mardi 26 mai 2015

Le chenin du bonheur



Vendredi dernier, notre "club" de Vins étonnants de Limoges s'est intéressé au cépage Chenin au restaurant La Cadole. Apparu dans le Val de Loire il y a plus de 1500 ans, il a conquis le monde grâce à Louis XIV. En effet, la réforme de l'Edit de Nantes a poussé nombre de protestants à quitter notre beau pays. Et les ligériens ont amené le Chenin dans leurs bagages. Cela explique pourquoi l'Afrique du Sud est aujourd'hui le premier producteur mondial de Chenin, suivi par les Etats-Unis. Nous ne sommes qu'à la troisième marche du podium...


Avec des brochettes de poulet/pomme rôtie/brioche, nous avons bu les Moyens du bord, la  Bulle 09. Un pétillant naturel 100 % Chenin de 2009 qui est resté sur lattes jusqu'en 2015 ! Il est dominé par les fruits blancs bien mûrs (pomme, poire), la brioche toastée, avec une touche de coing. En bouche, la fraîcheur prédomine, avec une bulle fine et discrète. C'est très agréable pour démarrer un repas et stimuler l'appétit !


En entrée, du saumon mariné aux agrumes (pamplemousse et citron). Il fallait avec ce plat un vin tendu et cristallin. Le Montlouis Touche-Mitaine 2012 du Rocher des violettes s'est montré tout à fait à la hauteur, apportant sa fraîcheur et sa minéralité qui n'est pas ici un vin mot. On la ressent vraiment, particulièrement dans le crayeux marqué de la finale. Un très bel accord.


Avec le tajine, nous avons servi deux vins l'un après l'autre. Cela permettait de bien comprendre le phénomène de pont aromatique.

Avec les Pièces Longues de Fabien Jouves (un Chenin de Cahors !), le pont aromatique se faisait sur les épices du plat et du vin, se renforçant les uns les autres. C'était assez magique.

Alors qu'avec Le Quart de Noël 2013 de Pierre Ménard,  ce sont les agrumes confits du plat et du vin qui se rejoignaient, avec le même effet amplificateur. Magique bis.


Le moment du fromage est souvent un défi pour les accords mets et vins. Il est résolu ici avec le Vouvray la Coudraie 2004 de Lemaire-Fournier qui est un véritable hymne au coing et des croustillants de parmesan et gelée de coing (recette originale ICI). Cela fonctionne parfaitement, mettant vraiment le vin en valeur.



Nous avons terminé avec un dessert moins sucré que le vin qui l'accompagnait, à base de mangue et d'ananas (et un sorbet aux fruits de la passion). Du coup, le Coteaux de l'Aubance 1999 de Bablut était d'une digestibilité totale. Il faisait plus demi-sec que moelleux. Ses arômes exotiques et confits se mariaient très bien avec le dessert, avec une sensation de fraîcheur. 

Même si on est forcément un peu frustré de ne pas avoir montré toute l'étendue de la palette du Chenin, ces six vins ont réussi à prouver que ce cépage pouvait s'exprimer très différemment, tout en gardant toujours un fil conducteur : la fraîcheur !

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