J'ai découvert la bouteille entamée ce matin à côté de mon bureau. Eric R. l'avait emmenée chez lui hier soir pour découvrir le nouveau millésime (2014 !!!) des Graves du domaine Tripoz. Je lui ai demandé comment il se goûtait. "Bien. Pas du tout réduit, mais tout de même un peu fermé." Je le renifle. Apparemment, la nuit lui a fait du bien : il sent bon, le bougre !
J'ai tout de même sagement attendu 12h05 pour y goûter. Il faut du self control dans notre métier. Ma patience est récompensée, car il n'est plus du tout fermé. Au contraire, il est d'une accessibilité et d'une évidence totale.
La robe est grenat sombre translucide.
Le nez est aérien, évoquant la tarte aux quetsches à la cannelle sortant du four – mais aussi le marc de raisin fraîchement pressé – ce qui n'est pas banal pour un Gamay.
La bouche est ronde, finement charnue (ou charnelle ?), avec des tannins souples, friands, et une belle fraîcheur sans pour avoir une acidité saillante. Elle est forcément là – un vin, c'est pH 3 et pH4 – mais elle est ici d'une grande discrétion. Alors que le fruit est bien là, lui, sans en faire trop. C'est justement son naturel qui est très plaisant.
La finale se conclut sur une mâche gourmande – là aussi, très naturelle et spontanée – qui vous assèche juste comme il faut le gosier pour que ça reste une sensation agréable, mais néanmoins suffisamment pour que vous n'ayez qu'une seule envie : en prendre une nouvelle gorgée.
Lorsque l'on sait que ce vin n'a jamais vu le moindre gramme de sulfite (et évidemment aucun autre intrant), on se dit que si tous les producteurs de "vins dits naturels" le prenaient pour modèle, il n'y aurait pas de débat "pour ou contre". Tout le monde serait pour. Alors c'est sûr, ça ne ferait sûrement pas l'affaire de certains qui devraient trouver une autre façon de revendiquer leur "rebellitude"...
Franchement sur 2016, le niveau de Brett de ce vin est assez déplaisant...
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