vendredi 10 mai 2013

Dans la tête d'un homme étonnant



L'homme étonnant, c'est celui qui vous vend des vins étonnants. Bon, il y en a deux, hommes z'étonnants, mais je vous parlerai de celui que je connais le mieux : mézigue.

En préparant l'une de vos commandes, il m'est souvent arrivé de me dire : "rhalala, il faudrait que je leur raconte ce qu'il se passe dans ma p'tite tête, car ils ne s'imaginent pas combien cette activité de magasinier est plus riche qu'on ne le soupçonne !"

La première lecture de la commande donne avant tout une "ambiance" :

- certaines ne contiennent que des vins d'un seul producteur : Jeff Carrel, Mondon, Bel Air Marquis d'Aligre, Boulard… et parfois même qu'une seule référence (par ex : Morillon) en 6, 12, 24 exemplaires.
- d'autres sont au contraires très éclectiques : 18 bouteilles, 18 références différentes, alternant les couleurs, les styles, les producteurs...
- il peut y avoir aussi les "ciblées" : que des vins blancs tendus et minéraux, que des "p'tits rouges sympa", que des liquoreux, avec à l'intérieur de la commande une grande palette de choix...
- et puis il y a aussi celles qui me font flipper le plus, tout en me flattant : elles ne contiennent que des vins dont j'ai vanté les mérites sur ce blog. Elles montrent une grande confiance du lecteur dans mes goûts, mais c'est à double tranchant. Soit les vins vont lui plaire, et il continuera à me faire confiance, soit certains (pas tous, j'espère) ne vont pas lui plaire, et il va se dire "il raconte n'importe quoi…"

Il faut alors compter le nombre de bouteilles, car il conditionne tout le reste de la commande. Jusqu'à 18 bouteilles, nous ne faisons qu'un seul colis (qui est livré par Exapaq ou Colissimo) ; au-delà, on passe à la palette qui est livrée par transporteur. Le nombre de bouteilles conditionne aussi le choix du  carton que nous mettons en forme et scotchons. Il en existe 4 tailles : 6, 12 15 et 18 bouteilles.

Et puis ensuite, on relit une autre fois la commande en la connectant à notre "GPS interne" : à force de travailler dans l'entrepôt, nous connaissons l'emplacement de chacune des 900 références, un peu comme le chauffeur de taxi connaît le plan de sa ville. Cette relecture consiste donc à trouver l'ordre le plus logique possible pour collecter les différentes bouteilles, histoire de ne pas repasser deux fois au même endroit. 

Commence alors seulement la préparation de la commande, le carton posé sur le chariot. Selon le type de commande évoqué plus haut, elle est plus ou moins longue. Une commande avec 12 bouteilles identiques est préparée en 5 mn. Lorsqu'elle comporte 18 références différentes, elle demande plus de temps. Difficile d'être précis, car cela dépend de l'emplacement des bouteilles : lorsqu'elles sont sur la couche la plus basse d'une palette qui vient d'arriver, c'est un peu plus long ;-)

La prise en main de chaque bouteille évoque quelque chose au préparateur : parce qu'il l'a bue récemment et l'a apprécié ; il se dit alors que le client va se faire plaisir ; ou "tiens, il faudra que je goûte" ; ou encore "Oups, j'espère que l'acheteur va l'apprécier, car c'est spécial"

Il y a là aussi un côté plus "pratique" : si je prends la dernière  bouteille disponible, j'appelle immédiatement Eric R. pour qu'il la mette en rupture sur le site. Idem lorsqu'on change de millésime : il faut faire la modification en ligne. Et puis des fois, pour plein de raisons... il manque une bouteille. Là aussi, je préviens de suite le boss qui contacte immédiatement le client pour lui proposer une solution. 

Je regarde bien que tout est coché sur la feuille. Vérifie qu'il y a le bon nombre de bouteille. Je peux alors mettre les séparations dans le carton, poser dessus la  facture, et refermer le carton. Et au suivant... 

La journée passe très vite, car les commandes sont très variées, dégageant chacune une ambiance différente, et je regarde avec satisfaction le joli tas de colis prêts à partir à 16h00.

J'aime bien le "challenge de dernière minute" : une commande arrive à 15h50. Et il ne reste que quelques instants pour la préparer pour que le client la reçoive dès le lendemain (ou au pire le surlendemain). Deux fois sur trois, on y arrive. Des fois, le chauffeur arrive un peu trop tôt. Pas bien grave. Le client n'imaginait pas qu'elle serait traitée instantanément, de toute façon ;-)

Enfin, tout ça pour vous dire que j'adore ce travail : non seulement je prends du plaisir à préparer vos commandes, mais j'aime m'imaginer vous voir ouvrir le colis, ranger les bouteilles précieusement dans votre cave, et les ouvrir au moment opportun avec des proches pour un moment convivial... Bref, je me sens 100 % caviste :-)


6 commentaires:

  1. merci Mr le caviste magasinier logisticien ! On pense aussi a vous en ouvrant des colis bien ficelés, on met aussi de cote dans un bon vieux classeur xl les flacons qu'on compte bien commander...un achat , comme la gestion d'une commande, ca se prepare

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  2. Je t'imagine bien, courant dans tous les sens, dépenaillé et hirsute, haletant et tout rouge. Mais content et heureux que tes vins partent vers de nouvelles aventures !...
    C'est en tout cas très original et surprenant, sympathique aussi de raconter des aventures si souterraines. Josiane dirait que c'est pas simple dans ta tête tous les jours...

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  3. Et la trottinette, alors??? On l'oublie??? C'est pourtant LA star de l'entrepôt!!! :)

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  4. Bonjour, je comprends cette angoisse vis à vis de l'acheteur qui visiblement a fait confiance aux commentaires du blog : c'est un peu la même chose quand on offre une bouteille qui nous a plu à des amis : vont-ils aimer ? Thierry

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  5. Un excellent travail ERIC et un bon rėcit, on y est presque. Ai bu BAMA 2001 hier, une merveille. Merci

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