe évoque la rose, la fleur d'oranger, le marzipan, les épices orientales, mais nimbés d'un halo à la Turner *.

La bouche est de grande ampleur, tapissant le moindre mm² de votre palais d'une matière douce, charnelle, caressante… mais aussi fraîche, fruitée, épicée généreusement. Le tout dégageant une harmonie rare, une évidence totale. 

La finale réussit à ne pas rompre le charme tout en gagnant en peps, en intensité et j'oserais dire en "mordant", avec ce très beau duo amertume/astringence (=  cédrat )qui se prolonge – subtilement –  sur la rose et les épices  vous rappellant qu'il y a du gewurz' dans ce vin. 

Un instant magique … certes pas donné (16.90 €), mais qui vaut largement le prix dépensé tant il apporte du plaisir, avec en plus le sentiment de n'avoir jamais bu un vin qui ressemble à ce Coquette.

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* J'allais écrire David Hamilton, mais le sulfureux photographe n'est plus fréquentable depuis que certains de ses modèles ont dénoncé ses agissements.  


mardi 25 juin 2019

Les petites grappes : le Bourgogne du Roussillon


Je vous ai déjà parlé de Sébastien Calduch qui est le responsable-production de Jeff Carrel. Il a acheté il y a deux ans le domaine d'Ansignan dans le Roussillon, histoire de sauver un patrimoine viticole qui allait disparaître et de vivre encore plus intensément le wine trip. En 2018, les grappes des vieilles vignes étaient petites (et donc concentrées). Afin d'avoir des vins frais et digestes, il était nécessaire de cueillir tôt et d'extraire en douceur  (2/3 non égrappé, 1/3 égrappé). Mission réussie : le vin fait 12.5 % d'alcool sans tomber dans la sous-maturité, ce qui serait désagréable. Et l'effet "carbo" est discret : on est sur du vrai fruit, pas des notes amyliques – qui me lassent rapidement. Enfin bref, j'aime beaucoup ces Petites grappes qui me rappellent un peu le style tout en finesse de Danjou-Banessy que nous ne pouvons plus vous proposer, hélas.

La robe est rubis translucide, faisant penser à Bourgogne rouge.

Le nez fin et frais évoque les petits fruits rouges et le cassis, avec une touche végétale (rafle) et une pincée de cannelle.

La bouche est ronde,  ample, aérienne, déployant une matière fine, élégante, au fruit pur, juste relevé de quelques épices. Difficile de croire que l'on boit un vin du  Roussillon tant il est frais et digeste.

La finale délivre une fine mâche savoureuse, sur des notes de griotte et de cacao en poudre, avec une persistance sur les épices douces et des notes acidulées. Et puis ce fameux goût de petrichor que l'on trouve souvent dans les pinots noirs.

Un vin rouge qui peut se boire un peu frais de l'apéro jusqu'au dessert, ça me parait idéal dans la période estivale que nous traversons en ce moment – même si l'eau est encore plus recommandable. Enfin, faut pas abuser non plus : comme disait mon papy, l'eau bue éclate



lundi 24 juin 2019

Debebard : jolies découvertes !



Soyons honnêtes : nous n'avons pas exploré tout le Languedoc pour découvrir ces vins. Ce sont les deux producteurs, Benjamin et Thomas, qui nous ont contactés et proposés de nous envoyer des échantillons. Nous les avons goûtés ... et coup de cœur immédiat pour Les chemins de travers. Je n'emploierais pas ce terme pour Red is made, mais n'empêche que nous l'avons trouvé très bon, gourmand, et parfaitement réussi pour un vin sans sulfites ajoutés. Y avait donc pas de raisons de ne pas le référencer. 

Précisons que les deux barbus (= Debebard) sont "négociants-éleveurs" (comme La Sorga  ou Viti Vini Vinci) : ils achètent des raisins "sur pieds" à des producteurs bio, les vendangent, les vinifient, les élèvent et embouteillent leur production. Ils font tout cela durant leur temps libre, car ils travaillent tous les deux comme œnologues pour une maison languedocienne





90% chardonnay 6% Mauzac 4% Chenin


La robe est jaune d'or, brillante.

