mercredi 1 mai 2013

Mondeuse 2004 vs Mondeuse 2004



Un client qui nous avait acheté 6 Mondeuse 2004 Tradition du Prieuré Saint-Christophe s'était plaint de la qualité des bouteilles. Nez désagréable, bouche décharnée. Pas bon, quoi. Il nous en a renvoyé une pour que l'on ait une bouteille issue du même carton afin que l'on puisse juger sur pièce.

Quelques jours après réception, nous avons ouverte cette fameuse bouteille ainsi qu'une bouteille témoin provenant de la cave d'Eric R. (à droite sur la photo). La bouteille de notre client, restée "à la fraîche",  avait été stockée dans le chai de Michel Grisard depuis sa mise en bouteille et avait voyagé jusqu'à Ambazac en novembre 2012 et partie vers l'IDF en février 2013 et revenue début avril 2013. Pas de coup de chaud donc!

Un verre de l'un. Un verre de l'autre. Côte à côte.

Au premier nez, la différence est assez nette entre les deux bouteilles : celle qui repose depuis plusieurs années en cave limousine est plus ouverte que l'autre, avec un nez plus complexe et plus évolué : fruits noirs, lard fumé, poivre..

L'autre est donc plus fermée, donc, avec un fruit plus "frais", plus jeune, moins complexe.

Soulignons que c'est assez logique : nous ne sommes pas ici dans des conditions savoyardes en terme de température et d'altitude. Il est normal qu'une bouteille évolue plus rapidement ici que là-bas.

En bouche, la version "limousine" est fine, avec une belle droiture, assez bourguignonne dans l'esprit.

L'autre est plus puissante, plus vigoureuse, avec une acidité assez marquée en fin de bouche.


20 minutes plus tard, avec l'aération dans le verre, les deux vins ont évolué. Il devient en fait quasiment impossible de les différencier. Les deux sont sur la finesse, avec des tannins soyeux, une acidité sur le fil du rasoir et une aromatique élégante, entre fruits noirs et notes viandées/poivrées. A l'aveugle on hésiterait certainement entre un Bourgogne et un Rhône septentrional.


4 heures plus tard, la bouteille envoyée par notre client est toujours élégante, voire encore plus classe, alors que la bouteille d'Eric commence à décliner un peu, retournant à une certaine (relative) rusticité : les tannins ont perdu en finesse, l'acidité est plus "mordante". 


Rebu la bouteille du client  48 h plus tard : nez fin et complexe, sur la ronce, le cuir, la prune à l'eau de vie. Bouche tendue, au toucher soyeux, avec une acidité plus fondue. Grande harmonie. Très beau vin


Conclusion : on n'en sait pas plus sur le problème qu'a rencontré notre client. Celle qu'il nous a renvoyée est très bonne. Par contre, il était instructif de voir l'impact de deux conditions de conservation différentes. Celle qui était dans des conditions plus chaudes était plus ouverte et expressive à l'ouverture, mais a décliné plus rapidement. L'autre était plus fermée, mais s'est révélée quelques heures plus tard plus harmonieuse.

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