Lorsque Jean-François Ganevat s'attaque au vin orange, il le fait à sa façon qui n'a rien d'ordinaire. Le Zaune à Dédée réunit deux Traminer qui ont rarement l'occasion de se rencontrer. Le Gewürz(Traminer) d'Alsace vinifié en macération - un vin orange, comme on dit maintenant - et le Traminer du Jura (aussi appelé Savagnin), élevé sous voile. Une fois les deux assemblés, ils repassent en barrique pour un nouvel élevage sous voile. Autant dire que le résultat ne ressemble à rien de connu. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il tire le meilleur des deux méthodes (orange et voile). Et que la retrouvaille du Savagnin rose et du Savagnin jaune est une grande réussite. Comme quoi, cela vaut parfois le coup de violenter les cahiers des charges des AOP françaises pour obtenir de telles pépites.
La robe est entre l'or et l'or(ange), très légèrement trouble.
Le nez est à la fois aérien et intense, sur la rose fanée, les épices douces, la pomme caramélisée, avec un côté tabac hollandais à rouler et de banane flambée au rhum.
La bouche est ample, douce, presque moelleuse au toucher, mais soutenue et étirée par une trame (finement) acide et traçante. L'aromatique est d'une grande intensité, tout en étant d'une délicatesse touchante, émouvante. Vous avez l'impression d'être immergé dans un monde de saveurs orientalo-jurassiennes.
La finale a quelque chose de jouissif, avec une accroche subtilement tannique et une astringence canaille. De très beaux amers, aussi, évoquant l'écorce d'orange séchée ; et puis, la rose fanée, l'herbe à curry, et une belle prolongation sur des notes de sésame et de cacahuète grillées.
Pour reprendre une private joke, y a pas intérêt à servir ce vin à Tata Jeannine : elle en perdrait son dentier ou ferait une attaque. Par contre, il y a une forte chance que cette cuvée rentre direct dans le panthéon des amateurs de vins bizarres, qu'ils soient jaunes ou oranges. Le prix n'est pas donné (29.90 €) mais pas déconnant non plus au vu de la qualité.
Important : ce vin est à servir à la température d'un vin rouge (16-17 °C)
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RépondreSupprimerOn le sert sur quoi dis ?
RépondreSupprimerfranchement énorme, ça ne se décrit pas, ça se vit! Merci pour la découverte.
RépondreSupprimerMerci de ce retour, cher inconnu :-)
RépondreSupprimerOui, cher Eric, si on le sert au début, genre apéro, on l'accompagne avec quoi ?
RépondreSupprimerPâtes dures genre Parmesan ou vieille mimolette. Mais aussi plats indiens avec du curry, tajines. A boire à 15-16 °C
RépondreSupprimerMerci
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