Le nez est captivant, sur le beurre noisette, le sésame grillé, l'agrume confit et le pain toasté. On s'attend à un vin très riche et opulent, un peu lourdaud et … surprise !

La bouche est éclatante de fraîcheur, avec une énergie revigorante qui trace et ne vous lâche plus, et une matière réussissant à concilier grande maturité et "minéralité" : vous avez la sensation d'avoir une lame d'acier  prenant petit à petit possession de votre palais, finissant par vous submerger … de bonheur. 

La finale intense et tendue, soutenue par  la polyphonie aromatique du chardonnay et un triple A* de  folie,  oblige à vous rendre et à  admettre que c'est un p... de beau cépage lorsqu'il est confié à des mains expertes. #bondiouquelvin



Red is made 2018 (13.90 €)

100 % Syrah, sans sulfites ajoutés



Ce vin a été carafé et agité 5 mn

La robe est pourpre sombre, limite opaque.

Le nez est très expressif, sur la mûre, l'olive noire, la garrigue, le poivre et le lard fumé.

La bouche est ronde, pleine, avec une chair dense et veloutée, au fruit pur, intense, souligné par la tapenade.

La finale dévoile des tanins puissants mais bien mûrs, gourmands, avec un retour de la garrigue, du poivre et de l'olive noire. Bienvenue dans le sud !

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*Triple A : Alliance magique entre Amertume, Astringence et Acidité

vendredi 21 juin 2019

Encore un rosé pas banal !


J'avoue qu'il y a encore une semaine, je n'avais entendu parler du Cerasuolo d'Abruzzo. Je ne connaissais jusqu'à maintenant que le Cerasuolo di Vittoria originaire de Sicile. Ce dernier étant un assemblage de Nero d'Avola et de Frappato, je ne voyais pas trop le rapport avec le vin des Abruzzes, 100 % Montepulciano. Pourquoi Cerasuolo, donc ? Après quelques recherches, j'ai trouvé la réponse : c'est la couleur ! Non pas qu'elle soit identique dans les deux cas, mais cerasuolo veut dire  qui a la couleur de la cerise. Comme vous avez pu le remarquer, elle peut être très variable, allant du rouge vermillon au pourpre sombre. Autant dire que des milliers d'appellation pourraient s'appeler Cerasuolo. J'vous raconte pas le bazar... Dieu merci, cette idée n'a pas fait tant fureur que ça, et c'est très bien ainsi. 

En tout cas, ce Cerasuolo d'Abruzzo m'a tapé dans les papilles, car il réussit à conjuguer des caractères de rosé du nord (croquant, fruité, acidulé) et de rosé du  sud (épicé vineux, intense). De de ce fait, il est vraiment multifonction : il peut aller de l'apéro au dessert (fruits rouges) en passant par la pizza, la paella, les salades d"été, les grillades ou encore le couscous ou des tajines... Et pour ne rien gâter, il est bio, et pas très cher (9.90 €). What else ? dirait Georgio en s'en ouvrant une quille au bord du lac de Côme. 

La robe évoque la grenadine de notre enfance (pour y voir de la cerise, faut de l'imagination). 

Au nez,  par contre, il y a clairement de la griotte, autant par son coté fruité qu'acidulé, auquel s'ajoute de l'amande amère et une touche fumée/poivrée (un peu syrah....). 

La bouche  est de belle ampleur,  déployant une matière croquante, vineuse et épicée, avec toujours la griotte – dans un registre frais/acidulé – et l'amande amère. 

On retrouve cette amertume en finale en basculant sur la merise (cerise sauvage), noyau inclus,  et les épices qui gagnent encore en intensité et persistent assez longuement. 

