jeudi 19 juillet 2018

À 7 mg près...


Je vous parlais il y a peu du Château de Bel Avenir. Passons aux devoirs pratiques. Nous avons reçu il y a quelques jours deux cuvées quasiment identiques : le Beaujolais Villages Vieilles Vignes 2016 et le Beaujolais Villages Vieilles Vignes  2016 sans SO2. La différence, vous l'aurez compris est l'ajout d'un peu de sulfites juste avant la mise en bouteilles. La belle équipe n'étant pas trop habituée à en utiliser s'est un peu plantée dans le dosage : elle pensait en avoir mis 15 mg/l. Les analyses ont montré qu'il n'y en avait que 7 mg/l. N'empêche : cela suffit pour qu'il y ait une différence flagrante entre les deux  cuvées, que ce soit à l'ouverture des bouteilles ... ou 30 heures après. Allez, goûtons !



La robe est grenat translucide aux reflets tuilés.

Le nez est fin, élégant, sur les fruits rouges confits, avec une petite touche carbo et une pincée d'épices.

La bouche est ronde, souple, fruitée, avec des tannins qui accrochent un peu. Pas méchamment, mais on n'est pas dans le glissant.

La finale est mâchue, aux tannins crayeux/poudreux, avec toujours les fruits rouges et les épices.

30 heures plus tard

La robe est inchangée.

Le nez toujours aussi fin, avec les épices en avant, toujours du fruit rouge confit,  une petite pointe végétale et  plus du tout de carbo.

La bouche est plus ample, plus harmonieuse, avec une matière plus dense qui a gagné en douceur tactile (ça n'accroche plus).  C'est nettement plus équilibré et gourmand.

La finale a toujours de la mâche, mais c'est plus en finesse et savoureux. Joli vin !




La robe est identique.

Le nez est plus discret, avec un fruit plus frais et des notes un peu végétales (rafles). Mais carbo moins marquée.

La bouche est plus ample, plus élancée, avec des tannins soyeux qui n'accrochent pas du tout (là, ça glissssse !) et une sensation de "moellosité". L'équilibre et l'harmonie sont just perfect.

La finale est intense, beaucoup mieux fondue, avec une mâche plus raffinée. Et plus de gourmandise et de plaisir.

30 h plus tard 

La robe est inchangée. 

Le nez a gagné en expressivité et en fruit. Il a toujours plus de fraîcheur, avec une rafle bien présente (mais pas dérangeante, au contraire). 

La bouche a gagné en densité tout en étant moins élancé : le vin est plus "statique", avec des tannins plus perceptibles qui le rapprochent du vin précédent. Ça reste bien équilibré, mais on a perdu en spontanéité et en "glissant" (et donc en "glouglou"). 

La finale a une mâche nettement plus affirmée, avec d'étonnants notes d'écorce de pamplemousse/orange soulignée par des épices douces. On se croirait sur un certain domaine du Rhône Sud (avec des Tours). 

Conclusion : vous l'aurez compris : le sans SO2, vous ouvrez, vous buvez, alors que la version sulfitée gagnera à être aérée. A vous de choisir !

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