Je vous parle aujourd'hui d'une rescapée. Cette bouteille de Borderies 2014 a failli ne pas être évoquée sur le blog car à l'ouverture, il est peu dire qu'elle était renfrognée : le nez était plutôt mutique, l'acidité saillante, la finale un peu végétale, pas vraiment agréable. Bref, même en tournant les phrases le plus joliment possible, il me paraissait difficile de transformer la citrouille en carosse. Du coup, je l'ai rebouchée et mise au frigo du bureau, et laissé faire le temps...
Une semaine passe. Un client fidèle aussi (et paf, un zeugma !). Je ressors la bouteille du frigo. Cela se goûte déjà nettement mieux, mais elle est très froide (notre frigo est du genre violent....). Je la laisse donc se réchauffer. Pas une heure, pas deux. Mais carrément cinq heures à température du bureau. Bref, la bouteille doit être à 20 °C. Je goûte, et là, miracle !
La robe est or clair, avec des reflets roses/argentés (non, non, je n'ai rien fumé....)
Le nez est aérien et profond, sur des notes de miel, de mirabelle, de coing, avec une touche végétale (absinthe ?) qui apporte de la fraîcheur.
La bouche est ample, harmonieuse, dévoilant une matière dense et minérale au toucher moelleux/velouté, et une tension classieuse, sans acidité apparente.
La finale est crayeuse/caillouteuse avec une amertume cognassière très Chenin, mais le tout est enrobé d'un subtil voile de douceur qui l'adoucit et l'harmonise. Et du coup, tout cela se fait sans heurt, se prolongeant sur des notes salines et poivrées. Finalement, ce Borderies me plaît beaucoup et mérite d'avoir sa photo placardée à la page principale du site.
Bon, alors, évidemment, nous n'êtes pas obligé de faire un copier/coller de ma procédure. Par contre, si vous carafez ce vin quelques heures et que vous le servez à une quinzaine de degrés, il devrait vous donner satisfaction. Mais il est clair que si vous ouvrez la bouteille au débotté et que vous la servez à 8-10 °C, la déception est assurée.
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