Le tout est terriblement addictif. Vous ne nous remercierez pas de vous l'avoir fait découvrir... 


jeudi 20 juin 2019

Maderista : hymne au tinta negra mole


Le tinta negra mole, c'est à la fois le bien-aimé et le mal-aimé de Madère Ce croisement du grenache et du pinot noir est de loin le cépage le plus planté de Madère (environ 80 %). Il est l'ingrédient principal de tous les madères à bas prix qui inondent  la planète, juste bons à finir dans une sauce ou une gelée. Il ne fait pas partie des cépages nobles que sont le boal, le verdelho, le sercial, la malvasia et le terrantez, dont les productions sont nettement plus confidentielles, mais aboutissant à des nectars de haute-volée. Le Belge Bert Jeuris a décidé de redorer son blason en travaillant de concert avec la maison Blandy's : ils ont sélectionné les plus beaux lots de tinta negra mole et les ont fait vieillir 7 ans, puis assemblés. Cela donne ces deux petites merveilles à prix plutôt doux au vu de leur qualité. Avec l'avantage de pouvoir être conservés plusieurs mois une fois ouvert sans la moindre perte qualitative (m'enfin, c'est tellement bon qu'il sera sûrement fini avant !). 




La robe est entre l'ambre et le cuivre, avec des reflets dorés/orangés.

Le nez est intense, surgissant du verre, sur la noix caramélisée, le café, le pralin, l'écorce d'orangée séchée et le tabac hollandais (fève tonka ? ).

La bouche est vive,  étirée par une acidité "laser" qui trace loin, très (très) loin. La matière est  élégante, aérienne, d'une grande intensité aromatique, mêlant les notes empyreumatiques à l'agrume (citron noir d'Iran).

La finale est puissante, explosive, avec cette acidité qui prend une ampleur incroyable et un retour en (ultra) force de la noix, du café, de l'orange séchée, mais aussi des épices. La fraîcheur omniprésente fait totalement oublier le taux d'alcool du nectar (18 %).  Ma-gique !



La robe est entre l'ambre et l'acajou.

Le nez est plus discret, plus alcooleux, avec un côté oxydatif plus marqué (brou de noix, caramel brun, café très torréfié) et une touche d'orange amère.

La bouche est élancée, tonique, avec une fine acidité enrobée par une matière plus dense, veloutée, légèrement grasse, à l'aromatique plus "sombre", plus "torréfiée". L'ensemble est frais et équilibré.

La finale est moins radicale que le Dry, plus dans la continuité de la bouche, si ce n'est que l'on gagne en concentration  et en puissance. En sucrosité, aussi, même si elle est très discrète et intégrée. L'aromatique se prolonge sur le caramel brun et le café.

mercredi 19 juin 2019

Un rosé vraiment unique en son genre !


Nous avons reçu la semaine dernière le nouveau millésime du Baux rosé de Gourgonnier.  J'étais curieux de le découvrir, car l'année dernière, il m'avait impressionné par son originalité. Je voulais savoir s'il était toujours comme ça, où si c'était un one shot. Eh bien ... il est très proche du 2017, et ça me ravit ! Il faut dire que l'assemblage n'est pas banal pour un rosé : Grenache, Syrah, Cinsault, Carignan, Mourvèdre et Cabernet Sauvignon. 

A noter que je l'ai bu à température d'entrepôt (14-15 °C). Il est parfait comme ça. Pitié, ne le buvez pas "frappé". Vous passeriez totalement à côté. 

La robe est entre le rose saumon et le rose corail.

Le nez est aérien et profond, sur la fraise confite, le berlingot et l'abricot, noyau inclus. Et des épices en arrière-plan. 

La bouche est à la fois très ample et élancée, avec une matière douce, caressante qui vous tapisse le palais, et une fine acidité traçante qui apporte de la tension. Le tout réussit à être gourmand (pour ne pas dire jouissif) et élégant.

La finale gagne en concentration et intensité, dominée par des amers classieux (pomelo, quinquina ... et noyau d'abricot), des notes régressives de bonbon acidulé, et une jolie persistance sur la réglisse.

Comme toujours au Mas de Gourgonnier, les prix sont doux : 10.50 €. Nous avons reçu aussi l'Alpille blanc (au même prix). Ne tardez pas trop pour ce dernier, car les quantités sont restreintes et nous ne pourrons pas nous réapprovisionner (ils en produisent peu et il plaît beaucoup !). 

mardi 18 juin 2019

Etonnants Siciliens


Castelluci Miano  est un groupement de producteurs situé dans la Valle dell'Olmo au centre nord de la Sicile. Des vignes y sont plantées depuis le XVIème siècle, avec une extension maximum à la fin du XIXème siècle, avant que le phylloxera en détruise une bonne partie. Il en reste aujourd'hui 105 hectares répartis entre 125 propriétaires, ce qui fait moins d'un hectare chacun. Les parcelles sont situées entre 650 et 1050 m d'altitude, sur des sols pauvres mais riches en minéraux et parfaitement adaptés à la culture de la vigne (sable, argile, et limon). Les températures très chaudes de la journée alliées à des nuits glaciales permet de conjuguer maturité élevée et fraîcheur aromatique.

Le cépage blanc Cattarrato s'exprime très différemment selon le terroir où il est cultivé : vous pourrez le vérifier en comparant les cuvées Miano et et Shiarà. Et voir avec le Shiarà 2008 comment elle évolue dans le temps. 

Le cépage rouge Perricone est le plus souvent assemblé au Nero d'Avola. Il est intéressant de le découvrir seul pour mesurer toute son originalité. 


Miano 2017 (14.50 €)

Vignes de 20 ans –  700-900 m d'altitude
Vinification et élevage en cuve inox

La robe est or pâle, parsemée de très fines bulles qui disparaissent rapidement. 

Le nez évoque les fruits jaunes bien mûrs et les bonbons à l'ancienne. 

La bouche est ronde, opulente, vous emplissant le palais d'une matière mûre et moelleuse, mais éclatante de fraîcheur grâce à un perlant bien présent (et indispensable). Malgré cette impression de maturité généreuse, le vin est digeste (12.5 % d'alcool) et se descend tout seul. 

La finale est fraîche et nette,  avec une subtile astringence (pamplemousse) et des nobles  amers qui jouent un rôle important dans l'équilibre. 


Shiarà 2014 (19.90 €)

Vignes de 60-70 ans –  950-1050 m d'altitude
Vinification et élevage en cuve inox

La robe est jaune paille intense. 

Le  très beau  nez évoque le miel, les fruits secs grillés et la fumée. 

La bouche est de belle ampleur, déployant une matière  mûre, riche et moelleuse, étonnamment équilibrée par une fraîcheur semblant venir de nulle part (pas d'acidité perceptible). Le tout forme un ensemble un ensemble assez somptueux, inconnu en France (faut dire que des vignobles à 1000 m n'existent pas dans l'Hexagone), sur une aromatique abricot / nougat / fumée. 

La finale prolonge ces belles sensations tout en accentuant (pas qu'un peu) les amers qui prennent une dimension quasi extatique. Impressionnant !


Shiarà 2008 (22.50 €)

Vignes de 55-65 ans –  950-1050 m d'altitude
Vinification et élevage en cuve inox

La robe est d'un or intense. 

Le nez est riche, sur les fruits confits, le miel, le safran. 

La bouche est très ample, avec une matière moelleuse/onctueuse qui évoque un liquoreux . Sauf que le vin est totalement sec, et est équilibrée – à l'instar de son petit frère de 2014 – par une fraîcheur semblant venir de nulle part. L'aromatique tertiaire peut dérouter les néophytes, car très loin de celle d'un blanc classique. 

La finale gagne en intensité ce qu'il perd en onctuosité, comptant comme son cadet sur les amers pour lui apporter l'équilibre nécessaire, sur des notes grillées.épicées/confites. Un très beau vin de gastronomique ... ou de méditation. 



Perricone 2014 (19.90 €)

Vignes de  20-30 ans –  950-1050 m d'altitude
Vinification et élevage en cuve inox
Élevage 3 mois en cuve inox puis 10 mois en fût de chêne français

La robe est grenat sombre avec des reflets d'évolution. 

Le nez est fin et complexe, mêlant les fruits rouges confits à des notes de garrigue dans un style balsamico-résineux (camphre inclus). 

La bouche est de belle ampleur, avec une matière dense au toucher soyeux soutenue par une trame acido-balsamique qui apporte de l'allonge. 

Comme dans les blancs du domaine, ce sont les amers qui structurent la finale, mêlant les fruits confits (prune ?) à des notes plus médicinales, avec la trame acide qui se poursuit. On adore ou on déteste. 

PS : désolé pour ce blanc de 10 jours. J'étais en congé. Promis : je ne bouge plus avant début août !

mercredi 12 juin 2019

Punkovino !

Découvrir en vidéo Alban Michel des Sabots d'Hélène en Corbières

 

et Arianna Occhipinti en Sicile

 

vendredi 7 juin 2019

La révolution Rioja


Comme dans beaucoup d'autres grandes appellations, la révolution stylistique est en cours en Rioja. Elle ne concerne pas seulement l'abandon du chêne américain qui est indissociable de cette appellation. Mais aussi des élevages beaucoup plus courts (adieu Gran Reserva !). Mais Juan Carlo Sancha va encore plus loin : il n'utilise absolument pas le Tempranillo qui pouvait pourtant paraître incontournable.

Professeur d'oenologie à Rioja, il se fait le défenseur de cépages autochtones qui ont quasiment disparus : Tempranillo blanc (une "chimère" du blanc), Maturana tinta et Monastel de Rioja (qui n'a rien à voir avec le Monastrell). Ses 5 ha de vignes sont situés en Alta Rioja, la zone la plus en altitude (environ 500 m) avec des sols calcaires pauvres qu'il n'amende surtout pas. Histoire de faire parfaitement les choses, il est en BIO certifié.


Les rouges sont fermentés et élevés dans des fûts de chêne français de 500 l. L'extraction se fait en douceur en roulant les fûts sur eux-mêmes dans le chai. Les pressurages sont assurées par un petit pressoir manuel à cliquet, très doux.

Le résultat final parle de lui-même : jamais je me suis autant régalé en buvant des riojas !




La robe est jaune pâle tirant vers le gris/argenté.

Le nez est fin, sur la poire, la pêche blanche et la pierre chauffée au soleil.

La bouche est ronde, de belle ampleur, avec une matière dense et mûre qui réussit à rester fraîche et croquante, et d'une gourmandise assez irrésistible. Le tout est tonifié par un filet de gaz carbonique.

La finale mêle superbement l'astringence crayeuse à l'amertume du pomelo. C'est l'astringence qui finit par l'emporter avec un crayeux sacrément persistant (mais jubilatoire pour les amateurs du genre).



La robe est grenat sombre translucide.

Le nez est envoûtant, sur la framboise confite, le benjoin, le poivre blanc et une touche balsamique.

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière dense au toucher soyeux qui vous enveloppe le palais et une fine acidité quasi imperceptible qui trace et étire le vin au delà même de la finale. Le  fruit est  d'une grande pureté, souligné par des notes de garrigue et de poivre.

La finale poursuit la dynamique, avec un fruit qui gagne encore en intensité et en éclat, un toucher qui se fait plus crayeux – terroir oblige – et une acidité transcendée qui confine au sublime. Magnifique.




La robe est grenat translucide.

Le nez est assez discret sur les fruits rouges et noirs, avec une jolie pointe de volatile qui apporte de la fraîcheur et du relief.

La bouche est de grande ampleur, déployant une matière dense et veloutée, nappante. Le fruit fait plus dans la sobriété par rapport à Maturana, même s'il n'est pas absent.

La finale est énergique, avec un toucher crayeux bien marqué, un fruit plus présent, et des épices qui jouent les prolongations. À attendre pour qu'il gagne en complexité.




Ce vin provient de vignes de Grenache noir de 107 ans  situées sur de hautes pentes exposées au sud et de terrasses sur un demi-hectare de terres héritées du grand-père de Juan Carlos Sancha. Ce vignoble unique ne produit que 19hl/ha.

La robe est  grenat très légèrement trouble.

Le nez est fin, profond, sur les petits fruit rouges et l'orange sanguine, et une acidité volatile d'une grande délicatesse.

La bouche est très ample, aérienne, avec une matière tout en finesse qui envahit le moindre mm² de votre palais. La tension se fait naturellement, sans avoir besoin de la moindre acidité (même si elle est là, imperceptible). On retrouve la pureté du fruit de Maturana, un bon cran au-dessus.

La finale contraste par sa concentration et son intensité, déployant une énergie superlative qui vous emmène vers le 7ème ciel du dégustateur. Grand vin, tout simplement.

jeudi 6 juin 2019

Briords et Sèvre et Maine : les 2018 !


Il faut commencer à se faire à l'idée : le profil des vins est en train de changer, et il y a peu de chance qu'il y ait un ralentissement de la tendance, et je ne parle même pas d'un retour en arrière. Lorsque j'avais dégusté les 2018 de La Pépière en janvier dernier, j'avais été étonné par la rondeur de ces muscadets .... qui ne faisaient plus vraiment muscadets. Dès que nous les avons reçus, j'ai voulu regoûter pour confirmer ou infirmer mon impression : je trouve qu'ils se sont plutôt retendus, particulièrement les Briords, et qu'ils gardent tout de même un profil frais, à défaut d'être vifs.*



La robe est or pâle aux reflets argentés.

Le nez est plutôt discret, sur la pomme chaude et la pierre humide. Une légère touche citronnée, aussi.

La bouche est de belle ampleur,  avec une matière ronde,  mûre, charnue, tonifiée et rafraîchie par un léger perlant qui n'a jamais été autant le bienvenu.

La finale est tonique, évoquant le pamplemousse, avec un mix subtil d'amertume et d'astringence, et une persistance sur des notes épicées/salines.




La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est encore plus discret, dominé par le pierreux, juste égayé par quelques fleurs blanches.

La bouche est élancée, étirée par une fine acidité – renforcé par le gaz carbonique. La matière est fine, aérienne, sur une aromatique très "jus de caillou". C'est austère, mais comme peut l'être une belle église romane (Tournus, par exemple).

La finale finement crayeuse prolonge la bouche sans à-coup, avec une juste une légère accentuation de l'astringence et de l'amertume, sur des notes citronnées/salines.

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* Le phénomène touche évidemment toutes les régions. J'étais jeudi dernier chez Julien et François Pinon pour découvrir les 2018 :  ils sont très bons, mais rien à voir avec les 2015 ou même 2016. Ils sont plus ronds, avec des sucres résiduels dans les "secs". Pour des vins vifs, va falloir aller en Allemagne ou en Belgique... 

mardi 4 juin 2019

Punpa : en rouge ou en blanc ?


C'est en 2018 que Teo et Iban Riouspeyrous allaient reprendre en douceur les rênes du domaine Arretxea. Sauf que la nature, elle, a été rude : une grande partie du vignoble a été gelée au printemps. Comme cela se fait de plus en plus, la solidarité vigneronne s'est organisée. Les deux frères ont pu aller vendanger des raisins dans  des parcelles de confrères en bio ou en conversion bio, puis les amener dans leur chai d'Irouleguy pour les vinifier. L'assemblage et l'origine sortant des cadres de l'appellation, les deux cuvées sont  commercialisées en Vin de France.

Punpa, c'est la pelote basque ... en basque, dont les deux frères sont des pratiquants de haut-niveau. 



Punpa blanc 2018 (15.00 €)

37 % Petit Manseng, 33 % Gros Manseng et 20 %  Ugni Blanc

La robe est dorée, brillante. 

Le nez, tout en finesse, évoque les fruits exotiques – ananas, mangue, fruit de la passion – les fleurs blanches et la pierre chaude. 

La bouche est longiligne,  avec une très fine acidité apportant de la tension. Elle est enrobée d'une matière ronde, mûre, charnue, entre ananas et pomelo. 

La finale intense est très "triple A" : Acidité du fruit de la passion qui poursuit sa route sans vouloir s'arrêter ; Astringence et Amertume de l'écorce d'agrume, avec une persistance sur des notes pierreuses, salines et épicées. 



Punpa rouge 2018 (13.00 €)

76 % Malbec, 18 % Cabernet-Franc, 6 % Merlot

La robe est pourpre sombre translucide. 

Le nez est très expressif, charmeur, sur la crème de fruits noirs, le cassis frais, le poivre et une touche de menthol. La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une chair d'une impressionnante densité. C'est une explosion de fruit  et de fraîcheur, tout en réussissant  à n'en pas faire trop. 

La finale possède une mâche très sud-ouest, avec des tanins présents – mais mûrs et civilisés – et toujours ce fruit frais d'une rare intensité, rejoints par le poivre et le menthol qui persistent agréablement. 

lundi 3 juin 2019

Les blancs du Bugey sont de retour !


À chaque printemps, c'est un plaisir de retrouver le Chardonnay et l'Altesse de la famille Peillot. Comme dans le Jura, 2018 fut une bonne année en quantité et qualité. Les deux cuvées se boivent déjà très bien, alors que j'ai le souvenir de vins plus renfrognés en 2017 – je conseillais de les attendre un peu. Je ne peux préjuger de la qualité de 2019, mais on peut déjà dire qu'il sera faible en quantité, les gelées printanière ayant fait un massacre – et c'est pareil dans le Jura et une partie du Mâconnais. Il peut être pertinent de faire quelques réserves d'Altesse, car il y en aura très peu de disponible l'année prochaine ... et que ça vieillit magnifiquement bien !




Chardonnay 2018 (10.90 €)

La robe est jaune paille, brillante.

Le nez est gourmand et expressif, sur les fruits blancs rôtis au beurre et le sucre d'orge.

La bouche est ronde, friande, avec une matière croquante, désaltérante, et une aromatique évoquant la pomme bien mûre et la noisette fraîche L'équilibre est juste parfait sans être ch… une seconde.

La finale possède une mâche savoureuse,  avec une alliance du goûteux – la tarte aux pommes sortant du four – et de l'amer – l'écorce de pomelo –  le tout persistant sur des notes épicées/salines.






La robe est proche, mais en plus intense et brillant.

Le nez gagne en opulence et en complexité : aux fruits blancs s'ajoutent des fruits jaunes, du miel, de la pierre chaude, de la fleur d'acacia…

La bouche est nettement plus tendue/traçante, mais aussi beaucoup plus ample, généreuse, avec une matière mûre, limite onctueuse. Là encore, l'équilibre est top : le vin peut s'apprécier à 15 °C sans que l'on ne ressente l'alcool. Soulignons que la tension se fait autant  sur l'amertume que sur l'acidité, quasi imperceptible (même si évidemment présente).

Cette dernière ressort un peu plus en finale, toujours couplée avec l'amertume dans un ensemble harmonieux et pas du tout agressif, bien au contraire. On retrouve le pierreux, le miel, les fruits jaunes, et l'amer du pomelo déjà présent dans le chardonnay. Et la même persistance sur des notes épicées/salines, avec un "fruité mûr" plus marqué.